J'y reviens parce que vous n'en revenez pas.
"La bêtise de vos propos me désole", écrit une lectrice outrée de me voir prendre la défense des désormais célèbres Black Taboo. "Personnellement, je m'oppose à la censure, mais lorsque l'on parle de ce groupe, je crois que l'on ne devrait pas lui permettre d'exister", affirme un autre lecteur qui aurait bien besoin de se faire expliquer ce qu'est la censure au juste.
Bref, on est encore à jouer dans la talle des détenteurs du monopole du bon goût et de leurs longs ciseaux. Ce n'est même pas un débat, c'est un affrontement stérile entre deux manières irréconciliables d'envisager le monde, la démocratie, la liberté. Entre deux positions morales. Le bien et le mal.
Heureusement, il y en a qui se posent des questions sans toutefois prendre la posture impérieuse de Monsieur Net. C'est le cas de Marie-Josée Pineault, une travailleuse sociale de Québec, qui signe sans doute le propos critique le plus intéressant de tout ce que j'ai pu lire. Parce que l'expérience, la vie, valent souvent bien mieux que les opinions à chaud de personnes qui ne savent pas de quoi elles parlent.
"Je suis dans la vingtaine et je travaille auprès des adolescents depuis quelques années. Je trouve que l'intention de Black Taboo est bonne mais que le moyen choisi n'est peut-être pas le meilleur…
Il y a deux ans environ, j'ai entendu, pour la première fois, à la radio et sans contexte, ces paroles très crues. Comme plusieurs, j'ai été choquée de tels propos. Quelques mois plus tard, un ami m'a fait entendre une autre chanson de ce groupe (que je détestais) où la parodie était plus évidente…
Ahhhhhh!!!! Ils ne sont pas sérieux!!!!
Sachant cela, leurs paroles, quoique toujours d'un goût douteux, prennent un autre sens, ou du moins, font un peu de sens.
Par contre, je suis toujours déçue lorsqu'un jeune arrive, heureux de me chanter un extrait de cette chanson, la plus vulgaire et dérangeante qu'il a entendue (ce, bien sûr parce qu'il ne comprend pas les paroles de ses rappeurs américains). Mais, le plus déstabilisant, c'est la surprise (ou parfois la déception) dans ses yeux lorsqu'on l'informe que Black Taboo veut dénoncer cette façon de penser, pas l'inculquer.
Donc, ce qui me fait beaucoup douter de la portée de leurs actions, c'est l'effet pervers, que je trouve plus présent que l'effet recherché. Les gens ne sont pas informés du but de ce groupe et, malheureusement, certains s'identifient à ces propos. J'ai trop souvent entendu des jeunes chanter fièrement et à tue-tête ces paroles, croyant détenir un peu de vérité."
Cela me ramène en arrière. À ma propre adolescence.
Je dois avoir environ 13 ou 14 ans. Dans un party après une partie de football, des amis écoutent du Plume en se bidonnant. Jonquière, La Ballade des caisses de 24, mais aussi Vieux Nèg, Les Pauvres. Trouvent ça ben drôle, prennent tout au premier degré. Cela les conforte dans leur petit racisme de merde et dans leur vision étriquée de réalités qu'ils ne peuvent pas comprendre depuis leur banlieue chromée. La différence dont ils ignorent tout ne leur inspire que du mépris. Ils ne savent pas l'exclusion, la misère. Ils apprendront, ou peut-être pas. C'est la vie.
Mais Plume n'a rien à y voir. Pas plus qu'Yvon Deschamps (souvenez-vous de Nigger Black). Pas plus que Lenny Bruce avant lui.
D'ailleurs, lorsqu'il est question d'humour limite, il faut toujours revenir à Lenny Bruce: le plus subversif des stand-up comics de l'histoire, et dont le livre How to Talk Dirty and Influence People expose tout le malaise de la satire chez les bien-pensants qui croient qu'en faisant disparaître les mots qui désignent le mal, on fera disparaître le mal avec.
Pour montrer le racisme, pour exposer ses rouages, par exemple, Bruce devenait le raciste. Pour montrer comment "la suppression du mot lui confère pouvoir, violence", il disait le mot. Une fois, deux fois, trois fois. Au bout d'un moment, il l'avait tellement répété que le mot, l'insulte, ne voulait plus rien dire.
Parfois, les flics viennent l'arrêter après ses shows. Mais c'est surtout quand il parle de cul. On lui collera une série de procès pour "obscénité", procès qu'il remportera tous, et au cours desquels on ne manquera pas d'appeler à la barre des témoins qui viendront lui donner le crédit qui lui revient.
On le comparera à Aristophane, à Jonathan Swift, à Rabelais, rappelant que ces auteurs usaient eux aussi de techniques répulsives et d'un vocabulaire parfois disgracieux afin de montrer la réalité dans son ensemble, par delà le bien et le mal.
On est quand même bien loin de Black Taboo, dites-vous?
Pas tant que ça.
On est dans une vision du monde qui comprend ce qu'il a de vil. On est dans la lucidité, au coeur d'une liberté qui interdit d'interdire, avec la conscience des dommages collatéraux que cela comporte. La conscience que la démocratie, c'est pas gratis.
Eh non, It's not easy being free, comme le chantaient les Who. Cela demande un effort, cela fait mal parfois.
Et si vous ne pognez pas la joke de Black Taboo, que vous ne trouvez pas ça drôle? C'est votre droit. Comme ce l'est aussi de crier votre dégoût.
Mais quand vous m'écrivez, comme l'ont fait plusieurs, que la censure n'est pas toujours une mauvaise idée, c'est vous qui me dégoûtez.
Il y a beaucoup de gens dans la vie que leur petit bonheur quotidien passe par le fait qu’ils chialent sur quelqu’un ou quelque chose. Je ne dis pas que je suis d’accord ou non avec Black Taboo. Personnellement , ça me passe dix pieds par-dessus la tête. Les gens jugent trop vite sans savoir et surtout sans essayer de comprendre. Peut-être ne veulent-ils pas comprendre tout simplement? Les journalistes qui dénoncent Black Taboo ne font qu’en faire la promotion malgré eux. C’est certain qu’il y a plus de gens qui les connaissent aujourd’hui qu’il y a quelques jours à peine. Le dicton qui dit: Parlez-en en bien ou parlez-en en mal mais parlez-en. c’est bien vrai. Regardez les ventes de leurs albums à la fin de la semaine et c’est certain qu’ils vont avoir grimpés en flèche. J’ai un message à tous les chiqueux de guénilles qui parlent sans savoir , trouvez-vous des champs d’intérêts dans la vie et arrêtez de chialer sur tout et sur rien. Merci!!!
Comme l’a sougligné votre confrère Steve Proulx, l’ironie est difficile à saisir avant un certain âge. Donc, comme les jeunes qui écoutent cette fameuse chanson de Black Taboo adorent aussi 50 Cents, Snoop Dog, Sean Paul et autres chantres du gangstérisme mysogines, il y a fort à parier qu’ils ne comprennent pas l’absurde de ces paroles. En effet, en étant baignés dans cette culture discutable, ils ne voient pas que cela puisse être ridicule. C’est là tout le problème de Black Taboo. S’ils s’affichaient comme un groupe d’humoristes, les adolescents comprendraient probablement le sens de ces paroles. Mais comme le deuxième niveau n’est pas toujours bien saisi à cet âge (en fait, ça vaut pour tous les groupes d’âges, à voir le nombre de parents qui s’énervent), la plupart des adolescents ont la même réaction que vos amis qui écoutaient du Plume.
Comme je l’ai mentionné, l’humour de deuxième niveau n’est pas toujours perçu de la bonne façon, peu importe l’âge du public. Richard Martineau et Steve Proulx s’en sont déjà rendu compte, de la même façon que les Yvon Deschamps de ce monde. Certaines personnes ne comprennent pas le sarcasme et ne le comprendront jamais. Cependant, un adolescent est plus à risque de se laisser influencer par des propos déplacés qu’un adulte de 35 ans. Je n’ai rien contre Black Taboo et je suis d’accord sur la non-censure de leur oeuvre, mais leur public-cible est le même que celui des rappeurs dont le groupe se moque et semble ne pas comprendre le sens de leurs textes. En maintenant cette ambiguïté devant ces jeunes, le groupe ne dénonce pas grand monde mais embarque plutôt dans le mouvement. C’est dommage, car l’objectif est intéressant et le moyen aussi.
Généralement contre la censure et pour la liberté, il demeure que certains sujets restent plus litigieux. Premièrement, quand il s’agit de pédophilie, ma limite est plutôt obtus. Mais, il y a l’humour déstabilisant, où l’on ne sait pas trop sur quel pied danser et qui génère la réflexion. Que ce soit par des dessins ou des propos, quand on voit clairement l’intention, le sens critique soulevé, on ne peut être contre le dessein de pareils gestes.
On se souviendra des procès de Larry Flynt contre sa revue Hustler, jugée trop sulfureuse. Le film relatant sa biographie nous en apprend beaucoup sur le personnage et ses intentions profondes. À première vue, on ne doit pas accepter pareils obscénités, mais quand on regarde le fondement et les intentions, on peut changer d’idée. Quand on voit partout des vieux cochons, on peut s’interroger sur ses propres intentions.
L’humour a ce parallèle ambiguë, en ne sachant s’il dénonce ou encourage, il devient difficile de se prononcer. S’il était possible de censurer ce qui encourage le mal et de permettre ce qui le dénonce, ce serait parfait. La pornographie serait dans l’oeil du pornographe, en est-il de même pour l’oreille? Les films, qui dénoncent la violence, présentent souvent des images insupportables, ceux qui l’encouragent aussi. Quel fouilli!
Je ne comprends pas pourquoi on peut encore dire que la censure est une bonne chose. Nous sommes en 2006 enfin!!! LA liberté d’expression, qu’en fait-on? Ce qui peut sembler grossier à certains peut être très acceptable pour d’autres. Tout est une question de point de vue! Ces gens qui critiquent ouvertement le groupe dont il est question ne doivent pas se censurer eux-mêmes et doivent dire bien des grossièretés à ce sujet. Donc, tant qu’à parler de censure, qu’ils commencent donc par se calmer eux-même et à traiter les gens qui ont des idées différentes avec respect. Les gens qui parlent de censure ont — à mon avis– peur de ce dont les propos traitent. Ils ne veulent pas voir les choses sous un angle différent, donc ils disent qu’il faut censurer. Mais si on ne partage pas ces idéaux, on n’a pas besoin de les censurer pour qu’ils ne nous atteignent pas. C’est à partir du moment où on sent que la vérité est proche que ça effraie. Je crois que les gens qui sont pour la censure savent qu’il faut cacher les choses pour que rien ne change, sans quoi ils n’en feraient pas de cas.
Certains membres semblent avoir compris l’ironie de Black Taboo après avoir écouter d’autres chansons qui, elles, étaient vraiment ironique. Je dois avouer que je n’ai pas entendu les autres chansons de Black Taboo. Pourtant, je devais être adolescent ou jeune adulte quand j’ai entendu sur disque le monologue « Nigger Black ». J’avais compris à l’époque qu’Yvon Deschamps n’était pas raciste et que son personnage était plutôt naïf (même Normand Brathwaite l’a repris sur une cassette retirée d’une chaîne d’épicerie à cause d’une plainte de raciste à cause du titre!).
Comment l’ai-je su pour Yvon Deschamps, mais pas pour Black Taboo? Suis-je prêt à laisser une chance à Black Taboo? Je ne suis pas sûr. Si je me fie aux commentaires de certains de vos lecteurs, ce groupe aurait dû, dans ses chansons corsées et controversées, insister plus dans l’ironie au niveau des paroles.
La censure n’est certe pas la solution et pourrait même provoquer des débordements sociaux plus graves si elle était appliquée de façcon arbitraire .
Par contre me faire » avaler » que ces jeunes et ce groupe » Black tatoo » voulait passer un message et dénoncer le sexisme et la vulgarité , non merci !
La provocation et le manque de » talent » est sûrement plus a l’origine de ces meveilleuses paroles de cette chanson d’ados attardés. Il y a des » artistes » qui brasse la cage , qui sont engagés et qui passent leurs messages avec talents et convictions et il y a les autres , qui disent n’importe quoi pour faire réagir comme souvent les enfants et les ados aiment faire.
Il s’agit ici de départager les éveilleurs de conscience et les abrutis qui cherchent leurs 15 minutes de gloire. A quelle catégorie appartient Balck Tatoo ?
On parle de censure et de liberté d’expression. Or, la liberté d’expression est précisément le fruit d’une auto-censure. C’est-à-dire qu’un liberté se termine ou celle de l’autre commence. Dans le cas des Black Taboo, il n’y a pas lieu de s’insurger en effet. Ce n’est tout de même pas un procédé nouveau que de montrer la réalité dans tout ce qu’elle a de plus vulgaire parce que dans le fond, c’est ça la réalité. Il ne faut pas oublier que le mot vulgaire vient du latin vulgate qui veut dire vérité.
Je crois qu’il faut donc être en mesure de distinguer l’ironie, le sarcasme, la satire du sens premier qui peut sembler en effet déplacé. D’ailleurs, ce genre de propos amène à la discussion et la subversion peut être dans certains cas, un excellent moteur de changement sur le plan social notamment.
Bref, quand la réalité toute crue nous saute dans la face, au lieu de s’insurger, une petite période d’introspection et de réflexion s’impose, car bien souvent, cette réalité nous concerne.
Là ou bien c’est moi qui ne comprend plus rien et qui suis un imbécile de première où il y en a d’autres qui divaguent ! Essayez-vous de me faire accroire que les paroles de Black Taboo sont de l’ironie ? Est-ce que tout le monde a découvert ça tout seul ou ce sont les membres qui vous l’ont dit ? Quand on dit des paroles crues et des injures au premier degré faudrait les interpréter comme étant au deuxième ou au troisième degré ? Quand tu dis à quelqu’un « d’aller chier » ça veut dire : j’t’aime bien mon mec et ta santé me tient à coeur ,je vois que sembles avoir une grosse envie peut-être que tu devrais aller au petit coin ! Donc avant de juger une chanson et des paroles désobligeantes faudrait l’écouter au moins dix fois pour essayer de trouver un message positif dans ce ramassis d’injures . N’en jetez plus la cour est pleine . De la merde demeure de la merde ! On a beau jouer sur la langue française et tenter des interprétations farfelues , quand tu insultes ça n’a qu’un but , semer la colère et la haine . Quand on veut dire quelque chose de sensé , la langue française est assez riche en vocabulaire qu’on peut nuancer les mots facilement sans tomber dans la facilité de l’excès de provocation . Oui je suis peut-être un imbécile mais j’aime autant l’être et parler intelligemment que de penser que je suis brillant et de proférer des insanités à tue tête en essayant de faire accroire au monde que je suis un génie du verbe vulgaire à double sens !
Ce que cette controverse nous montre, c’est que les écarts de langage choquent, et ce même s’ils sont inhérents à tout système démocratique. La démocratie, c’est avant tout un système qui carbure aux échanges d’idées. En fait, la démocratie, ce n’est pas le simple fait de voter (à ce compte-là, Cuba est une démocratie), mais c’est système social qui fonctionne avec l’échange d’idées diverses et parfois controversées de tous et chacun. La beauté de la démocratie, c’est que tout le monde a le droit de parole.
Dès que l’échange d’idées cesse, c’est-à-dire dès que s’impose une idée au dépend des autres, la démocratie disparaît. On assiste alors à la naissance d’une dictature, c’est-à-dire d’un système où l’idée d’un groupe d’individus est imposée tacitement ou par la force à une collectivité à laquelle on retire son droit de pouvoir échanger des idées.
C’est pour cette raison que je suis un avocat à tout rompre de la liberté d’expression. Tout le monde doit pouvoir dire ce qu’il veut. Cela ne veut pas dire que l’on doit le faire, mais que l’on doit toujours avoir la possibilité de le faire. L’éducation, le bon goût et la moralité ne devrait jamais être des facteurs qui permettent de discriminer s’il est souhaitable ou non de dire quelque chose. En fait, il est souhaitable de tout dire, même les idées médiocres, de mauvais goûts ou carrément blessantes. Cela est l’essence même de la démocratie. Le système judiciaire est là pour accuser ceux qui émettent des propos criminels et le système civil pour défendre ceux qui se sentent brimés.
C’est pourquoi je défends les écarts de langages. C’est pourquoi aussi j’ai défendu l’indéfendable à l’été 2004 et que je défends Black Taboo actuellement. Et ce même si ça me fait mal de défendre un principe noble à cause de gens qui disent des âneries (même ironiques). La démocratie est bien des choses, mais elle n’est certainement pas confortable.
C’est beau la liberté d’expression, mais malheureusement on ne peut pas dire n’importe quoi et porter ça sur le dos de la liberté d’expression. Mais certaines choses se doivent d’être dites, ça je suis d’accord avec ça, mais le problème c’est que ce n’est pas toujours destiné à tout le monde. Les propos du Plume de votre adolescence (qui en passant, comparés à aujourd’hui est bien « soft »…) étaient destinés à un public adulte, capable de les intrepréter et de les comprendre. On se doit dans ce cas, non pas de les censurer, mais bien de s’assurer qu’ils ne tombent pas dans les mains (ou les oreilles) pour lesquelles ils ne sont pas destinés. Tout comme aujourd’hui.
Mais comme c’est inévitable qu’ils seront nécessairement entendus par des gens auxquels ils ne sont pas destinés, il y a un besoin de censure. D’auto-censure dans un premier temps, et si ça ne suffit pas, carrément de censure. Mais utilisée avec parcimonie. Le problème, c’est justement dans le dosage car ceux qui se font ainsi censurer tourvent toujours que c’est trop, et les censeurs trouvent toujours que ce n’est pas assez. Il faut donc utiliser la censure, non pas comme un moyen de brimer la liberté d’expression, mais bien pour éviter que certains propos ne soient entendus par les mauvaises oreilles. Pas simple tout ça…
Dans sa version originale, la satire est un ouvrage littéraire libre qui censure les moeurs publiques. La version moderne ou modifiée parle d’un discours qui s’attaque à quelque chose ou à quelqu’un en s’en moquant.
Devrait-on supposer que les propos en question reflètent suffisamment de recul et de distance critique pour que la satire y soit identifiable ? Je ne crois pas. Le public cible est-il en mesure d’en saisir la portée ? Encore moins.
Quant aux femmes avilies et aux féministes «toi, la féministe, je vais te percer», la charge de haine dirigée contre elles serait la dénonciation de la misogynie que cultive une certaine industrie musicale ? J’espère que tous ceux qui fredonnent ces paroles sont conscients de leur grande portée pédagogique.
Entre le bien et le mal, rien n’interdit de trancher. Par souci de protéger la liberté d’expression, la plupart des pays sanctionnent les propos haineux et interdisent les manifestations publiques de certains groupes racistes.
Les artistes ont toujours dénoncé les préjugés, bousculé les a priori ou détruit les clichés, je comprends ça autant que vous, monsieur Desjardins. Mais sous prétexte de liberté créative, de subversion ou de provocation, pourquoi faudrait-il accorder des laissez-passer pour la haine à des individus dont la distance critique doit être scrutée à la loupe avant d’en discerner l’existence ? Sans aller jusqu’à imposer la censure, je ne comprends pas pourquoi il faudrait se montrer indulgent envers ces libertés musicales.
Ce qui me choque, ce n’est pas tant la vulgarité et le mauvais goût que véhicule ce genre de propos que j’ai juste à ignorer et que je ne me gêne pas de faire ; ce qui me dérange, c’est un parti-pris pour la haine que plusieurs défenseurs de la liberté d’expression cautionnent. Sans interdire ces groupes, leurs propos haineux ne devraient pas non plus être banalisés : la liberté d’expression n’appartient pas qu’à eux.
J’écoute du rap depuis que je suis adolescente. Je connais Black Taboo depuis plusieurs années, et n’aimant aucunement ce type de paroles, j’avais seulement rayé ce groupe de mon répertoire, et puis basta. Je n’avais entendu que la fameuse et désormais célèvre chanson, sans comprendre que tout cela était de l’ironie. Je viens de l’apprendre, ici, en lisant ce témoignage d’une travailleuse sociale. Vu comme ça, j’avoue que c’est beaucoup moins terrible. Par contre, je me demande quelque chose.. Pourquoi avons-nous mis tant de temps avant de réaliser que ce groupe balançait des obscénités aux oreilles de nos jeunes? J’ai entendu cette chanson pour la première fois il doit bien y avoir 4 ou 5 ans. Les parents sont toujours lents à comprendre, apparemment.
Par contre, j’aimerais souligner quelque chose. Côté rap, tout les Québécois connaissent maintenant Loco Locass. Tout le monde les adore, ils sont bons, bien articulés, impliqués politiquement, etc etc. Cependant, j’aimerais souligner quelque chose. Savez-vous qu’un membre de Loco Locass allume toujours un joint lors du spectacle? Savez-vous aussi qu’il se permet de le passer aux spectateurs aussi? L’odeur de pot embaume la salle, difficile de penser que c’est une simple cigarette. Et on le laisse faire. On les laisse parler de drogue, clâmer haut et fort qu’ils consomment, et ça, ça ne vous fait rien du tout? C’est « cool », ça, peut-être? Aucunement. Bien sûr, ils ne parlent pas vulgairement (sauf s’ils parlent de Charest) et ils ne sont pas irrespectueux envers les femmes. Est-ce seulement ça qui fait réagir? Quelle image envoient-ils aux jeunes de 13-14 ans qui les adorent?
Pour que les parents « allument », il faut nécessairement qu’on dise un mot vulgaire. Le reste importe peu? J’en doute.. Je continue à dire que si les parents étaient plus impliqués auprès de leurs enfants un groupe comme Black Taboo n’aurait aucun succès. Occupez-vous donc de ce qui se passe chez vous avant de vouloir sauver le monde!
Nous sommes une société de plus en plus permissive et je crois que l’on doit établir certaines limites à ne pas franchir. Comment les jeunes font-ils pour se retrouver? Ce n’est pas étonnant qu’ils aient de la difficulté à trouver leur place dans la société. Que ce soit la musique ou les jeux vidéos avec lesquels les jeunes adolescents s’amusent, cela a une certaine influence. Oui, les jeunes ont une vie à vivre et ils doivent apprendre de leurs erreurs mais ne pourraient-on pas leur livrer un message plus clair et plus intelligent? Il me semble que c’est là le gros bon sens de la vie!
Au départ, il faut se monter réfractaire à toute imposition de la censure, celle qui interdit de manifester clairement et sans détours ses idées ou ses visions du monde. Il faut bien nommer les choses par leur nom. Cette libre expression et cette pensée libre doit pour cela mériter d’être ainsi nommée, c’est-à-dire qu’elle ne peut pas diffamer des individus singuliers au passage et prétendre encore être du domaine de la liberté. Si elle tombe dans cet avilissement, elle devient licencieuse et mérite le traitement que l’on réserve à ceux qui s’y livrent, non pas la censure, mais la contre-attaque qui fait mal et qui punit suffisamment leurs auteurs pour qu’ils s’en souviennent. Par contre, comme cela est le cas pour les mots qui demeurent sur le plan de l’expression libre, il serait immoral de les museler au nom de dogmes ou d’idées préconçues, car à ce jeu, qui sait où s’arrêtera la spirale des interdits. L’intégrisme de tout acabit procède justement d’une spirale d’interdictions qui vont toujours un peu plus loin. Ce serait aussi, outre le fait des dangers de ce processus sans fin qui fait que l’on interdit toujours un peu plus, faire un trop grand honneur à certains qui penseraient que leurs idées valent suffisamment la peine pour qu’on les censure. Les injures et les jugements trop hâtifs ne méritent pas que l’on s’arrête à eux à ce point en les censurant. Dans leur cas, l’ignorance est probablement le meilleur des jugements à porter contre eux. Ce silence dont on les entoure les prive de l’aura que la censure leur donne, souvent sans qu’ils en vaillent vraiment la peine.
Je crois que vous mélangez tout et que votre texte est tout simplement provocateur.Disons-le d’emblée,je déteste la vulgarité;tant pis si certains aiment ce style.Là où la bât blesse dans toute cette histoire,c’est le 1er ou 2e degré.La travailleuse sociale auquel vous faites allusion a mis plusieurs mois avant de comprendre que cet humour était à prendre au 2e degré.Or le public ciblé par ce groupe ce sont les jeunes qui semblent incapables de comprendre cet état de choses et qui prennent pour du « cash » les horreurs proférées par ce groupe.Vous comparez cette situation avec le « Negger black » d’Yvon Deschamps mais les positions de cet humoriste ont toujours été claires.La plupart des gens ont compris que c’était une démonstration par l’absurde d’un comportement débile de ségrégation.
La démarche de ce groupe -que je ne connais pas et ne suis pas intéressée à connaître- ne m’apparaît pas briller par sa clarté.Je suis contre le fait qu’on vise une catégorie d’âge sen-sible,souvent en pleine période de révolte contre l’ordre établi juste pour briser des conventions.
Si on défend à la publicité de se servir des enfants pour vendre,je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas interdire qu’on se serve des adolescents pour passer un message de façon grossière même si celui-ci est juste (et cela n’est pas prouvé).Après tout,n’y a-t-il pas une campagne qui court pour interdire la violence à la télévision parce qu’elle influencerait les enfants de façon négative?Il n’existe pas de cotes au cinéma pour determiner ce qu’un enfant peut voir?Il n’existe pas un truc qui se nomme contrôle parental avisé?Interdire ce groupe relève davantage de la mesure que de la censure…
-Proverbe italien: Toutes les femmes sont des putains, sauf ma mère qui est une sainte.
-Lucien Francoeur: Ostie puckée, tu es une fille de bicycle à gaz!
-Léo Ferré:
Nous sommes des chiens
Nous voulons la Paix des Chiens
Nous sommes des chiens de «bonne volonté»
et nous ne sommes pas contre le fait qu’on laisse venir à nous certaines chiennes
puisqu’elles sont faites pour çà et pour nous…
Ils dérangent, ils sont crus et ils font réagir mais ce ne sont pas les premiers à le faire et certainement pas les derniers. Des exemples d’absurdité ou de vulgarité il y en a à la tonne. Pensez à ces deux humoristes gaga qui jouaient à faire des formes avec leur pénis ou encore à André Guitare qui chantait « la p’tite grenouille » . Personnellement je n’aime pas ce genre de présence mais je ne dois pas faire partie de la majorité puisqu’il y en a tellement. Et s’il y en a, c’est que les gens vont les voir et donc les encourage.
Je sais pas pourquoi, mais je sentais que je devais dire mon mot là dessus.
J’ai 18 ans et il m’arrive, entre une toune de Pierre Lapointe et de Jack Johnson, d’écouter God Bless the topless (Évidemment, étant donné que je suis jeune, je n’écoute que de la musique encourageant le sexisme et la violence).
Je fais même partie de ceux qui en chante les paroles, le sourire aux lèvres, à la maison, tout seul ou parfois avec mes amis gangsta, pendant que nous « perçons » des féministes.
Non sérieusement, je fais partie de ceux qui comprennent la satire, et qui trouve que, malgré que bien gras, l’humour de Black Taboo fait rire (et c’est peut-être bien parce qu’il est gras).
Mais y’a un truc qui me chicotte. À un moment donné, dans la chanson, entre deux rimes des plus désobligeantes, on peut entendre la seule phrase vrai de toute la chanson: « la clé de Black Taboo c’est d’être contoversé ».
Personne n’y porte attention à cette phrase. Pourquoi? J’imagine que les gens qui chialent contre Black Taboo prouve que les personnes qu’ils combattent auraient eu raison sur un point, parce que en chialant contre il entretienne cette controverse, et donc Black Taboo, ou peut-être qu’ils n’ont simplement jamais entendu la chanson.
Aux parents qui aiment dire que la musique fait l’éducation de leurs enfants et donc que ce n’est pas de leur faute si ils ont un enfant sexiste: si votre enfant est trop (désolé, le mot est fort, je pourrais vous offusquer) c** pour comprendre la satire, c’est peut-être parce que ce n’est pas sur le programme scolaire, et donc que c’est quelqu’un d’autre qui aurait du leur apprendre.
Peut-être est il trop jeune, mais je me rappelle à 8 ans, lorsque je voyais John McClane éclaté des vilains russes à coup de mitraillette, et curieusement, j’étais parfaitement capable de comprendre que ce que je voyais n’étais pas l’exemple à suivre, comme ce qu’on peut entendre dans la musique.
P.S. J’ai fait écouter la chanson à ma mère, elle a ri…
Lorsque l’on pense, à une pays démocratique cela, devient synonyme, de liberté d’expression, n’est ce pas? Détrompez-vous! Ce n’est qu’une manière, de bien noyer le poisson! C’est-à-dire, par l’abondance, de chroniques, d’articles, ou d’informations de tous les médias, nous avons-nous sommes submergés, à savoir, ce qui vrai ou faux! C’est de la manipulation médiatique! Autrement dit, trop, c’est comme pas assez! Les excès, ne laisse aucune chance, à l’individu d’avoir sa propre opinion. Vous seriez étonné, de constater, la filtration de tous les médias! Étant, dans ce métier, vous êtes bien placé, pour le savoir, mieux que quiconque! L’exemple de «Black Taboo», est représentatif, de l’étroitesse d’esprit, du penchant vers la droite! La norme, devient le seul véhicule possible, de se faire entendre. Et, si un tête dépasse, du rang militaire, on ne la replace pas : «on la coupe, tout simplement». On lui enlève, tous ses droits, tous ses acquis, et vlan! VIVE LA DÉMOCRATIE! Une belle hypocrisie, vous ne trouvez pas? Avec, la venue de «DIEUDONNÉ», on voit, le vrai visage, d’un peuple! On ne lui laisse même pas, le bénéfice du doute! On coupe la tête, voilà! Crois ou meurt! Je demeure perplexe, comme vous! Désormais, je ne crois, plus à la liberté d’expression, mais au contrôle de l’expression, et la suppression de la liberté. Bref, nous sommes, manipuler!
Au moins, si nous le savons, peut-être avons-nous, une chance, de lire entre les lignes, de la censure? Faite l’expérience! Et, par delà, le bien et le mal, il y a la grisaille, de la soumission, et du faux-semblant….Dommage!!!
Plaît-il, M. Desjardins ? Vous vouliez faire effet avec votre dégoût et vos propos sentencieux ?
En tout cas.
Pour ma part, lorsque je lis (n’ai jamais entendu la chanson, même fredonnée) »Écarte-toi les fesses, si t’es une bonne chienne, j’vas slaquer ta laisse », je tique. Je tique et comprends parfaitement qu’on s’insurge. Cela va même de soi. Je préviens mes filles contre ce genre d’ignorance, espérant qu’ailleurs on fasse de même avec les fils.
Par contre, lorsque certaines personnes en appellent de la censure, je me dis que bon, après tout, c’est inévitable – s’agira seulement de les calmer lorsqu’ils deviendront vraiment sérieux. Car oui, je comprends votre aversion envers la censure, particulièrement si vous parlez de celle qui conduit à la dictature (dictature d’état ou dictature intellectuelle, ou les deux à la fois, ou que sais-je ?). Mais en quoi cela justifierait-il votre sursaut théâtral de dégoût, vous qui régulièrement posez en preux chevalier défenseur du débat offensé ?
Aussi, dites-moi donc, à quoi bon cette sentencieuse baliverne »On est dans la lucidité, au coeur d’une liberté qui interdit d’interdire » ?
»Interdit d’interdire », ça veut dire quoi, ça ?
Par ailleurs, ne vous est-il jamais arrivé de censurer vos propos ? Non ? Vraiment ? Pas même devant vos parents ? Vos amis ? Enseignants ? Voisins ? Et croyez-vous vraiment que vous ne servirez jamais du »faut pas dire ça » à votre fille ?
Force est d’admettre que la liberté d’expression (ou la démocratie, je ne suis pas regardant) a un prix, mais faut aussi convenir qu’il arrive parfois que la facture la plus abordable, justement, soit celle de la censure, non ?
C’est comme pour n’importe quel achat, faut simplement avoir une bonne idée de ce que l’on est prêt à débourser, sans jamais cesser de réviser ses calculs.
L’intention de Black Taboo est peut-être bonne mais le groupe fait preuve d’une grande maladresse.
Si effectivement le groupe veut dénoncer certains phénomènes sociaux via l’humour, alors il devrait probablement souligner et supporter son message autrement afin que les gens comprennent bien qu’il s’agit de dénonciation plutôt que d’affirmations sexistes.
Pourquoi ne pas s’affilier à une cause pour les femmes, faire des affiches plus explicites de leur « cause », afficher davantage le message qu’ils désirent véhiculer.
Bref, Black Taboo est peut-être drôle mais ce n’est pas à la première écoute qu’on peut le comprendre. Et, comme plusieurs jeunes semblent friands du premier degré de leurs paroles, disons que leur stratégie n’atteint pas la cible.
Quelle est la solution ? Travailler la présentation de leur message, interdire leurs CD aux 18 ans et moins. en parler davantage. ? Bref ça reste à voir. Mais si Black Taboo a de si bonnes intentions, il fera des démarches en ce sens.
Quand on dit des conneries, il est normal qu’on se fasse rabrouer par autrui. La liberté d’expression, ça signifie qu’on peut exprimer sa pensée, son point de vue, qu’il contienne des âneries et des bêtises est accessoire au début. On a le droit de dire ce que l’on a à dire. MAIS ensuite il y a toujours des conséquences à nos actions. Donc si il y a diffamation (pensons à CHOI et l’affaire Jeff Fillion), il y aura des procédures légales contre l’injustice. Sans être diffamatoire, si nos propos sont offensants ou carrément erronés, on peut s’attendre à recevoir des critiques qui, même si parfois véhémentes, sont toutes appropriées puisqu’elles caractérisent aussi ce droit à la liberté d’expression. Normal que si on crache en l’air, ça nous retombe dessus.
La censure par autrui, c’est néfaste, c’est enrageant car par la force, on empêche dès le départ la discussion, on musèle le débat, on fait taire les opinions divergeantes. Une société démocratique n’a pas le droit de censurer la liberté d’opinion. On doit favoriser le dialogue et favoriser la communication.
Si je vends un produit (un disque) avec des paroles offensantes, la compagnie peut aviser le public, mais il est normal que la prise de position « discutable » de l’artiste puisse être un obstacle à la commercialisation de son produit. Obstacle qui freine, mais pas qui doit autoriser de bannir le produit. Les décisions d’affaires, c’est une chose, mais la censure, parce qu’aveugle, n’est jamais à propos.
La société démocratique ne peut permettre les censeurs de décider pour autrui, car c’est impropre à sa philosophie de liberté, sinon on permet la dictature de pensée d’autrui qui s’estime supérieur et meilleur pensant que l’autre.
C’est donc le dialogue et ses positions pour et contre qui doit prévaloir. La critique toujours, la divergence d’accord, mais le baillon jamais.