Pas un chat. Pas un chien. Pas un son. Pas même le chuintement d'un système de climatisation qui, de toute manière, ne pourrait fonctionner puisqu'il n'y a toujours pas d'électricité ici.
Dans le quartier Lakeview, banlieue modestement bourgeoise de La Nouvelle-Orléans, il ne reste plus que des carcasses de voitures et des maisons vides, leur contenu réduit à l'état d'amas de glaise duquel dépasse parfois une patte de chaise, un morceau de matelas. Souvenirs d'un quotidien paisible qui a cédé le pas à la désolation.
Sur le mur de briques d'une petite maison, à seulement quelques mètres de la digue qui a cédé il y a huit mois, les propriétaires ont écrit avec de la peinture en canne: don't worry, we're safe. Pas très loin, sur un panneau de contreplaqué qui a remplacé la fenêtre du salon d'un bungalow, on peut lire: Allstate gave me 10 000$ for this. De cette demeure, il ne reste pourtant que les murs extérieurs, et les restes d'un toit.
Parenthèse. Je lis ce matin que les compagnies d'assurance connaissent une excellente année financière aux États-Unis, malgré les nombreux ouragans. On comprend pourquoi maintenant. Fin de la parenthèse.
Le minibus glisse lentement sur l'asphalte gondolé, contournant les amoncèlements de débris qui débordent des terrains jusque dans la rue. Nous croisons une voiture qui roule elle aussi très lentement: ses occupants pratiquent le même genre de tourisme que nous, soit la visite des ruines post-Katrina.
Ainsi, à bord d'un petit camion, le même guide qui, autrefois, désignait d'une main le cimetière où l'on a tourné la scène du trip d'acide dans Easy Rider, et de l'autre, la maison où vit Ann Rice dans le Garden District, propose aujourd'hui aux touristes une tournée des zones sinistrées de La Nouvelle-Orléans.
Morbide, tu dis? Mets-en.
"Voyez les trous sur les toits des maisons? Le niveau de l'eau a monté tellement vite ici que les gens ont du grimper en quatrième vitesse au grenier, puis percer le toit de l'intérieur pour sortir", explique le guide. D'autres n'avaient pas suivi le conseil qu'on leur avait pourtant donné: si vous décidez de demeurer chez vous pendant l'ouragan, gardez une hache et de la nourriture au grenier. Ils ont été coincés. Noyés.
Nous roulons toujours, je prends des notes par automatisme. Des gribouillis que je serai par la suite incapable de déchiffrer. Je parle pour parler. Je parle comme on se pince: pour s'assurer qu'on ne rêve pas.
J'avais pourtant lu quelques chroniques du journaliste local Chris Rose (1) avant de partir. Je savais que la garde nationale et les flics avaient marqué de X géants les maisons inspectées, entourant ce X d'une série de messages et de chiffres plus ou moins cryptiques dont je connaissais aussi la signification. Je venais couvrir le festival de jazz de La Nouvelle-Orléans (2), je savais que je serais ici ce matin-là, qu'il fallait que je voie, donc je m'étais préparé. Et pourtant, je n'étais pas prêt.
Pas prêt à voir de mes propres yeux les chiffres sous ces X, indiquant le nombre de morts trouvés dans chaque maison. Pas prêt à faire face à ce qui s'approche le plus d'une zone de guerre, mais sans la guerre. D'autant qu'après trois jours dans le Quartier français et d'autres secteurs où presque rien ne paraît, où tout fonctionne normalement, le choc n'en est que plus violent.
Pas prêt, enfin, parce que les images que j'avais pu voir jusqu'à maintenant étaient celles du Lower Ninth District, un quartier pauvre, constitué de maisons en bois, souvent pulvérisées, alors qu'ici, dans Lakeview, les habitations sont en meilleur état, mais elles me rappellent douloureusement mon propre quartier.
Elles me renvoient à la fragilité du confort dans lequel je vis, dans lequel nous vivons. Elle me renvoient, comme une gifle glacée, à l'inconscience que nous cultivons, cherchant par tous les moyens possibles à oublier cette fragilité en alimentant notre quotidien d'aberrantes futilités.
Les habitants de La Nouvelle-Orléans ont récemment constaté cette réalité. Ils portent cela sur eux, en eux, comme une fêlure dans leur regard et leur discours. Dans la rage, la douleur, il font le deuil d'une tranquillité d'esprit qu'ils n'auront plus jamais. Des observateurs suggèrent de fermer définitivement certains quartiers à risque, et prétendent qu'il faudra au moins une décennie pour ramener les choses à la normale dans ceux que l'on dit vouloir conserver.
D'ici là, ce nouveau tourisme, bien que morbide, peut s'avérer d'une grande utilité. C'est même, dirais-je, un service essentiel pour nous, que les cataclysmes ne touchent le plus souvent que via nos écrans cathodiques, ou plasma.
Car il s'agit du rappel de l'équilibre précaire de notre civilisation. Rappel qu'il faut voir à l'oil nu, sans le filtre de la télé, pour constater qu'il suffit d'une chiquenaude pour tout faire basculer.
Rappel qu'il faut s'infliger sans la voix off d'un journaliste en arrière-plan, sans musique, sans rien.
Parce qu'il faut comprendre que le malheur est un trou noir qui aspire tout, l'argent, les vies, ne laissant derrière lui qu'une chose, obsédante. Le silence.
1) Chris Rose tenait une chronique complètement débile dans le quotidien Times Picayune avant l'ouragan Katrina, une colonne dans laquelle il racontait les allées et venues des vedettes qui visitaient la ville. Devenu un témoin privilégié des événements, et tenant une chronique quotidienne sur ce qui se tramait dans la ville inondée, livrée aux pilleurs, il sera en nomination pour le Prix Pulizter, qu'il ne gagnera toutefois pas. Son journal, par ailleurs, a été primé deux fois. Rose a publié un recueil de ses chroniques post-Katrina intitulé 1 Dead in Attic. Un mort au grenier.
2) Quelques journalistes et moi-même avons été invités par le Festival de jazz de Montréal et l'État de la Louisiane à couvrir le New Orleans Jazz & Heritage Festival. Vous pouvez lire le blogue produit à ce sujet dans notre site Internet, www.voir.ca.
Ouf… ouain… j’en reviens tout simplement pas…
J’en ai les frissons… je crois qu’on s’attend tous que sa soit sur le bord d’être reconstruit, mais d’après ce que je peux voir, sa va rester ou devenir une ville fantôme….
Je peux pas croire qu’on propose aux gens d’aller visiter un endroit aussi lugubre que sa… visiter des maisons, avec des nombres dessus pour dire combien de personnes mortes ils ont retrouvé à cet place…. et mettre d’un X ceux qui ont été inspecté…. ouf…. sa fait plus que morbide….
à quand un film d’horreur tout droit sorti de cet évènement…. je suis sur que quelqu’un d’assez fou va le proposer…. il reste à savoir qui!
On ne devrait pas aller visiter ce genre d’endroit, dire que les É-U n’ont pas tout fait et qu’il savait à l’avance qu’est-ce qu’il allait se passer…. personne ainsi sur ce sujet par contre…. pourquoi???? Puisqu’il s’agit du président des É-U qui serait p-e en faute?????
Imaginez-vous, tous les évènements qui viennent d’arriver au cours de l’année, nous faire dire tout simplement que ses un commencement, surtout avec le réchauffement de la planète…. avons-nous entendu des mesures qui vont être mis sur pieds pour ne pas que sa se reproduisent ce genre d’évènement tragique pour plus d’une personne???
Le fait pour un journaliste ou un quidam de participer à un tour guidé des ruines causées par un ouragan relève-t-il de l’information ou du voyeurisme? À première vue, je dirais que vous avez voulu faire preuve de voyeurisme. Mais vous ne nous dites pas: « Je suis chanceux. J’ai vu les ruines de la Nouvelle-Orléans. Pas vous!. » Si vous étiez revenu avec ces pensées, vous n’auriez été qu’un voyeur parmi trop d’autres.
Non. En voyant le nombre de morts trouvés dans ces maisons, en écoutant le guide vous expliquer que certaines personnes sont mortes parce qu’elles se sont foutues des conseils, vous vous êtes rappelé que, sans les connaître, des êtres humains vivaient dans ces maisons, que certains ont dû souffrir physiquement, que d’autres ont connu la peur avant de mourir. Pourtant, ces gens que vous ne connaissiez pas et que vous n’avez pas vu ont quand même réussi à vous toucher. Tant mieux pour vous: ça prouve que vous êtes encore un être humain.
Sommes-nous obligés de faire ce genre de tourisme pour comprendre que nous devons faire attention à notre environnement? de respecter les êtres humains, peu importe leur race, leur orientation sexuelle, leur religion et leur rang social? Malheureusement, il semble que oui!
Si on me demandait quelles villes sur la planète bleue sont les plus passionnantes
aujoud’hui,je répondrais sans hésitation:New-Orleans et Bagdad.
Les deux pôles contradictoires de l’âme américaine:une volonté de fer
devant l’épreuve où le meilleur et le pire se conjuguent,s’entrechoquent sans jamais
s’abolir,un équilibre toujours précaire dans l’action,mais jamais réellement rompu,
parce que le but visé,toujours très exigeant,s’accommode instantanément ,digère
goulument les pires désagréments.
Ce peuple se recommence continuellement dans l’action et seulement par ses échecs,ses catastrophes.Tout à fait semblable en cela à la géographie climatique tourmentée de son
territoire.L’âme de ce peuple,il ne faut pas seulement la chercher dans les encycliques
de ses pères fondateurs,comme le font ici les gérants d’estrade qui nous tiennent lieu
d’intellos,mais dans le cycle ininterrompu des tornades,des tremblements de terre,des
ouragans,des irruptions volcaniques qui marquent chacune des saisons de ce pays.
La loi qui gouverne l’Américain,ce n’est pas Dieu,c’est le territoire.
« The Law of the Land »,un territoire habité d’ouest en est,du nord au sud,aussi compact
que diversifié qui confond les penseurs de ligne droite.
Je félicite David Desjardins pour son reportage sur la reconstruction difficile d’une
ville exemplaire,qui résume à elle seule toute la nature contradictoire et changeante
des Etats-Unis.Voilà du vrai journalisme,sur le terrain,qui nous change des accusations
grossières de racisme proférées par certains matamores de notre presse,au lendemain
de cette catastrophe, qui devrait faire réfléchir les Québécois,eux qui se plaignaient
pendant la crise du verglas,dans les centres d’accueil pour sinistrés,que le gouverne-
ment ne leur fournissaient pas des brosses à dent…
J’aime la parenthèse amenée par M. Desjardins. Car il est évident qu’avec la fortune des compagnies d’assurances, une grande aide pourrait être fournie. C’est avec des faits comme cela que je constate petit à petit que nous vivons dans une société où c’est le fric qui mène sur tout, y compris la condition humaine et la sociabilité.
Si ces compagnies ne donnaient qu’un petit pourcentage de leur profit de la dernière année pour les victimes de Katrina, ils pourraient tout bonnement ramener la Nouvelle-Orléans, maintenant dans la misère, à ce qu’elle était autrefois avant d’être «détruite». Si autour du monde, chacun d’entre nous donnerait un tout petit peu d’argent pour venir en aide aux victimes innocentes, Katrina ne pourrait être plus qu’un mauvais souvenir.
Mais il n’en sera pas ainsi puisque chacun d’entre nous compte sur le reste de la population pour faire un geste, et alors, au final, il n’y aura eu presque personne pour leur venir en aide. Bien-sûr, les personnes plus riches devraient lancer le bal, mais nous sommes tous humains et nous nous devons tous de les aider. Mais enfin, Réveillez-vous. !!
J’apprécie beaucoup votre chronique d’aujourd’hui. Comme Deschamps l’a dit: On veut pas le sawère, on veut le wère! Triste, mais tellement vrai. Oui, il y a des catcalysmes au travers le monde et nous, nous sommes rarement touchés. Sauf pour le Saguenay, St-Jean Vianney, nous avons été chanceux. Mais ailleurs, il y a des morts, des gens qui souffrent et on a tendance à banaliser, à oublier. C’est triste aussi que l’on ait besoin de voir pour croire, pour sentir l’horreur, mais c’est comme ça. L’humanité n’est jamais plus humaine que pendant une catastrophe. Les hommes et les femmes se relèvent, reconstruisent leur vie et le reste. Ils s’entraident parce que la survie dépend de l’humanité des autres et de la nôtre aussi. Il faut admirer les gens de la Nouvelle-Orléans, les encourager, les aider, mais il ne faut pas oublier que cela pourrait aussi nous arriver.
Qualifier les tornades et autres désastres de la nature « d’actes de Dieu » devient absurde, mais pourtant, quand on s’interroge sur les causes de ces catastrophes, on ne retrouve que le créateur pour démontrer une telle puissance, dévastatrice. Katrina a frappé fort et a laissé une grande désolation chez les survivants de cette tragédie qui a marqué ces lieux paisibles à jamais.
Le silence qualifie bien l’état que l’on peut ressentir, devant pareil ravage, qui n’exprime que cette absence de vie profondément déracinée. Un état de consternation et de constatation des dégâts irréparables, même si le gouvernement étasunien prévoit faire revivre ce lieu dévasté.
Mes souvenirs de ces lieux, pour y avoir mis les pieds il y a plusieurs années, font remonter ces rampes de fer forgé et cet esprit bohème, dont seul le sud peut se vanter, avec leur température généralement cordiale. Mais quand les extrêmes s’en mêlent, vaut mieux notre climat ordinaire et notre peau blanchie par les nuages, puisque le prix à payer semble considérable pour vivre avec la clémence et la rage meurtrière qui se côtoient.
Avec des mots bien utilisés et souvent bien placés, on se fait une image…
Mais ce que Mr Desjardins ne mentionne pas ce sont les odeurs…
Il n’y a que les odeurs pour vraiment accrocher nos fonctions imaginatives de notre cerveau…
À preuve, les images de Vision mondiale que l’ont ne remarquent même plus…s’il fallait que ça sente dans nos salons…
L’odeur de la mort, on se la remémore telle qu’elle est…les images quant à elles, nous les altérons!
Ce tourisme voyeuriste amène quand même du monde à voir la réalité de la Louisianne après Katrina. Aux gens de la place cela amène quelques emploies de plus mais ne peux pas remplacer la multitude de touristes qui venaient avant.
Cet ouragan a changer à tout jamais la vie des gens dont les maisons ont étées dévastées. Rechercher des coupables maintenant serait inutile.Vaut mieux se préparer aux ouragans à venir.ET les météorologues en prévoient encore plus pour cet été!
La compagnie d’assurance Allstate est bien connue pour « charger pas chère » mais elle est encore mieux connue pour refuser de payer ses assurés. Deux ans après l’ouragan à Barrie en Ontario les seules maisons qui n’avaient pas encore étées reconstruites étaient celles qui avaient étées assurées par Allstate.
La Nouvelle Orléans n’aurait jamais du être construite à l’embouchure du Mississippi nous le savons tous mais maintenant elle sera reconstruite en grande partie au même endroit.
Les vendeurs d’assurance et les propriétaires de magasins de matériaux de construction s’en réjouiront sans doute!
Lorsque la Nouvelle-Orléans a été frappée par cet horrible évènement, chez-nous il a plu. Devinez ma stupeur lorsqu’une femme centrée sur son nombril a osé se plaindre de la pluie.
Là-bas ils sont morts en attendant d’être sauvés. Ils ont hurlés « HELP» et personne n’est venu. Les États-Unis disent prendre soin de leurs prochains, quelle merde! Trop occupés à attaquer l’autre côté de l’océan ils ne s’occupent plus des leurs. Qu’on puisse offrir d’aller visiter l’état de désolation que les gens vivent là-bas, ça me dépasse! Quand est-ce que les gens vont réaliser qu’un tel voyeurisme ne fait que les rendre plus misérables face à leur situation? Quand allons nous songer à notre planète et à ce qui s’en vient pour nous tous si nous ne faisons pas attention?
Ces gens qui ont tant souffert méritent-ils qu’on fasse de l’argent avec ces visites guidées?
Méritent-ils qu’on souille leur mémoire?
Cette catastrophe est arrivé, oui, mais tout moyen n’est pas bon pour faire de l’argent. Qu’une personne se fasse les poches avec les malheurs et la mort des autres, ça me dégoute. Vous aimeriez que ça vous arrive? Et bien pas moi! Je serais d’accord seulement si les revenus causé servaient à reconstruire les villes touchées. Dans ce cas, la mémoire des gens qui y ont laissé leur vie seraient peut-être moins irrespecté!
Un gros avion en bout de piste, expulse de ses entrailles, un groupe de 200 Japonais. Calottes de baseball en coin de têtes et caméras digitales greffées à la main, ils s’engouffrent dans des autobus nolisés qui les mènent à leurs hôtels, puis dans les multiples centres d’attraction. Une horde de touristes, on ne peut plus convetionnelle, dans un lieu hyper touristique.
Après le buffet « all you can eat » d’aligators en croustilles, all abord, pour la première visite. Le guide touristique, un chic type qui sait tout des bayous et qui a 112 dents trop blanches prend le micro et dans la distortion totale souhaite en écho, la bienvenue à bord au groupe attentif. Il convie, enthousiaste, le troupeau à cette rencontre inoubliable avec des lieux chargés d’histoires anciennes qu’une d’une plus récente est venue effacer.
Merci d’avoir choisi notre Tour après-sinistre. Vous ne le regretterez pas, c’est la meilleure visite organisée des zones sinistrées. Vous êtes aux premières loges. Que la visite commence!
Ici, nous sommes dans un ancien quartier ordinaire qu’avant le sinistre, personne ne voulait visiter. Vous êtes privilégiés. Vous êtes les premiers à venir admirer ces restes de machins qui pointent comme des icebergs dans la boue encore humide. Avant, on ne faisait pas de visites guidées dans ce quartier. Trop ordinaire, un peu laid même. Mais là, comme tout est enseveli, c’est moins pire. Y’a rien à voir mais vous pouvez imaginer…Même qu’on va vous aider un peu.
Voyez ce magnifique édifice du début de la colonie. Bon, il est plus là, mais il y était. On vous le jure. C’est là que le gros taouin du coin venait jouer du Gershwin avec un berlingot et un élastique en dansant la claquette sur un couvercle de poubelle. Bon, il est plus là, mais on dit qu’il n’avait qu’une seule jambe et que l’autre c’était un nain asiatique qui sautait à pieds joints dans une seule botine en cuir d’aligatior qui n’est plus là non plus.
Et au coin de la rue là bas…
C’est bien vrai qu’il faut parfois voir de nos yeux les résultats catastrophiques de la nature afin de saisir réellement l’ampleur de la dégradation de notre planète. On a beau voir toutes ces images à la télévision, ça ne peut pas rendre ce qui s’est vraiment passé à ces endroits là. Et ça ne peut pas non plus nous saisir au même point que d’y être.
Et il est grand temps d’être saisi, plus que jamais. Notre civilisation est entrée dans un catch 22 infernal, côté température et environnement. Sans être alarmiste, il est déjà trop tard pour ramener le tout sur la bonne voie, mais on peut au moins en diminuer l’impact, d’où l’importance d’être saisi par ces catastrophes afin de commencer à agir dès aujourd’hui.
Avec le réchauffement de la planète, je croyais à tort que les ouragans pourraient bientôt nous frapper ici au Québec, mais j’ai appris dernièrement que non, ce n’est pas ça qui risque de se passer. Au lieu de venir vers nous, les ouragans seront de plus en plus violents, pire que ceux de l’été dernier. Donc, on a rien vu encore, s’il faut se fier aux spécialistes!
Pas certaine que j’aimerais faire du tourisme à cet endroit, surtout qu’il n’y a rien de très réjouissant à voir. Des gens ont tout perdu, d’autres sont morts dans leur maison, tout ou presque est ravagé et pourtant, il y en a qui trouve le moyen de faire un peu d’argent avec ce genre de visite. Je ne sais pas ce qu’il y a de si extraordinaire à voir, mais moi je ne suis pas certaine que je voudrais que les gens voient ma maison qui ne tient que par 2-3 murs et qu’ils voient dans quelle misère je suis rendu. Parce que les gens qui ont décidé d’y resté l’ont fait par conviction. Ils ont habité là toute leur vie et ils ne savaient pas où aller. Non vraiment je ne trouve pas que c’est l’idée du siècle.
M.Desjardins, j’ai bien apprécié lire votre texte, que je considère empreint de respect et de sympathie envers une région et des gens qui furent très durement touchés par l’ouragan Katrina. Je ne voit pas de curiosité morbide ou malsaine le fait d’être allé en personne sur les lieux d’une catastrophe épouvantable. L’être humain est curieux, qu’il soit journaliste, plombier ou politicien. Comme m’a déjà dit une professeur d’histoire, si l’homme préhistorique n’avait pas été curieux, il n’aurait jamais apprivoisé le feu. Si vous êtes allé dans cette région dans le but de voir, réfléchir, et de vous recueillir d’une façon respectueuse des gens, je n’y voit aucun problème d’éthique ou de morbidité malsaine. Je suis personnellement allé voir la région du Saguenay environ 2 mois après le déluge. Est-ce-que cela fait de moi de moi un être irrespectueux, «voyeur» et morbide? Non, pas du tout!! Ça permet par contre d’imaginer encore mieux la souffrance et les malheurs que des milliers de personnes ont pu vivre. Cela permet surtout de relativiser nos «gros problèmes» personnels et de voir la vie sous un autre angle.
Mon cher Desjardins vous venez de constater que nous sommes tellement habitués à notre confort que nous ne pensons jamais qu’un jour une catastrophe peut nous tomber sur la tête et que nous soyons réduits à descendre au stade de la survivance en se battant pour une couverture ou un pain .
Ce qui est aussi tragique dans Katrina , cela a été de constater que les autorités en place n’ont pu saisir l’ensemble du malheur qui frappait des concitoyens , non pas à l’autre bout du monde dans l’Himalaya ou dans le fin fond de la jungle , sur le territoire même des États-Unis . Un peu comme le tsunami qui au début n’a eu qu’une brève mention aux nouvelles pour devenir le sujet du jour pendant des semaines .
Cette semaine , un homme paralyse le Pont Jacques-Cartier . Personne ne semblait être capable de prendre la décision d’inverser les voies de circulation pour permettre aux balieusards de quitter l’île . Que ferait-on lors d’une catastrophe ? On chercherait les plans ?
Vous constatez aussi , comme quand il arrive un accident et que tout le monde ralentit pour s’étirer le cou pour voir un peu de sang , qu’il y aura toujours des gens pour profiter du malheur des autres pour faire son bonheur et je le comprends . Je ne vous aurais pas vu aller à la Nouvelle-Orléans puis dire à toutes vos connaissances : non je n’ai rien visité j’ai juste entendu du jazz . Voyons donc , cela aurait été impensable .
C’est drôle comment, dernièrement, je discutais avec un jeune homme qui me vantait le système américain comme étant le seul valable de nos jours. Il vouait un vrai culte pour la culture, le rêve américain, le système de droite, etc. Son résonnement était simple, il n’arrivait simplement pas à comprendre la pauvreté et la fatalité. Il ne pouvait concevoir que quelqu’un peut être sans emploi dans le pays de l’oncle Sam, tout le monde est capable de se payer une assurance là-bas, selon lui.
J’ai rarement vu quelqu’un tenir aussi durement à ses idées, il ne voulait simplement pas concevoir la vérité au sujet de nos voisin du sud. Mais il y a une chose qu’il n’a pas pu répliquer, une chose où il n’avait pas de réponse toute fabriquée, la Nouvelle-Orléan.
Pour cette tragédie, il a simplement oublié que ça c’était passé. Il a simplement oublié le nombre de morts et de sans-abri. Comme beaucoup de personne, on oublie souvent se qui rentre pas dans notre ligne de vision. Dommage.
Faut bien continuer à mourir… Faut bien arrêter de ne plus regarder pour ne plus se désoler… On dit que le silence est la plus grande forme de mépris, force est de constater que l’homme se méprise lui-même s’il en est rendu à taire sa propre souffrance. À part Monsieur Desjardins, rares sont les journalistes à ne pas passer sous silence ce désastre écologique, ce désastre humain. La majorité d’entre eux sont beaucoup trop occupés à nous parler d’une catastrophe, d’une tragédie, d’un drame, d’un fléau bien pire encore : la montée du prix de l’essence.
Mais quessé j’va faire avec mon VUS bout d’viarge si le prix de l’essence continue à monter de même! J’ai une bonne raison moi monsieur de contribuer à l’effet de serre, je n’utilise mon VUS que pour 15 000 km par année! Qu’on arrête de m’emmerder avec l’effet de serre, les ours polaires qui vont crever, les ouragans, les bites de bébés phoques qui servent à me guérir de mon impuissance, JE VEUX VIVRE MOI MONSIEUR!!!!!
Lorsque l’on lit des articles et que l’on entend parler les gens qui ont vécu des désastre comme celui-ci, cela nos touche. Lorsque nos yeux peuvent voir et que notre coeur peut palper en face la douleur de ces hommes et de ces femmes, on comprend alors la véritable ampleur d’un drame humain. On est aussitôt désemparée. La force de certaines scènes restent immortels dans notre mémoire. On dit souvent que cela n’arrive qu’aux autres mais si cela nous arrivait, comment réagirions-nous? On est jamais prêts à vivre un tel drame et à voir notre vie basculée en si peu de temps. Ces gens doivent refaire leur vie et plusieurs croient ne pas en avoir la force. Il faut beaucoup de courage!
C’est désolant de lire un article comme celui-là. La misère humaine à son niveau le plus triste. Des x pour dénombrer les morts dans chaques maisons. Ce n’est pas du bétails dont on parle mais des honnêtes citoyens. Le guide spécifient même comment les gens sonr restés prit dans leurs grenier pour en mourir noyer. L’endroit le plus visiter à New-York , c’est le site du world trade center. Trois milles morts. Pourquoi le monde veut absolument voir ces endroits qui ont faient l’actualités avec des quantités incommensurables de morts? Je ne suis pas différent , j’ai été sur le site de « ground zéro » moi aussi. Possiblement que si j’en avais la chance , j’irais voir le désastre de Katrina. On est rendu presqu’insensible à ce genre de chose tellement on voit d’affaire écoeurante à la télé. On a qu’à pensé aux têtes coupés qu’on voit en Irak. On devrait tous se regarder dans le miroir pour se demander vers quoi la société s’en va.
Ce voyage est aussi un rappel que la vie continue (ou ne continue pas) une fois le drame terminé. Un peu comme des enfants de 1 ans, nous croyons le joujou disparu une fois qu’il n’est plus sous nos yeux. Ainsi, tout va bien au Zimbabwe, au Rwanda, en Tchad et au Soudan. La Tchéchénie vogue sur des eaux calmes. Le Mozambique a vu s’écouler les siennes depuis la fin des innondations. Et la Nouvelle-Orléans est ensoleillée. Sans oublier très bientôt l’Irak et l’Afghanistan que nous aurons justement oublier.
On disait Loin des yeux, Loin du coeur. On pourrait dire Loin de la télé, Loin de la mémoire. Il est morbide de visiter un endroit dévasté où la mort a frappé. Comme il était morbide, lors d’une de mes visites à New York, de me rendre compte que l’un des guides nous indiquait l’endroit exact où John Lennon s’était fait assassiné. Cette mort fait partie de la vie new-yorkaise mais fallait-il vraiment la ramener au même titre que le Radio Music Hall ou l’Empire State Building?
Cette petite visite en Nouvelle-Orléans nous rappelle aussi à quel point nous avons le désir de passer à autre chose. Nous rappelle à quel point les gouvernements (américain dans ce cas-ci mais qui aurait été semblable eut-il été canadien) préfèrent de beaucoup les versions épurées de leur pays, les versions où les conflits n’ont pas existé, les versions où leur manque d’aide n’a jamais été présent.
Heureusement, il y a des irréductibles qui nous rappellent ce que nous tentons d’oublier. Par respect pour ceux qui n’y sont plus. Par espoir de nous faire apprendre des choses.
Les ouragans font des milliers de morts chaque année. Ils détruisent des dizaines de villes, villages. Ils anéantissent tout sur leur passage ne laissant derrière eux qu’un tas de débris, qu’un ensemble abstrait d’art.
La nature a son caractère. Elle est susceptible de chacun de nos gestes, de chacunes de nos actions. Nous pouvons prévenir les conséquences affreuses de ces évènements si nous acceptons de ne pas être la créature la plus intelligente de ce monde et que nous acceptons de ne plus vouloir être le maitre du monde (maitre sur les autres humains, mais aussi sur la nature, les animaux, etc) Ilfaut apprendre à comprendre la nature et à partager ces douleurs, ces dépressions comme ces moments de chaleur. La nature ne peut pas être dompté, mais elle peut être comprise.
Investissons-nous dans sa compréhension et, non plus, dans sa domination. Peut-être pourrons-nous éviter quelques de ces tragiques drames.
Passé la catastrophe, les médias nous passent en raffale le flot incroyable des flashes leur parvenant, puis continuent ensuite à détailler la longue liste des gens connus qui ont été frappés, des occidentaux, touristes touchés, probablement par ethnocentrisme. On pousse régulièrement l’audace jusqu’à estimer les dégâts pour les firmes occidentales qui auraient été touchées localement.
Puis on nous fera ce grand cour magistral pour tenter l’explication scientifique du phénomène en cause. Le tout entre-coupé de très brèves entrevues de quelques victimes et responsables locaux. Finalement, on lira ou entendra quelques vagues promesses sur les correctifs à apporter sur les systèmes de détections ou de sécurité qui furent négligés avant la catastrophe.
On en apprend rarement plus sur par exemple la disparition des protections écologiques naturelles ou traditionnelles des littoraux, sur la misère économique et le manque d’infrastructures locales caractéristiques d’un faux développement du à je ne sais trop quel phénomène social (les ÉU sont le pays le plus riches du monde ou pas!?). On évoquera tout juste les inégalités raciales aux ÉU, et de la démographie de cet état de la Louisianne. On manque néanmoins rarement l’occasion de nous parler des atteintes intolérables à la fameuse liberté de la presse et par ricochet à la liberté de circulation de ses correspondants parachutés, qui font souvent figure de vacanciers mobilisés.
Vous verrez très fréquemment ce schéma type dans les médias de masse.
C’est donc avec empressementque je remercie et félicite le festival de Jazz de Montréal et les journalistes affectés à la couverture dont Voir qui avec son blogue sur ce festival met en Lumière une cité, une population qui ne fait plus la manchette, mais qui mérite toujours notre attention et nos ondes positives. La nouvelle, la une est ailleurs, mais le sujet de l’humain qui s’en sort un peu jours après jours est passionnant.
Les catastrophes naturelles, bien qu’elles soient prévisibles, surprennent toujours les gens. Ces gens qui ont le nez dedans quand le reste du monde dit que c’est « ben effrayant ». Ces personnes vivent le chaos sont forcément comme vous et moi, attachés à ce qu’ils ont bâti. Elles s’y attachent. C’est l’histoire du monde occidental. S’accrocher à ce qui est matériel. Mais je crois que la maison incarne bien plus que de la brique et du bois: c’est l’âme visible de notre vie, de notre famille.
C’est peut-être pour cela que le silence de ces gens là-bas est si poignant. S’ils ouvrent la bouche, les souvenirs viennent de trouver la sortie…
Nous sommes à l`ère des médias, ce qui sert très bien un certain voyeurisme relativement…politique.Je n`aurais pas aimé être de votre périple et pourtant, il se peut que sous peu, un reportage sur le sujet m`interpelle au point de l`écouter à la télé.Voilà comment sont fait les pauvres êtres humains dont je suis.
On voit la catastrophe en direct, live, jour après jours:Haiti, Nouvelle-Orléans, tsunami en Asie, plus près de chez nous je n`ai pas oublié le déluge du Saguenay.Où en est rendu la pudeur, le respect, quand on peut déblatérer sur le nombre de victimes en descendant notre apéro tranquillement?
Monsieur Desjardins a rendu un description honorable de l`état des lieux avec le respect qui s`impose en de telles circonstances et c`est tout à son honneur.
Ce que je trouve très triste avec la Nouvelle-Orléans (hormis la catastrophe en elle-même bien sûr), c’est que je crois que la ville ne réussira jamais à revenir ce qu’elle était. On a juste à prendre comme exemple la reconstruction des tours jumelles à New York qui s’éternise pour comprendre que cela sera pareil. Par ailleurs, c’était une des villes les plus pauvres des États-Unis. Oui, on risque de reconstruire un semblant de centre-ville avec son quartier cajun mais les vrais gens, ceux qui faisaient l’âme de la ville ont déjà déménagés ailleurs et ils y sont déjà probablement établis. Donc, la Nouvelle-Orléans sans ces gens ne sera qu’une grande ville américaine comme les autres et qui risque même (on en parle déjà entre les branches) de perdre tous ses attractions comme leur équipe de la ligue nationale de Football.
Parfois, le silence évoque davantage, que le débordement de paroles. Ce silence, enveloppe la misère, la pauvreté, et toute la catastrophe! Il devient plus facile, de fermer les yeux, d’oublier, d’ignorer! Somme toute, le silence, réconforte, la conscience, l’impuissance et le faux-semblant!
Juste un regard peut suffire.
Un choix?
Brisez, le silence! Décrire, l’indescriptible horreur, la désolation.
Spectacle triomphant du voyeuriste?
Scènes de désespoir, mais de la réalité.
Il ne faut plus se taire!
Justement, c’est en dénonçant, que l’on comprend!
Finalement, le silence est synonyme de Mort!
Mais, la parole et l’écriture se veulent, Vivantes d’espoir!
Félicitations, Monsieur Desjardins.