Même les cheerleaders de la droite le disent maintenant: c’est assez!
Assez de cette suffisance. Assez de cette pontifiante assurance, surtout devant l’instabilité croissante de l’économie américaine, et même mondiale.
Peu à peu, même les partisans les plus féroces de Harper et autres chantres d’un marché qui se régulerait tout seul comme un grand se convertissent à un interventionnisme qu’ils considèrent désormais nécessaire. Comment faire autrement? Surtout lorsque, à quelques kilomètres d’ici, on patche le navire avec des rustines portant le sceau du Trésor national afin d’éviter que le vaisseau ne coule par le fond.
Même les meneuses de claques médiatiques des conservateurs ont cessé d’applaudir depuis quelques jours devant la confiance quasi jovialiste d’un premier ministre qui semble croire que le seul fait d’être canadiens pourra nous préserver de la catastrophe.
On a envie de crier: enfin! Et d’applaudir à notre tour, tiens.
C’est qu’on n’y croyait plus, au réveil des adeptes de la doctrine du jusqu’ici tout va bien, du Québec qui prend des forces, prêts qu’ils semblaient à subir les manouvres électoralistes les plus tordues.
Comme si tous les détournements, demi-vérités et contorsions intellectuelles étaient acceptables.
Parmi ces manouvres douteuses, décriées autant par les partis adverses que par les journalistes: cette politique de campagne voulant qu’on enterre les candidats sous des pierres, espérant gagner l’élection sur le seul terrain des médias nationaux. Et aussi grâce aux quelques resplendissants candidats-vedettes qui bénéficient non seulement du droit de parole, mais aussi de l’incroyable courroie de transmission médiatique que leur offrent quelques porte-voix béats.
Dans le genre, le portrait paru dans le Journal de Québec de Josée Verner qui, la nuit venue, sanglote sur son oreiller, est un véritable morceau d’anthologie. Le human interest au secours du vide intellectuel en une seule leçon.
Plus amusant encore, il y a l’ironie de ce revirement soudain chez les pom-pom girls des bleus.
Les défenseurs du laisser-faire qui réclament une intervention, un changement de plan, une nouvelle approche. La droite économique qui demande à l’État de mettre sa grosse patte dans la caisse commune du jeu de Monopoly. Ceux-là mêmes qui célébraient cette persistance chez Harper à tenir tête aux autres, à suivre la ligne qu’il s’était fixée sans jamais y déroger, mais qui réclament désormais qu’il reconsidère sa position: tout cela a quelque chose d’absolument savoureux.
C’est plus fort que moi. Quand je vois cela, c’est un peu comme quand je regarde George W. Bush se faire dire par ses copains que sa manouvre à 700 milliards est pur scandale, et relève du flirt indécent avec le socialisme.
Impossible, alors, de ne pas laisser échapper ce léger gloussement qui trahit le plaisir des sadiques à voir les autres se pendre avec leur propre corde.
C’EST QUI LE NAÏF? – Je m’en souviens comme si c’était hier. Sommet des Amériques, la première journée, avant le grand bordel. Tout le monde marchait, scandait des slogans. Y’avait des couleurs, de l’animation, et de l’électricité dans l’air. La conviction que quelque chose de gros se tramait, sans qu’on sache exactement quoi.
Et moi? Je marchais avec eux, je prenais des notes, des photos, et je faisais des entrevues.
Je me souviens d’images, mais aussi d’un sentiment qui m’habitera tout au long de l’événement. Une ambiguïté, disons.
D’abord, une sorte d’admiration pour le côté très romantique de la révolte, pour la beauté du geste en même temps que celle de l’idéal d’égalité, de justice sociale. Ensuite, le petit cynisme de celui qui a vu neiger et qui se dit qu’ils sont bien naïfs, ceux-là, qu’ils portent leurs idéaux surannés comme on enfile un t-shirt du Che, et que bon, le marché est désormais une machine parfaitement huilée qu’ils n’arriveront jamais à faire vaciller un peu, même en essayant très fort.
Je veux justement en venir à cette image que je me faisais du marché: insubmersible, qui pourrait se sortir indemne de toutes les crises. Comme s’il m’apparaissait impossible qu’autant de gens soient pris d’une telle cupidité qu’ils en viennent à pousser la poule aux oufs d’or au suicide.
Tout cela pour dire que je lisais encore d’autres nouvelles économiques en fin de semaine quand me sont revenus ces souvenirs du Sommet, instantanément suivis par cette question à moi-même: c’est qui le naïf, maintenant?
J’ai bien ris en lisant l’article….Je vie les contres coups de ce ridicule courant de droite depuis plusieurs années!! Je travaille en milieu manufacturier et je n’ai jamais rien vu de pareille!
Une véritable « secte » de la droite originairement dirigé par Fillion.
Il en résulte des absurdités inimaginables. Par exemple?? Et bien, un courant anti syndicaliste très fort de la par des employés syndiqués et même le président du syndicat!!!!…. Enfin bref, tout ca pour dire qu’on dirait que le Dieu de cette secte « le libre marché à outrance » est bien entrain de partir avec la caisse…Leurs caisses!!! C’est pourtant évident comme Nicolas Sarkozi l’a dit, c’est de la folie…Le libre marché!!! La fameuse pensée magique vient plutòt des Fillions de ce monde….
ah bon.
Je me demandais d’où il venait, ce malin (malsain) plaisir à regarder les autres s’échouer malgré -et par- leurs grands calculs.
Était-je le seul?
Je regardais tous ces experts et analystes qui nous disent continuellement que cette tempête nous concerne tous. Que tous ensemble nous aurions à y faire face. Pourtant…
Peut être que le mieux serait au contraire de lui tourner le dos.
Je n’ai pas de fond de pension, pas de REER, je n’ai pas de portefeuille, aucune action dans quelle compagnie que ce soit et je n’ai pas à courir derrière l’économie comme le renard après un lièvre.
Ce que j’ai, c’est le plaisir de voir le renard tomber dans le même trou que sa proie, trop occupé qu’il était à suivre des yeux sa petite queue touffue.
Il y a probablement de l’inconscience là-dedans.
Mais bon, si jamais la girouette tourne au vent et qu’elle vient soudainement me frapper l’arrière du crâne, il suffira peut-être de rire un bon coup, de mettre un peu de glace, de frotter un peu et de penser à autre chose. Après tout, il y aura toujours pire que moi quelque part, ailleurs.Et moi, je pourrai me foutre de sa gueule.
Sous peine d’avoir l’air naïf…