Comment est New York, cinq ans après le 11 septembre 2001?
Au coin de Madison et de la 126e Rue, où j'ai élu domicile, elle est fumeuse.
– Hey brother, t'as une cigarette?
Elle s'appelle Gloria, elle vient du New Jersey. Alcoolique, toxico, c'est elle qui raconte en pompant sur la Camel Light que je lui ai offerte. Une belle Noire, élancée, 30 ans. Maganée par la vie, une dent en moins, on lui en donnerait 10 de plus. Ses gestes sont exagérés, trop amples pour rien, elle fend l'air de ses grands bras maigres et fait des bye-bye aux passants en agitant ses longs doigts. On dirait une drag queen tellement elle en fait trop.
Gloria vient du New Jersey, je l'ai déjà dit. De Newark pour être plus précis, là même où, si on en croit la légende, l'ancien maire de New York, Rudolph Giuliani, expédiait les clochards de Manhattan en les faisant emmener jusqu'à la gare d'autobus la plus proche, où on leur offrait gracieusement le billet: aller-simple pour le Garden State. And don't come back!
Résultat, au bout de cinq jours, même en vivant dans Harlem, on n'aura vu que trois ou quatre clodos. Ça, ça s'appelle faire le ménage.
– Mais toi, Gloria, pourquoi t'es venue ici?
– Honey, je ne m'en souviens même pas. J'étais tellement bourrée, je n'ai aucune idée de comment j'ai atterri ici. Mais là, la fille qui vit à côté de chez toi, elle m'a donné 60 $ pour que je puisse retourner là-bas.
Là-bas, c'est encore Newark, à quelques dizaines de kilomètres d'ici, et pourtant, en écoutant Gloria, on dirait qu'elle parle de l'Europe de l'Est. Comme quoi la misère humaine ne se satisfait pas de creuser un fossé qui isole du reste du monde les grands brûlés de la vie. En plus, elle dilate la géographie.
– Hey man, t'as une cigarette?
Celui-là s'appelle Donald. Des lunettes en plastique doré, genre Funkadelic, la démarche rapide. Un speedé.
– Tu débarques du train? me demande-t-il en montrant le métro aérien au-dessus de nos têtes, coin 125e et Park.
– Non, non, je loge ici pour la semaine.
– Oh, alors t'es presque un homeboy, ricane-t-il. Tu me la donnes cette cigarette?
Harlem, il faut le dire, connaît un regain de vie improbable depuis quelques années. Alors qu'il n'y a pas si longtemps, on ne s'aventurait que rarement au nord de la 120e Rue, de peur d'y être détroussé par les crackheads qui engluaient le coin, le paysage s'est métamorphosé en quartier presque paisible, mais surtout convivial, la chaleur de ses habitants rappelant celle qui caractérise ceux de La Nouvelle-Orléans.
Pourquoi ce changement? L'arrivée de Bill Clinton, qui a installé son bureau dans le secteur et incité de nombreuses entreprises à faire comme lui, y a largement contribué.
– Hey Donald, t'es content de ce qu'a fait Clinton pour Harlem?
– Ouais, ouais, c'est sûr, c'est bien. Mais j'ai toujours pas de job, ça fait un an que je cherche. Et je pense bien qu'Clinton, il engage que des poules comme stagiaires, dit-il en éclatant d'un rire contagieux.
Autrement, comment est New York, cinq ans après le 11 septembre 2001?
Toujours aussi poétique, et parfois là où l'on s'y attend le moins. Comme à Coney Island, haut lieu du kitsch suranné, où, dès la sortie du métro, le nom des rues renvoie à un univers onirique propre au secteur, qu'on surnomme le Paradis de New York.
Mermaid Avenue, annonce la pancarte qui indique la sortie.
C'est sur Brighton Beach, dans le quartier russe, que l'on repère les fameuses sirènes. Grandes blondes bleachées qui bossent dans les délicatessen et qui s'appellent évidemment Natasha, Olga, Petra… Ou cette somptueuse brunette en jean moulant et bottes de cow-boy qui, plantée sous les rails du métro aérien, tire sur de longues cigarettes ultra-minces en promenant un regard d'une infinie tristesse.
Un avion descend vers l'aéroport JFK, le vent pousse le son de ses réacteurs dans la direction opposée, de sorte qu'il s'amène sur la ville en silence, comme en chute libre, donnant au spectacle de son atterrissage un caractère surréel.
Au-dessus de la plage, une mouette suspend son vol, le temps aussi.
On a presque oublié qu'on est à New York, cinq ans après le 11 septembre 2001. New York, plus propre, plus sécuritaire avec ses flics tout partout, mais toujours plus grande que nature, toujours trop. Trop chère, trop vite, à la fois trop belle et trop laide. L'attentat du World Trade Center et la désolation lunaire de Ground Zero ne font que participer du même gigantisme pathologique.
Toujours trop. Trop d'histoires, trop de vies qui se croisent et s'entrechoquent.
Mon voisin me raconte la sienne sur le perron en me tendant l'immense pétard qu'il tient dans ses doigts. C'est encore trop. Trop de fric, trop de drames familiaux, trop, trop, trop. Le gars me bullshite, c'est sûr.
Et pourtant, en écoutant tous ces gens dont on croise le chemin, toujours la même sensation de se faire remplir, d'être gavé de cette surenchère d'événements rocambolesques qui renvoie l'existence des quidams les plus ordinaires à la fiction la plus improbable.
Mentent-ils tous? Bien sûr que non.
Destins tordus, drames, ironie, poésie, crime, désespoir, humour, terrorisme. Tout ici est démesure.
Le décor, l'histoire, les personnages.
Bref, New York est un roman.
Quelle excellente idée! Giuliani mériterait une médaille pour ce qu’il a accompli pour sa ville. Wow! Ca c’est régler les problèmes que d’envoyer les pauvres, les drogués et les putes de l’autre côté du pont, là-bas au New Jersey! Ce qu’on ne voit pas nous fait pas de mal… Le maire Tremblay devrait suivre son exemple et envoyer la racaille à Laval . Ou encore mieux, en Ontario, comme ça on aurait vraiment la paix. Et pourquoi la mairesse Boucher n’envoierait pas les gangs de rue de Québec, avec les Limoilou Starz et Black Taboo refaire leur vie à Lévis?
Vivement les autruches, qui pour oublier la misère humaine, la repousse loin de leur regard, là où on l’oublie. Qui s’inquiète de la situation en Ethiopie ou au Darfour? C’est l’Afrique après tout. Si loin… Les gens là bas, c’est pas pareil, ils sont habitués à la misère, c’est pas comme un employé de Ford qui perd son emploi ici. Non, lui il vivait bien et c’est une pauvre victime du système! Il doit faire vivre sa famille après tout!
Je n’en peux plus de tous ces gens qui évitent de regarder la réalité en face et d’attaquer les problèmes de front, et qui se satisfont de l’option facile. Et je trouve ridicule que l’on qualifie de « plus propre » les lieux exempts de pauvres et de junkies. Comme si c’était des sous humains! Ces gens ont des problèmes, et bien qu’ils représentent un certain fardeau pour la société, c’est pas en les enfermant dans des ghettos, ni en s’enfermant nous mêmes dans des quartiers sous haute surveillance que nous améliorerons le monde dans lequel nous vivons. Certes, il est impossible de tout régler les problèmes de la Terre, mais on ne peut se satisfaire de les ignorer en espérant qu’ils disparaitront d’eux mêmes. Regardez les tensions dans les banlieues parisiennes ou l’incidence du terrorisme en Palestine, de plus en plus enclavée, pour comprendre que la solution n’est pas dans la réclusion. La haine ne fait que grandir, et au bout du compte, nous sommes tous perdants.
Votre article me fait penser aux multiples histoires relatées par Paul Auster au sujet de son quartier chéri qu’est Brooklyn. Il est vrai que New-york a (ou avait) cette richesse cosmopolite.
Lorsque Gulliani est rentré à la mairie de New-York, il avait comme principal objectif de « nettoyer » Manhattan. Un nettoyage brusque et vraiment pas fait en finesse. Comme vous le décrivez, il a invité les personnes au plus bas de l’échelle sociale à simplement aller voir ailleurs si ils y étaient. Du coup Manhattan est passé d’un secteur peu recommandable à un gros quartier très sûr. Un méthode vraiment contestable malgré son efficacité à déplacer (et non résoudre) la pauvreté.
Si je me souviens bien, Gulliani a quand même fait quelque chose de bon. Du côté de Brooklyn, il a démarré un vaste projet de rénovation urbaine. Statuant que la vétusté des habitations et la piètre qualité de vie qui en découlait résultaient en une hausse ou un maintien de la criminalité. Sans virer personne, sans hausse de loyers (si j’en crois ce que l’on racontait à l’époque) les logements ont été revampés, et la criminalité a baissé.
Comme quoi il y a bien des manières de faire face aux enjeux sociaux: la méthode « dure » pour faire plaisir aux investisseurs, et la méthode « humaine ». Depuis que Bloomberg est en poste, je ne sais pas, par contre ce que ces programmes sont devenus…
Toujours plus mûre, New York surprend toujours, avec sa vie extrême, avec ses personnages colorés, avec ses airs qui chantent et désenchantent. Un lieu d’extase et de perdition, un endroit où tout arrive pour le meilleur et pour le pire. Ville artistique et économique, dont les opposés ne font que s’assembler, même avec les WTC en moins, elle atteint le ciel avec aisance. On ne peut que regarder en haut en se promenant dans cette ville, les gratte-ciels y poussent comme des champignons, du moins tant qu’un espace demeure disponible.
Il faut être riche pour habiter ce lieu, sinon l’envahissement devient probable. Il faut être capable de s’envoler pour mieux la voir, cette ville aux attraits massifs et au caractère difficile. Un centre du monde, où tous s’y retrouvent, puisque tout y a sa place. Tracée comme un jeu de dames, où plusieurs reines dévalent les rues avec éclat, rien ne manque, tout est plutôt trop.
Des enfants sont nés depuis le 11 septembre 2001 et pour eux, ces attentats n’auront pas eu lieu. Ils peuvent y croire, sans plus, l’avenir vaut mieux que le passé. Et si on se fie à l’attitude guerrière du pouvoir étasunien, les explosions n’ont pas fini de se faire entendre, comme dans les films qu’ils propulsent sur des écrans géants à travers le monde, pour nous rappeler que, c’est aussi ça la vie.
En avez-vous seulement conscience ? Savez-vous l’importance qu’à votre présence à un endroit précis, de l’impact que cela peut avoir ? Probablement pas ou en partie seulement.
Chaque personne est imprégnée d’histoire, d’images, de sentiments, de moments, instant propre à eux ou partagés avec d’autres. Toute personne possède un bagage, autre que génétique, qui pourrait remplir bien des livres. Certains ont plus d’histoires que d’autres. Certains veulent en avoir moins. Certains les agrémentent afin de se faire entendre, mais partent toujours d’une base qui à contribuée à bâtir l’histoire.
Tout le monde n’est pas prêt à écouter ces histoires. Ou plutôt de supporter la façon dont elles sont racontées. Si vous n’aimez pas un livre, vous le rapportez à la bibliothèque, vous le donnez ou vous le jetez tout simplement.
Pourquoi ne pas en faire autant avec les gens ? C’est peut-être la question qui s’est posée.
je ne suis jamais allée a New York mais des Gloria ne sont pas toutes là-bas. Ici a Montréal il y en a plein. Aujourd’hui dans le metro il y avait une jeune mère avec un bébé de quelques mois seulement qui faisais la quête dans le grand couloir de Henri Bourassa au beau milieu de la foule de 16h. je ne sais pas si ce soir elle va avoir un lit pour dormir avec ce bébé.
Quand nous passons devant elle on la voyais qu’a la dernière minute car elle était assise par parterre. La misère est partout dans le monde et parfois on préfère ne pas la voir pour se donner bonne consience ou l’indifférence.
Je ne suis jamais allé à New York mais je connais New York.
J’ai lu New York, j’ai vu New York, j’ai entendu et j’ai écouté New York, j’ai sentis (ou presque !!!), et ressentis New York et je ne crois pas que New York soit un endroit où tout le monde fume !!!
Et New York n’est pas non plus le lieu où tout le monde est malheureux, se cherche un job ou travaille pour des miettes de pain !!!
New York n’est pas juste une date dans l’histoire : le 11 septembre 2001…
New York a une longue histoire avant et après… C’est peut-être seulement le regard des gens de l’extérieur de New York qui a changé depuis le 11 septembre 2001, ou c’est peut-être la vie d’un certain nombre de New Yorkais qui a changé depuis le 11 septembre 2001 et non la vie de l’ensemble des New Yorkais !!!
Les New Yorkais qui étaient pauvres avant et qui le sont toujours en ce moment, qu’est-ce qui a changé pour eux depuis le 11 septembre 2001 ??? Est-ce qu’on s’intéressaient à eux avant, pendant et après le 11 septembre 2001 ??? Vous savez que non, on parlait du 11 septembre 2001, de ben Laden, de BUSH, de Bill Clinton, de BUSH, de Hillary Clinton, de la guerre, de BUSH et de deux candidats à la Présidence n’ayant pas réussis à vaincre BUSH (quoique GORE avait bel et bien battu BUSH !!!)…
Pas le temps de parler de ce qui change à New York, de ce qui se vit à New York, on parle de la guerre en Irak et de la guerre aux terroristes et de BUSH et de Clinton…
Je m’ennui presque des nouvelles sur Monica Lewinsky !!!
Non, New York n’est pas que la ville des drogués, des criminels, de la haute finance, de l’ONU, des bouchons de circulation et des terroristes…
New York est belle, impressionnante, magnifique…
New York a beaucoup à offrir et est généreuse envers ses visiteurs.
New York fait rouler l’économie américaine et aussi l’économie mondiale… c’est du travail pour beaucoup de monde.
New York est unique
New York est une belle grosse pomme (Big apple) !!!
J’ai toujours voulu aller à New York, du moins depuis que je sais que cette ville existe! C’est justement cette succession de « trop » qui m’attire : les immeubles interminables, une masse de gens à n’importe quelle heure, des histoires toutes plus folles les unes que les autres, etc. Bref, c’est la grandeur que toutes les villes possèdent, New York encore plus que les autres. C’est vrai : une fois que tu as vu Québec, après c’est Montréal et après il y a…New-York!!!
Mais je dois admettre que c’est la surdose de « trop » qui enlève les charmes des villes. Bon, va pour Québec, mais vivre à Montréal? Vivre à New York? Personnellement, je crois qu’une année suffirait à vouloir me faire revenir dans ma région natale!
Et parlons-en des gens qui vous racontent des histoires plus qu’irréelles…c’est vrai qu’on se demande si ces gens nous mentent. Je crois que c’est parce que même si notre vie n’a pas toujours été rose, on a au moins un petit quelque chose de positif. Pas eux ; au contraire, tout va de mal en pis pour eux et ce, plus les années avancent. Je travaille dans le domaine social et je vois souvent cela, ou on l’entend. Et la plupart du temps, c’est la vérité…une vérité qui dérange et qui me fait perdre confiance de plus en plus envers l’être humain.
Finalement, pour ce qui est du « déplacement des itinérants », il s’agit d’une tactique politique qui fonctionne plutôt bien, non? Prenez par exemple, les Québécois qui vont à Vancouver et qui vivent dans la rue. Lorsqu’ils demandent à recevoir des prestations d’aide sociale, ils se font plutôt offrir un billet aller seulement pour le Québec! Ainsi, le gouvernement dépense moins que si il leur donnait un chèque à chaque mois…! La ville de Québec n’est guère mieux : on fait le ménage dans le quartier St-Roch pour qu’il devienne le Nouvo St-Roch et qu’il paraisse bien propre. Il y a aussi Limoilou…plus tu approches de Charlesbourg, plus ça sent le propre!
Voilà!
Qui aurait dit un jour que Harlem serait un endroit paisible . On a tous entendu ces histoires ou légendes urbaines du couple de québécois qui s’égare et dont la police les avise de rouler à pleine vitesse sans arrêter aux feux rouges sous peine de se faire attaquer . On vit un peu la même situation à Montréal où certains quartiers pauvres sont devenus à la mode en chassant les miséreux vers d’autres cieux pour s’offrir le loft de luxe dans l’usine désaffectée .
On peut dire que le maire r.publicain Giulani a fait le grand ménage en exilant de force les sans abris . Vous nous dites qu’en une semaine vous en avez vu quatre ou cinq alors que j’en ai vu sept ou huit jeudi soir du Cinéma Quartier Latin au Métro Berri-UQAM et ce en dix minutes .
CE que je retiens le plus de votre chronique c’est la démesure qui semble être toujours présente dans la grosse pomme . Je me rappelle mon dernier voyage sur Brodway . Gros spectacles , grosses limousines stationnées près d’un clochard qui dort sur le trottoir dans une boîte de carton . Et les gens aussi . Des normaux mais aussi des bizarres .
=Ville vraiment fascinante que New-York !
Ville de contrastes hallucinants, mais aussi de grandes et très Humaines beautés.
C’est à en croire qu’à force de s’entasser au fil des décennies et de se pousser les uns sur les autres, des milliers de citoyens moyens, de type « amaricains », constituant le coeur de Manhattan sont devenus, par un curieux phénomène social, des artistes, amoureux de la culture, pas seulement celle du dollar et du think big, mais également celle qui nous pousse à faire le tour du monde.
C’est qu’on trouve de tout sur Manhattan.
Beaucoup de trucs dégueulasses et abrutissants, mais également, comme on en découvre parfois dans la glue d’une huitre, des perles.
Y-a beaucoup de merveilles dans cette ville qui n’ont rien à voir avec W. Bush, le capitalisme sauvage, la militarisation et le minage de la planète; rien à voir avec les Etats-Unis en général, donc.
De la même manière que les parisiens ne sont pas les français.
Vous cherchez un livre rare, de vieux violons, un concert de gamelan, un gourou pygmée?
Let’s go NY !
Vraiment, « Benneladenne » aurait du frapper ailleurs, là où ça fait dur pour vrai et non dans cette ville unique qui contient un peu de tout le monde.
Moi non plus, comme d’autres, je n’ai jamais mis les pieds à New-York. Alors tout ce que j’y ferai, c’est de parler au travers mon chapeau. Autant prendre un très grand couvre-chef, tant qu’à y être!
L’oil de l’autre me donne toujours l’image d’une ville fascinante par ses extrêmes et minable pour les mêmes extrêmes. Tout y semble baigner dans un trop plein de superficiel. Mais ce qui m’étonne au plus haut point avec ces voisins, c’est leurs coups de canon qui attirent l’attention ailleurs que sur la vision de leurs têtes dans le sable. Le valeureux Maire qui fait disparaître la caste inférieure avec fracas et coup d’éclat et ce faisant, comme si de rien n’était, ne fait que déplacer le mal de place au lieu d’affronter la source du problème en investissant sur ces humains qui font si mal paraître l’american dream. Et pourtant, ils en ont des tas de problèmes, ces voisins aux égos bien enflés et à la vanité démesurée.
L’oil de l’autre déforme la réalité. Celle-ci est-elle mieux, celle-ci est-elle pire que la vraie vie ou les deux toutes à la fois, qui saura le dire, qui saura en peindre la vérité? La tête de la pyramide est tronquée et dégouline de sa blanche maison dans tous ses états, déborde des frontières sans humilité, sans humanité alors pourquoi le système pyramidal épargnerait la majestueuse New-York , voulez-vous bien me le dire!
Je n’irais pas à New-York. D’aucuns me diront que je devrais une fois dans ma vie, mais l’oeil de l’autre ne s’y fait pas très invitant. La frime n’est pas ma tasse de thé.
Des villes et des routes légendaires qui ont marqué l’imaginaire, l’histoire en a retenu quelques-unes. En Asie en Europe comme en Amérique, ceux qui les ont défrichées, empruntées et fréquentées en ont fait des récits empreints d’exotisme ou du superlatif. Ils nous ont légué la mémoire de l’intemporel. New York en est un exemple. Pour y habiter confortablement, mieux vaut être riche. Ce n’est pas un mythe.
New York est un roman, dites-vous si justement. C’est Taras Grescoe dans Un voyage parmi les touristes qui m’a fait réfléchir à l’effet de l’imaginaire sur notre regard de visiteur qui parfois en teinte l’angle d’approche. Faisant référence aux routes fréquentées au moyen-âge par les pèlerins de St-Jacques de Compostelle il écrit : «Le Codex Calixtinus rejoignait les plus récents volumes du Nouvel Âge en contribuant à une tradition vieille comme le monde : creuser le sillon du touriste. Ce sont encore, dans une large part, les périples relatés dans les romans et les récits de voyage qui incitent les gens à partir. Les pèlerins, les touristes et les explorateurs emportent dans leurs bagages des guides et des cartes, de même que les opinions de ceux qui les ont précédés.»
Je ne sais pas si les musiciens du Appolo Theatre font toujours vibrer Harlem, mais lors de mon premier passage à NY, le mythe était toujours vivant. Duke Ellington et Ella Fitzgerald étaient à l’affiche. C’était presque le moyen-âge ! Les tours du WTC effondrées c’est aussi devenu le mythe de la terreur mais aussi de la survivance.
Parmi tous les attraits de NY, Il n’y a pas que Central Park, Manhattan, Soho ou Tribeca. S’il vous reste une demi-journée, prenez le métro (train A jusqu’à 190th ) sortez par l’ascenseur et continuez sur Margaret Corbin Drive. Vous y découvrirez «overlooking the Hudson River», The Cloisters, musée annexe du MMA consacré à l’époque médiévale. Magnifique site par un après-midi d’automne ensoleillé. Dépaysant. À l’extrême de Coney Island.
Quand on veut confronter son agoraphobie, rien de mieux qu’une petite plongée dans NY. Et NY, on l’aime parce qu’on y trouve de tout. Le supermarché ouvert à toute heure, les boutiques chic et celles qui sont envahies par la vermine. Il y a de tout. Et je me rappelle qu’il n’y avait rien de pire que de se rendre compte qu’on était perdu et qu’on se retrouvait dans Harlem. Bonne nouvelle que cette reprise en main de ce quartier. Le problème, c’est que ce ne sont pas les habitants initiaux qui y restent. Ce sont de nouveaux arrivants qui s’empressent de transformer le quartier à leur image. On l’aime bien le Plateau à Montréal. Mais on finit par n’y retrouver que les mêmes gens.
Pas sûr que Harlem va chercher à créer des logements à prix modique si elle se transforme. Pas sûr qu’elle va s’assurer que les Gloria puissent avoir un refuge quand elles en auront besoin. Pas sûr qu’elle va s’assurer que les Donald puisse avoir un endroit sécuritaire où échanger ses seringues.
Si New York est un roman, Montréal est une bande dessinée pour bébés. Comment peut-on affirmer que New York est un roman, New York c’est gros comme un dictionnaire, c’est la Bible en cent langues, c’est le siège des Nations-Unies et le mélange de toutes les races, des millions d’immigrants et de clandestins croisant des millions d’américains en provenance de tous les États-Unis, c’est La Mecque du monde capitaliste, on peut tout acheter ou vendre 24 heures par jour, même dans la rue, des montres, des DVD, de la dope, des armes, du sexe et des gros pretzels chauds. Depuis 1970, j’ai séjourné à cinq reprises dans cette immense ville où il faut tout multiplier par dix: la hauteur des buildings, la largeur des trottoirs, les autos, les taxis, les piétons, le prix des chambres d’hôtel, les repas, les billets de spectacles, ce n’est pas reposant, tout va trop vite, on a vraiment pas le temps de lire un roman. À mon dernier voyage le 4 septembre 2001, j’ai monté au dernier étage d’une des tours du World Trade Center, il y avait un bar remplis de Latinos qui dansaient la Salsa, tout juste une semaine avant le crash, c’était pas mon heure. Il faut être prudent dans cette grosse pomme, n’allez pas vous compter fleurette le soir au Central Park, vous pourriez tout perdre: passe-port, argent, vêtements, intégrité, c’est pas mal plus heavy que le parc du Mont-Royal. Si depuis 5 ans, on a chassé les clôchards, les mendiants, les quêteux et les sans-abri, pour sécuriser les touristes, laissez-moi vous dire qu’il y en a des bien plus dangereux qui circulent, vous encerclent et vous agressent, tenez-vous en gang, sinon vous ne serez jamais un personnage de roman, seulement un entre-filet dans le New York Time « Un québécois non identifié a été enlevé et retrouvé nu à Time Square à 4 heures du matin ».
Je suis aller à New York récemment. C’est vrai que tout est plus gros, tout va plus vite. Pas pour rien qu’on dit que la ville ne dort jamais. Personnellement, je ne crois pas que la ville ais tant changer depuis le 11 septembre, si ce n’est qu’ils sont beaucoup plus prudent, que la sécurité est renforcer. À Ground Zero, un policier surveille 24h sur 24h le périmètre de sécurité. C’est une si grande ville, qui semble si forte et autant vulnérable à la fois. Qui aurait cru avant la date fatidique que New York pourrait être aussi ébranler. Devant Ground Zero, entouré d’une immense ville, on ne peut que penser à ce drame humain qui c’est dérouler là, qui a fait tant d’innocente victime. Une si grande ville, une longue histoire, tant à découvrir. Si les immenses building pouvait parler, ils en auraient sûrement long à raconter…
Que l’on veuille l’admettre ou pas, le triste évènement du 11 septembre 2001, demeurera longtemps gravé, dans les mémoires collectives! Depuis ce jour, nous avons pris conscience, que personne, ne pourra être à l’abri, du terroriste. Et, cela quelque soit l’endroit où il habite! Un exemple, je demeure dans un endroit considéré, comme étant paisible. Et pourtant, un grand périmètre, a été érigé, dans mon quartier. Eh oui! Des jeunes s’amusaient à faire des bombes (artisanales), dans le but de terroriser? On ne saura jamais! Bref, il s’est installé, un climat de crainte un peu partout… Croyez-vous, que les gens sont prêts, à retourner, à New York? Pour l’instant, je ne crois pas! Moi-même, je n’y retournerai pas! La hantise, d’un peut-être, ou d’un tout à coup, plane au-dessus de nos têtes! Par, contre il faut admette, l’excellent travail de Monsieur : «Guillani»! Une détermination de fer, de reconstruire, tenter d’effacer au moins, de manière physique, tout ce qui pourrait perturber, le touriste. Or, le ménage s’est fait, à tous les niveaux. Vraiment remarquable! Mais, toutes les séquelles psychologiques, seront très ardues, à faire disparaître! Mais, comme dirait : «Léo Ferré, Avec le temps…» Oui, avec le temps, tout s’efface! Et la mémoire, est une faculté qui oublie, plus qu’elle ne retient! À moins que l’on ne cesse, de nous torturer, à chaque année à nous publiant, ou démontant, toujours de nouveaux dossiers! On en devient saturé! On en devient essoufflé! Avec le temps, nous reprendrons, notre respiration, pour nous envoler vers le fameux : «New York, New York, de Liza Minnelli.»!!!