L’enthousiasme à la limite de la crise d’apoplexie collective entourant le concert de Paul McCartney relèverait de la curiosité ponctuelle s’il ne cachait pas derrière lui un sentiment bien plus profond encore que le simple plaisir de renouer avec une légende de la musique.
En surfant sur les ondes, en parcourant les journaux et en épiant les conversations des gens au lendemain du grand soir, on serait tenté de croire à quelque chose qui s’apparente à de la fierté. Ou à une sorte de soupir de soulagement, un immense «ouf!» que l’on exhale bruyamment, en affichant du même coup un sourire satisfait.
Évidemment, quand on sonde l’âme d’un groupe de gens aussi vaste, le risque est grand de verser dans la généralisation. Alors vivons dangereusement et disons les choses crûment: Québec l’avait minable depuis un long moment. Reléguée aux ligues mineures malgré son statut de capitale, infectée par une colère qui allait sourdre via la popularité d’agitateurs dont on n’a pas fini d’entendre parler, montrée du doigt par la Commission Bouchard-Taylor pour son intolérance, ostracisée pour avoir voté Boucher, ADQ et conservateur, puis gênée par ces fêtes du 400e qui semblaient foncer droit vers un mur. Dire de Québec qu’elle n’était pas à son meilleur relève de l’euphémisme.
Tout le monde n’avait qu’un mot à la bouche: morosité.
Puis soudainement, tout s’aligne.
Accueil dithyrambique pour le Championnat mondial de hockey puis pour Le Moulin à images, succès de foule pour le Festival d’été, le feu d’artifice et le spectacle Rencontres, et voilà même les journalistes de Montréal qui découvrent des vertus urbanistiques à Québec, s’extasiant devant la promenade Samuel-De Champlain, le Nouvo Saint-Roch ou les abords de la Saint-Charles, rêvant d’un facelift semblable pour la métropole.
Québec se sait désormais capable de grandes choses et s’en trouve – au moins momentanément – délivrée du complexe qui l’afflige habituellement. Ne serait-ce que pour cela, elle peut bien soupirer d’aise.
Une sorte de soulagement, vous disais-je. Comme si nous vivions la fin de quelque chose. D’une ère maudite.
Comme si Québec avait enfin retrouvé l’envie de rêver.
PAUL ET LES MÉDIAS – Rien de plus navrant que de voir le piètre travail de certaines télévisions dans la couverture du passage de McCartney à Québec. Sans trop de surprise, la palme de la débilité revient à TVA/LCN, d’abord pour avoir encore posé la question qui tue à l’ex-Beatle: «Are you happy to be in Quebec City?»
Imaginez. On traque la bête, on y passe argent et énergie, on réussit à la dénicher, et sachant qu’on n’aura que quelques secondes, voilà la seule question qu’on parvient à lui soumettre.
Une légende débarque en ville et c’est tout ce que vous avez trouvé? Sérieux?
Je rêve du jour où un artiste, fatigué de la stupidité de certains journalistes intellectuellement paresseux, finira par répondre: «Ben non Ducon, elle suce ta ville.»
Mais le meilleur du pire, c’est encore cette entrevue accordée par McCartney à Denis Lévesque. Un véritable moment de terreur journalistique, le degré zéro de la préparation, l’exemple parfait du journaliste incompétent, qui ne connaît rien de son sujet et qui, en plus d’exposer sa navrante bêtise, ricane comme une groupie avinée.
Heureusement pour Lévesque, McCartney est un parfait gentleman qui a répondu sans broncher. Malheureusement pour nous, ce qui aurait pu se révéler l’occasion d’en savoir un peu plus sur cette icône de la musique s’est avéré la preuve que ce qui compte à télé-PKP, c’est uniquement d’avoir le sujet devant le kodak. Après, les questions que tu poses, c’est juste pour avoir un peu de son à mettre, préférablement synchronisé avec les lèvres qui bougent.
Sinon, qui aurait été assez dingue pour engager Marc-André Coallier pour animer Salut Bonjour Weekend?
NOSTALGIE, ENCORE – Quelques réactions, parfois épidermiques, à mes récentes chroniques portant sur nos accès de nostalgie, que j’ai lues en regardant un vieux James Bond (Au service secret de Sa Majesté, avec le tristounet George Lazenby) et auxquelles je réponds tandis qu’on repasse un épisode tellement usé des Joyeux Naufragés que la bande semble sur le point de s’autodétruire. Une sorte de suicide assisté pour objet culturel en phase terminale.
Des réponses, donc. Surtout aux baby-boomers qui m’accusent de faire leur procès. Ah, les boomers, tellement obsédés par leur génération qu’ils en viennent à vouloir l’exclusivité sur tout. Y compris les reproches. Je répéterai donc encore, à titre d’exemple: même Stone Temple Pilots relève de la nostalgie. Celle de ma génération, de ceux qui étaient des ados ou de jeunes adultes au début des années 90, et qui renouent avec leurs amours de jeunesse comme le font les plus vieux avec Aznavour.
Cela dit, je comprends bien ce désir de regarder dans le rétroviseur qui n’est que trop humain.
Car si le passé n’est jamais parfait, au moins, il est fixé.
C’est une couverture de certitudes dans laquelle on se drape pour faire face à un monde instable, où le futur est trop souvent considéré comme une menace alors qu’il devrait être une promesse.
Après le golf et le départ du seul de mes partenaires qui n’a pas eu peur de l’apparence de pluie, je me suis livré aujourd’hui à une grosse bourrée de perte de temps! Quelle belle journée…
Mon collègue David Desjardins , du Voir Québec, est particulièrement en verve cette semaine… Ou quand
Vous avez sûrement remarqué le regard un peu dédaigneux que Paul portait à M.Lévesque. Il faut croire que Paul n’aime pas ces journalistes qui semblent sortir des années 50 avec leurs lunette carré et leur look bon chic bon genre à la « Bonne semaine ». Rappelez vous il y a quelques années, lors du super bowl, lorsqu’il s’était moqué de la coupe de cheveux style année 50 qu’un des commentateurs sportifs portait avec panache. Vous savez, le genre de coupe « Bart Simpson » tellement ridicule qu’un commentateur de rds porte d’ailleurs ; Style militaire. Paul ne semble pas aimer le conservatisme, même lorsqu’il émane des cheveux.
Je suis entièrement d’accord avec l’article portant sur «Paul et les médias». Quel manque de professionnalisme de la part de ceux-ci. Demander à Paul McCartney s’il est heureux d’être ici, mais quelle question idiote! Et ce Denis Lévesque, il n’arrêtait pas de le toucher et comme vous le disiez si bien il n’arrêtait pas de rire, comme si c’était un vieux pote. Paul McCartney est un Sir, je crois que ces journalistes l’avaient oubliés. Assez pitoyable comme couverture de médias..
Là j`te reconnais. Média aussi semble-t-il.
J’ai même eu un éclat de rire libérateur en lisant « ..elle suce ta ville.» non pour le caractère scatologique du terme, mais par l’image que la remarque m’a induite.
Quant à Denis Lévesque, ça sent le plus bas soumissionnaire à plein nez. Je n’ose m’étendre trop sur le sujet car, devant ce buffet à volonté pour coprophage, j’ai préféré ne pas souffrir la honte qu’infligeait le has been à foyer progressif par une performance hors concours aux olympiques du mauvais goût, toutes catégories confondues.
J’en veux personnellement à Stéphane Bureau depuis qu’il à traversé dans le monde de l’humour. Mais l’idée d’inverser à postériori les rôles me souri. Le seul risque à l’exercice est d’imaginer le défi d’être plus drôle que M. Lévesque pour les humoristes.
Enfin, Québec est belle, plus belle que jamais. Partout où je vais, à chaque activité qu’elle me propose en ce jubilé, je crie mon amour aux touristes par la joie de vivre d’un jeune tourtereau, même si on est un vieux couple. Merci M. Lallier pour la verdure qu’elle porte comme robe de mariée. Merci Mme Boucher pour celle que vous avez portée, après tout, elle a beaucoup fait parlée. Merci M. Labeaume pour tenir haut le flambeau qu’on vous à légué. Merci M. Gélinas pour vous êtes si bien imposé. Merci M. Desjardins pour l’avoir souligné.
Salut M. Desjardins !
Pour ce qui est du succès du 400e, vous l’avez eu en plein dans le mille en ce qui me concerne : ouf !
Quant à la nostalgie, si tant est que ce sentiment est accompagné de mélancolie et de tristesse, alors le terme est cette fois inapproprié.
Est-ce avec tristesse que je me suis déplacé en juin pour Return To Forever, que j’avais eu la chance de voir en 1975 ? Pas du tout. C’est plutôt avec espoir. Celui que ces artistes me fassent vibrer de nouveau, comme ils le font encore lorsque j’enfourche ma bécane et que mes écouteurs me crachent leur génie à tue-tête !
Vous l’aurez compris vu ce qui précède, j’en suis de ces baby boomers. Sans fierté ni honte. C’est juste comme ça. Parmi les derniers zygotes. Ça fait donc de moi un de ces zigotos dont les générations alphabétiques se plaisent à faire et refaire le procès. Grand bien leur fasse !
Mais ne trouvez-vous pas qu’il se dit tellement de sottises à ce sujet qu’il n’est pas étonnant que certains finissent par avoir la mèche courte ?
Mais peu importe.