Cette chronique sera un ersatz de département des plaintes. Pas tout à fait cet amalgame sadomaso de courriers fielleux dont je vous régale de temps à autres, puisque je n'y publie qu'un seul message, glané sur notre site Internet. C'est une réponse, mais c'est aussi une question qui renvoie à mon commentaire de la semaine dernière sur les entreprises de déculpabilisation que sont les campagnes de charité du temps des Fêtes. C'est signé François Tessier, on se reparle à la fin de son histoire qui concerne son beau-frère itinérant.
Appelons-le Jean-Pierre, nom fictif, pour respecter son intimité. Jean-Pierre a un bac en philo. Un jour, ses neurones se sont mises à déconner. Il a été diagnostiqué schizophrène. Pas jojo comme maladie. Jean-Pierre avait déjà presque 45 ans lorsque tout d'un coup la maladie s'est déclarée. Alors, de fil en aiguille, il a descendu les marches vers l'enfer, une à une. Sa maman a plus de 85 ans. Ses frères et sœurs sont, comment dire, sur les rotules. Aujourd'hui, JP est dans la rue. Il est seul, hurle et pleure. Parfois, il se prend pour Salvator Dali, d'autres fois, pour Maurice "Mom" Boucher. JP n'a que nous (mon chum pis moué) pour l'aider. Mais nous ne pouvons rien faire de bien, bien grandiose, car nous ne sommes pas une institution, non plus. Aucun CLSC ni hôpital ne veut de lui: on ne s'occupe plus des schizos. On les crisse dans la rue! JP mange… une fois par semaine, les bonnes périodes. Il ne quête même pas: il est trop perdu! Nous, on est sans ressource, on fait ce qu'on peut, mais on n'est pas docteur. JP se promène d'organisme en organisme, qui offrent un peu de linge et parfois un peu de nourriture… Ces organismes vivotent. La plupart du temps, leur seule source de revenu, c'est… la GUIGNOLÉE DU TEMPS DES FÊTES. Eux, ce qu'ils se disent à la Guignolée, c'est: on sait que c'est juste un plaster, mais on peut-tu au moins l'avoir, ce plaster-là… C'est mieux que zéro, me faisait remarquer une bénévole l'an passé! Elle a raison. C'est mieux que zéro. Puis, je voudrais demander à David Desjardins: combien qu'il donne par année pour les itinérants? À qui donne-t-il, s'il ne donne pas à la Guignolée. Ça m'intrigue de savoir où donnent-ils leur argent, ceux qui sont CONTRE la GUIGNOLÉE?
C'est le récit de la petite horreur du monde au quotidien. Le plus accablant, c'est qu'ils sont légion depuis les politiques de désinstitutionalisation.
Mais avant que je ne réponde aux questions, rappelez-vous, l'an dernier, le message de la Guignolée des médias qui disait: cet enfant n'aura pas de quoi manger à Noël. C'était évidemment un mensonge, puisqu'à Noël, tout le monde a de quoi manger, justement grâce à ces campagnes de charité qui font leurs choux gras – si vous me permettez l'expression – de cette culpabilité épisodique, et dont je vous soulignais surtout qu'elles sont bien insuffisantes.
Avez-vous entendu le nouveau message radio pour la Guignolée des médias cette année? Disons qu'ils ont un peu rectifié le tir. Un prof y demande à ses élèves ce qu'ils souhaitent pour Noël. Le premier répond qu'il veut un snowboard, genre. Le second, lui, qu'il voudrait avoir à manger à tous les jours de l'année. Pas à Noël, pas à Pâques, pas à la Saint-Jean-Baptiste: TOUTE L'ANNÉE.
D'accord pour le plaster, M. Tessier. Mais qu'est-ce qu'on fait après, quand ça continue de saigner?
Maintenant, je réponds à votre autre question: qu'est-ce que je fais pour aider les pauvres, et les itinérants en particulier? Pour les itinérants, pas grand-chose, mais disons que je commence par ne pas les mépriser. Parfois, je leur donne des sous, mais la plupart du temps, non. Ce que je fais alors? Je les regarde dans les yeux, je leur fais un sourire qui veut dire: désolé, pas pour cette fois-ci, mon vieux. "Merci quand même, bonne journée", répondent-ils souvent. Cette politesse, même feinte, me fait sentir très, très petit.
En ce qui concerne les pauvres, de manière plus générale, je paie des masses de fric, comme vous sans doute. Cela s'appelle des impôts, des taxes. Je chiale un peu, je rechigne, comme tout le monde, mais je me raisonne en me répétant que c'est normal, que je vis très bien, que je fais ainsi ma part.
C'est après que ça se gâte. Quand les politiciens prennent possession de mon fric. Et du vôtre. Car il n'y a pas pire cynisme que celui de gens censés défendre des idéaux et qui prennent la pauvreté comme une chose triste, mais inévitable, comme une simple fatalité. Des gens qui parlent de redistribution de la richesse, mais qui n'y croient simplement pas, alors qu'ils sont les seuls à pouvoir vraiment changer la donne.
J'emprunte une vieille formule afin de conclure que, pour ces politiciens, et pour le public en général qui votera aux prochaines élections à la faveur de baisses d'impôts et non d'une meilleure utilisation de cet argent, votre récit constitue malgré tout un drame.
Le problème, c'est que parmi mille histoires comme la vôtre, étalées sur toute l'année, la vie brisée de Jean-Pierre ne devient qu'une statistique. Un autre cas à inscrire dans la colonne des moins que zéro.
Albert Jacquard, J’accuse l’économie triomphante, 1995
« Contrairement à l’exclamation théâtrale de Sartre, l’enfer n’est pas « les autres », mais de ne pas exister pour les autres. Exclure, c’est condamner à l’enfer, certes pas l’enfer de l’au-delà, mais l’enfer terrestre, dans laquelle nos sociétés se débarrassent de ceux qu’elles sont incapable d’incorporer.
[…]
Le seul critère de réussite d’une collectivité devrait être sa capacité à ne pas exclure, à faire sentir à chacun qu’il est le bienvenu, car tous ont besoin de lui. À cette aune-là, le palmarès des nations est bien différent de celui proposé par les économistes. Ce n’est plus le P.N.B. par tête qui compte, mais le nombre de jeunes acculés au suicide par le dégoût que la société leur a inculqué d’elle ou, pis, d’eux-mêmes ; mais le nombre de jeunes sortant du système scolaire persuadés qu’ils ne valent rien; mais le nombre de désespérés qui n’ont même pas accès à la parole pour exprimer leur mal de vivre et n’ont d’autre recours que de devenir des casseurs. Tous ces aboutissements, tous ces gâchis, n’ont rien de fatal; ils sont la conséquence de la volonté, explicite ou sournoise, des hommes.
Mesuré par ces critères, l’échec des sociétés conduites par l’économisme est patent. Leurs succès techniques sont payés d’un coût humain exorbitant qui sape les fondations de leurs structures traditionnelles. Les citoyens américains peuvent être fiers d’avoir envoyé quelques explorateurts sur la Lune; mais, dans les grandes villes, ils ne peuvent plus rentrer chez eux le soir sans trembler de peur. »
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Ces « moins que zéros » sont en fait des sacrifices humains que nous faisons collectivement au nom de la prospérité économique. Nous ne sommes pas prêts à payer ou à faire les efforts nécessaires pour les intégrer à notre communauté, de peur de nuire au mythe sacré qu’est la prospérité économique.
Ce qui me plaît, dans la guignolée, c’est justement le fait que cette quête s’oriente vers du concret : de la nourriture, des jouets, etc. On a alors un peu plus d’assurance que cela parviendra effectivement à ceux qui en ont besoin. Il est vrai que ce n’est qu’un pansement bien temporaire et que la récolte de Noël ne durera pas longtemps. Malheureusement, je n’ai pas vraiment de solution à cet égard.
En contrepartie, je ne donne jamais aux itinérants. S’il existe des Jean-Pierre, il y a également de nombreux personnages qui, de manière plus ou moins affirmée, choisissent la rue. J’en ai connu plusieurs qui connaissaient fort bien les ressources communautaires et qui abusaient à loisir de leurs services afin de disposer de plus d’argent pour triper ou se geler la fraise. Et on ne parle pas nécessairement de problème de toxicomanie puisque j’en ai vu plus d’un retourner chez papa-maman lorsque le trip devenait plus pénible qu’amusant.
Nous vivons dans une société où chacun peut obtenir des prestations de sécurité du revenu, qu’on appelait avant le bien-être social. Il s’agit bien sûr d’un minimum vital mais cela suffit pour permettre à qui le souhaite de quitter la rue. Ils n’ont pas d’adresse, me rétorquerez-vous. Celle-là aussi je l’ai beaucoup entendue. Il existe d’abord les chèques de dépannage qui sont alloués dans certains cas où il est raisonnable de croire qu’ils serviront effectivement à la subsistance ou au logement. On en distribue, entre autres, à certaines gens qui sortent de prison. Il est également possible de prendre entente avec certaines ressources communautaires, qui accepteront d’héberger un individu démontrant sa bonne volonté, pendant un nombre de nuits suffisant pour qu’il puisse y recevoir son premier chèque.
Il est vrai que les gens aux prises avec un problème de santé mentale se retrouvent souvent laissés pour compte. Sans minimiser leur nombre, j’estime qu’ils ne représentent qu’une bien petite petite proportion d’itinénérants
C’est bien triste cette réalité. Effectivement tout ce qui est dit dans ce texte est bel et bien vrai. Les gens de la rue reçoivent un plaster à Noël, les enfants plus fortunés un snowboard, et les politiciens… une campagne électorale de plusieurs millions. Ces fichus pancartes que l’on va voir encore pendant deux mois. Et qui, à mon avis coûtent cher, polluent le paysage et ne fait élire personne. Regardez Mme Boucher à Québec, qui a été élue, sans aucune pancarte. Est-ce que ça veut dire quelque chose ? Je pense que oui.
Il est bien vrai que les gens crient beaucoup plus fort à la baisse d’impôt qu’à la meilleur gestion de cet argent. Mais honnêtement, on se sent bien impuissant devant ces grands du gouvernement. Et quand vient le temps de voter pour un parti, lequel on choisit ? Lequel a comme objectifs de lutter contre la pauvreté, au lieu de lutter pour le déficit zéro ? Lequel veut vraiment faire quelque chose pour ces gens de la rue ? Je ne les connais pas. Je veux bien élire quelqu’un qui va écouter le peuple et aider les pauvres, mais en réalité, les politiciens n’ont à coeur qu’eux-mêmes.
Alors on en revient à ce fameux plaster qu’on ne fait que mettre en attendant d’avoir mieux. Et comme c’est mieux qu’un coup de pied au derrière, alors on le fait. Mais vous M. Desjardins, avez-vous des meilleures idées ?
Les ressources en santé mentale disparaissent comme les fleurs en hiver. La froideur de notre société s’étend toute l’année durant et, les réchauffements climatiques n’affecteent rien. On abandonne l’aide aux plus démunis, comme si c’était assez, comme si l’État se déresponsabilisait de ses tâches et devoirs sans amertume.
Ayant travaillé en santé mentale pendant dix ans (1976-1986), pour un centre hospitalier psychiatrique, l’apparition du désengagement de l’institution m’a beaucoup surpris. De ressources publiques à privées, avec des offres monétaires intéressantes pour stimuler l’acquisition, puis le retour de la clientèle vers le centre hospitalier, la maison n’arrivant plus à poursuivre les services, vu la lourdeur du travail. Plusieurs bénéficiaires, vivant maintenant à l’extérieur, se retrouvent à la rue, sans aide quelconque pour les supporter dans les moments difficiles.
La paix sociale, par le partage des ressources et l’assurance sociale, devient de plus en plus menacée. Une jungle se propage comme de la mauvaise herbe et rien ne l’arrête. Les organismes bénévoles et de charité se voient surchargés, leur rôle secondaire devenu prioritaire ne suffit plus.
Une personne sur cinq est atteinte de maladie mentale pendant sa vie. Ces chiffres ne semblent faire peur à personne, mais quand l’éclair frappe, les horizons changent. En oubliant de prévenir, guérir se retrouve l’unique solution, lorsqu’encore possible.
Comment peut-on critiquer ceux qui organisent des événements visant à recueillir des fonds pour les personnes dans le besoin quand on se cache derrière les politiciens pour se déculpabiliser de son immobilisme. Penser que les politiciens sont les seuls qui peuvent vraiment changer la donne m’apparaît être le comble de la déresponsabilisation. Nous sommes les premiers responsables de la pauvreté et nous la cautionnons. On ne peut penser payer si peu pour des bananes sans croire que la personne qui les récolte n’y perd pas au change. Cet aveuglement volontaire est devenu la norme dans les sociétés modernes et ce n’est pas en projetant sur le gouvernement la responsabilité de cet état de choses que nous avancerons collectivement. Notre premier pas demeure une prise de conscience collective de notre responsabilité à l’égard de la pauvreté.
Je me contrefous des raisons et des motivations qui animent ceux qui organisent ou font des dons lors d’activités charitatives. Lorsqu’on est dans le besoin et qu’on a faim, on se fout bien de savoir d’où vient le bout de pain qu’on peut se mettre sous la dent. Mais ça, c’est bien difficile à saisir quand notre préoccupation pour le souper, c’est de savoir si on accompagnera notre carré d’agneau d’un vin du cahors ou d’un crozes-hermitage.
Certaines personnes qui ont la chance de travailler me trouveront stupide de penser que des gens veulent payer des impôts. Quand on doit se contenter de l’aide sociale, d’un travail à temps partiel peu payant, qu’on se paie peu de bonheur (théâtre, cinéma, CD), on espère trouver un emploi intéressant, à temps plein et relativement payant. Et on est content de pouvoir payer des impôts pour aider ces gens qui ne réussissent pas à se trouver un emploi, malgré leurs efforts. On est content de faire un effort pour aider les jeunes et moins jeunes à s’éduquer, aider les malades à avoir de meilleurs soins. Pouvoir payer des impôts, cela signifie qu’on travaille et qu’on gagne un revenu décent, qu’on peut se payer des bonheurs, qu’on arrive dans nos finances. Faut-il vraiment que vous connaissiez la misère pour apprécier la chance (oui, la chance) que vous avez de pouvoir payer des impôts?
Tout d’abord, j’aimerais dire que Jean-Pierre est un autre cas à inscrire dans la colonne de ceux à qui l’on devrait penser et aider, au moins une fois par année, car il ne fait pas parti des moins que zéro, il est juste malade…
Ensuite, je dois dire que j’aime bien l’idée que la Guignolée se fasse seulement une fois par année, aller de porte en porte, de façon à recueillir des dons qui aideront les moins chanceux (comme Jean-Pierre !), ceux qui n’ont pas les moyens pour s’en sortir seuls ….
C’est simple, je trouve que la Guignolée reste une bonne chose pour les plus démunis, mais aussi une bonne raison de donner au moins une fois par année !!!.
En fait, il ne faudrait pas non plus oublier que dans le temps, c’était sensé être une joyeuse tradition, où il fallait chanter, de maison en maison pour recueillir des sous. Ça donnait encore plus l’envie de donner…
Les temps changent et les traditions aussi, dommage…
Finalement Monsieur Desjardins, vous nous répondez que vous ne faites Rien! Bravo, bel esprit!
Évidemment que la guignolée et tous ses frères et soeurs ne sont que des gros bandages qui cache à peine le bobo mais, je donne raison à Monsieur Tessier en disant que c’est encore mieux que rien!
Avec tout ce qu’on paye comme impot, cela serait difficile de donner sans relache à tout ce qui nous sollicite.
Pourtant, j’essaie le plus possible, aussi souvent possible. Même quand il n’y a pas un seul dollars dans ma sacoche mais qu’il s’y cache une barre tendre, je la donne.
Je suis certaine que vous gagnez plus que la plupart de mes connaissances. J’en suis heureuse pour vous.
Et pourtant, dans mon cercle, on ne se défend pas de payer des impots pour les pauvres. C’est un des rares arguments vides de bons sens que vous nous sortez. Reprenez vous, donnez au prochain qui en aura besoin. Vous verrez, ca change pas le monde ni guérit le bobo sauf que…
La misère dont vous faites mention, «les malades du cerveau» envers lesquels nous sommes si peu tolérants n’en demeurent pas moins des MALADES. Or, on les retrouve dans la rue… Ils peuvent marcher et Dieu sait qu’ils ne s’en privent pas. Mais, la misère est leur lot, pire que misère : déchéance et totale solitude. Pas en mesure de s’occuper de leurs propres besoins, ils déambulent…
Solution. Ou bien on les euthanasie OU on s’en occupe. Il n’y a pas d’alternative… Assumons nos choix. Les laisser dans la rue s’avère de la cruauté impardonnable, alors ? On s’en occupe en leur assurant un endroit convenable où vivre, SINON, on les passe à la chambre à gaz comme les nazis d’Hitler se sont appliqués à faire. Cessons de jouer aux Vierges offensées…
Ceci dit, je préfère que l’on s’en occupe dignement. CE n’est pas rentable, évidemment.
Je cite un interlocuteur qui m’a précédé : «on votera aux prochaines élections à la faveur de baisses d’impôts et non d’une meilleure utilisation de cet argent»
Candidat du Parti vert dans Beauport-Limoilou
La schizophrénie est bel et bien une maladie épouvantable. Une des pires qui soit, toutes spécialités médicales confondues. Le patient perd tous ses repères, il est confus, désorganisé, isolé, erre souvent sans but, trop malade, comme vous l’avez si bien dit, pour quetter. Et, voilà où je veux en venir: trop souvent, trop malade pour profiter des ressources d’aide (hébergement, activités communautaires, prévention du suicide, écoute, repas). Trop malades pour reconnaître leurs lacunes, leurs besoins de base, non comblés. Voilà pourquoi certains ne ressentent le besoin de ne manger qu’une fois par semaine. Les émotions sont à plat. Voilà pourquoi ils ne ressentent bien souvent pas le besoin de parler, de passer une nuit dans une ressource après avoir discuté avec des intervenants sur ce qui les angoisse.
Les ressources existent. Mais cette maladie va au-dessus de tout. Elle réussit même à faire croire au patient que non seulement il n’a pas besoin de traitement, mais qu’en plus celui-ci est néfaste pour lui, il le contrôlera, se servira de lui pour fins d’expériences…Alors, bien des patients n’acceptent pas le traitement, la maladie suit son cours naturel, et les patients errent, errent…et non seulement ne cherchent pas de secours, mais les fuient.
Que c’est difficile de pouvoir apprécicer la vie quand on réfléchis. C’est vrai, plusieurs d’entre nous se foutte royalement de ce qui se passe dans les rues. Je suis originaire de Montréal, j’ai cottoyé les sans abris plus souvent qu’à mon tour. Chaque jour que je me rendais au collège, je les voyais. Été comme hiver. Chaud ou froid. Le temps n’a pas d’emprise sur eux, puisque le temps les a oubliés.
Souvent j’entends les gens mieux nantis affirmés haut et fort que ces gens ont choisi leurs vies, que si ils travaillaient ils auraient le même traitement que nous tous qui se levons le matin pour aller gagner nos sous.
Les discours comme celui-là sont nombreux au pays de l’oncle Sam et de Paul Martin. Nous sommes désolés de voir tant de misère et tant d’injustices, mais peu d’entre nous ont la force et le courage de crier haut et fort que c’est dégueulasse de laisser mourir des gens dans le froid de l’hiver Québécois, que ces mêmes gens sont moin bien traités que les animaux dans notre société.
La S.P.C.A. ramasse les animaux errants et les met à l’abris des temps mauvais. Que faisons nous avec nos itinérants? Nous les ignorons de peur qu’ils nous contamines.
Allez encore un petit effort les amis, Noël arrive et il reste encore pleins de cadeaux à acheter aux gens qu’on aimes.
Et tant pis pour ceux qui se les gèlent dehors, nous leurs donnerons 0.50 cents pour se déculpabilisés!
Combattre la pauvreté ou plutôt la misère est-ce un mythe? Je ne sais pas si c’est mon regard régional, mais je retourne assez régulièrement à Montréal depuis quelques temps. Y ayant déjà vécu pendant une période d’une dizaine d’année, je crois que je suis à même de constater des changements s’il y en a! Alors, je dois avouer que la misère est flagrante! Des gens comme JP abondent! Je ne sais vraiment pas par quel bout il faut prendre ce fléau, faut-il l’expédier au gouvernement? Faut-il augmenter l’aide des ressources? Je n’en ai aucune idée! Une chose est certaine, nous ne pouvons agir comme si, comme si ça n’existait pas, comme si, je ne les vois pas sur le bord de la rue, comme si que toute la population mange à sa faim!
Je participe à la mesure de ma modeste capacité. Mais il faut dire que maintenant, il est difficile de faire plus, car l’écart entre la richesse et la pauvreté s’agrandie.
Le pouvoir que j’ai d »aider les autres s’amenuise à la vitesse grand V compte tenu que la misère est exponentielle! je crois que nous devrions revoir cette misère par une valeur d,entraide, come le fait les amis de JP. Il est certain que nous ne pouvons tout faire, mais c’est beaucoup mieux que de rien faire non?
La pensée magique du temps des fêtes ne fait plus! Toujours rapporter ça au gouvernement est utopie car c’est toute une culture politique qu’il faut change avant! Je ne sais pas ou va l’argent, mais pas sur les routes, ni dans la santé nis en éducation et les fonctionnaires sont coupés depuis 3 ans??? Alors??
Pour l’instant, je donne quand je peux et j’appuie les organisations qui travaillent de façon contrète!
La misère humaine est présente, il faut la diminuer! L’argent a remplacée l’entraide et la charité! Est-ce normal?
La désinstitutionalisation, c’est notre Tiers-monde à nous, de même que toutes les autres formes d’abandon social de tous ces locataires de Tours d’Ivoire. Que ce soit en santé mentale, là où les démunis psychologiques sont laissés à eux-mêmes, à leurs aidants naturels, s’il y a lieu, tout aussi démunis que les victimes elles-mêmes, ou en santé physique. Pensons seulement à l’ »Enjeux » de Léveillée et Carle mais aussi beaucoup à ceux qui n’ont pas de noms ni de fric pour améliorer leurs vies fragilisées. Quand tous seront épuisés de compassion, de pauvreté ou de conditions de travail aberrantes, ça nous fera une bien belle société! Le Tiers-Monde de nos dirigeants qui nous racontent de belles sornettes hypnotiques pour avoir notre » X » à côté de leur nom et qui s’alzheimérise honteusement avec une mémoire active accusant évidemment le gouvernement précédent de tous les maux ayant supposément découlés de leurs incompétences contre le souvenir absent de leurs propres promesses électorales. Les problèmes semblent pourtant avoir été ciblés avant le fameux X mais il y a un flagrant manque de volonté politique à les résoudre efficacement. Malheureusement, tous les Jean-Pierre déshumanisés de ce monde itinérant sont toujours à l’instant présent, réduit à l’errance et à la froidure de l’hiver. Dieu que l’hiver sera long..jusqu’à la prochaine élection!
Le but de Centre-Aide était de regrouper tous les organismes de bienfaisance au nivau local afin de faire un seul gros prélèvenment de fonds une fois par année. Les autres organismes devraient se joindre à Centre-Aide pour avoir une part de ce qui est donné . Comme individu je ne peux pas passer des heures à analyser si un organisme est plus méritant qu’un autre. Je ne peux pas non plus vérifier si la personne qui me demande des sous mérite vraiment que je lui donne à elle au lieu des autres centaines d’itinérants qui me semble tous également dans une misère qui m’est le plus souvent incompréhensible.Je comprend qu’il y a des gens qui ne peuvent pas travailler…MAIS…
Je ne comprend pas pourquoi des gens en bonne santé ,qui ont plein de bon sens quand on leur parle …ne vont pas travailler.
Cette année le taux de chomage n’a jamais été si bas depuis dix ans.Il me semble cependant que le nombre d’itinérants n’a jamais été si haut!
Est-ce que la guignolée est aussi une cause de l’augmentation de l’itinérance?
Je ne donne plus à aucun groupe religieux parce ce qu’ils font en priorité c’est de se construire de nouveaux monuments ou de rafistoler de vieilles églises vides.L’aide humanitaire n’est plus là!
Il faut je crois éviter les solutions « Band Aid »et rechercher des solutions durables.
Centre-aide à mon avis est la solution durable pour toutes les sociétés de bienfaisance au niveau local.
Paraît que Jean-Luc Mongrain a fait lui-même un truc de ses propres mains et qu’il est aux enchères en ce moment même à TQS. Quelle bonne âme! Cela m’arrache des larmes que de constater une fois de plus que « le show must go on ». C’est certain que la cote d’écoute va encore grimper avec un coup d’coeur pareil.
Bon. Pis après ça, ben j’fais le ménage à cause d’la visite qui arrive à soir. On va allé au resto, y en a un pas loin d’icitte, pis on peut déjeûner jusqu’à midi au moins. Comme ça, pas d’vaisselle à laver ‘stie! Pas d’cadeaux que j’l’ai eu dis. Moé j’aime pas ça les cadeaux rapport aux sentiments pis les becs qui vont avec. J’sus mal dans ma peau dans c’temps-là, pis j’sais pas pourquoi, viarge! Ma mére a disait tout l’temps que d’la visite ça fait toujou plaisir; si cé pas quand a l’arrive, cé quand a part.
Foncièrement parlant, j’éprouve des difficultés à croire à tout cet étalage de sentiments justement à l’occasion de la guignolée et Cie. J’ai toujours en mémoire cette montagne de provisions amassées pour les innondés d’Haïti, alors que ces denrées ne sont parties que tout récemment. On les avait entassé dans un entrepôt, mais quelqu’un s’est ouvert la trappe. Voilà comment on a découvert le pot aux roses.
Peut-être ai-je tort d’être aussi suspicieux, mais je ne suis plus un enfant de cinq ans. Si j’ai cru longtemps au Père Noël et au mystère de la transsubstantiation, c’est parce que je trouvais ça beau et féérique d’y croire. Maintenant que je suis assez grand pour décider par moi-même, c’est une toute autre histoire et j’en suis bien heureux.
Loin d’être tyrannique, je préfère garder les yeux ouverts pour savoir où je mets les pieds. Et si un jour il arrive que moi aussi je devienne dans le besoin, alors des gens charitables me prendront en charge considérant d’abord mon autonomie et ma qualité de vie. Mais au-dessus de tout cela, il y a ce feu sacré de vouloir vivre coûte que coûte. Ce qui est tragique, c’est quand on ne l’a plus.
Je vous mets en situation. 26 novembre, je rentre dans un magasin pour m’acheter une nouvelle chemise, histoire que ma blonde apprécie mon accoutrement à son party de noël. Au moment de payer, la jeune fille à la caisse me demande si je veux faire un don pour l’organisme charitaire qui a déposé une trielire sur son comptoir. Je em sens cheap de dire non, je peux me payer cette « foutue » chemise, mais je peux (veux) pas introduire un p’tit 5$ dans l’urne.
J’y repense, je sais que j’ai payé mes impôts cette année, que j’ai versé quelques dollars à un itinérant qui mendie devant mon université, que j’ai envoyé de l’argent à un organisme de la protection des animaux. Mais je me sens cheap.
Ce que je remarque c’est que c’est toujours les mêmes qui paient, les gens de la classe moyenne, qui se culpabilisent de gagner suffisamment pour vivre, plutôt bien admettons le, qui paient leurs impôts. C’est à partir de cette classe que les financements tel que le téléthon, la Grande Guignolée, collectent le plus d’argent.
Je suis soulagé de voir que je ne suis pas le seul à me sentir mal devant toutes les sollicitations pour aider les autres, qui nous sont faites. Je partage aussi le sentiment que l’argent de nos impôts est pas bien utilisé. Mais j’ai pas de solution, donc je me tais. J’envoie juste ce mot à vous Mr Desjardins, pour vous dire que vous êtes pas seul non plus….
N’assistons-nous pas aujourd’hui, dans certains milieux communautaires, à une dérive éthique menant à l’acceptation de l’iniquité sociale et des injustices structurelles et entraînant un rétrécissement de la conscience en échange d’un élargissement des ressources? Sommes-nous entrés, consentants et résignés, dans l’ère de l’industrie de la misère humaine?
J’ai de la difficulté à concevoir qu’on peut simplement se contenter de payer ses impôts en espérant que ces derniers soient bien redistribués. Je sais bien qu’on ne peut pas sauver le monde, je ne vis pas dans mon monde utopique, mais je me dis quand même que nous pouvons poser des actions quotidiennes qui rendent le monde un peu meilleur. Sans non plus donner de l’argent aux mendiants nécessairement, mais en faisant du bénévolat pour les organismes qui aident ces personnes-là par-exemple. Ils manquent tellement de bénévoles! Bref, je suis certaine qu’il existe bien d’autres moyens pour aider les gens de notre communauté à être mieux.
Une théorie, dans les années 1970, définissait la schizophrénie comme une tentative saine de s’adapter à une société malsaine.
Notez bien : société malsaine !
Les statistiques prouvent que plus on s’approche des grands centre urbains, plus la prédominance de maladie mentale augmente. En effet, quelqu’un faisant une crise d’apoplexie sur un trottoir au centre-ville devra attendre 1 heure avant de recevoir de l’aide (soit, le temps de crever) tandis qu’à la campagne, il sera secouru au bout de 5 minutes.
Comment ne pas disjoncter, comment rester sain d’esprit dans une société où règne la loi du plus fort, où l’abus de pouvoir est chose commune, où l’exploitation est monnaie courante ? Comment survivre à l’humiliation, la compétition féroce, le mépris, le dénigrement ?
Je viens de terminer « métaphysique de l’amour » de Schopenhauer. On y déconstruit le mythe amoureux au profit de l’instinct de reproduction, l’esprit de l’espèce. Très sombre. Les dernières paroles sont les suivantes :
« Les amoureux sont des traîtres qui cherchent en secret à perpétuer toute cette misère et toutes ces peines (celles inhérentes à l’existence), vouées sans eux à une fin prochaine ; ils veulent empêcher que tout cela cesse, comme leurs semblables l’ont fait avant eux. »
Donc, à défaut de tous nous suicider, il faudrait cesser de nous reproduire, selon ce philosophe allemand. Le pire, c’est que pour l’instant, je n’arrive pas à lui donner tort
***
Ceci dit, je réitère mon commentaire de la semaine passée. Oui, je suis écoeurée de la culpabilisation. Je suis une fille généreuse, et il me fait plaisir d’encourager les organismes auquels je crois, en autant que je sois d’accord avec leurs procédures. J’aime donner le coeur léger, et non pas avec l’impression d’y être obligée ! Je suis d’accord avec David Desjardins et il ne me serait pas utile de le paraphraser puisque son article se trouve justement ci-dessus.
Dans les années soixante , un livre intitulé Les fous crient au secours dénonçait ce qu’on appelait ‘les asiles de fous’ . Petit à petit on a amélioré pour devenir des hopitaux psychiatriques pour finalement décider un beau jour que la majorité de ces personnes internés pourraient aisément fonctionner dans la société si on leur donnait une prescription et un chèque d’aide sociale .
Sauf qu’une personne qui entend une voix lui répétant jour après jour que les martiens se cachent dans les cabines de téléphone et attendent de lui sauter dessus pour lui manger le cerveau décidera de prévenir ces attaques en démolissant les cachettes des petits bonhommes verts . La police (en bleu) interviendra et notre psychiatrisé entrera dans le processus judiciaire où il sera bien traité . Fini la rue . Fini le froid . Fini la faim . Fini les voix . On lui donnera une belle cellule chauffée , du tabac , trois repas par jour , de la médication , bref la belle vie . Puis un jour , la liberté retrouvée . Mais quelle liberté ? La rue encore , la voix qui revient , le cycle qui recommence .
Comme ces gens sont souvent violents ou ont un potentiel de violence , les organismes sont peu enclins à les recevoir à cause des multiples problêmes . Ceux qui s’en occupent ont besoin , toute l’année , de nos dons pour continuer leur travail auprès de ceux qui nous tendent un gobelet sale en nous quémandant un petit peu de monnaie .
Cest triste. Surtout pendant le temps des fêtes… et tout le reste de l’année!
C’est dommage que nous soyons sensible qu’à cette période des fêtes!
J’ai une personne dans ma famille qui est atteinte de cette maladie et non ce n’est pas drôle! Bien sur, notre vie continue, notre routine de chialage mais si vous passeriez une seule journée avec ce membre de ma famille que j’aime fort, votre vie serait changée à tout jamais. Oui on se rend compte de la chance qu’on a mais on prend conscience de cette maladie qui a ses hauts et ses bas! Un monde difficile et cruel!
Ne soyez pas gratteux, je sais qu’on est sollicité de tout côté mais dites-vous que ces personnes donneraient tout pour pouvoir travailler. Aussitot qu’il a des sous, il les donneraient aux plus démunis.
Ce monde si difficile nous frappe de pleins fouets.
Joyeuses fêtes et acceptez la différence, aidez à améliorer la condition humaine et soyez généreux!
Ici, au Québec où il ne peut y avoir d’excuses d’ordre technologique ou économique, la pauvreté n’est pas seulement une tragédie individuelle mais un crime publique. En répondant au besoins sociaux — par la construction de logis, par l’éducation et le recyclage, par les services de santé, par le développement régional, par la promotion de la responsabilité partagée, etc. – nous pouvons assurer et soutenir une économie de plein emploie ( principal moyen pour combattre la pauvreté). Seul un programme global et soutenu – qui voit la pauvreté en termes d’économie nationale et non en termes de caractéristiques de personnes défavorisés – peut réellement réussir. Le revenu garanti, une aide décente qui sortirait les pauvres et les gagne-petit a leurs conditions actuelles. Les pauvres d’aujourd’hui n’acceptent plus d’être privés de l’essentiel. Quand les moyens de communications les invitent d’ailleurs à une vie plus aisée alors que le strict nécessaire leur fait défaut. Il faudrait que les meilleurs de nos cerveaux s’unissent et tentent de trouver les moyens de faire fonctionner la « machine », si l’on veut éviter la sclérose total qui aboutirait éventuellement à un rejet global de notre système économique et social. Concrètement, éliminé la pauvreté aujourd’hui veut dire : des meilleurs salaires, la gratuité d’accès à l’éducation de haut niveau, des soins médicaux accessibles, des loisirs à la portée de tous et même des changements radicaux de structures, sachant bien que cela dérangera des situations établis et des personnes en place. Selon les compétences qui ont traité du sujet , nous pouvons éliminer ce fléau, ce qui manque, c’est la volonté individuelle et collective de s’attaquer au problème et d’en accepter le solutions. Il reste à déplorer que, dans l’ensemble, au niveau des attitudes globales des industriels et les hommes d’affaires font trop peut pour tenter de régler ces problèmes qui sapent notre société. On a tendance à laisser l’initiative aux seuls gouver
Parce que vous ne méprisez pas les itinérants, ne les jugez ni ne les condamnez. C’est déjà mieux que la majorité des gens. Vous payez vos impôts sans trop rouspéter, sachant que c’est la seule façon de redistribuer le plus équitablement la richesse produite dans une société démocratique. C’est excellent, parce que certaines personnes, beaucoup même, avant de se sentir solidaires de la misère qui les entoure, rêvent d’une société angélique qui leur rendrait compte de chaque centime avant de délier mains et bourse. Sans douter de leur vérité, ceux-là poursuivent leur route nez au vent.
D’autres, dont vous faites partie, s’interrogent sur la pertinence d’une aide épisodique aux plus démunis. Certaines traditions qui ont pour but de n’oublier personne durant les périodes fastes devraient-elles freiner la générosité des bienfaiteurs ? Non, bien sûr. À Montréal, les camelots qui vendent le journal L’itinéraire, peuvent être assurés d’un soutien toute l’année.
La lettre de François. Tessier que vous avez reproduite démontre que vous avez le cour à la bonne place. Parce que le véritable noud du problème c’est dans ce témoignage qu’il se trouve. Malgré toutes les réserves, les précautions, les garanties qui nous manquent à savoir si on se fait abuser, arnaquer, jamais rassurés que notre aumône ou nos impôts ne soient dilapidés par quelque faux-jeton qui ira prendre une bière ou faire le party le temps que dure l’adolescence, d’autres, comme JP, ne sauront jamais qu’ils sont en enfer.
À ceux-là qui nous semblent «heureux» d’être à la rue, ce sont souvent les plus atteints. Il faut savoir que tant qu’ils sont dans la vingtaine ou la trentaine, aucun psychiatre ne s’aventurera à poser un diagnostic définitif. Justement parce que la schizophrénie est une maladie évolutive et le verdict trop terrible et démobilisateur. Les personnes atteintes donnent l’impression d’être des profiteurs. Ce n’est pas d’eux dont l’on doit se méfier, mais de notre aveuglement.
La désinstitutionnalisation a marqué le début des années 80. Vingt ans plus tard, on remarque qu’elle fut très profitable aux personnes vivant avec une déficience intellectuelle et/ou physique. Ces derniers sont chanceux, ils ont un centre de réadaptation en déficience intellectuelle et un centre de réadaptation en déficience physique tous deux gérés par l’État. Bref, ils ces derniers peuvent vivre une belle histoire d’intégration sociale grâce à un bon suivi d’intervenants formés pour cela.
Lorsque l’on regarde les services pour la santé mentale, les services dont auraient besoin votre ami JP, on remarque qu’il y a soit la psychiatrie en milieu hospitalier ou bien les organismes communautaires. Il n’y a rien entre les deux. Ça l’air que ça n’existe pas des centres de réadaptation en santé mentale. En milieu psychiatrique, ce n’est pas une qualité de vie idéale. Dans bien des cas, mettre 10 schizophrènes ensembles…. ça peut nuire au bon fonctionnement d’un groupe et cela augmente davantage leur anxiété. Pour ce qui est des milieux communautaires, ils sont souvent limités financièrement et ne peuvent rejoindre tous les gens dans le besoin, surtout pas des itinérants, sans adresse.
Avec nos modèles de gouvernement actuels qui achètent des votes par des baisses d’impôts et que l’argent ramassée de leurs généreux citoyens n’est pas investie massivement pour créer un centre de réadaptation en santé mentale ou bien aider les organismes dans le besoin.
La société continue de se fermer les yeux et jouer à l’autruche devant les nombreux problèmes rencontrés par les personnes atteintes de maladies mentales. On les ignore et on les rend inaptes pour la société. On gagnerait beaucoup en leur faisant une petite place, car ils pourraient avoir un petit travail, ce qui les valorise, ce qui fait augmenter leur moral, ce qui les rend encore plus productif et ainsi, on limite les désorganisations… car ils seront HEUREUX !
Je ne peux pas admettre que l’on désire en revenir à ces prisons de barreaux, de chaînes et d’électricité pour les malades mentaux sous le prétexte que la désinstitutionalisation s’est faite sans que l’on ait prévu toutes les ressources suffisantes pour soutenir ceux qui quittaient les hôpitaux psychiatriques. Cette réaction primaire est d’autant plus déplorable qu’il y a maintenant des médicationns qui permettent à certains types de malades mentaux, tels que les schizophènes ou les maniaco-dépressifs, de fonctionner parfaitement normalement, dans la vie professionnelle comme dans la vie privée. Cette réaction me fait penser à celle de ceux qui croient aux vertus de l’emprisonnement sous toutes leurs formes pour guérir la société et surtout, pour se sentir débarrassés de ceux qu’ils estiment de trop d’une manière ou d’une autre. Certes, le support humain pour les malades qui ne peuvent pas fonctionner parfaitement avec de la médication n’est pas suffisant. Mais est-ce une raison pour vouloir revenir en arrière, pour les enfermer plutôt que de pousser plus loin dans la voie de la liberté en leur apportant des aides et des supports supplémentaires. Raisonner en regardant ainsi vers l’arrière consiste à ne vouloir que guérir les apparences sans vraiment se soucier des causes des grands désarrois. Il faut lutter contre ces visions à courte vue qui ressemblent aux volontés de ceux qui seraient prêts à voir ériger des barricades pour ne plus voir les quartiers miséreux ou ceux qui font tâches dans le paysage urbain qu’ils estiment devoir être tout nickel. Même que ces derniers seraient prêts en désespoir de cause à s’entourer eux-mêmes de barricades dans leurs quartiers dortoirs, à se mettre en quelque sorte eux-mêmes en prison pour ne plus partager le même air que ceux qui sont libres. Non mais vraiment, il y a de ces paradoxes.
Si les asiles et la rue ne sont pas les meilleurs endroits où placer nos malades et nos déficients légers, quelle serait la solution? Ces gens-là sont capables de s’occuper d’eux-mêmes la plupart du temps, et ils trouveraient aussi une grande valorisation à travailler. Ils n’ont pas besoin de soins médicaux spécialisés, seulement de supervision. La solution existe déjà au Québec. Quelques maisons, gérées par des intervenants en santé mentale, et opérées par des éducateurs spécialisés, sont ouvertes ici et là, et elles accueillent ceux qui sont atteints de maladies mentales contrôlables par médicaments, telle la schizophrénie, et les déficients intellectuels légers. Le problème? L’argent, bien sûr. Mais aussi : personne ne veut avoir des déficients ou des schizophrènes comme voisin… Qu’est-ce qu’on fait quand on voit quelqu’un sur un banc de parc qui discute avec… heu… l’air environnant? On marche un peu plus vite, on tient la main de son enfant un peu plus fort, et on espère que son rejeton ne fasse pas de commentaire gênant. S’il y a un déficient qui parle fort dans l’autobus et qui répète toujours le même commentaire devant la même bâtisse, ou qui s’émerveille à voix haute sur la neige qui tombe, on fait semblant d’être très très absorbé par le livre qu’on lit. Si les « fous » sont cachés dans les hôpitaux ou oubliés dans la rue, c’est d’abord parce qu’on refuse de les voir. Le paradoxe dans tout ça, c’est que, dans chaque bonne famille respectable, il y a un oncle, une tante ou un enfant qui est aux prises avec ce genre de problème… Je me demande combien de Noël il faudra, à donner de l’argent et des cacannes, pour comprendre que la solution commence par l’acceptation des différences, et par la création d’une place réelle pour ces personnes qui, ne l’oublions pas, forment aussi notre société. En attendant, continuons à donner généreusement, en espérant que quelqu’un, quelque part, réagisse à notre place. Au moins, donner, c’est un début.
Combien d’organismes ramasse des dons , il y en à beaucoup. Lequel on donne… à toutes, mais c’est moi qui va se ramasser le cul sur la paille. Quand je voie le spectacle qu’on donne pour ramasser des fonds on se trouve bon et généreux tant qu’on est regardé
par la population et sa hausse les écoutes de la télée et son égo. Après le spectacle la vie continue et on fait quoi pour les Jean-Pierre de ce monde.
Pouquoi pas par commencer par de petite chose, donner à ses proches et amis dans le besoin, exemple des vêtements ou des choses qu’on utulise plus et qu’à eux c’est utile.
Etre à l’écoute de celui qui à besoin de parler, offrir de son temps pour du bénévolat et donner au suivant qui pourrait être une grande chaine humanitaire.
Un beau matin, sans jamais avoir vu venir le coup, il m’est arrivé ce qui est arrivé à François Tessier.Mon frère, alors dans la quarantaine, s’est déconstruit. Petit à petit, se perdant dans un triste détour de la vie. Et se retrouvant à la rue. Comme un chien errant. Diplômé 2 fois plutôt qu’une, prof de sciences, il a tout perdu. Biens matériels, emploi, amis, tout a foutu le camp. Et lui avec. Pendant sa très longue traversée du désert (10 ans), il a eu ses moments de reprise en main. Avec toutes ses fragilités, ses pertes de contacts, ses rechutes puis ces trop brefs retours de l’abîme.
Pendant tout ce temps, je suis resté près de lui. J’ai toujours gardé le contact. Même quand il errait durant des mois. Dans les rues de la ville. Seul. Passant ses journées à marcher et à ramasser des cannettes vides pour se payer un café au MacDo. Mendiait-il? Je l’ignore. Mais il dormait parfois à la belle étoile, parfois à la Maison du Père. Il mangeait à Old Brewrie mission, à la Mission Bonsecours, etc. On se parlait au téléphone chaque semaine. On se voyait parfois, quand il avait le goût que je l’aide.
Et un beau matin, ça a marché. Après 1000 tentatives, et 1000 échecs, il est revenu me demander de l’aider et j’ai encore répondu présent. Et là, il a son appartement. Au centre-ville. Là où il aime tant marcher. Là où dans la cohue, dans le magma de la masse déferlante, il retrouve peu à peu son identité. Il a réussi, à force d’essais et d’erreurs, à se tisser une toile de services qui l’aident à reprendre pied. Et il ne cesse de me redire le réconfort qu’il trouve à regagner son petit nid. Sans cette peur de dormir dehors. Sans cette angoïsse de n’avoir pas de place, sinon trop.
C’est ça qu’il faut faire. Il ne faut pas essayer d’aider tout le monde. Il faut seulement aider toujours et sans défaillir la même personne. Jusqu’à ce qu’elle s’en sorte. Et ça tout le monde peut et doit le faire. Et pas besoin de fric. Juste de l’amour et de la patience. Joyeux Noël!
Quoi penser ou écrire de plus? David, tu as fait le tour de la question avec brio et tu conclus atrocement bien cette fatalité quotidienne. Ces collectes de denrées et d’argent sont, à la base, bien fondées. Toutefois, là où ça se gâte, c’est en haut : le CA ou les têtes dirigeantes de ces bonnes actions. Ce n’est pas le pauvre diable dans la rue ni ceux qui avec rien font des pieds et des mains pour améliorer le sort des pauvres. Non, c’est tout en haut que ça se passe. Selon Patrimoine Canada, on comptait 74 000 organismes de charité au Canada en 1994. près de 10 000 de plus qu’en 1990. imaginez aujourd’hui. Au rythme auquel ces organismes poussent, soit que l’aide est vraiment efficace, soit il y a des avantages pour ces organismes et les gros donateurs. J’opte pour le deuxième.
Personnellement, je n’y comprends rien. Je ne comprends pas ce qu’il se passe avec mes impôts ni avec le fait qu’à chaque année les québécois donnent plus à ces organismes de bienfaisance. Résultat : même niveau de pauvreté. C’est illogique.
Notre belle société adore colmater les ‘bobos’ à court terme, le temps d’un règne (4 ans.). Comment est-ce admissible de ne pas regarder à plus long terme? Comment nos dirigeants peuvent-ils se regarder dans le miroir et se foutre de demain car, dans leur cervelle ils se disent que s’ils ne sont pas là demain, ça sera l’autre qui prendra le crédit à leur place! C’est vache.
Comment est-ce concevable qu’il y ait ici comme ailleurs dans le monde cette pauvreté, cette décadence humaine alors que les pays riches se débarrassent quotidiennement de quoi nourrir près de deux fois les habitants de la planète à chaque jour?
Quoi pensez ou écrire de plus? Nous sommes dans une société capitaliste.
Ce que j’aurais attendu de David Desjardins, à la question qui lui est posée, c’est qu’il nous parle de bénévolat. On sait que les impôts que l’on paye sont une partie de la solution. Par contre, on le voit bien dans l’exemple cité ici, l’état s’implique de moins en moins dans les cas lourds, ce qui fait que même nos impôts ne peuvent aider tous ces gens.
Je rejoins Desjardins quant aux dons aux itinérants au coin de la rue. Je n’en fais pas, parce que je crains que dans bien des cas, la personne ne soit même pas apte à savoir quoi en faire. À noter toutefois que j’achète religieusement, à chaque mois, ma copie de l’Itinéraire, parce que ça, c’est du commerce: j’achète un journal. Je considère que c’est beaucoup moins dégradant pour celui qui obtient l’argent et j’assume que s’il a réussi à se trouver cet emploi, c’est qu’il sait quoi faire de l’argent qu’il lui rapporte.
Mais ce qu’il reste et que David Desjardins n’a pas mentionné, c’est le bénévolat! Ça, c’est donner du temps dans une société où il ne reste plus grand chosede gratuit, pour aider les démunis. J’ai déjà passé une journée à servir des repas à l’accueil Bonneau, à Montréal, et ce fut très instructif. J’y ai aussi été surpris de voir toute une petite famille qui venait du Lac St-Jean et qui faisait un arrêt à Montréal, cette journée là juste pour l’accueil Bonneau. Les parents voulaient montrer à leurs trois enfants (dans la dizaine) ce que c’était que de faire du bénévolat.
Je suis convaincu que les gens sont pleins de bonne volonté pour aider. Mais on ne sait parfois pas quel geste poser: donner de l’argent, parler aux itinérants, donner à la guignolée… mais si vous ne l’avez pas fait, essayez le bénévolat. Vous pourriez être surpris du bien que ça vous fera et de tout ce que vous apprendrez!
Faire croire aux gens qu’une société est capable d’éliminer la pauvreté est de la poudre aux yeux. Les gouvernements font en sorte qu’il existe trois grandes catégories : les riches, la classe moyenne et les »défavorisés ». Il y avait des pauvres dans le temps de nos grands-parents, à l’époque de nos parents et nous en connaissons tous au moins un aujourd’hui. Arrêtons de faire l’autruche ! Je ne crois pas que c’est en faisant des dons à des organismes que l’on règlera le problème. C’est en aidant de façon concrète un pauvre dans son entourage que l’on contribue réellement à améliorer son sort (s’il le désire, bien entendu). Les organismes de charité sont devenus des machines trop lucratives et l’argent se rend rarement où les besoins sont urgents.
De plus, il faudrait se poser la question suivante : qu’est-ce que la pauvreté dans notre monde actuel ? Un pauvre d’aujourd’hui représente la classe moyenne d’hier. Le coût de la vie (assez galopant, merci) vient brouiller la notion de pauvreté. Et même là, ce que le gouvernement considère la classe moyenne est, pour moi, presque pauvre. Difficile de s’y retrouver !
Je ne veux pas être pessimiste. Je suis seulement réaliste. Malheureusement, la pauvreté sera toujours présente, surtout dans un univers axé sur les biens matériels, l’hyperconsommation et notre attitude nombriliste. De toute évidence, il faudra un virage à 360 degrés dans nos têtes pour changer le cours des événements…
Hier soir, j’écoutais un téléroman jeunesse et on parlait de faire sa part pour « les enfants pauvres ». Je me disais que cette expression a un petit côté romantique. Les enfants pauvres, c’est triste et presque beau. On a plaisir à pleurer pour ce concept. Mais qu’en est-il de la réalité ? En dehors de la chanson pleurnicharde Les enfants oubliés, est-ce qu’on les trouve aussi beaux en réalités, ces petits défavorisés ? Quand, vous côtoyez des gamins sales, puants, morve au nez, impolis, se chamaillant, faites-vous preuve d’une pitié pieuse ou les regardez-vous avec condescendance, vous disant « Pauv’ p’tits, ils n’ont pas l’environnement familial pour les aider ». Pendant la période des Fêtes, on nous sert la recette du pauvre à aider, mais le restant de l’année, ils sont laids, encombrants et dégueulasses. On donne notre petit change et on se sent une meilleure personne pour le reste de l’année.
Par ailleurs, je voudrais ne pas passer sous silence quelque chose d’incroyablement vil. Un de mes oncles donne du temps pour la St-Vincent-de-Paul. Il prépare et distribue les paniers de Noël. L’an dernier, avec une trentaine de dindes dans la boîte du pick-up, il devait se munir de garde-du-corps maison pour ne pas se faire voler les précieuses denrées. Franchement! Si les personnes à faible revenu n’ont presque rien, laissons-leur au moins le presque!