– Traître! beugle un spectateur, invisible dans la marée noire de la foule.
– Judas! hurle un autre.
Bob Dylan sourit, passe la courroie de sa Telecaster derrière sa tête, et fait claquer les premiers accords de Like a Rolling Stone. Venu entendre le messie américain de la folk pour finalement découvrir que son héros est passé au rock, le public anglais lui crie son mécontentement. Il hue. Il chahute. Dylan se tourne vers ses musiciens et leur balance, toujours avec ce sourire qui lui barre la face: "Play it fucking loud!"
C'est drôle quand même, cela fait un moment que je cherche la bonne manière de répondre à un lecteur qui reprochait aux chroniqueurs "d'humeur" de ne pas toujours traiter de la nouvelle avec le même souci de pureté journalistique que les éditorialistes qui, eux, n'étalent pas leurs états d'âme et se contentent d'une analyse froidement objective des faits.
Ça prenait Bob Dylan pour l'illustrer parfaitement dans cet extrait de No Direction Home, le nouveau film de Scorsese qui lui est consacré.
La chronique, c'est bien sûr l'information passée à travers le filtre de son auteur, mais c'est aussi un coup de poing, un hurlement, un truc viscéral. C'est un véhicule métamorphique qui force son auteur à se repenser et, si possible, à sortir de la track, et surtout de la sienne. À atterrir là où on ne l'attend pas, et même, de temps en temps, à emmerder un peu les lecteurs qui l'aiment le plus passionnément dans ses petites habitudes et dans ses mignonnes pirouettes.
Car "on peut aussi tuer quelqu'un à force de trop de gentillesse", raconte encore Dylan dans ce film, expliquant sa réaction détachée face au rejet des puristes folk qu'il accueillait finalement comme une bénédiction.
Cela m'a rappelé ces lecteurs – en fait, ce sont surtout des lectrices – qui louangent la qualité de l'écriture, mais en oublient jusqu'au sujet des chroniques, tout obnubilés qu'ils sont par la délicate architecture d'une phrase, comme s'il s'agissait d'une finalité. Dès lors, vous le saurez, quand je sacre, que cette chronique sent un peu la robine, la dope ou le cul, c'est un peu pour rappeler à ceux-là que derrière les mots, il y a des gens, des choses, du relief, un tentative de montrer le réel. Et que le réel ne ressemble pas toujours à un bouquet d'oiseaux du paradis.
D'ailleurs, à ces admirateurs béats, je préfère encore ceux qui maugréent, qui m'invectivent ou m'interpellent avec une écœurante familiarité. Eux, au moins, forcent l'imagination. Comme celui qui, la semaine dernière, me garrochait, à propos du débat-spectacle: "Tout est un show, même toi Desjardins quand tu travailles, tu donnes un show." S'il savait… Tous les mardis, je suis debout, en bobettes, derrière mon ordi au bureau. Je me passe les Walkyries de Wagner en hurlant les vertus de l'odeur du napalm au petit matin, et je tape cette chronique à un doigt, en faisant des arabesques, pour le plus grand bonheur de ces dames esthètes qui me lisent, et aussi des filles du bureau qui en profitent pour mater mes cuisses de cycliste et mon cul de joggeur.
Me croyez pas?
Anyway, trois ans maintenant que je fais l'exercice hebdomadaire, trois années au cours desquelles, à quelques reprises, quand l'actualité prend une tournure insupportable, quand le discours devient aussi prévisible et ronflant qu'il l'est actuellement devant tous les Proulx et les Mailloux de ce monde, quand les scandales politiques s'accumulent à la vitesse de pointe d'un Challenger ministériel, quand les politiciens municipaux partagent la même mortifère litanie pour intoxiquer l'électorat, et qu'à ce moment, il m'est, pour des raisons d'hygiène mentale, parfaitement impossible de reprendre ma place dans la chorale éditoriale, je passe en quelque sorte la courroie de ma Telecaster, puis je change de toune… Si j'avais un band, je lui ordonnerais moi aussi: "Play it fucking loud!" Pas pour enterrer les huées, ça, je peux toujours vivre avec, mais plutôt pour vous faire oublier cet acouphène de l'information qui nous vrille l'âme.
ooo
Je lisais, il y a quelques jours, cette citation de Whitman qui disait que le poète doit s'efforcer de "glisser un rire sauvage dans la gorge de la mort"; c'est d'ailleurs précisément ce qu'un Bob Dylan fait.
Le chroniqueur, lui? Je ne peux dire pour les autres, mais précisons que je n'ai surtout pas cette prétention. On ne parle pas d'art ici, bien qu'il y ait une volonté littéraire, ni vraiment de journalisme, bien qu'il y ait une volonté de passer de l'information.
Cette chronique, je la souhaite plutôt comme un médicament pour la congestion médiatique. Ou mieux, comme du Tiger Balm, savez, cette pâte qu'on se met sous le nez ou sur la poitrine pour dégager les voies respiratoires.
Quand je beurre trop épais, ça brûle, ça irrite, c'est certain. Mais les fois où je dose juste, peut-être rarement, je ne sais pas, mais ces fois-là, je voudrais que vous lisiez la dernière ligne et que vous vous sentiez différemment qu'à la première. Comme si, pendant quelques minutes, vous respiriez juste un tout petit peu mieux.
Même si nous avons jeté la religion par-dessus bord, le dogme de la vérité unique et du consensus à tout prix existent encore au Québec. Si tu ne penses pas comme moi, si vous ne pensez pas comme moi, vous méritez l’excommunication et de brûler dans les flammes éternelles de l’enfer! Woah les moteurs! On se calme! Je ne suis pas toujours d’accord avec Messieurs Martineau et Desjardins, et je trouve parfois qu’ils exagèrent. Mais ils ont aussi parfois raison!
Si vous pensez qu’ils se trompent, qu’ils sont carrément dans l’erreur, ne les insultez pas, proposez vos arguments. J’ai déjà eu des désaccords avec des amis et d’anciens collègues de travail, mais nous nous respectons.
Si vous ne voulez lire que des opinions qui vous confortent, choisissez mieux vos médias!
L’écriture, tant pour les idées que pour l’acte, demeure un geste social intéressant et agréable. Une façon de s’exprimer et de communiquer pacifiquement, avec tous ceux qui nous entourent, grâce à vous M. Desjardins et au Voir électronique, des moteurs stimulants d’échanges humains.
Branché culture, musique, cinéma, littérature, spectacles, les lieux visités nous rejoignent tous. Un brin de politique, pour mettre un peu de piquant, une ouverture à tout objet d’intérêt public, un bon terrain de débats et de jeux, où tout le monde peut se pointer et dire le fonds de sa pensée.
Pour ou contre? Peu importe, les motifs surtout, les intentions et les changements souhaitables s’avancent dans un bouillon de culture, bien dosé et mijoté. Quant aux épices, baume de tigre et autres, il manquait justement un peu d’odeur et en voilà!
Vraiment M. Desjardins, moi qui croyaitsque vous étiez débordant de points de vue sur tout ce qui se passe dans la société vous écrivez des états d’âme plutôt particuliers cette semaine. Rien à redire de vraiment particulier sur votre texte car il ne suscite pas une forte réaction de notre part comme vous avez toujours l’habitude de venir nous chercher de semaine en semaine.
Je me désole de lire un texte qui ne va nulle part. J’aime bien votre point de vue qui quelques fois avouons-le choque, sinon à tout le moins nous éveille les neurones!
J’ai déjà hâte de voir ce que vous nous aurez préparé la semaine prochaine!
Toutes les opinions sont bonnes si on les respecte.
On m’a dit dernièrement que j’avais tendance à généraliser dans mes propos. Selon le mot de Clémence, j’ai baissé les yeux et baissé le nez. En général justement les gens parlent selon leur vécu, autrement c’est quoi l’affaire? Pour faire comme tout le monde, avoir une opinion sur tout et sur rien pour ne pas passer pour un nobody? Laissez-moi rire. Je crois sincèrement qu’une idée peut se défendre ou se débattre à la condition qu’elle soit pertinente mais pas nécessairement universaliste.
Toute personne est unique en son genre et son histoire est aussi importante même si celle-ci n’est pas Jeanne d’Arc ou Charles de Gaule. Faut-il comprendre que seuls les puristes ont une histoire a racconter avec les mots justes? Les récits du quotidien peuvent être aussi enivrants que ceux de la chevalerie au Moyen Age, et on peut y trouver autant de motivations pour la gloire et l’honneur. Le hic, c’est que la performance obligée nous oblige constamment à se démener pour épater les autres. Je considère que je me surpasse en donnant une opinion sur un sujet donné, au lieu de critiquer constamment sur le + ou – parfait des choses.
L’émulation est un stimulant mais pas jusqu’à se minimiser soi-même. On a tous des valeurs intrinsèques, pourquoi vouloir les nier? Utilisons les à bon escient pour son propre bénifice. Plus logique, ne trouvez-vous pas. Si A est plus fin que B, B reste aussi rusé que C. Et C se dit égal à A et B. L’histoire serait plus croustillante si on pouvait par ce simple test découvrir qui est le plus crédible. A, B et C sont crédibles tous les trois, mais chacun à leur manière, c’est cela justement qui les rend si attachants.
Le but utltime dans la vie c’est de s’améliorer toujours sans l’optique que l’on est imparfait, mais plutôt que l’on veut se parfaire. Je crois toujours qu’il vaut mieux améliorer une qualité plutôt que de corriger un défaut. C’est plus positif et bien plus stimulant. Yéééééé
Je suis d’avis que tous les goûts sont dans la nature. On a tous un vécu différent, une éducation différente. Alors, pourquoi ne pouvons-nous pas avoir des positions différentes face à ces critiques. Je ne dis pas qu’il faut accepter le dénigrement gratuit, ou même l’impolitesse, mais de respecter le désaccord de certains.
Essayez d’être le plus honnête possible et ne jugez pas l’artiste mais son oeuvre. Beaucoup de critiques ont un parti pris et je trouve ça dommage parce qu’ils détruisent bien souvent un être humain qui essaie juste de faire sa place.
J’assume mon addiction à cette chronique pas pour l’auteur, ni son style mais pour l’exercice que je m’oblige pour arriver à fonctionner objectivement tous les jours, en allant à la quête de la bêtise humaine sous toutes ses couleurs.
Ça me permet de me faire un beau portrait de la vie qui autrement serait surement « monochrome » ou « monoquelquechose » d’autre…. :)
Les chroniques sont faites pour être colorées. Ce sont des états d’âmes, des sentiments ou des présentiments qui sont exprimés. c’est ce qui apporte un débat. La structure d’une chronique est très différentes des éditoriaux structurés au plus haut niveau. Arrêtons de chercher à reproduire ce qu’on voit dans les médias. Ca fait du bien de se démarquer de la masse et de s’exprimer, plutôt que d’être rationnel all the time!!
Pourquoi écrire le bec pincé et les fesses serrées? Parce que Voir est un magazine culturel! Ben voyons!
J’aime les gens qui sont capables de dire ce qu’ils ont à dire sans passer par quatre chemins. J’aime entendre les vraies choses, les idées et les opinions sans qu’elles soient attendries par les belles phrases de certains.
Les beaux petits mots à cents piasses et les expressions poussées passent bien pour certains, mais pour les autres, c’est juste une façon détourné de se « péter les bretelles » et de se prendre pour un autre.
Pourquoi les gens sont friands de lecture!! Pour apprendre des nouveaux et pouvoir les lancer de tout bord tout côté!! Je ne crois pas que c’est le but!!
Promouvoir un esprit critique était un des objectifs de plusieurs cours universitaires que j’avais entreprit, sauf que quand j’applique cet esprit critique je suis plus souvent qu’autrement à contre courant. Aujourd’hui au Québec, en partie à cause des médias, la pensée unique des suiveurs est en pleine croissance. Dans une société ou de plus en plus ont accéder aux hautes études c’est absurde. Qu’ont-ils apprit? Oui, cela est très déprimant mais bon il y a toujours espoir que votre esprit indépendante réussira à changer la donne., on le souhaite en tous cas. En attendant, allez voir un bon spectacle de Loco Locass. c’est une bonne soupape pour crier sa colère en harmonie. Sérieusement, trouvez la définition de psychose aigue et son remède, je vous promets tout ira bien. Miron dit : « Et à force d’avoir pris en haine toutes les servitudes, nous serons devenus des bêtes féroces de l’espoir.»
Ca ne donne rien de prendre la vie trop au sérieux de toute façon personne ne va en sortir vivant, voilà en peu de mot a peu près toute la philosophie nihiliste et cynique de la culture de référence de M. Desjardins.
Quand on regarde les sources et citations de certain chroniqueur, il devient facile après un certain temps de comprendre tout ce qui ce cache derrière, la vision limite, la compréhension égotique, tout est absurde, toujours le petit film ou la petite psychologie de bazar, mais on oublie que derrière le film il y a l’écran et l’écran n’est pas perturbé par le film, l’écran peu exister sans le film, mais le film ne peu exister sans l’écran, la plupart sont pris par le film et crois le film pour la réalité, il ce laisse prendre au jeu, sans ce rendre compte que la seule réalité immuable est l’écran.
Qui est capable de voir uniquement l’écran en tout et non juste le petit film quotidien du mesquin et de l’égo ?
Ça interesse qui aujourd’hui les questions ultimes ? Trouver moi ce genre de chroniqueur si ça existe ?
En réalité ce genre de chroniqueur ne peut exister, car quand tu a compris il n’y a plus rien a dire mais juste a être et a vivre et en plus c’est pas payant $$$.
Bonne continuation M. Desjardins.
Des cuisses de cycliste et un cul de joggeur, dites-vous ? Tiens, tiens ! Je demande à voir. Peut-être que ça me ferait l’effet du Tiger Balm. Vous savez, cette vive stimulation momentanée qui introduit délicieusement la détente. Enfin, bon ! Je sens que je m’égare et, vu mon âge respectable, faute d’être vénérable, je tenterai d’annihiler ces basses pulsions comme vous souhaitez le faire envers « cet acouphène de l’information qui nous vrille l’âme».
Ceci étant dit, je me laisserai porter un instant par l’envie d’être juste un peu téteuse : Je les aime vos chroniques, moi, monsieur Desjardins. Il arrive, à l’occasion, que l’inspiration se fasse plus discrète où que d’autres préoccupations voilent votre clairvoyance. Après tout, personne n’est à l’abri des bah! de la vie. Toutefois, d’une manière générale, vous me faites réagir. Plus ! Vous m’inspirez. Vous incitez la réflexion et, lorsque je vous réponds, je me sens presque intelligente. C’est chouette ça ! Finalement, vous êtes un peu ma mère Thérésa hebdomadaire. Alors, on s’en tape des râleurs pas contents. Qu’ils aillent donc lire ailleurs !
Je me rappelle d’avoir vu Nicola Ciccone en spectacle. Il nous avait alors annoncer qu’il était un rebelle et pour nous le prouver, nous avait peut-être même envoyé un juron. Devant une telle évidence, j’ai dû m’avouer vaincu. Ciccone est un rebelle même s’il nous chante des minauderies sur toutes les radios commerciales.
J’ai aussi vu Diane Dufresne en spectacle. Pas une fois n’a-t-elle senti le besoin de nous prouver à quel point elle est flyée. Elle n’a eu qu’à nous pousser une petite note dans les aigues, à se faire bouger le bassin et j’étais convaincu. C’est une bête.
Je ne vous lis pas toujours M. Desjardins. Mais il me semble qu’à plusieurs reprises, vous nous parliez de votre rapport à votre lectorat. J’imagine que vous cherchez à susciter encore plus de réponses à votre texte. Ce qui me rend inconfortable dans vos propos, c’est justement votre attitude à-la-Ciccone. Vous vous sentez le besoin de nous donner l’image de vos bobettes, de la drogue et du cul. Pour quelles raisons? Pour que nous sentions bien que vous ne faites pas de courbettes devant l’ordre établi? Pour nous prouver à quel point vous êtes différent de nous? Si nous questionnons votre chronique, c’est sûrement que nous ne sommes ni drogue ni cul et encore moins bobettes devant l’écran. Est-ce bien ça? Donc, j’imagine que vous vous imaginez que je vous écris dans mon complet-veston en ce moment. Et que je tape ce texte grâce à mon doigté appris dans une école privée.
Si vous avez à être insolent, soyez-le. Si vous avez à être irrévérencieux, n’hésitez pas. Mais cessez de justifier votre position. Cessez de vouloir à tout prix nous clarifier votre image. Nous allons nous la fabriquer comme nous le désirons peu importe à quel point vous tentez de nous influencer.
Chanter fort,ça peut faire du bien à l’occasion,surtout si on le fait devant une foule de durs d’oreille.
Chanter faux,ça arrive aux meilleurs,peu importe le genre de musique.J’ai déjà assisté
à un concert des Stones où Mick Jagger a chanté faux toute la soirée.Si j’avais pu,je
l’aurais chicané fort pour cette fois-là,mais pas pour l’ensemble de son oeuvre.
En journalisme,chanter trop fort et faux depuis des années,ça suffit
et on vient de se débarrasser de Proulx et de Fillion qui nous les cassaient.
Se tromper de partition,comme vient de le faire Lysianne Gagnon,dans « La Presse »,
à propos du diplôme d’André Boisclair,c’est franchement comique,venant de quel-
qu’un qui n’a de cesse,depuis quelques temps de faire la morale aux souverainistes!
La congédier?
Pas du tout!Au contraire,cet incident m’incite plutôt à faire acte d’humilité.
Voilà dix mois que je fais partie de la grande famille de « Voir »,dans la tribune des
commentaires,version internet.
C’est passionnant et difficile,très difficile.
Passionnant parce que j’y apprends sur le tas le métier de journaliste,parce que je ne
suis plus un anonyme,mais quelqu’un qui a un nom et des opinions,et qui est lu par des
milliers de personnes.
Difficile parce que cette notoriété instantanée m’est montée à la tête,c’est normal,
et très difficile parce que je dois réagir vite devant l’actualité,écrire rapidement sur un
sujet donné,moi qui suis un penseur lent et un fieffé paresseux.
Je me trompe parfois,il m’arrive de manquer de jugement et les journalistes chargés
de noter nos commentaires sont là pour me rappeller à l’ordre.
Parler fort,oui,pogner les nerfs,non.
Interpeller,oui,injurier,plus jamais.
M’en prendre aux idées,pas aux personnes,je veux bien.Mais peut-on vraiment,dans un travail critique,séparer les unes des autres?
Je ne le crois pas.On a cru le faire en inventant la décapitation,en séparant la tête du
corps.Les résultats,aujourd’hui encore,sont catastrophiques…
S’il n’était question que de styles dans les appréciations des uns et des autres, qu’il soit littéraire ou bien musical, cela ne serait au fond que fadaises et mondanités. Il n’y aurait là pas raison de s’émouvoir et encore moins de s’emporter. Ce ne serait là que conversations vides de sens pour petits bourgeois qui s’emmerdent et qui désirent se délasser un peu, histoire de se prouver qu’ils existent malgré la platitude de leurs vies. Car voyez-vous, quand des spectateurs crient leur désaveu à Bob Dylan, ce n’est pas seulement parce qu’il aurait changé de style de musique, car derrière les notes qu’il joue, il y a des mots qui sont différents et derrère ces mots, il y a surtout des réalités qui sont fondamentalement autres. Pour le voir, il faut bien sûr questionner l’enracinement social des arts et de la littérature, car alors, ce sont des pans entiers de réalité qui vous sautent à la gueule, de quoi en avoir à recracher pendant des lunes. Au fond, dans ce changement de style, c’est un peu comme si le rat des champs de la fable avait voulu se faire passer pour le rat des villes, et qui plus est, qu’il avait voulu donner des leçons de civilité au rat des champs. Sa musique venait non seulement de changer de registre musical, mais surtout, elle venait de changer de registre social et culturel. Ce n’était plus aux mêmes oreilles qu’elle s’adressait et les unes, celles des rockeurs, devaient se faire beaucoup plus chromées que l’on croyait malgré toutes les décibels dont elles s’ornementaient. Non, ce n’est pas le bruit et la fureur des propos qui dérangent, mais le silence têtu des réalités que l’on décrit qui le font.
Il y a aussi Le Hollandais volant, Le Chevalier à la Rose. Je ne sais pas la différence entre Allemands et Autrichiens. Sauf qu’ils sont d’une race supérieure. Le Salon de la Race, ce n’est peut-être pas du cacadeboeuf, comme disait Madame ma mère. Si j’ai du pédigree, ce n’est pas ma faute. Jean Lesage était un tribun. PIERRE BOURGAULT. aussi. «Je ris de me voir si belle en ce miroir.» Les vaches rient et la caravane passe. Mais les vachent ne rient pas. Elles souffrent de ne plus brouter. Que bouffent les vaches? Du techno mal appliqué. Mais c’est du cacadeboeuf. Les humeurs, cela vaut quelque chose. J’ai du tempérament et des humeurs.
Vous me décevez M. Desjardins! Ces lecteurs ou lectrices qui réagissent à vos articles, peu importe le but visé, peu importe comment ils le disent, ils contribuent à l’essor de votre journal électronique. Lorsque je m’exprime, je préfère utiliser la justesse des mots, leurs couleurs, leur diversité, le vocabulaire n’existe pas pour les morts! Pourtant, j’ai aussi beaucoup de plaisir à lire des textes dont la beauté n’est pas la finalité, si le message passe et qu’il me fait vivre une certaine émotion, tant mieux. Je ne crois pas que le raffinement de l’écriture empêche la logique d’un texte, il y a tellement de belles métaphores, de synonymes, dans la langue française, pourquoi s’en priver? A ce que je sache, vos textes sont quand même un peu recherchés, vous n’écrivez pas comme vous marchez à ce que je lis? Je pourrais vous garrocher à la figure plein de mots crus, utiliser des termes inappropriés, vous dire ce qui me passe par la tête mais je ne le ferai pas. Nous n’avons pas à juger de la façon dont les idées émergent même si j’ai tendance à apprécier les textes qui allient imagination et réalisme. Ce n’est pas de ma faute si je préfère une claque sur les fesses plutôt qu’un coup de pied au cul? Tout est une question de choix, la société est devenue un show-réalité: ¨Tout le monde en parle¨, Star-Epidémie¨, ¨Loft-story¨, ¨Les élections municipales¨. Tout pour nous aiguiser l’esprit hein? Miam, miam, ça ouvre l’appétit ça! Comme le dit si bien Dylan, on peut tuer quelqu’un à force de gentillesse mais vous avez sans doute déjà compris, M. Desjardins, que ce n’était pas le but de mon article. Par contre, vous avez réussi quelque chose: à la lecture de la dernière ligne, je suis différente de la première!
Je lisais dernièrement une anthologie des articles d’Arthur Buies ce chroniqueur anti-clérical
et un des premiers canadien-francais a défendre les siens face a l’établishment catholique et
le pouvoir anglo-saxon du temps. Il fût un exemple pour l’évolution des mentalités.
Les chroniqueurs ont toujours été importants par leurs réflexions sur la société, la politique ,
les arts ect. Que l’ont soit d’accord ou non avec leurs écrits, l’exercice est stimulant et sain
pour la collectivité.
Tout les André Rufiange, Pierre Bourgault , Pierre Foglia ,Martineau, Nuovo et tout les autres
que j’oublie ont joué ou jouent un rôle de chien de garde important. Dans certains pays les
journalistes d’opinions risques leurs vies a tout les jours.
Mr.Desjardins vous écrivez très bien, mais la priorité demeure le sujet qui alimente le débat
et vous avez a vous mettre la tête sur le billot a toutes les semaines et en cela je vous remercie de vous offrir comme chair a canon pour permettre au peuple de se défouler.
Je suis de ceux qui lisent beaucoup. Beaucoup de textes d’opinion. Et parfois aussi des textes d’humeur. Parce que j’aime lire, bien sûr. Mais surtout parce que j’aime les idées. Celles bien développées, qui s’appuient sur une rigueur de la pensée que je n’ai pas toujours. Celles aussi qui jaillissent de l’esprit vif qui saisit au bond un point de vue fugace et spontané. Celles qui heurtent les idées préconçues, qui bousculent le magma des convenances et qui s’insèrent dans l’onde plénipotentiaire du consensus social. Celles enfin qui ramènent à sa plus petite expression les gestes les plus anodins de nos vies.
Les textes d’humeur me font souvent l’effet d’une confidence. Le partage singulier d’un sentiment ou d’une émotion qu’on largue sans défense dans la tête d’une personne en qui on a confiance. C’est pourquoi, j’ai souvent l’impression d’être interpelé personnellement. D’être convié à titre personnel à cette ouverture d’esprit qu’exige la confidence. À me sentir privilégié d’avoir été choisi pour accueillir ces réflexions troubles sur la vie qu’un auteur a choisi de me livrer. C’est pourquoi aussi, j’ai souvent l’impression de connaître personnellement celui qui a écrit ce texte. Car l’humeur n’est pas du domaine public. Il fait partie de l’espace intime. Et à ce titre, il se livre comme un secret, en attendant de l’autre le respect et la discrétion.
Alors, il ne m’apparaît pas si déplacé de répondre à celui qui me confie ses humeurs de manière toute aussi personnelle. En livrant, moi aussi le fond de ma pensée de manière libre et spontanée. Sans crainte d’être jugé. En ayant juste le goût de mettre moi aussi un peu de mes tripes sur la table. En signe de partage. Comme pour dire, je t’ai reçu dans tes préoccupations personnelles, alors je me permets de croire que tu le feras aussi. Mais dans ce partage bien illusoire, je tiens le mauvais rôle. Celui qui ne doit que recevoir et qui se fait rabrouer quand il y a désaccord. C’est dommage vous croyez-pas?
C’est en toute humilité que je vous dis mon opinion ici, j’ai un énorme respect pour le travail journalistique, et pour l’éditorialiste tout particulièrement. Personnellement, un journaliste éditorialiste parle de sujet qui le brûle, c’est sa part personnelle dans le « jeu » journalistique. Mais qu’il le veuille ou non, il parle au nom du journal qu’il représente.
C’est souvent pourquoi je trouve que l’opinion exprimée dans n’importe quelles pages éditoriales ne sont jamais que le produit d’une seule opinion. Elle représente l’opinion des intérêts du journal, et du journaliste qui y travaille.
Par ailleurs, la façon de travailler de chaque éditorialiste est personnelle, ce qui en fait leur popularité, ou leur marque de commerce. Certain prendront le chemin de la polémique, pour faire passer le message, d’autre s’y prendront autrement. Les exemples ne manquent pas ici au Québec. Mais parce qu’il n’écrivent pas un livre, mais qu’un court texte de 2000 lettres à peu près, il leur faut être concis et précis, pour souligner le sujet, faire réfléchir leurs lecteurs, parfois jours après jour.
Mais leur devoir est selon moi de faire réfléchir, ouvrir des débats, porter des jugements sur des faits et des gens publics, selon des faits et un raisonnment logique. Et le plus important sera toujours plus le raisonnement que la conclusion. Laisser à ses lecteurs le loisirs de reprendre le raisonnement pour l’ajuster à leur goût pour poursuivre la discussion, un élément vital, selon moi.
Enfin, un éditorialiste se doit de ne jamais clore un débat, mais l’alimenter, ne pas décider qu’un sujet doit être ignoré, mais l’ignorer tout simplement. Là réside le pouvoir de ce dernier.
J’aimerais ajouter que les états d’âme d’un journaliste ne sont pas ce qui me passionne. Certains s’y prêtent à ce jeu, et entachent par le fait même la profession. Je n’ai pas envie de donner d’exemple, mais j’ai mes favoris, et ceux que je ne lis jamais…
Pas facile de vous suivre M.Desjardins. Tiens…l’autre semaine…, vous avez référé à cette chanson d’Alain Souchon en évoquant cette quête de sens qui nous terrorise tous dans ce monde matérialiste et idéaliste.
J’ai pas versé de larme mais presque …(que voulez-vous, je suis une âme sensible…).
J’ai toujours eu cette sensation de vous irriter chaque fois que je me suis permis une réflexion personnelle sur le sens de votre chronique et que j’ai mis en valeur votre habileté à exprimer des choses vraies sans vouloir protéger votre image ou espérer plaire à votre lectorat. Régulièrement, j’écris du bien de vous et à chaque fois, je sais que ça vous irrite un peu. En fait, je sens que je fais un petit accroc à votre image publique, celle que vous cherchez désespéremment à construire.
Pourtant, si vous saviez comme on s’en balance de votre image.
Il vous arrive de traiter d’un sujet avec sensibilité et moi, j aime bien et même que …je prends un immense plaisir à l’écrire. Cela n’a rien à voir avec votre syntaxe parfaite ou vos mignonnes entourloupettes (vous avez parlé de vos cuisses aussi…n’est-ce pas?)
On vous lit avec des intentions variées et nos réactions varient selon nos expériences et notre personnalité. Je méprise les chroniqueurs et les animateurs à l’égo démesuré qui agissent uniquement pour attirer l’attention et pour plaire à leur public.
Je vais rompre le silence chaque fois que le sujet viendra toucher une corde sensible et je le ferai bien à ma façon en décrivant la réalité telle que je la vis et la perçois.
Je vais continuer à être gentille même si ça vous tue parfois.
Vous savez, la lecture de votre chronique à l’effet d’une drogue sur bien des
gens. C’est devenu une habitude. Par exemple, tous les jeudi vous avez un
cours avec vos camarades. Vous savez que les autres personnes de votre
entourage ont eux aussi lu l’éditorial. Alors, nécessairement puisque les
sujets sont toujours chauds, on en parle entre amis. Alors à toutes les semaines on
demande à vos amis leur opinion sur le texte. La conversation est des plus allumée et ça devient une habitude. J’avoue que beaucoup de gens préféreraient que ce soit publié plusieurs fois par
semaine.
Que l’on soit d’accord ou non avec vous est sans importance. l’important c’est d’en parler et de confronter les idées. Alors il n’y a rien de malsain aux chroniques, sauf si on les prend pour la
vérité.
Desjardins nous fait preuve de son état d’âme, certes une belle prose dont il fait preuve et il se fâche ici envers ceux qui admirent sa façon d’écrire pensant certainement que le contenu du sujet traité n’effleure pas l’intelligence du lecteur (bien que la lectrice semble davantage agressée). Est-ce que par hasard, on se trouverait des affinités à la Martineau qui déclament mille et unes âneries pour forcer une réaction et un débat, style ces jeux de la morale d’antan? M. Desjardins un peu en panne tente de vouloir justifier ses propos comme un drogué souffrant d’accoutumance forcé d’augmenter ses doses pour chercher son extase artificielle. La locomotive attend une nouvelle fournée de charbon de la part des lecteurs qui réagissent, afin d’entamer la lente remontée.
J’ose espérer que les reproches de l’auteur sont sans fondements, le lecteur qui le lit et réagit comprend très bien ses écrits. Qu’il abonde ou soit choqué de sa position, sa réaction bien personnelle est aussi valable que le chroniqueur qui abreuve le discours chaque semaine. Le « rebel without a cause » de cette semaine doit songer au sujet de la semaine prochaine car c’est pas le vinaigre qui attire les mouches.
C’est certain que l’actualité et notre myriade de problèmes dans une société malade qui victimisent toujours les plus démunis restera toujours source d’abondance. La dénonciation et la critique sont de mises. Les solutions souvent tardives sont rarement permanentes. Le mal persiste et les onguents masquent les symptômes pendant que l’infection gagne du terrain. Le Tiger balm, ça sent bon, mais ça guérit rien.
L’action engagée, l’implication personnelle, au moins ça, ça porte fruit… mais c’est vrai que parfois en bobettes, mieux vaut rester chez soi.
Bien observé, M. Desjardins, et au risque d’être ici un de ces lèche-culs qui freinent le débat, je partage votre dédain de ces « admirateurs béats » qui « louangent la qualité de l’écriture » au détriment du message. Bien que je m’efforce moi-même d’étoffer mes propos d’une parure aussi luxueuse que mes moyens me le permettent, je privilégie toujours le fond avant la forme, et n’hésite pas à énoncer une idée constructive, si controversée soit-elle. Car l’objectif et la raison d’être d’une chronique est selon moi d’apporter un oeil nouveau à une situation stagnante, d’injecter une dose de mouvement dans l’inertie des choses, et l’on ne peut y parvenir sans extirper les gens de leur confortable torpeur, ce château-fort qu’ils veulent imprenable, absolu et paradisiaque, ce village gaulois qui résiste encore et toujours à l’envahisseur. Mais pour progresser, intellectuellement et socialement, il faut stimuler notre faculté cérébrale et pour ce faire, il faut souvent contourner les règles établies, transgresser les conventions mais surtout, remettre en question nos convictions. Il n’est rien de plus atrophiant que l’inertie, et seul ce qui choque, ce qui incite à réfléchir et à voir les choses d’un autre angle amène à l’évolution.
La pièce de théâtre Big Shoot affichait le proverbe africain suivant : « Ne demande jamais ton chemin à quelqu’un, car tu ne pourras t’égarer. » À toujours serpenter dans les mêmes sentiers battus, on ne peut découvrir les vastetés qui nous entourent.
Aussi, voici quelques mots à l’intention de ces petits pantouflards qui s’offusquent de la moindre vulgarité :
« Inutile de critiquer ce qu’on ne peut comprendre,
De faire accroire de savoir ce qui nous convient;
Nous avons une vie entière pour apprendre
Qu’on ne naît pas sage, on le devient. »
Toujours la fameuse valeur de son opinion. Doit-on ou ne doit-on pas l’écire? Mais surtout de quelle façon?
Ici on fait appel à la permissivité! Se permettre de se dévêtir devant un écran pour accomplir son devoir, pas conjugal, mais quand même, avec les lecteurs ça demande une dévotion extrême!! Bien sûr vous comprendrez que je blague!!!
Dois-je comprendre que vous regardez ailleurs en ce moment? Vos modestes retours sur vous-même face à nos réalités de lecteurs exigeants ou ronflants! Me poussent à vous imaginer, que vous semblez toucher le fond de vos remarques hebdomadaires! Serait-ce le syndrôme de la page blanche qui vous attend?? Bienvenue dans le club! D’ailleurs la page blanche apparaît surtout lorsque notre écriture trace pour nous le contenu et non l’inverse!
J’oserais écrire que personne ne peu conserver un rythme égal et linéaire! Il faut donc à l’occasion prendre un repos mental, émotif et créatif afin de se ressourcer. Vous avez quand même l’avantage d’avoir des lecteurs qui prennent de leur temps, énergie, créativité et émotion pour réagir à vos propos! Qu’ils soient outranciers ou enclins à la déprime automnal. Je suis toujours assis à vous répondre ou simplement apporter ma modeste contribution à l’ensemble des éléments si bien récités!
Car j’irai à la défense de nous! Auteurs inconnus tergiversant par lettres formant des propos tous aussi censés les uns des autres. Représentants chacun et chacune d’entre nous! Alors M, desjardins, c’est un privilège de savoir que des gens nous lisent et affirment leur accord ou non!
Je dis donc à l’ensmeble de mes confrères et consoeurs d’hier à demain, mes sincères félicitations pour vos remarques, parfois si intelligentes et d’autres fois si limitées!
La beauté de ces échanges demeure la différence et les similitudes qui nous habitent!
Alors M. desjardins enfilez vos culottes et chevauchez vos mots et poursuivez votre course!