La moronnerie ambiante
MORONS DE L'ÉDUCATION – Prenons les conséquences d'une politique qui déraille complètement, et ramenons-la à l'échelle microscopique.
La politique en question, c'est l'imposition aux commissions scolaires par le ministère de l'Éducation d'atteindre des cibles de réussite plus élevées. Comme ça, tiens-toi. Sans ajout d'orthopédagogues, sans investissement majeur, rien de concret, sauf un petit coup de cravache: allez hue, forcez-vous le cul!
À la base, donc, rien n'a changé. Les élèves proviennent du même endroit, sont issus du même système, et du jour au lendemain, on demande à leurs profs de faire mieux avec la même chose. Évidemment, ce qui devait arriver arrive: les profs n'y parviennent pas. Et quand on le constate à la direction de l'école, on freake un peu, on suggère sans vraiment le dire d'avoir le crayon rouge un peu plus leste et le cahier d'autocollants avec des tites étoiles qui sentent bon un peu plus généreux.
C'est ainsi, mesdames et messieurs, que les politiques de réussite scolaire du gouvernement tendent à faire de vos enfants d'adorables analphabètes à la fin du cours primaire.
Parce qu'elle est là, la véritable tragédie. Pas dans le maquillage du Ministère et des commissions scolaires, mais dans les vies qu'on risque de bousiller pour des motifs politiques.
Une éducation massacrée en secret, sans que personne ne puisse venir à la rescousse, puisque la réalité est éludée.
Comment les parents peuvent-ils entrer en jeu s'ils ignorent que leur enfant échoue? Comment un prof osera-t-il aller voir des parents pour leur dire: votre fille a la note de passage, mais elle ne comprend rien; je l'ai fait passer pour me conformer aux exigences du Ministère… Bref, vous ne le saurez jamais, mais votre enfant pourrait tout aussi bien avoir trouvé son diplôme dans une boîte de Cracker Jack.
On vise la réussite, mais la réussite pour qui? Et qu'est-ce que la réussite, au juste? Est-ce savoir lire et compter, est-ce obtenir la note de passage?
Les profs qui dénoncent la situation ont raison: la réussite n'est pas un chiffre. J'ajouterais que c'est l'acquisition de connaissances qui sont autant de conditions au bonheur. Des connaissances qui sont les clés d'une existence sur laquelle on détient un minimum de contrôle parce qu'on a en main les outils qui nous permettent d'envisager le monde avec un peu de recul critique.
Je vous parlais des conséquences à l'échelle microscopique: j'entendais par là qu'il faut peser un par un les destins sacrifiés d'enfants qu'on abandonne pour atteindre des objectifs politiques. Des vies qu'on détourne sur la voie de garage pour sauver la face.
Intolérable, dites-vous? J'ajouterais aussi, à l'endroit des autorités concernées, que c'est assez minable aussi.
MORONS BRANCHÉS – Je consultais le très populaire blogue du confrère Lagacé ce matin et j'ai fait l'erreur de laisser glisser mon regard curieux jusqu'aux commentaires en dessous.
Eh misère. Quel cirque. Rarement vu un tel ramassis de bêtises érigées en perles de sagesse, d'insultes gratuites, de chicanes de perron, de faussetés colportées comme d'indiscutables vérités et surtout, de propos d'une telle inutilité qu'on est en droit de sincèrement se questionner sur la pertinence de ce genre d'espace public qui ressemble à une foire d'empoigne pour totons en manque d'attention.
Surtout, ne me dites pas que c'est ça, la merveille d'Internet, la démocratisation des médias et de l'information, je risquerais de me mettre à saigner du nez.
MORON BLEU – Un confrère rapportait que celui qui a organisé la Marche bleue et qui depuis se prend pour celui qui marche sur les eaux aurait affirmé, pour défendre un investissement public d'un demi-milliard dans l'érection du nouvel amphithéâtre, qu'une bibliothèque aussi, ça coûte cher, et ça ne sert à rien.
J'ajourais qu'on n'a pas besoin de livres quand on peut lire les boîtes de céréales.
MORONS DE LA CRAQUE – Ce sont quelques génies du réseau NRJ qui ont eu l'idée avant la Saint-Valentin: organisons un concours de craques! Les auditeurs – mais surtout les auditrices – étaient invités à prendre des photos de leur interstice mammaire, maquillé aux couleurs de la station pour l'occasion, et à les déposer sur le site du réseau.
Ce qui me sidère, ici, ce n'est pas que quelques mongols dans une station de radio puissent avoir eu l'idée. Ce n'est pas non plus qu'avant que quelques blogueurs et journalistes ne s'indignent, personne à la direction n'ait jugé le concours comme étant inapproprié, sinon carrément débile.
Non, ce qui me sidère, c'est la centaine de craques que j'ai pu mater sur le site avant qu'on ne tire la plogue. Ce qui m'horrifie, c'est l'inconscience de toutes ces filles dont on ne pouvait voir les visages, seulement les seins comprimés, offerts à l'objectif, au plus grand bonheur d'un média qui cherchait à faire parler de lui.
Ce n'est pas pire que de montrer mes seins dans une camisole en public, répondront certaines.
Et c'est là que nous glissons tous trop facilement sur la pelure de banane.
Je veux dire par là que la vulgarité n'est pas où vous croyez que je la vois.
Elle n'est pas dans l'exposition de vos boules, mesdames, elle est dans votre désir de remporter un concours. Elle est dans l'instrumentalisation cheap et sans imagination des corps. Elle est dans votre volontarisme à vous montrer pour un peu d'attention.
Je veux dire, jolies petites dindes, qu'on vous utilise et que vous ne vous en rendez même pas compte. Ou alors, c'est pire, vous trouvez ça normal. Et c'est là qu'est toute la vulgarité de la chose: dans ce qu'elle a de banal, d'ordinaire.
Appelons cela la moronnerie ambiante.
Le summum de la moronnerie:
http://www.youtube.com/watch?v=rLMtHw2DZo4
Martin Luther King , Obama, aréna, même combat……
Et oui, NRJ la grande radio avec le duo de p’tits gorilles à grandes gueules qui semblent être les seuls à rire de leurs propres tentavives de gags éculés et cheapos.
Ha! Ha! excellente, la parodie; bravo aux artistes qui y ont pris part. À lire les commentaires, par contre, ont dirait bien que la plupart des internautes qui ont tenu à mettre leur grain de sel n’ont pas saisi l’ironie… Vous avez dit « morons »?
Je vous trouve bien courageux, Monsieur Desjardins, de dénoncer la moronnerie ambiante, dans le seul pays du monde où le mot « intellectuel » est considéré comme une insulte. Pour ma part, à force de manger des claques sur la gueule, j’ai fini par me la fermer… Je dis de moins en moins ce que je pense, et je deviens de plus en plus misanthrope en regardant aller mes compatriotes… À vrai dire, j’ai du mal à comprendre pourquoi j’aime encore tellement le Québec. Par habitude, sans doute. Ou par obstination.
Ou, plus probablement, parce que ça ne semble pas voler beaucoup plus haut ailleurs, tout compte fait…
Assez caustique votre vision. Parlant de vision, le concours de craque c’est de la moronnerie institutionnalisée chez NRJ qui ne cesseront jamais de nous étonner en matière de découverte de l’anatomie féminine.
Et si les filles sont complices, elles vous répondront candidement que de toute façon, les camisoles sont à la mode (depuis presque 10 ans déjà) et que la vie en général est un concours de craque permanent.
Le jour où les augmentations cérébrales seront possibles, il y a ura peut-être des calottes avec des décolletés?
Selon Antoine Robitaille, Mario Roy aurait dit que les bibliothèques n’apportaient rien au trésor public (en tant que revenu). Ce qui me semble plutôt véridique..
Je comprend votre agacement à avoir succombé à la tentation de lire les commentaires à la suite d’un blogue. Je souffre du même mal. Je ne dois pas m’y rendre car j’enrage presque à chaque fois. Surtout un blogue comme celui de Patrick Lagacé où les sentiments extêmes sont souvent exacerbés même si M. Lagacé est lucide et posé.
Cependant, quel défoulement pour moi de lire vos propos sur les stupidités
qui grouillent dans l’actualité. Surtout après avoir entendu le « discours inaugural » de notre cher Jean Charest.
Vous faites le tour de la question : le connaissance c’est la seule véritable liberté. Raison pour laquelle les pouvoirs tendent à former des travailleurs et non des gens instruits, et ce, même dans les universités. En conséquence, on se retrouve avec un tas de filles qui se pensent dignes d’admiration en exposant leur craque de boules sur un site de radio qui fait la piastre facile en y ajoutant des pubs de Bud light. Mais faites attention au ton de vos billets M. Desjardins si vous ne voulez pas vous retrouver avec la clientèle de Lagacé. Le mépris attire le mépris. Monsieur Labaume va le comprendre bientôt, j’espère.
L’argent n’est pas le GROS problème au MELS. Pour y avoir travaillé 35 ans il me semble évident que c’est la bureaucratie étatique qui est déconnectée de la réalité et imbue d’elle -même qui a fait dégénérer l’éducation au Québec.
J’en ai vu des réformes farfelues imposées par des bureaucrates imbus d’eux-même ( peu importe le parti ) et totalement déconnecté de la réalité scolaire. Je les ai vu faire dégringoler l’apprentissage du français. Mon père avec une 4i`me année primaire en 1920 savait mieux écrire le français que les jeunes de secondaire 5 aujourd’hui !!! Mais les bureaucrates ont forcé les profs qui connaissaient leur affaire à faire apprendre la langue au sons et autres fadaises et à baisser d’année en année leurs exigences. J’ai vu des des tonnes de copies de l’examen écrit de secondaire 5 , je sais ce dont je parle, hélas..
Il faut avant qu’il ne soit trop tard , faire comme dans plusieurs pays social-démocrates européens et redonner le contrôle au directeur dans son école et aux profs dans leurs classes, avec contrôle de qualité ( autant du directeur que des profs) évidemment. Fini les absurdités bureaucratiques imposées par le ministère ou les boss syndicaux. Avec les millions économisés en éliminant des bureaucraties, on pourrait aussi mieux payer nos profs.. On ne peut continuer de laisser la bureaucratie étatique détruire notre système d’éducation ainsi, c’est beaucoup trop ESSENTIEL!
Le gros problème, monsieur, c’est que TOUS les ministres du MELS, peu importe le parti, se fient beaucoup trop au bureaucrates et ne descendent pas dans le concert rencontrer ceux qui vivent dans la RÉALITÉ scolaire et non dans les nuages de haute bureaucratie.
Petite anecdote, M.Legault fut le seul Ministre de L’Éducation, dans mes 35 ans de service, qui a pris la peine de venir rencontrer des petits agents de bureaux et au moins leur serrer la main et discuter un peu…même si si ça n’engageait à rien , c’était apprécié.
Équation bien simple………
C’était 80-20 il n’y a pas si longtemps !
Nous en sommes à 95-5.
Les morons gagnent haut la main et de plus en plus. Tant pis !!!
D’accord avec vous Alain Cormier…..
j’ai fini par me la fermer… Je dis de moins en moins ce que je pense, et je deviens de plus en plus misanthrope en regardant aller mes compatriotes…
J’ajouterais que sinon, c’est la folie assurée. Deux semaines ce soir que je suis coupé de bulletins d’infos et des Christiane Charette de ce monde, radio et/ou télé. Je me sens revenir à la vie lentement…..ouf !
Je souhaites vraiment que la réincarnation soit une blague !!
Courage. Nous finirons bien par quitter ce navire de cons.
WOW! Vous voyez M. Desjardins, lorsque vous laissez de côté vos élans lyriques, vous êtes capable d’écrire des chroniques bien structurées et dont le style clair fait passer le message avec limpidité! Je sais, la tentation de faire de la littérature est très puissante, mais seulement quelques surdoués comme Garcia Marquez sont capables de faire de la littérature et du journalisme en même temps. Allez, la semaine prochaine vous avez le droit d’écrire une chronique dans le style hermétique que vous aimez tant. Mais offrez- nous de temps en temps une colonne comme celle de cette semaine.
Ça alors…
Jamais n’aurais-je pensé qu’il serait à ce point édifiant de se pencher un peu sur le cas de la moronnerie! Un mal qui sévit d’ailleurs avec une intensité inquiétante chez plusieurs de nos (soi-disant…) « humoristes ».
Quoiqu’il soit tout aussi désolant – sinon plus encore – de voir des salles pleines de morons qui se bidonnent d’un « humour » d’un niveau quasi-indigne d’une pré-maternelle « allégée »…
Et pendant que nous pateaugeons allégrement dans la nullité, le monde est sur nos talons. Les économies émergentes s’éveillent, s’instruisent et nous sommes là à rigoler comme des ânes…
Un jour pas très lointain, à moins d’un virement de cap majeur et terriblement urgent, nous allons rire de plus en plus jaune.
Ah… moronnerie quand tu nous tiens!
La mode est aux décolletés, et contrairement à vous j’apprécie cette mode. On n’est plus à l’époque pédante de « cachez ce sein que je ne saurais voir.. » Nos maudits hivers nous éloignent de la beauté des femmes au moins 9 mois par année, ce n’est pas assez pour vous?
Les femmes ont le droit de montrer leurs seins, si elles le désirent, ou est le problême ? Ce n’est pas plus ridicule que croire au référendum magique ou que l’économie communiste peut fonctionner ou que les talibans sont des patriotes..etc..
Je trouve un peu suspects les hommes qui se scandalisent devant la nudité des femmes, car c’est ce que tout homme hétéro en bonne santé sexuelle désire. On croirait entendre nos anciens curés qui méprisaient les femmes lascives supposément au nom de la pureté.. . Les sites internet sexuels sont les plus visités au monde, mais quand on questionne les individus ils nient les utiliser…belle hypocrisie.!!
Question de goût, je préfère nos québécoises qui exposent leurs charmes à celles qui veulent cacher la beauté sous des voiles. Mais mes goûts sexuels ne sont peut-être pas assez weird …et trop « populo » ???
@ M. Perrier
Il est bien sûr que les humoristes récupèrent tout ce qui est moron et irrévérencieux et nous font croire que nous sommes le reflet de ce qu’ils disent…
@M.Michaud
Je n’ai absolument rien contre les camisoles, bien que je crois que ça ressemble plus à un sous-vêtement qu’à autre chose et de toute façon la mode c’est l’uniforme…
Ce que je trouve débile, c’est d’installer un climat de compétition dans le contexte de la St-Valentin en rendant le tout quasiment coquet.
@ André Michaud
Votre commentaire m’a fait sourire. Il y a du vrai dans ce que vous dites : notre société est très hypocrite – et quel homme hétéro normalement constitué peut trouver déplaisante la vue d’un joli corps de femme plus ou moins dénudé? Rien de plus naturel que le désir, en effet. Et les femmes ne sont pas tellement différentes des hommes à cet égard : ma fille adolescente devient hystérique à la vue d’une image de Justin Bieber, et se pâme devant les pectoraux de n’importe quel bellâtre américain ayant tenu la vedette dans une quelconque bluette hollywoodienne. Bref, les belles filles et les beaux gars – très jeunes de préférence – ont la cote par les temps qui courent. Et Monsieur et Madame Tout-le-monde ne s’en plaignent pas, tout occupés qu’ils sont à se rincer l’oeil.
Là-dessus, je ne suis pas différent des autres et il m’arrive, moi aussi, de profiter de la gratuité et de l’incroyable disponibilité de la pornographie en ligne. Cependant, je ne peux pas m’empêcher d’éprouver, chaque fois, un sentiment de culpabilité. Ces jolies jeunes femmes qui m’émoustillent en dévoilant leurs charmes, qui sont-elles au juste? Sont-elles bien toutes majeures, au moins? Pourquoi ou pour qui font-elles ça? Quel genre de vie ont-elles? Quel avenir peuvent-elles espérer? Surtout, comment réagirais-je si j’y retrouvais ma propre fille un jour?
(à suivre)
(suite)
Les nouveaux gourous du sexe ne valent pas mieux, à mes yeux, que les anciens gourous du Bon Dieu. Les publicitaires utilisent le sexe – et l’éphèbophilie ambiante – pour nous vendre n’importe quoi et son contraire. Les faiseurs de tendances, décideurs du showbiz et autres concocteurs de modes choisissent les mannequins et les stars uniquement pour leur apparence physique, et les dénudent pour un oui ou pour un non. Et les nouveaux souteneurs du Web font le même métier, en fin de compte, que les plus répugnants des pimps du Centre-sud de Montréal.
Vrai qu’autrefois, les curés fustigeaient la moindre épaule dénudée, le moindre déhanchement vaguement suggestif. L’idéal féminin, c’était la Madone, voilée et pas sexy pour deux sous. Aujourd’hui, l’idéal féminin, c’est la Madonna – jouer les p…, ressembler à une p… et se comporter comme une p…. Il y a eu comme un retour du balancier qui est en train de nous frapper en pleine face.
(à suivre)
Bon lundi David,
Je ne vois rien à redire sur votre texte. C’est malheureusement la vérité.
Mais votre titre inspiré me donne une idée. Pourquoi n’écrivez-vous pas un essai sociologique sur la moronnerie québécoise actuelle dans son ensemble ?
Titre:
L’EFFONDREMENT D’UNE SOCIÉTÉ ET L’IMBÉCILITÉ TRIOMPHANTE
(Essai sur la moronnerie québécoise).
Est-ce que le concours est terminé, j’ai pas eu le temps d’envoyer mes photos?
Concours terminé? Hum… aucune idée…
Mais envoyez toujours vos photos si vous voulez, Mme ou Mlle Jenny!
Nous verrons bien alors…