Non, je n'ai pas vu L'Illusion tranquille, ce premier film de Joanne Marcotte qui est censé dénoncer le pouvoir d'inertie du modèle québécois, cette pensée unique qui affligerait un Québec en proie aux dogmes syndicalo-socialistes.
Je n'ai pas vu ce film, dis-je, et je n'ai pas l'intention de le voir non plus, simplement parce que je connais par coeur les arguments de ses acteurs, dont certains tombent sous le sens, alors que d'autres sont d'une affligeante pauvreté intellectuelle, et ont comme seul mérite de brasser agressivement la soupe politique à grands coups de formules assassines.
Par ailleurs, j'ai bien vu les résultats d'un récent sondage concernant ce même modèle, sondage qui démontrait l'attachement des Québécois à leurs acquis sociaux. Exactement ceux que dénoncent les protagonistes de L'Illusion tranquille: universalité des programmes dans les soins médicaux, les garderies… Exactement ce que défendent leurs détracteurs: l'idée d'une "aventure commune" pour laquelle Louis Cornellier déchirait d'ailleurs bien inutilement sa chemise dans Le Devoir de samedi dernier, oubliant peut-être qu'il prêchait alors aux convertis.
Des convertis qui embrassent massivement le modèle québécois, faisant rager Lulu et ses lucides, dont le manifeste n'a visiblement pas été entendu par la majorité.
Cela signifie-t-il pour autant que la population qui donne son aval à l'état actuel des lieux le fait pour des raisons idéologiques, pour défendre les principes d'un vivre ensemble basé sur la solidarité? J'ai comme un gros doute.
Le statu quo réclamé, c'est surtout celui des services à bas prix, d'une prise en charge de l'État qui libère de nombreux soucis. Un confort dans une relative indifférence, puisqu'il dédouane les membres de la classe moyenne de leur culpabilité d'hyperconsommateurs en faisant croire à une répartition de la richesse, et à des services identiques pour tous.
Ce qui nous fait voir cette étrange bibitte idéologique où le citoyen défend en apparence des principes d'équité sociale pour, au fond, ne satisfaire qu'un seul individu: lui-même. Et sa conscience.
La gauche-caviar, vous dites? Même pas. C'est la gauche-télé au plasma. La gauche condo. La gauche vacances à Cuba. La gauche qui veut payer moins d'impôts.
Pendant ce temps-là, les tenants de la droite de L'Illusion tranquille proclament qu'ils veulent réformer le système afin qu'il profite à la libre entreprise (PPP, appels d'offres dans les services publics, augmentation de la productivité, etc.), à cette même classe moyenne qui verrait ses paiements d'impôts fondre comme neige au soleil, mais aussi aux plus démunis.
Et tout le monde, de gauche à droite, de se draper dans la vertu, de se réclamer de la justice sociale, dissimulant bien mal son hypocrisie.
Remarquez, cette confusion des genres n'est pas l'apanage du Québec. Au sud, démocrates et républicains dansent un tango aux mouvements analogues depuis belle lurette, tandis qu'actuellement en France, la droite de Sarkozy joue la carte de l'empathie devant la gauche de Ségolène Royal, qui, elle, semble prête à brader certains principes pour l'établissement d'un "ordre juste".
Ce qui confirme une tendance qui se dessine depuis un bon moment déjà, et qui prend des allures de lame de fond.
Il n'y a plus vraiment de gauche ni de droite. Il ne reste que le centre. Un centre expansif qui pige, selon l'air du temps, de tous les bords du spectre des idées.
Vous y voyez une forme de sagesse, une réconciliation des extrêmes?
J'y vois plutôt une forme de racolage qui convient parfaitement à nos sociétés voulant le beurre et l'argent du beurre, n'acceptant ni de sacrifier leur confort ni d'enterrer leur conscience. Des sociétés à qui on dit, tout simplement, ce qu'elles veulent entendre. Peu importe la réalité.
J'y vois une absence de courage politique, et pire, j'y vois le triomphe absolu du marketing.
ooo
Bon, mais c'est pas tout ça. Vous avez passé un beau solstice, vous? Moi, pas pire. En fait, j'ai passé le plus clair des Fêtes la tête ailleurs. Le plus souvent dans un bouquin.
Dans Les Bienveillantes de Jonathan Littell? Non, pas encore. On me l'a offert, mais il attend patiemment qu'un accès de bonne humeur prolongée me permette ce genre de plongée en apnée dans la plus abjecte noirceur de l'âme humaine. Je repense encore aux personnages du Kaputt de Malaparte, à ces bourreaux qui jouent du piano avec les mains d'un ange… Je suis encore parcouru de frissons d'horreur, plusieurs années après cette lecture.
En attendant le Littell, j'ai terminé le très beau et volumineux Forteresse de solitude de Jonathan Lethem, et je suis aussi passé à travers un recueil de Jean-Paul Dubois que je n'avais jamais lu, intitulé Vous aurez de mes nouvelles. Plus encore que dans ses romans, j'y ai retrouvé l'esprit de certains réalistes américains dont je ne me lasse pas. Je pense à Fante, à Carver, à Harrison, à Bukowski.
D'ailleurs, ceux-là me ramènent à cette chronique dont vous comprendrez qu'elle devait changer de nom, son titre pompeusement vindicatif d'Ennemi public no 1 ne trouvant que trop rarement d'écho dans les propos que j'y tiens. Des propos qui ont été marqués, au fil des ans, par la lecture de ces auteurs qui m'ont montré une nouvelle façon d'envisager le réel, qui m'ont fait voir que le bonheur est un tison incandescent sur lequel il est inutile de souffler, puisqu'il ne se consumera que plus vite encore.
Mais bon, animal d'habitudes, je ne renoncerai certainement pas à mes mauvaises manies. Il y aura encore des colères, des lecteurs varlopés, des reportages aux conclusions atrocement subjectives, des fanfaronnades, des critiques acerbes et des insultes. Il y aura de la culture, des médias, de la politique. Il y aura encore un ou deux éclats de poésie plus ou moins volontaires qui viendront se ficher sans cette colonne comme le shrapnel d'une grenade. Il y aura toujours cette conscience que "les utopies sont des spectacles qui prennent fin les soirs de première", même si certains prennent cela pour une forme de cynisme débilitant. Il y aura des clichés, des instantanés permettant d'arrêter ce temps qui s'écoule toujours trop vite ou trop lentement.
Et finalement, il y aura vous, dont j'ai fait l'audacieux pari que vous me suivriez dans ces vagabondages et ces tentatives pas toujours fructueuses de me réinventer un tout petit peu, et qui me permettent de recommencer semaine après semaine sans me lasser.
D'ailleurs, vous ai-je déjà remercié d'être là?
Voilà qui est fait.
Eh bien, j’ai lu trois chroniqueurs qui se sont exprimés suite à la parution du documentaire « L’illusion tranquille », et force est de constater que deux sur trois n’ont pas pris la peine de le voir afin de le critiquer!
Depuis quand est-ce que l’on peut critiquer de manière constructive ou, à tout le moins, de manière rigoureuse un pamphlet politique (déguisé ou non) en documentaire?
Seul Michel C. Auger, à ma connaissance, semble avoir eu la bonne idée de démonter, un après l’autre, plusieurs arguments présentés par le « documentaire ».
François Parenteau, votre collègue à Montréal, note dans son blogue qu’il n’a pas vu le film mais qu’il n’est pas d’accord pour dire qu’il y a une élite sclérosée au Québec. Une clique de leaders formant une classe de perturbateurs sociaux-économiques nuisant à la cause des travailleurs qu’ils sont supposés défendre. Une « élite » qui se dissocie également de plus en plus des causes progressistes que le Québec post-moderne devrait mettre de l’avant afin de faire face aux défis de l’avenir.
Bref, cette fois, c’est l’élite journalistique qui s’amuse en grande partie à ne pas faire face à une critique à caractère politique pour des raisons ésotériques ou logiquement foireuses.
Comment peut-on sérieusement oser faire une chose pareille et ne pas se sentir imbécile en le faisant?
Comment jugerait-on une personne qui accepterait de faire la critique d’un livre, dans un hebdo culturel, sans que celui-ci aie pris la peine de lire l’ouvrage en question avant de le faire? Et si ce critique littéraire osait faire un papier en invoquant vaguement l’opinion d’un autre intellectuel, en balayant la pertinence de l’ouvrage parce qu’il est typique d’un certain courant de pensée, ou affirmant qu’il ne plaira sans dout pas au public, une fois arrivé en librairie; comment trouverait-on ce critique littéraire? Je vous le demande.
On considérerait cette personne comme étant paresseuse ou souffrant seulement d’une suffisance niaiseuse?
Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous mais ce que vous pouvez faire pour votre pays et c’est exactement le contraire que veut faire la majorité et pourquoi pas . On a l’état providence et on veut que cela continue jusqu’à la fin des temps .
Nous ne voulons pas donner mais nous voulons recevoir et pas à peu près , car nous avons été habitués comme cela . Nous sommes aussi confrontés à nos gauchistes de fin de semaine qui me font penser à ces éternels révolutionnaires qui trainaient à la caféteria du CEGEP en voulant refaire le monde mais en courant vite bouffer la popote à maman avant de se coucher dans un grand lit confortable jusqu’à la prochaine révolution prolétaire . On peut être de la gauche et aimer son condo .
On devra donc se dire au centre . Mais c’est quoi le centre ? Un mélange de la droite et de la gauche . On prend ce qui fait notre affaire et on jette le reste . J’essaye juste de deviner où se situent nos bons chefs politiques tant à Québec qu’à Ottawa ? . Plus j’y pense plus que je trouve qu’ils se ressemblent et s’assemblent dans un flou centriste écologique .
Bonjour David, bonjour à tous.
J’émerge. Encore une fois, le temps des fêtes aura pour moi été empreint de deuil, de transcendance, d’intériorisation profonde, de bilan essentiel…(je suis quand même à l’aube de mes trente ans!), de repos, de bonnes cuites au porto, au rhum et au vin, de belles retrouvailles. J’émerge, je retrouve le goût de continuer à travailler sur la musique qui m’habite, de plancher encore plus fort sur le scénario de film sur lequel je travaille avec mon père depuis deux ans et un peu plus déjà. Je prends confiance. Je prends conscience. J’ai pris aussi la décision que l’an prochain je ferai désormais l’école à la maison. Je me rends compte que j’ai le choix d’offrir à mes enfants une éducation agréable, enrichie d’astronomie, de poésie, d’art culinaire, de sports, de musique, d’histoire, d’espagnol, de peinture….j’ai du plaisir juste à y penser. Apprendre passionnément. Je me lance ce défi car je sais qu’ils seront à la hauteur et qu’ils apprendront beaucoup avec moi et ceux qui nous entourent….que j’apprendrai beaucoup à leur apprendre.
C’est peut-être vrai que les Québecois sont bien dans leur confortable sécurité mais moi, je trouve cela vraiment plate. Hier en mangeant ma lasagne, je ne sais pas pourquoi, je me suis mise à penser à cette femme qui a le sida et à son enfant qui n’a à peine que 2 ans, assis près de sa mère incapable de se lever. En Afrique. et savez-quoi? Je me suis dit que j’avais beaucoup trop manger. La nausée m’a pris. c’est inexprimable cette sensation que j’ai quand je suis confrontée à la misère de l’homme. Des milliards de fois………..
Je souhaite à tous d’au moins prendre conscience de la conséquence de leur confort et du prix à payer qui nous sera sûrement facturé autrement que sur du beau papier « blanc ».
Vous parlez David de sacrifices…oui, il faudra en faire, volontairement. Ou pas.
Green Peace, commerce équitable, récupération, alternatives écologiques, développement durable…c’est le temps
La politique m’ennuie, la politicaillerie, encore plus. Et je n’ai jamais compris ce qu’étaient la gauche et la droite. En fait, j’ai jamais essayé. Je m’en fous totalement. Je rêve toutefois de payer moins d’impôt, de vacances au soleil et de cinéma-maison. Serais-je ce «citoyen qui défend en apparence des principes d’équité sociale pour, au fond, ne satisfaire qu’un seul individu: lui-même» ? Comme c’est laid!
Pendant les 30 premières années de ma vie d’adulte, j’ai travaillé très fort, commencé au bas de l’échelle sur le plan professionnel puis, assumé la double tâche à l’époque où les garderies à 5$ n’étaient même pas encore un projet. Je trouvais normal de me dépenser corps et âme pour les autres, de contribuer à même mon salaire à l’amélioration des facilités sociales.
Aujourd’hui, je constate que, malgré mon enthousiasme, mon énergie a ses limites. Je rêve d’enfin penser à moi, de me gâter un peu avant qu’il ne soit trop tard. Bien sûr, je valorise encore l’équité sociale, celle-là même pour laquelle j’ai payé toute ma vie durant. J’espère seulement que le balancier puisse osciller parfois en ma faveur. Est-ce vraiment si égoïste ?
Vous voyez, j’ai passé le solstice en convalescence. Et oui, l’âge s’installe et la machine connaît ses premières râtées. Cela vient titiller le sentiment d’urgence, ce besoin de goûter aux plaisirs maintes fois reportés faute de temps ou d’argent (les enfants passent avant), la peur qu’ils ne nous échappent à tout jamais. À tort ou à raison, il me semble avoir donné beaucoup. Il me paraît raisonnable, non pas de demander qu’on donne pour moi, juste qu’on me laisse triper un peu sans m’en culpabiliser. Est-ce trop demander?
Ce titre d’émission aurait bien convenu aussi à votre chronique. Vous explorerez plusieurs jardins; celui de la politique, celui de la culture, celui de la société.
On aurait aussi pu intituler cela OSS 007. Moitié Dujardin, moitié Conneries euh…Connery. Euh…je déconne là.
Quoi qu’il en soit, c’est bien Desjardins. Mieux que Ennemi public. Mois belliqueux, moins vindicatif.
C’eut pu être Goliath aussi votre titre…pour les raisons que l’on sait.
Les Québécois veulent se protéger; c’est bien normal. La menace est partout: elle vient des USA, de la télé, de la mondialisation, de l’immigration, et du PLQ, du PQ, de QS, et ce matin, du FLQ.
Allons, gauche, droite, gauche!
Faire des sacrifices pour voir à un monde meilleur?
Depuis maintenant 30 ans que je suis sur le marché du travail, que je paie des impôts, de l’assurance-chômage, du « bien-être » social aussi, de l’assurance-maladie, de l’assurance médicament obligatoire…assurance famille qui s’ajoute, taxes foncières, scolaires, essences…
Depuis maintenant 30 ans que, peu importe le gouvernement, on me dit que je dois faire des sacrifices…et que j’en fais…
Et le monde meilleur n’est pas encore là…
Alors quand on me dit toutes sortes de choses en faveur de la société de demain…j’ai juste envie d’envoyer promener et de crier de me foutre la paix.
Laissez-moi jouer avec mes billes dans ma cour!
La gauche, la droite, le centre, je m’en fiche depuis quelques jours…
La gauche, la droite, le centre… C’est juste les perdants qui sont différents !!!
C’est trop compliqué d’être vrai, alors on utilise le marketing pour nous vendre tout et n’importe quoi.
Me semble que c’est simple, le gouvernement du Québec dépense trop et il doit réduire ses dépenses… Au plus vite !!!
Je propose qu’ils nous disent la vérité… Au lieu de nous dire que tout va bien dans les urgences de nos hôpitaux, que tout va bien avec la dernière réforme de l’éducation, que tout va bien dans notre économie alors que Goodyear et d’autres abandonnent les travailleurs Québecois.
J’ai eu de mauvaises nouvelles de la part du merveilleux gouvernement Charest…
Dans le cadre d’un grand effort de marketing, on tente de nous faire avaler que pilules vont nous coûter plus cher au printemps et par la suite… Pire encore, ce serait pour la survie de l’industrie dit le ministre Couillard.
On nous explique que les médicaments coûtent environ 40% moins cher qu’aux États-Unis et qu’heureusement pour les Québecois, le gouvernement souhaite limiter les augmentations à l’indice du coût de la vie (2%)…
C’est bien beau comme arguments pour nous faire avaler tout ça, mais mon salaire n’augmente pas lui et j’envisage très sérieusement de commencer à manger une fois par jour au lieu de trois, de façon à réussir de peine et de misère à payer mes médicaments une fois par mois… Et je suis très sérieux… J’ai déjà coupé partout dans mon budget pour me payer mes médicaments, depuis que j’ai quitté l’aide sociale, il y approximativement 5 ans…
Les garderies à prix modiques, le service public de santé gratuit et l’éducation gratuite, pour ne nommer que ceux-là, ce sont de bien belles idées mais a-t-on les moyens dans notre société de se les offrir ou plutôt, dans quel état a-t-on les moyens de se les offrir?
On a beau dire que Loto-Québec incite les gens au « gambling », on pourra dire que l’organisation n’a pas « atteint » le peuple à au point de le faire parier sur ses besoins. Après tout, payer un peu toute sa vie pour des programmes sociaux dont on n’aura peut-être besoin vaut parfois mieux que payer beaucoup lorsqu’on en aura besoin.
Le problème avec les programmes sociaux, c’est qu’ils ne tiennent pas compte de la réalité à long terme. Ainsi, ceux qui auront payé un peu toute leur vie pour les programmes sociaux devront peut-être quand même payer beaucoup pour peu de services lorsqu’ils seront plusieurs à en avoir besoin.
Et leu peuple a-t-il vraiment le choix aujourd’hui?
Il y a dans le discours de la droite (pareil à l’autre bout) des avancés qui relèvent du dogme religieux. C’est le cas de la croyance au marché qui est sensé régler tous les problèmes, en oubliant tous les efforts que font bien de grandes entreprises pour manipuler le marché. Pensons aux Enron, Halliburton et cie. Aujourd’hui, ce qui caractérise trop souvent le capitalisme c’est la spéculation qui fait qu’une entreprise ne peut plus se contenter d’être rentable; elle se doit d’être aussi rentable que les plus rentables, ou mourir faute de profits élevés.
La cible privilégiée des lucides c’est le système de santé public que nous n’aurions plus les moyens de nous payer, semble-t-il. Et si l’on renversait la question. Avons-nous les moyens de nous payer un système de santé dans lequel le privé aurait la main haute ? Belle question, non ?
Dans un autre journal de Québec, il y a une chroniqueuse qui se scandalise que, selon ses sources, quelque 40 % de québécois ne paieraient pas d’impôt sur le revenu (trop pauvre) et qui vivraient ainsi au crochet de la société. Elle, qui prétend s’y connaître, ne mentionne pas que l’impôt sur le revenu n’est qu’un élément des sommes que nous versons à l’État. Elle oublie qu’avec la TVQ et la TPS, c’est 14 % de nos revenus qui, au départ, vont au fisc. Et il y a bien d’autres taxes que nous versons aux différents ordres de gouvernement. La droite lucide veut beaucoup de subventions, peu d’impôts et taxes à payer, pas de limite à la hausse des prix et pas d’augmentation du salaire minimum. Ces gens prétendent que plus ils seront riches, plus il y aura du pain sur leurs tables et plus il y aura des miettes qui tomberont sur le plancher au profit de la plèbe, qui pourra ainsi se nourrir à peu de frais.
Riche ou pauvre, chacun essaie de tirer son épingle du jeu. C’est une règle du marché qui n’est jamais mentionnée par les lucides. Enfin, je charrie un peu, mais c’est sans doute l’effet de ne pas être assez lucide.
Un peu comme vous, mon cher Desjardins, j’en ai ras le pompon de ces diatribes inutiles sur la gauche et la droite. Comme tout être normalement constitué, je possède un oeil gauche et un oeil droit. Et les deux me sont fort utiles. Pourquoi devrais-je en sacrifier un? Je n’ai rien d’un cyclope!
S’il y a une chose qui m’exaspère c’est quand on essaie de polariser les choses, quand on veut que tout ne soit que noir ou blanc, quand on ne veut voir que d’un seul oeil à la fois. Quand on ferme un oeil, on perd toute perspective. On ne perçoit plus les distances, on ne saisit qu’une partie de la réalité. C’est dans ce monde de borgne que les idéologues veulent nous faire vivre? Moi, je m’y refuse. Je préfère garder les 2 yeux bien ouverts. Et ça dérange on dirait.
Je ne veux pas m’encarcaner dans un sens unique. Je veux garder ma liberté d’aller du côté qui me plait, quand ça me plait. Quand je me rend compte qu’il ne se passe rien à gauche, je vire de bord. Et s’il n’y a rien là non plus, je retourne encore. Ce louvoiement n’est pas, comme certains le croient, de l’indécision. C’est tout le contraire. C’est une suite initerrompue de décisions, prises au contact du réel et non pas comme le font nos illuminés théoriciens, à la seule lueur de leur bougie éteinte.
Je refuse de m’engager sur un chemin tout en lignes droites où il est impossible de reculer et dont la seule issue est la fuite en avant. Je préfère m’accrocher à des mots qui ont encore du sens pour moi, comme la liberté, la justice, la solidarité et la raison. Et peu importe de quels côtés ils se trouvent.
Quand la gauche fait des conneries, je regarde à droite. Et vice-versa. Je ne serai jamais d’une seule allégeance. Je ne serai jamais l’esclave d’une doctrine, quelle qu’elle soit. On dit qu’au royaume des aveugles, le borgne est roi. Et si je veux pas moi, être un roi borgne? Puis-je garder les 2 yeux grands ouverts? C’est si pratique quand il s’agit d’identifier ceux qui nous veulent du mal…
Je suis allé plus loin que M. Desjardins en allant voir la bande-annonce de L’Illusion Tranquille ainsi qu’en lisant les articles de journaux sur ce documentaire. Je lui donne raison à 100%. Il a fait une critique aveugle, je fais le chien-guide, si on veut.
Que voit-on dans la bande-annonce? Un résumé du film (bien sûr), montrant tous les intervenants. Tout d’abord, ils sont de droite, ça, nous le savons, inutile de s’y attarder. Ensuite, dans une majorité écrasante, ce sont des hommes. Pour faire un parallèle avec le documentaire, la manifestion contre la fermeture de CHOI montrait un détail flagrant : seuls des mâles ont pris le micro sur la scène de l’Agora, dont un certain Réjean Breton. Coïncidence, direz-vous? Et dans le cas de l’affaire Sophie Chiasson, quatre mâles, Fillion en tête, pour une Marie Saint-Laurent, attachée du candidat conservateur lors des dernières élections fédérales.
Seule femme importante au tableau, c’est Mme Marcotte, réalisatrice du film et aussi, ÉPOUSE DE Denis Julien, économiste. Les regroupement féminins, il est vrai, sont pratiquement tous de gauche. Les autres, ce sont des potiches. Donc, nous faisons face à une phallocratie beaucoup plus évidente que la médiocrité de Daniel Lavoie quand il incarnait Félix Leclerc au petit écran.
Enfin, nous savons également que c’est le gendre de Mme Marcotte et M. Julien qui a accepté de produire le film. « Ça reste dans la famille », comme dit la réalisatrice.
Cela soulève une question: l’argent du public, qui paiera aveuglément pour voir L’Illusion Tranquille, où ira-t-il?
À regarder la politique avec l’oeil de celui qui le fait sans états d’âmes, celle-ci apparaît comme étant dictée par une sorte de totalitarisme hors duquel il n’y aurait point de salut, celui de l’extrême centre. Les tenants d’une gauche molle s’y rabatte à chaque fois qu’il est question de mettre un peu de ce qu’ils appellent de la lucidité et ceux de la droite font de même quand il est question de montrer qu’ils sont quand même solidaires de ceux que leur définition de la lucidité amène à vouloir faire casquer du gros de la proportion des impôts. Les premiers se disent que ces tactiques politiques qui les ramènent plus à droite ne seront que temporaires avant de se ramener un peu plus à gauche, soit le temps qu’il faille pour remporter une élection, et les seconds pensent la même chose en se promettant de reprendre en direction de la droite une fois le verdict électoral derrière eux.
Cet affairisme électoral où la mise en marché des idées ne le cèdent en rien aux meilleures tactiques de la publicité marchande n’a rien à voir avec ce qui divise fondamentalement la droite politique de la gauche. Ce jeu des aimants polarisés positivement et négativement et qui s’attirent au centre permet cependant un lent mais réel glissement allant vers la perte des protections du filet social pour de plus en plus de citoyens. Dans mon livre à moi, ceux qui peuvent s’estimer objectivent contents de cette tendance sont bien moins nombreux que ceux qui croient pouvoir en sortir gagnants.
Et diantre ! Pourquoi fustiger le confort ? Si la mise en pratique des politiques de gauche ne finissaient pas trop souvent en mascarade, celui-ci serait la norme et non l’exception.
Hé puis quoi!
Bon! le marketing c’est quelque chose comme trouver la meilleur solution pour vendre un produit. Le marketing triomphe de quoi au juste? Vous connaissez le zapping? Moi je pense que c’est le zapping qui triomphe. Les flashs en continu de la pub, les quelques milliers d’impressions qui frappent ma rétine et de plus en plus tous mes autres sens (il y a des odeurs, du gustatif et du tactile même dans le virtuel) sont aussi zapper en continue par mon esprit afin de sélectionner ce qui me fait le plus plaisir. L’hyperconsommation c’est aussi choisir ses politiques sociales et zapper ce qui est déplaisant. Pourquoi on choisit des politiques sociales démocrates dans notre monde individualiste et hédoniste? Et bien c’est parce que selon nos calculs de jouissance personnel ces politiques sont encore ce qui peut nous procurer les bienfaits de l’éducation et de la santé au moindre coût. Si les lulucides et leur leçon (voyez ici l’intense marketing) ne parviennent pas à leur fin c’est que l’hyperconsommateur n’est pas dépourvu de toute raison et qu’il a encore le choix de les zapper. Même si les lulucides ont raison notre ego va nous dicté la voie la plus facile et espère que ça ne casse pas.
Enfin petite digression vaguement a propos, même si Coca Cola placardait le Sahara de pub, il ne vendrait pas plus de cola à 1$ au miséreux qui peinent une journée pour ce même 1$. Donc le zapping est un phénomène à mon sens des sociétés riches qui ne concerne qu’environ 20% de la population mondiale. Les miséreux ne peuvent pas zapper. Ils n’ont pas de choix à faire, leur dollar quotidien leur dictant de prendre l’essentiel.
Monsieur Desjardins, je vous comprends de ne pas vouloir assister à la projection de ce film. Moi-même, je partage votre point de vue quant aux gens impartiaux (?) qui ne font qu’émettre une opinion dans ce film et ne prônent aucune idéologie, surout pas celle du sacro-saint marché, une force naturelle.
Votre refus de voir ce film ne fera que consolider les opinions de ceux qui ne partagent pas leur point de vue: vous accusez et dénoncez sans savoir ce dont vous parler. Vous ne partez que de vos opinions personnelles, qui sont sûrement biaisées (à leurs yeux).
Le courage de participer à la projection de ce film risque de nous donner des minutions pour mieux déboulonner les statues des tenants du capitalisme sauvage. En ayant vu ce film, en écoutant et entendant leurs arguments, il nous sera alors plus facile de les contredire et de trouver nos bons arguments.
N’oubliez pas, Monsieur Desjardins, que les absents ont toujours tort. Et ils veulent peut-être que nous n’assistions pas à la projection de leur film afin de mieux nous critiquer.
J’ai déjà fait tous mes devoirs de bonne citoyenne.
On m’avait dit d’économiser sur l’huile qui, dans les années ’80, menaçait de rester chez-lui; j’ai baissé mon thermostat à 18 degrés C..
J’ai accepté de payer des impôts pour en faire vivre 1 sur 4 car je sais qu’il y a des gens qui n’ont pas eu la chance que j’ai eue i.e., la capacité physique et mentale d’aller travailler.
Même chose pour les taxes; on a besoin au moins d’un gouvernement pour diriger.
On m’a demandé d’économiser l’eau; je l’ai fait; plus d’arrosage de parterre, j’ai fait attention aux quantités d’eau que j’utilisais pour mes brassées de lavage.
On m’a demandé de ne pas trop allumer les décos dans le temps des fêtes, je l’ai encore fait. Et sachez que je ne l’ai pas fait par choix ni par esprit d’économie car, mes décos par exemple, je les aime mieux allumées.
J’ai fait toutes ces choses vraiment pour le bien de tous.
Les séparatistes que j’ai connus,AUCUN d’eux ne faisait ce qui était demandé. Et quand on leur a fait savoir qu’ils auraient peut-être à se serrer la ceinture, j’en ai entendu râler parce qu’ils en perdraient sur leur petit confort. Bien sûr;on leur avait fait croire qu’ils seraient plus riches du jour au lendemain en leur disant que l’argent du peuple retournerait dans la poche du peuple.. La grosse Vie s’en venait! Le PQ a été au pouvoir. Cela a été le grand réveil brutal! Il fallait attendre le OUI fatal! Le « Ounon » a vaincu; après, le prolétariat est demeuré, car cette réponse-là a mené nulle part!
Quoi que la politique ne soit pas supposée se faire qu’à demi-temps,et quand,à une période de notre vie, on désire ne penser qu’à nous, eh bien oui, ce serait considéré égoïste, mais je vous dis que vous avez bien le droit de faire ce qui vous plaît,surtout si vous avez déjà donné.
On a aussi raison de louvoyer; c’est la marque des esprits ouverts, allumés, intelligents; c’est bien la seule voie à prendre: les politiciens courent dans tous les sens.
Bonjour M. Desjardins,
J’aurais un tas de choses à vous dire concernant votre 1er texte de l’année, mais je ne le ferai pas. Sachez toutefois que j’ai trouvé franchement intéressante votre description de la gauche et de la droite qui louvoient vers le centre.
Mais je m’arrête tout de suite car ça m’obligerait à me retourner encore une fois vers la réflexion des lucides, ce qui ne me tente pas vraiment en ce beau samedi d’hiver. Un autre jour, peut-être. De toute façon, l’occasion se présentera bien de nouveau. Comme me le faisait remarquer un copain au football du R&O l’automne dernier : »C’est étonnant comme le bonhomme Lulu réussit à faire l’actualité de façon si régulière en ne sautillant que sur son unique…idée ! ».
(Je sais, ce n’est pas très charitable de sa part, mais il disait cela sans savoir que d’autres pourraient le lire un jour. »Avoir su ! », me reprocherait-il s’il apprenait. Aussi, comme le mec est plutôt costaud, de grâce ne lui dites rien.)
Toujours est-il que là n’est pas la question pour moi en ce jourd’hui. Ce qui m’intéresse, c’est votre nouvelle présentation.
»Merde ! » me suis-je exclamé en constatant l’absence du titre de votre chronique, »Je viens de perdre mon meilleur ennemi ! ». Puis, sans trop y réfléchir, m’est venue l’idée suivante : le jeune vieillit, faut croire. En tout cas, ça en a toute l’apparence; le petit sourire en coin, provocateur, s’est soudainement effacé par affaissement.
Et puis, c’est quoi ces remerciements bonbons sucrés, sinon un autre signe révélateur ?
Mais peut-être suis-je complètement dans le champ ! En effet, l’âge n’a possiblement rien à y voir. Mais alors, comment expliquer ?
Se pourrait-il que ce ne soit là simplement qu’une nouvelle approche marketing ?
Le documentaire L’illusion tranquille en adoptant une position idéologique unique, celle du néo-libéralisme dont le seul objectif est la globalisation et la mondialisation de l’économie, nous renvoie à une phase avancée du capitalisme : le capitalisme sauvage qui exige la dérèglementation, la libéralisation et la privatisation de l’économie au profit d’une seule classe : celle qui accumule le capital en maîtrisant les lois du marché par l’introduction de plus en plus importante de traités commerciaux favorisant leurs intérêts.
Si 40% de la population ne paie pas d’impôt, il importe aussi de mentionner que 97% de l’économie mondiale est spéculative, ne laissant qu’un maigre 3% d’économie réelle. C’est sur ce maigre 3% que les spéculateurs effectuent leurs ponctions de milliards$ transigés sur produits dérivés, taux de change et autres évasions fiscales. Alors que la fiscalité est l’un des moyens de répartir la richesse, ces financiers réclament une diminution du rôle de l’État, non pas dans le but de soulager la classe moyenne d’un fardeau fiscal qu’ils prétendent trop élevé, mais bien juste suffisamment pour protéger leurs transactions et encaisser leurs subventions.
La phase sauvage du capitalisme entraîne la concentration de la richesse qui contribue à l’augmentation des écarts économiques. Non pas le manque d’initiative des travailleurs. Ni l’action syndicale. Les délocalisations dans des pays hautement militarisés, la destruction de l’environnement ne sont que la pointe de l’iceberg de la main mise par l’entreprise privée sur les services publics qui leur permettra de réinvestir dans l’économie spéculative.
Aucun ministre de l’environnement dans le monde, selon Stéphane Dion, n’aurait pu empêcher les entreprises supranationales de venir en Alberta satisfaire leurs besoins énergétiques au détriment de l’environnement. C’est fatigant de le répéter, mais il faut que ceux qui ont la parole donnent la réplique aux semeurs d’illusions.
Je me fous un peu de savoir si je suis de droite ou de gauche, ou bien si le parti que je vote soit de gauche. Ce qui importe, c’est les engagements qu’ils prennent, c’est pour ça que je vote pour eux. Ce qui est le plus important dans tout ça, c’est que quand un parti politique prend un engagement il a le devoir de le tenir. Et de plus en plus, on s’aperçoit que les promesses électorales sont des foutaises ou bien sont déformées et interprétées de façon à ce qu’ils remplissent les engagements.
En effet, on dirait que depuis quelques années les parties ont tendance à ce centraliser, ils proposent des idées semblables, mais finissent par faire ce qu’ils veulent puisque la population à la mémoire courte.
Je ne t’avais pas lu depuis un bout de temps.
Dans cette chronique choisie (presque) au hasard, je remarque que tu passes 2 paragraphes à te vanter de ne pas avoir vu un film dont tu critiques sévèrement les arguments. Après 2 ou 3 liens pigés à droite et à gauche, t’en arrives à la conclusion que la lâcheté politique et le marketing accablent nos sociétés.
À lire ce raisonnement, je me demande si, au Québec, ce n’est pas aussi la paresse intellectuelle qui contribue à l’encrassement social.
Amicalement,