Est-ce le cocktail de pilules pour le rhume, l'excès de café, la robe que portait Lucie Laurier aux Jutra ou le suicide de Hunter S. Thompson? Chose certaine, difficile de se concentrer. D'autant que les grandes nouvelles qui accaparent tout l'espace médiatique m'ennuient à mourir. Elles ont quelque chose de corrosif. Une sorte d'acide qui coulerait pour vous ronger jusqu'à la batterie de secours de la curiosité.
La sécurité de l'Hydro? Wôf. Un remaniement ministériel au gouvernement Charest? Bof. Bush rencontre Chirac? Rien à battre. C'est plus fort que moi, ces nouvelles m'aspirent plutôt que de m'inspirer. Je préfère de loin certaines banalités à ces questions du jour auxquelles la plupart des chroniqueurs répondent déjà dans une sorte de chant choral.
Ne reste qu'à feuilleter une copie du fameux bouquin Hell's Angels de Thompson, inventeur du journalisme gonzo qui s'est tiré une balle dans la tête cette semaine. Ce génial abruti. Un passage est souligné, dès les premières pages. C'est une citation de Henry Miller:
Si les gens ouvraient les yeux, ils seraient tellement horrifiés par tout ce qui les entoure qu'ils lâcheraient leurs outils, quitteraient leurs boulots, ne paieraient plus leurs impôts, refuseraient toute obligation, rejetteraient toute loi, etc. Comment un homme ou une femme réellement lucides feraient-ils tous les trucs délirants qu'ils sont censés faire à tout moment de la journée?
Vite comme ça, je répondrais: un cocktail de pilules pour le rhume, de trop nombreux cafés et la robe de Lucie Laurier. Mais je vous le rappelle, je crains ne plus avoir toute ma tête.
Parlant d'incertitudes, une étudiante en communications m'a téléphoné il y a deux semaines pour me poser quelques questions embêtantes. Du genre: que considérez-vous comme une information de qualité? On a un peu parlé d'éthique aussi. J'en avais le vertige et je me sentais un peu bête. Lorsqu'on parle de journalisme, du mien, je patauge dedans, je suis dans la pratique, dans le gros bon sens. Et là, on était dans l'objectivité journalistique et tous ces autres concepts bien sages, mais bien théoriques aussi.
J'aurais justement dû lui dire d'aller voir du côté de Hunter S. Thompson, qu'on n'enseigne probablement pas à l'université. Ou lui lire ce passage où il décrit le genre qu'il a popularisé en amenant la subjectivité journalistique à son paroxysme:
Le journalisme gonzo est un style qui trouve ses racines dans cette idée de William Faulkner qui veut que la fiction soit encore plus vraie que n'importe quelle sorte de journalisme – ce que les meilleurs journalistes ont toujours su. Ce qui ne veut pas non plus dire que la fiction soit nécessairement "plus vraie" que le journalisme, ou vice versa, mais que les deux sont des catégories artificielles; et ces deux genres, à leur meilleur, ne sont que deux moyens différents pour atteindre un même objectif.
Intéressant, non? Ça ne vous fait penser à rien? C'est drôle, moi, ça me fait penser à toute la nouvelle vogue des documentaires plus ou moins manipulés, genre qui connaît un immense regain de popularité ces temps-ci. De Michael Moore à Morgan Spurlock (Super Size Me).
Mais pour revenir à l'objectivité, y croyez-vous? Moi, pas trop. Et s'il n'y avait que la vérité? C'est de cette éthique – ou de son absence – dont parle Thompson: montrer le vrai, peu importe la manière.
Voilà une question intéressante pour vos cours de journalisme, non? Une question morale, une vraie: La fin justifie-t-elle parfois les moyens?
Par exemple, parlant de Michael Moore, a-t-il le droit de tronquer les faits au profit de son histoire, pour donner du poids à d'autres arguments quant à eux bien documentés?
Qu'est-ce qui compte le plus dans tout ça? Qu'est-ce qui est le plus vertueux? Faire exploser la vérité ou s'en tenir aux preuves dont on dispose?
Rappelez-moi donc, Mademoiselle l'étudiante, qu'on en discute si vous voulez. Je serai moins con que la dernière fois, promis. On pourra parler de plein d'autres trucs aussi, dont ce style lénifiant qu'on vous enseigne à l'école et qui participe au pire des conformismes journalistiques, bien plus dangereux que toutes les convergences ou les petites entorses à l'éthique, puisque cette uniformité de contenant réclame en quelque sorte une uniformité de contenu.
Après, si vous n'êtes pas trop déprimée, on parlera de la passion du métier, du goût de raconter des histoires, de curiosité, d'envie. De ce qui fait de bons journalistes, quoi. Ça nous changera.
Personnellement, je trouve cela déprimant que les journalistes doivent jouer avec la vérité pour s’attirer un peu de popularité. Oui, on veut toujours plus de sexe, plus de scandale et plus de sang! Les gens trouvent leur vie tellement plate et routinière qu’ils doivent vivre à travers les autres en restant assis sur leur gros fauteuil el-ran devant la télé ou un bon article de journal bien croustillant. Est-ce que le journaliste doit être conformiste à ce point là pour continuer sa carrière? Les jeunes qui étudient le journalisme ne savent-ils pas que l’école et le monde de la vraie vie sont des univers bein différents! L’école est là pour nous ouvrir vers la culture et nous faire développer une plus grande ouverture vers la société. L’étudiant brillant doit savoir tirer le maximum de connaissances de l’école pour ensuite exercer sa profession avec un minimum de liberté. Tout cela doit être fait avec une certaine conscience professionnelle.
Le meilleur journalisme restera toujours, pour moi, celui qui nous présente les raisons d’être favorable ou défavorable à un sujet. Malgré qu’il soit difficile d’éviter les conflits d’intérêt, on peut remarquer que certains journalistes tentent de demeurer objectifs, malgré tout. Les gros sous font souvent pencher la balance, la désinformation prend de l’ampleur, mais avec des efforts, on peut en arriver à voir clair, en se rendant compte de ses propres conflits d’intérêt.
Quant à Michael Moore, qu’on accuse de faire de la propagande, en considérant le contre-courant de ses opinions, il devient difficile d’obtenir un poids suffisant pour changer l’opinion publique, les résultats du vote le démontre. Bowling for Columbine demeure pour moi une action sociale importante, avant de qualifier ce type d’information d’objective ou non.
Quant au marché de l’information, je suis de plus en plus sceptique concernant l’objectivité dans ce domaine. Notre civilisation capitaliste étant ce qu’elle est, l’argent n’a pas d’odeur et peu de respect de ce qui l’entoure. Rappelons-nous un peu la mauvaise publicité à l’égard de raisins chiliens, qui avait fait augmenter les ventes de ceux américains.
Un des meilleurs exemples, qu’il m’a été permis d’entendre sur la désinformation.
Je ne comprends pas quelle distinction il faut faire entre « Faire exploser la vérité » et « s’en tenir aux preuves dont on dispose » ?!
Si vous faites référence aux deux sortes de formes de journalisme soit, entre ceux qui divulguent la nouvelle, sans émettre leurs opinion, et ceux qui émettent leurs opinions par rapport à des faits concrets et avec une certaine liberté d’expression. Alors là, je ne comprends pas mieux car que ce soit Michael Moore ou vous-même, je ne vois pas trop où se situe la différence journalistique…
A part ça, moi aussi je m’ennuie à mourir (et m’énerve tout autant !) quand je vois que une ou deux « grandes nouvelles » accaparent TOUT notre l’espace médiatique… !
L’objectivité je n’y crois plus beaucoup de la part des journalistes dans notre monde où il faut être informé dans la minute de ce qui se passe. Aussi parce que ceux-ci sont humains et pas toujours capables de porter ce regard sur les hommes et les événements. Parce qu’il y a justement la robe de Lucie Laurier et aussi les préjugés des autres qui sont soudain miens, par paresse ou manque d’attention. Certains tentent même de jouer la grande carte divine de « Que devons-nous penser de……. », comme si nous « devions » adhérer à une pensée sur un sujet donné, comme si nous n’étions pas assez grands et éclairés pour nous faire notre propre opinion sur un sujet donné.
Malheureusement les journalistes ont entre les mains un pouvoir beaucoup trop grand pour leur conscience et un public souvent prêt à tout gober sans rien questionner. Si nous creusions un tant soit peu, nous pourrions sans doute trouver de grandes bavures journalistiques responsables des pires maux qu’à connu la société…..autant que de la meilleure influence sur les grandes réalisations de notre monde.
L’important est de bien regarder ce que l’on tente de nous faire avaler et autant que possible d’aller à la source avant de forger notre propre opinion qui est la plus valable……pour nous !
Je suis étudiant en journalisme au Cégep de Jonquière et mes professeurs ont pratiquement tous avoué que l’objectivité n’existe pas. Et ils ont parfaitement raison si vous voulez mon avis…
Un article, un reportage, un documentaire, peu importe le style, ont pour but d’informer le lecteur. Mais pour écrire un truc, peu importe le format ou le procédé, ça prend un angle de traitement, ou une ligne éditoriale, comme ils disent dans certains journaux. C’est à ce stade qu’est minée la neutralité, l’impartialité… la fameuse objectivité si vous préférez.
Je suis présentement en train d’écrire un reportage sur les «fast-foods » pour un cours de rédaction. Avant même de commencer à le rédiger, je me suis demandé ce que je voulais faire exactement… Les louanger? Les planter à l’os? Les décrire simplement? Après tout, on peut faire dire ce qu’on veut à nos sources, il suffit d’aller voir les bonnes personnes, ou simplement d’organiser la liste de questions en conséquence. Si vous voulez parler contre McDo, allez interroger une nutritionniste… Si vous voulez parler en faveur de McDo, allez interroger le porte-parole au sujet du nouveau menu McSalades, il se fera un plaisir de vous présenter son éventail de menus «équilibrés». Vous voyez, même les guillemets que je viens d’utiliser minent mon objectivité!
L’objectivité est le mot clef de cette chronique . On a beaucoup parlé de monsieur Cayer et comment Hydro-Québec se soucie peu de notre sécurité . Sans lui donner le Bon Dieu sans confession comme dans le temps de la Crise du Verglas , je trouve quand même étrange , comme André Cayer l’a fait remarquer , que sur la cassette de surveillance , on aperçoit un véhicule d,Hydro-Québec précéder le véhicule des journalistes de Radio-Canada comme pour leur montrer le chemin . Les employés d’Hydro ont même avoué ne pas comprendre comment cette porte a pu être ouverte alors qu’elle est toujours barrée . Il a fallu une méchante coincidence pour que les journalistes se pointent au bon moment .
C’est certain qu’il y a des lacunes , car TVA se promenait le lendemain dans un barrage sans rencontrer personne tandis que d’autres journalistes visitaient sans être inquiété la Station d’Épuration d’Eau Atwater .
Comme vous le dites si bien , il semblerait que de nos journalistes ont décidé de copier le style Moore pour faire passer des messages . Nous savons tous que Michael Moore déteste vicéralement George W Bush , alors que faut-il penser de l’objectivité et de l’impartialité de ce réalisateur quand il nous présente un documentaire .
Il semblerait que l’on revient au sensationalisme à la une . Que dire de ce bon et pieux cardinal de Québec et de son confessionnal à $ 27,000 ?
« Qu’est-ce qui compte le plus dans tout ça? Qu’est-ce qui est le plus vertueux? Faire exploser la vérité ou s’en tenir aux preuves dont on dispose? »
Les deux !
Essayer d’être intègre et véridique 24 heures sur 24 c’est se condamner a la crucifixion publique, tout est toujours récupérée d’une certaine façon en journalisme ou autre, pour moi un véritable journaliste c’est comme une « Veronica Guerin » qui dénonce les vrais problême set qui va au fond des choses…
Aujourd’hui journaliste comme chroniqueur tout le monde suit la vague et font du surf en surface pas plus, quand on essaye d’être plus véridique on ne fait souvent que dire ce que le gros moron pense dans sont salon ou d’être le véhicule de l’idéologie dominante de la penser unique ou de sont contraire ce qui revient au même, ca ce nourrit mutuellement…
« Si les gens ouvraient les yeux, ils seraient tellement horrifiés par tout ce qui les entoure qu’ils lâcheraient leurs outils, quitteraient leurs boulots, ne paieraient plus leurs impôts, refuseraient toute obligation, rejetteraient toute loi, etc. Comment un homme ou une femme réellement lucides feraient-ils tous les trucs délirants qu’ils sont censés faire à tout moment de la journée? »
N’empêche que c’est trop vrai ! C’est p-e ce genre de constat qui fait qu’on devient conformiste ou nihiliste quand on voit la stricte réalité de trop près…
Dépressif s’abstenir de lire mon texte. ;)
L’objectivité n’est qu’un mot. Banal. Une ombre que balaye d’un geste maladroit l’opinion.
Puisque l’opinion existe. Nous nous faisons des opinions sur tout, à tous les jours, nous nourrissons nos opinions par l’émotion que crée en nous une situation. Nous sommes directement influencés par l’expérience, par les sensations physiques et émotionnelles qui dérivent du vécu. Telle situation nous purge, telle autre nous inspire. Alors si nous prenons en considération la présence imminente de l’opinion, l’objectivité devient transparente puisque l’opinion domine. Et dominera toujours. Et la critique ? Cousine germaine de l’opinion, ennemie jurée de l’objectivité, qu’advient-il de la critique souvent acerbe et désolante ? Critiquer c’est bien avoir une opinion. Et que feraient les journalistes s’ils ne pouvaient pas critiquer ? Ils s’en tiendraient à la catégorie reportages du genre comment entretenir un jardin de roses. Le mode d’emploi, les trucs pour bien réussir un pâté de foie gras. Et ils deviendraient tôt ou tard animateurs d’une émission qui vante les recettes faciles à faire. L’art de savoir susciter des répliques, de créer des remous dans l’esprit des gens, de bousculer même leur plus solide ignorance ne peut se faire en toute objectivité.
Vous avez raison monsieur Desjardins. Sans passion, rien ne vaut vraiment la peine que l’on se donne à apprendre un métier. La théorie c’est une chose. Mais encore faut-il avoir su manier la pratique sans perdre son identité. Henry Miller l’a bien exprimé. Est-ce lucide de se laisser voler son identité simplement pour contenter un système qui approuve ou désapprouve nos lignes de conduite? Ce même système qui nous vole littéralement notre argent et notre intégrité. Et vous voyez, nul ne peut émettre une opinion objective sur un sujet qui attise nos réactions.
Désolée, monsieur Desjardins, mais l’objectivité n’existe pas. D’ailleurs, en matière de journalisme, on ne peut écrire la vérité non plus.
Chacun se croit résolument objectif. Il expose les faits avec rigueur, fait état de la vérité. Et pourtant, bien peu de gens sont conscients du fait que chacune des vérités qu’ils perçoivent et décrivent demeure, inéluctablement, l’interprétation toute personnelle d’une perception. Malgré toute la bonne volonté du monde, il est illusoire d’espérer faire réellement le tour de toutes les facettes que peut comporter une situation. Nous pouvons explorer scrupuleusement chacun des aspects dont nous sommes conscient mais il serait bien présomptueux de prétendre à La conscience totale. N’oublions pas que chaque être humain doit s’en remettre à son champs d’expérience personnelle pour comprendre le monde.
Ainsi, on peut toujours croire que l’on comprend le chagrin de celui qui perd un être cher. Dans les faits, c’est lorsqu’on est soi-même confronté à la situation qu’on réalise à quel point on n’avait rien compris. Et encore là, comment être certain que ce que l’on ressent à ce moment correspond à ce que l’autre avait vécu ? Vous me répondrez que l’on peut tout de même dire qu’un chat est un chat. Bien sûr ! Mais, dès que vous ajouterez une précision, si petite soit-elle, la couleur par exemple, il se trouvera quelqu’un pour vous répondre que le chat noir est plutôt gris très foncé ou qu’il porte une petite tache blanche camouflée sous le ventre.
Non, je l’affirme haut et fort. L’objectivité n’existe pas, pas plus que la vérité.
Bien sûr que le cynisme ambiant s’est aussi étendu sur le journalisme, convergence oblige. Et l’obligation de la rentabilité dans ce marché de « l’information objective » a probablement « jauni » bien des médias, et autant dans le contenant que dans le contenu. Par exemple la diminution de la longueur des articles de journaux, l’utilisation des débats télévisés « musclés », bref nous divertir en nous informant. Tout en se disant que ce qui s’est passé avant hier n’est plus une nouvelle, donc indigne d’intérêt, sauf bien sûr, si on a de nouvelles images qui pourraient choquer nos téléspectateurs…
Et que dire de ce dont on ne nous parle pas… Lors du scoop de radio-canada, on nous l’a servi pendant les 20 premières minutes minimum. Et des fois j’ai l’impression que si on ne sert pas un lunch avec un dossier de presse tout prêt , après avoir pris soin d’inviter les journalistes, et bien on n’en parlera tout simplement pas. En fin de compte les journalistes ne sont peut-être pas les seuls à blâmer, pour eux comme pour nous, l’effort intellectuel est rebutant.
Voila donc de belles raison pourquoi je n’écoute pas la télé et les bulletins journalistiques tels que le Grand journal et ses semblables… On ne sait meme plus si ce que l’on voit aux nouvelles est vrai ou non. Le gouvernement nous montre bien ce qu’il desire nous montrer. Donc tant qu’a ingérer des mensonges, je me prive des connaissances aussi utiles que ‘Grand maman s’est fait taper, voici donc son mari qui l’a battue et voila ses enfants qui pleurent a chaudes larmes’. Oui c’est triste, mais est-ce utile de montrer les enfants qui pleurent? Moi être a la place de ces enfants la je ne serais pas du tout contente!
Bref, le journalisme il y en a du bon, et du mauvais, pour divertir, et pour apprendre, faut faire la part des choses…
Je suis peut-être idéaliste, mais il n’est pas nécessaire de trafiquer les faits pour rendre la vérité attrayante. Sauf que pour aller chercher cette vérité et en faire ressortir l’essence pure, pure et brillante comme un diamant, il faut travailler, creuser, chercher comme un cochon. Ce que très, très peu de journalistes font de nos jours… par paresse ou parce que les contraintes structurelles et/ou budgétaires de leur organisation ne leur permet pas (exemple: le Journal de Montréal qui fait un dossier sur Opération Nez Rouge… après y avoir passé une seule nuit! Me semble que c’est plutôt ‘botché’ comme travail). La vérité ne se découvre pas en un jour. Il faut des semaines, des mois, voire même des années et des décennies pour le faire. Malheureusement, les médias se contentent de remplir l’espace quotidien sans nécessairement faire les liens qui s’imposent d’un jour à l’autre, d’une semaine à l’autre, d’un mois à l’autre, d’une année à l’autre…
Je suis un amateur de nouvelles. J’aime bien, comme la majorité du monde, regarder le journal télévisé pour les nouvelles locales tout en soupant, et le téléjournal pour les nouvelles internationales le soir avant de me coucher. Mais je suis conscient que ce qu’on me présente est filtré, biaísé, monté, enfin pas toute la vérité; on ne me présente que ce que l’on veux bien. Je sais que l’information n’est peut-être pas la plus véridique qui soit, mais ai-je vraiment le choix? Que dois-je faire si je veux, du moins avoir l’impression d’être, bien informé? Je ne commencerai sûrement pas à couvrit moi-même les nouvelles! Alors je me contente de ce qu’on veux bien me présenter en étant conscient que je me fais remplir les trois quarts du temps. Mais au moins, j’en suis conscient. Ça ne change peut-être pas grand-chose, mais au moins je suis critique de ce que je vois et je n’avale pas, du moins, pas tout le temps, tout rond les nouvelles. On ne peut probablement pas en dire autant de tout le monde, car certains croient aveuglément les paroles des journalistes.
Peu importe la fenêtre de par laquelle on regarde le monde, ce dernier n’est jamais celui que l’on pense voir. Ni celui que l’on se construit, ou plutôt que l’on nous construit.
Des hommes et des femmes, sur lesquels on déverse notre fiel au nom de la libre information ou de la pluralité des sources, manipulent cette fenêtre qu’eux-mêmes ne réussissent même pas à contrôler, car qui peut prétendre contrôler l’inconnu. Ils compartimentent, fragmentent, construisent, moulent et sculptent ce qu’eux pensent être leur réalité, évidemment teintée de valeurs capitalistes et commerciales, pour nous la recracher en blocs de formats prédéterminés (30, 60, 90 secondes, etc) au téléjournal. Mais nous pauvres Terriens, sans exception, avons besoin de cette réconfortante reconstitution quotidienne, puisque nous sommes tous trop occupés à vivre dans un monde qui n’existe pas pour personne d’autre que nous-mêmes. En d’autres mots, tout le monde vit sa réalité et s’en aperçoit que très rarement, généralement à la suite d’événements qui bouleversent les acquis ou les certitudes.
Mais qu’importe, la fabrication de la réalité nous rallie tous et nous donne l’illusion d’appartenir à une collectivité. Et ce sentiment d’appartenance se veut un baume apaisant qui soulage suffisament le mal de vivre sur une planète en pleine déconfiture. Et après tout, il faut bien avoir de la parlotte autour de la machine à café, sinon illico serons-nous étiquettés de marginaux, d’antisociaux, de rebels.
Ouvrez les rideaux, sinon vous ne saurez pas l’état de la température, et ça mes amis, c’est grave.
Étant moi-même journaliste de formation et de métier, je crois qu’il est possible d’avoir de l’objectivité rédactionnelle, si je peux m’exprimer ainsi. On peut écrire notre texte objectivement en montrant les pours et les contres et en ne favorisant aucun parti, que ce soit pas l’utilisation de mots neutres et d’expressions neutres. Cependant, on départ, le fait de choisir d’écrire sur tel sujet plutôt qu’un autre consiste en une perte de l’objectivité. On juge, ou plutôt le chef de pupitre ou le rédacteur juge qu’il n’est pas nécessaire d’écrire sur tel sujet en particulier ou que cela n’est tout simplement pas intéressant. Mais encore une fois, tout est question de relativité. Est-ce que les gens de Montréal sont vraiments intéressés à savoir ce qui se passe en région? Est-ce que les gens des régions sont intéressés à savoir ce qui se passe dans les grandes villes? Donc, oui on veut de l’objectivité dans les médias, mais il ne faut pas oublier qu’il est impossible d’écrire sur tous les sujets. Donc pour moi, temps que le journaliste écrit convenablement tout en respectant les deux partis, on peut se satisfaire de l’objectivité présente dans le texte.
L’objectivité ? De nos jours, elle se monnaye ! À l’heure où les sources d’informations sont tellement nombreuses qu’elles nous étourdissent, alors que le côté humain de notre actualité est noyé sous les flots du sensationnalisme, on se demande si les journalistes peuvent encore se permettre d’être simplement honnêtes et objectifs s’ils veulent vivre de leur métier.
Aujourd’hui, le journaliste n’a plus le temps de s’assurer de l’objectivité et de la véracité de ses écrits ou de ses mots. Il faut que ça sorte vite, sinon d’autres sortiront le lapin du chapeau avant lui et les carottes seront cuites ! Résultat : nombreuses sont les informations alimentées par des fausses rumeurs souvent véhiculées par Internet qui nous parviennent par des médias généralement crédibles bien avant d’avoir été vérifiées.
D’autre part, il est tellement facile de manipuler le peuple en lui balançant une image choc et un titre percutant à la une d’un journal. Le Journal de Montréal est d’ailleurs champion en la matière, lui qui réussit le miracle de vous dicter quoi penser en jetant simplement un coup d’oeil à la couverture. Ledit canard fait d’ailleurs bien plus de la promotion que du journalisme dans sa partie spectacles quand il nous raconte les moindres faits et gestes positifs de ses poulains de Star Académie alors que d’autres artistes qui n’appartiennent pas à l’écurie Québecor n’ont pas droit à la moindre ligne. Journalistes ? Que non ! Marchands !
Il est bon d’avoir des journalistes vertueux qui ont a coeur de faire exploser la vérité, mais dans ce monde où le cash domine sur tout, cette attitude devient de plus en plus casse-gueule, et ceux qui veulent encore faire triompher le vrai et l’objectif risquent de se faire de plus en plus rares. Pauvres de nous !
Ouf, je dois dire que j’ai trouvé ce texte très ardu! C’est peut-être moi, la semaine a été difficile et me claquer un article sur la philosopjie intrinsèque du journalisme objectif m’a donné mon dernier coup de grâce! Tiens dans les dents!
Il a fallu l’aide de mes compères « comentaireux(ses) » pour saisir l’essence du texte! Imaginez! Pourtant, je me considère assez allumée! Mais nul n’est prophète les vendredis PM!
Donc après de nombreuses tortuosités cérébrales, j’en suis venu à la conclusion que l’objectivité ne pourra exister dans un univers humain. Nous ne cessons de juger, jauger, analyser et comparer les gens avec notre vécu, nos principes nos valeurs etc etc. Alors il nous est impossible,en tant qu’humain utilisant nos deux hémysphères, d’être objectif! Car je vous ramène à la difficinition du larousse du mot objectivité :Qualité d’une personne qui porte un jugement objectif, qui sait faire abstraction de ses préférences personnelles.
Je ne crois pas que la robe à Lucie Laurier soit objective! Par contre, sûrement que son objectif lui a été atteint! Mais ça c’est une autre histoire!
Alors l’objectivité dans un contexte littéraire n’est raisonablement pas réalisable. Par contre, nous pouvons nous y approcher d’assez prêt quand nous réussissons à mieux gérer notre supposée omniscience de nos semblables.
Donc malgré ce vendredi PM, je crois avoir réussi à donner mon opinion de façon objective!!?? Encore là, tout dépend qui me lira!
J’ai lu quelques commentaires ici avant d’émettre le mien. Plusieurs émettent le commentaire comme quoi les bulletins de nouvelles sont plus pourris qu’avant. Je travaille en communication et je voudrais vous dire que le tout est faux.
Prenez le cas de la Baie-James, bien sans RDI la vérité n’aurait jamais au grand jour. Le lendemain M. Landry de TVA se rendait sur les lieux. Je suis surpris que TQS n’a envoyé personne.
Depuis quelques années les bulletins de nouvelles sont plus près des gens.
Même parfois plus vite que la S.Q.
Personne n’est jamais parfait!
Pour ma part, il est de plus en plus difficile pour les journalistes de nous donner une information pertinente et objective. Je m’explique. Il est beaucoup plus facile de montrer à la télé des drames humains, des gens qui sont boulversés par ce qui leurs arrivent, des voitures qui explosent que de montrer une personne qui connait du succès. Que ce soit un succès personnel, comme une personne qui s’est sorti de l’enfer de la drogue ou une autre qui aurait mis sur pied une entreprise prospère. Pourquoi pas nous montrer des exemples de réussite? Pourquoi pas? Parce que ce n’est pas vendeur. Comme la bouffe, il y a l’information rapide. Je suis convaincu de la bonne volonté du journaliste en général, mais il doit aussi travailler avec des contraintes de rendement. $$$ Si ça ne vend pas, oublie ça.
Comment voulez-vous être objectif dans un tel système. Comment peut-on montrer les deux côtés de la médaille quand notre patron veut rien savoir? Si je peux me permettre, la solution selon moi se retrouve dans l’éducation. De plus en plus on voit des reportages qui parlent justement de divers sujets qui sont positifs. Je crois sincèrement que si les médias et les journalistes travaillent de concert pour continuer cet élan, arrêter de tomber dans le piège de la voie facile, de la » mal-information « , bientôt les reportages positifs ne seront plus en marge, mais seront devenus la norme. Et notre rôle en tant que société est d’appuyer ce type d’initiative pour nous enlever du crâne que le monde est un chaos bordélique où rien de positif peut arriver. À force de ce faire dire que le monde ne tourne pas rond, on finit par y croire. Comment voulez-vous bâtir un avenir de cette façon?
Si la jeune étudiante en journalisme lit régulièrement le journal Voir elle va vite se rendre compte qu’ici le ton est beaucoup plus doux que dans la plupart des journaux à potins. Ce qui fait souvent la popularité d’un journaliste c’est sa façon de dénoncer une nouvelle, de l’interprêter pour qu’elle soit lisible pour tout le monde, qu’elle attire l’attention car si le journaliste est toujours monotone les gens vont acheter un autre journal. Moi je trouve que le journalisme c’est un peu comme la cuisine; il faut que cela soit un peu plus épicé pour donner du goût. Il faut plusieurs ingrédients pour donner de la variété et il faut plusieurs styles de cuisine pour plaire à un plus grand nombre de personne.
Les personnes qui achètent ou qui écoutent les nouvelles c’est qu’ils veulent connaître le pouls de la situation partout dans le monde et ils ne veulent pas que la vérité soit cachée au profit des oreilles trop sensibles.
De toute façon c’est avec l’expérience que la future journaliste va se tailler une place au soleil et tout dépend de son audace. Si elle s’en tient seulement à ce qui est beau et bon pour le lecteur elle finira dans la chronique nécrologue ou il faut user d’éthique pour ne pas choquer les familles.
D’abord, mes compliments ! Ensuite, mes remerciements !
Mes remerciements pour avoir attiré mon attention sur un homme et une forme de journalisme qui m’étaient jusqu’à hier totalement inconnus, et mes compliments d’y être parvenu avec doigté.
Si je ne savais rien de Thompson, du moins connaissais-je Faulkner de son nom. Mais pas de son oeuvre. Quant à Henry Miller, que j’ai beaucoup lu, je lui sais surtout gré de m’avoir fait connaître Dostoïevski. Outre ça, ne me reste de ces lectures que réminiscences qui elles, par contre, font ressurgir très clairement en moi de rugueux souvenirs de mon adolescence et du petit con que j’étais alors. (Probablement trop jeune pour lire Miller à l’époque, mais sans doute trop tard pour s’en faire avec ça aujourd’hui !)
Toujours est-il que, fort de l’impression qu’il me reste de Miller et de la citation que l’on retrouve dans votre texte, je vais lire Faulkner, ne perdant pas de vue qu’il semble lui aussi avoir inspiré Thompson de façon particulière.
Après, je passerai à Thompson. Parce que votre article a sérieusement éveillé ma curiosité : quel type de créature le croisement de telles influences a-t-il bien pu créer ?
D’ici là, je me permets de répondre à la question de morale que vous soulevez. Je crois, bien sûr, que la fin justifie parfois les moyens. Surtout si cela sert la vérité. Mon seul problème ici, c’est qu’il y en a tellement de ces fichues de vérités que les moyens en perdent souvent leur sens et qu’alors, la fin elle-même ne se justifie plus…
Depuis un certain temps, je m’amuse à diffuser mes opinions sur le site du journal Voir. Je ne suis évidemment pas payé pour le faire sauf, bien entendu, par les quelques « jetons » qu’on me jette, par ci par là. Il m’arrive souvent de pécher par escamotage volontaire afin d’illustrer un point qui me tient à coeur.
Je ne suis pas tenu d’être objectif, je ne suis pas payé, en deniers sonnants et trébuchants, pour l’être. Connaissez-vous un journaliste professionnel qui soit expressément payé pour son objectivité?
Existe-t-il une prime à l’objectivité???
Un journaliste ne peut être plus « objectif » que l’éditorialiste en chef de son journal. Sinon, à ce jeu, il risque de perdre son emploi.
L’objectivité de l’un, c’est la désinformation de l’autre. L’important, c’est l’angle. « If you’re not with me, you’re against me ».
Est-ce que Paul Martin/Patapouf/George W. Bush et leurs cliques de « spin doctors » sont objectifs?
Confrontés à tout ce cirque, certains journalistes essayent de faire la sourde oreille, de prendre un peu de recul afin d’en tirer la « substantifique moelle », l’information dite « objective ».
Hunter S. Thomson était loin d’être « objectif » au sens journalistique du terme. De ses expériences personnelles, de ses réflexions personnelles il a su publier des conclusions personnelles.
Et même quand il se trompe, il demeure intéressant…
« Fear and Loathing, Campaign 2004 »
http://www.rollingstone.com/politics/story/_/id/6562575?rnd=1099009920793&has-player=true
Objectivité. Un mot noble, lourd de responsabilités. Faisons tout de même la part des choses. Pour moi, ce mot n’évoque pas nécessairement la vérité absolue, à tout prix, les images choc et le sensationnalisme. Je ne vois pas l’intérêt d’un gros plan sur un cadavre, en pleine scène de crime, où le sang a giclé et la mère du jeune homme assassiné hurle en se débattant pour se défaire de l’emprise d’un policier compatissant. Que dire de l’histoire de Clinton ? J’avais l’impression d’être cachée sous son lit chaque soir en écoutant les nouvelles tellement cette affaire a été médiatisée ! On se fout des détails ! L’objectivité à tout prix ? Non merci. Les mensonges et les fausses nouvelles ? On a quand même le droit d’être informé, non ? Alors je me situe dans une zone grise, là où le sol est glissant, où il faut marcher sur des oeufs. C’est une question de s’en tenir aux preuves, aux commentaires, aux lieux et aux témoignages. Si je veux la vérité, j’écoute Jocelyne Cazin. Si je veux être touchée, j’écoute « Les retrouvailles » et je pleure un bon coup. Si je veux le fin fond de l’histoire, j’écoute JE. Et si je veux de la vie privée, des chicanes, de l’arnaque, des mensonges, de la trahison, alors je me branche sur une téléréalité de plus en plus présente sur nos chaînes. Journalisme. Un mot noble, lourd de responsabilités…
Voyons, ne soyons pas dupes. On vient tous de voir ce que ça donne de ne pas suivre la ligne de parti. Il y a une ligne de parti dans chaque journal et dans chaque chaîne de télé. Celui qui déroge se fait mettre dehors. Si Michael Moore t’engage, tu travailles comme il veut.
Mais ce que je remarque de plus en plus c’est la manière dont la fiction est présentée comme la réalité et la manière dont les gens accueillent cette fiction. Je pense au roman « Da Vinci Code » qui est devenu paroles d’évangiles pour certains et aux livres qui sont parus après, expliquant le code avec photos et informations à l’appui.
Un autre roman, dont Bazzo a parlé cette semaine, est celui de Michael Crichton, The state of fear. Crichton a fabriqué un techno-roman dont la trame dit que le réchauffement de la planète est un canular monté par les environnementalistes. Il cite des études et des spécialistes, sort des chiffres, accumule des notes en bas de pages, met des graphiques.
Toutes ces informations sont réelles, mais tordues pour appuyer la fiction. Tout ça pour aboutir à un roman plus vrai que la réalité. Depuis la sortie du livre, Crichton donne des conférences et les spécialistes qu’il cite se démènent du mieux qu’ils peuvent pour crier qu’ils ont été mal cités et que Crichton a manipulé les chiffres des études.
Ce livre est sur la liste de best-sellers depuis sa sortie aux US. Beaucoup d’Américains ne demandent pas mieux que de croire ce pseudo-documentaire. Au volant de leur VUS ils se disent que qu’il doit y avoir un fond de vérité dans cette théorie et que les US ont bien fait de ne pas s’engager dans les accords de Kyoto.
J’essaie de faire confiance dans le jugement de l’individu, mais des fois la masse me désespère…
Journalisme gonzo? Une nouvelle expression digne elle-même du nouveau journalisme. Je n’avais jamais entendu cela avant… et maintenant, une flopée d’humains sur Terre vienne de la découvrir, tout comme celle du Tsunami en décembre… hum… vraiment digne du journalisme gonzo.
En lisant la définition de cette merveilleuse expression, je me rends compte que toutes les télé-réalités sont du journalisme gonzo. Pire, l’ensemble des reportages, exception faite d’entre autres Zone libre et Enjeux, sont vides, anémiques d’information vraie. Tel le SIDA, ce concept a proliféré dans l’ensemble de la télévision. Qu’est-ce que le journalisme gonzo m’a appris aujourd’hui? Une frustration grandissante car cela a amené la télé poubelle!
Ce fichu de Thompson est donc le père de la télé poubelle. Non, je ne le pleurerai pas, je ne le remercierai pas de ce généreux concept qu’est la télé poubelle lucrative et le journalisme fast food vide de toute substance. Ce concept qui fait en sorte que la télévision d’état, lire Télé-Québec, risque de disparaître. Pour Radio-Canada, ça fait longtemps qu’elle est grugée par cette gangrène [style gonzo].
Monsieur Desjardins, vous venez d’introduire une nouvelle expression dans ma bouche. Une expression que je déteste. Vous m’apprenez en même temps que le malheur télévisuel qui sévit depuis quelques décennies est encore de la faute des américains, peuple aveuglé par une dictature puritaine et fière d’abaisser à chaque fois les standards de la société. La preuve : une connaissance me dictait l’autre jour qu’il fallait faire telle chose selon le 4e point du 1er paragraphe de tel livre… c’est écrit qu’il m’affirme… ce que je lui réponds est qu’un livre est une référence (point final) et que, malheureusement, il ne pense plus par lui-même et ça, c’est dangereux. Thompson à « créé » cette servitude humaine. Hitler n’aurait pas fait mieux.
Il n’y a pas sur cette terre l’existence d’un ciel des idées, qui serait celui des idées pures qui circuleraient dans l’éther en attendant d’être découvertes par quelqu’un qui se donnerait simplement la peine de les trouver. Cette vision de la vérité objective est du domaine de la philosophie idéaliste, de tous les avatars de la pensée platonicienne jusqu’a Husserl en passant par Kant. Mais il est un autre type d’idéalisme encore plus pernicieux parce qu’il n’ose pas dire son nom en se cachant derrière le paravent de l’objectivité absolue, en faisant mine de ne pas poser d’hypothèses ou de prérequis à la base de ses observatuions. Cet idéalisme mensonger est celui que l’on réclame des journalistes, non pas dans les facultés de journalisme, mais dans les enteprises qui les embauchent par la suite. Essayer de ne pas suivre la ligne éditoriale d’une entreprise de presse revient à s’en faire indiquer la sortie. Les prérequis de l’objectivité sont propres à chacune de leurs visions éditoriales, ce qui ne veut pas dire que des divergences de points de vue moins fondamentaux ne peuvent pas exister à l’intérieur de chacune de celles-ci. C’est donc la visée éditoriale qui est le fondement de l’objectivité relative. C’est elle qui présidera aux démarches journalistiques et aux enquêtes qui tenteront d’expliciter les vérités du réel, de les faire sortir des replis où elles se terrent. Ce qui ne veut pas dire pour autant que la fin justifie les moyens, puisque la morale journalistique demeure quand même à la barre de ces recherches, mais que les moyens sont orientés vers une fin. Sur ce terrain-là, nous sommes encore dans le domaine du journalisme, ce qui n’empêche pas la littérature et l’art de pénéter encore plus profondément dans les replis des vérités et de les faire éclater, leur donnant alors l’apparence de dépasser la réalité par la fiction.
Peut-être que toute vérité n’est pas bonne à dire mais faut quand même qu’un journaliste fasse son devoir et rapporte des faits . On est à l’ère des grands titres qui tapent à l’oeil et quand on lit l’article s’y rattachant on s’aperçoit encore qu’on s’est fait berner . La vente du torchon que l’on publie est plus important que la vraie nouvelle . Le sensationnalisme vend .
L’éthique de la profession en prend pour son rhume . Heureusement qu’il y a encore des reporters libre d’esprit qui peuvent encore nous concocter des reportages étoffés en preuves et en renseignements pertinents comme Normand Lester ou Jean-François Lépine pour ne nommer que ceux-là . Ces vrais professionnels nous apportent des faits et on n’a aucun doutes quant à la véracité de leurs dires . Malheureusement il y en a trop peu de ce genre . Pour se faire un nom certains journalistes sont prêts à lancer des rumeurs et à livrer leurs impressions personnelles plutôt qu’à faire le travail qu’on leur a enseigné . Untel dit que le pape est mort , l’autre qu’il a eu une attaque cardiaque et un autre qu’il est paralysé . Qui croire ? Aucun , on n’a plus confiance à ces désinformateurs . Un bel exemple , regarder les débats entre commentateurs sportifs , chacun a ses sources et personne n’a la vérité . Des cacassages de basse-cour on peut s’en inventer tout seul . Revenez-en aux faits svp .
On critique beaucoup les bulletins de nouvelles, les reportages. Il ne faut pas oublier qu’ils sont réalisés pour nous et pour l’ensemble de la population. Si nous ne sommes pas content, s’est à nous de le dire. Il est vrai que souvent il y a un manque d’objectivité, mais dans le fond est-ce que la société n’est pas contente de se faire dire comment penser ???
De toute manière on trouve toujours une raison pour contester un journaliste, pour critiquer son jugement. Si ça fait pas notre affaire on a juste à changer de poste, des bulletins de nouvelles y’en a partout !
On ne peut jamais être totalement obectif, on fini toujours pas laisser parraître nos émotions. Et parfois se sont nos patrons qui nous empêche d’être objectif ….
Un reporter devrait rapporter les faits tels qu’ils sont. Il n’a pas le droit de prendre position. Ceci est du domaine des éditorialistes et des columnistes. Or, dès le tître ou le chapeau, il y a maldonne. Je clique et je suis décontenancé. Al-Sistani est vainqueur. Sauf que les Sunnites n’ont pas voté et que la mort, volontaire ou imposée, y sévit toujours. President Bush visitant l’Europe martelle le même message. Nulle agence de nouvelles, AFP, AP, CP, Reuters, ne fait pas la liaison avec le discours pré-électoral. Cinquante pour cent des élèves de Montréal sont d’origines étrangères. Lesquelles? Sèche! Le taux de natalité du Québec est le plus faible du monde occidental. Pourtant, les Québécois sont, comme d’habitude, contre l’immigration. La solution? Qui la propose? Personne! Pourtant, c’est simple. Croissez-vous et multipliez-vous, les Québécois, et l’immigration sera inutile. Rébecca Tremblay veut devenir un mannequin. Elle se met à poil dans les bars. Pourquoi? Il y a des écoles de mannequins pourtant. Le reporter n’en parle pas. Les hydrocarbures ne conviennent pas à la santé. Qui a dit çà et quelles preuves ont-ils ? Sèche! La statue de six mètres de Léopold II, roi de Belgique, a été érigée à Kinshasha, puis déboulonnée. Qui le sait? Léopold II a accumulé une fortune au Zaïre, puis s’est empressé de quitter la colonie. La plupart des revenus de la France à partir du seizième siècle venait de Saint-Domingue. Quant au commerce de fourrures en Amérique, c’est tabou. Tabou. Tabou. Puis, Bush a dit à Poutine: ce que je veux, c’est la démocratie à l’américaine. Heureux les Mexicanos, les Latinos, les Nègres des fameux États. Ils ne font jamais la UNE. Mon voisin a enculé une fillette de six ans. Cette nouvelle fait la UNE.
Et nous ne savons pas toujours, après tout ce temps, si ce sera Outremont ou Saint-Luc!
Méfiez-vous, bonnes gens, des baveux!
Un beau matin,en panne d’objectivité,vous regardez votre voisin.Sa face ne vous
revient définitivement pas,vous sortez votre carabine de chasse et lui déchargez son
fait en pleine figure.
Plus tard,devant le juge,vous prêtez serment,vous jurez de dire toute la vérité,rien
que la vérité,seulement la vérité.
-L’avez-vous tué?
-Çadépend,votre Honneur…
-Ca dépend de quoi?
-J’étais hors de moi,ma vie perdue et ce voisin que je déteste,bien en vie,lui,
ma réalité niée…
-Quelle réalité,mon ami?
-La réalité des faits.Ma femme m’a laissé le mois dernier pour un plus jeune,la semaine dernière j’ai perdu ma job et hier le docteur m’a appris que j’avais le cancer…six mois à vivre,au plus…
-Cette réalité-là ne regarde que vous.C’est votre problème,votre subjectivité.De là à aller assassiner votre voisin,il y a une marge.Je vous repose donc ma question: avez-vous,oui ou non,assassiné votre voisin?
-Votre Honneur,je ne l’ai pas tué,je m’en suis débarrassé.
-Vous voulez dire que cet homme mort,clairement identifié à la morgue,ce fait
incontournable menaçait de mort l’idée que vous vous en faisiez?
-C’est en plein ça,Votre Honneur.
-Alors vous plaidez coupable??
-Je ne peux pas,Votre Honneur,parce que,au moment du crime,je n’étais pas là,j’étais ailleurs.
-Vous étiez où???
-Dans ma vérité,Votre Honneur…
Je trouve cela dommage à admettre, mais la société québécoise est certainement l’une des sociétés les plus arriérées dans le monde occidental. En effet, ici, il est rare que nos designers de mode ou nos créateurs ‘créent’ réellement. Ils ne font que reprendre les idées émergées il y a déjà quelques années des États-Unis. J’ai très hâte de voir des gens innover au Québec.
Il me semble que nous avons tout le matériel nécessaire pour faire preuve d’originalité: nous sommes francophones. Le plus grand groupe francophone en amérique du nord. Il me semble que cela devrait contribuer à nous forger une identité, nous forcer à montrer notre différence culturelle. On dirait, qu’au contraire, notre langue nous oblige à nous replier sur nous-mêmes. En effet, nous recevons des émissions américaines traduites en français ce qui fait que nous avons toujours un décalage de deux ans (et cela vaut en mode nécessairement puisque les gens suivent les tendences de leurs émissions favorites…).
Bref, je suis déçue de voir que même dans nos galas dits québécois, les artistes ne tentent pas de se distinguer des grandes vedettes holywoodiennes: nous ne voulons pas de copies de nos voisins du sud, ce que nous voulons ce sont des gens vrais qui nous présenterons une identité à laquelle nous serons libre ou non d’adhérer!