La démocratie (encore, oui)
Arrêtez une minute, s'il vous plaît. Vous confondez tout.
Surtout démocratie et scoutisme.
La semaine dernière, je me suis fendu d'une chronique sur l'importance de nous extraire du cynisme et de nous réapproprier la politique, mais vous n'en avez retenu que ceci: la démocratie, c'est aussi parfois de ne pas voter.
Et là, vous m'accusez de sombrer dans le même cynisme que celui que je dénonce et me tombez dessus avec des arguments qui débordent de bons sentiments, mais qui font cependant fi d'une chose, la plus importante: la démocratie ne peut pas se résumer qu'à l'exercice de son droit de vote.
Pris tout seul, comme ça, voter, c'est même un peu bête, non? Sans doute parce qu'idéalement, le geste devrait faire partie d'une chorégraphie qui lui donne du sens, d'une manière de vivre. Voter, c'est un peu l'aboutissement de l'exercice de la démocratie. Un exercice qui se pratique au quotidien, qui demande une certaine discipline. Et aussi du courage. Celui de croire, encore, à une idée de progrès. Le courage de continuer malgré la machine à faire de la politique qui, chaque fois qu'elle produit une offensive contre l'adversaire, broie un peu ce qui reste d'idées dans cette souque-à-la-corde entre pouvoir et contre-pouvoir.
Je prétendais la semaine dernière qu'on nous fourre parce que nous le voulons bien. Ce n'est pas une tautologie. Cette notion de consentement, c'est justement ce qui fucke complètement nos démocraties.
Nous avons beau dire, nous pouvons bien aller parader en prétendant le contraire, nous ne voulons pas que les choses changent. Ou enfin, elles peuvent bien changer, dans la mesure où cela n'affectera pas notre quotidien, nos habitudes et l'assouvissement de nos désirs comme mode de vie. Notre désintéressement vient de cet accord tacite passé entre les politiciens et la population: nous continuerons de ne pas trop nous mêler de vos affaires, disons-nous, en échange de quoi, arrangez-vous pour que notre confort demeure inchangé.
Je répète, donc: la seule manière de nous extraire du cynisme, c'est de refuser la bullshit. Et comment fait-on? En faisant de la démocratie cet acte quotidien que j'évoque plus haut.
Pour cela, il faut accepter de vivre avec la possibilité de l'inconfort. Avec le goût du risque: celui d'arriver à mieux, à une société plus juste, et aussi mieux administrée, quitte à faire s'écrouler quelques temples.
Y compris ceux dans lesquels nous trouvons refuge.
Pour vivre cette démocratie au quotidien, il faut consentir à mettre certaines de ses convictions à l'épreuve. Il faut se faire un devoir de s'informer, de participer au débat, il faut admettre qu'on puisse se tromper, se donner le droit de changer d'idée et prendre la responsabilité de fouiller les enjeux qui nous concernent.
Vous l'aurez compris, l'exercice en est un de discipline et d'humilité.
Refuser la bullshit, c'est renoncer à la facilité. C'est entrer dans le monde des idées, avec ce que cela comprend de complexité et de temps investi.
Pris tout seul, voter, c'est un peu bête, disais-je? Mais c'est surtout commode. C'est la démocratie au rabais, bing bang, le citoyen a parlé.
Mais sait-il seulement ce qu'il a dit? Et pourquoi?
Ne pas voter en tant que citoyen informé, et donc en connaissance de cause, en sachant ce que l'on fait, en considérant son geste comme une forme de protestation épisodique, c'est aussi ça, la démocratie.
Ne pas voter par paresse ou par refus systématique de tout ce que la politique a à offrir, c'est encore la démocratie. Même si c'est vrai, c'est un peu toton.
Mais ça ne peut pas être pire que de voter pour André Arthur.
C'EST TOUT CE QUE JE VOULAIS SAVOIR – Si je vais voter, cette fois-ci?
You bet! Mais par anticipation. La première semaine de mai, je serai parti loin, loin, loin d'ici… Pour aboutir en Catalogne, région d'Espagne consumée par une psychose identitaire et politique semblable à celle du Québec.
Je vais voter, donc, même si ça devient un peu exaspérant, à la longue, de voter stratégique, de toujours voter contre. C'est simple: soit je ne me retrouve pas dans les idées d'un parti, soit ses représentants me tombent royalement sur les nerfs avec leurs airs de vendeurs de marché aux puces.
Ce sera donc ABC, comme ils disent dans les Maritimes: anything but Conservative.
Qui a le plus de chances de planter la fantomatique Sylvie Boucher dans mon comté?
Probablement Michel Létourneau, du Bloc, que j'aime bien et dont j'apprécie généralement les manières, puisque je l'ai côtoyé à quelques reprises. Au pire, s'il ne fait pas la job, contrairement à mon actuelle députée, lui au moins, je saurai où le trouver.
Mais bon, je me doute que financement du Colisée ou pas, vous allez encore voter conservateur dans le coin, non?
Alors expliquez-moi un truc, s'il vous plaît. Comment faites-vous pour voter pour un parti qui s'est prétendu transparent et qui s'est révélé d'une troublante opacité?
Oubliez les idées et l'économie deux secondes. Oubliez vos fantasmes d'un État qui vous laisserait disposer de tout votre fric, et dites-moi comment vous pouvez accepter que ceux qui se présentent comme les grands défenseurs de la liberté fassent systématiquement obstruction à la presse, qu'ils dissimulent de l'information au public et aux autres partis et qu'ils aient ainsi – et d'autres manières encore plus odieuses – réussi à rivaliser d'arrogance avec les libéraux des années Chrétien?
À moins que tout cela vous semble accessoire… C'est bien cela, non? Vous êtes prêts à renoncer à l'intégrité du gouvernement et aux plus élémentaires bases de la démocratie en échange de quelques sous de plus dans vos poches?
C'est tout ce que je voulais savoir. Merci.
Personnellement, pour la première fois, ce ne sera pas par conviction que je vais vouter, ce sera ABB: « Anything But Bloc ». Je commence à en avoir assez d’un parti qui met tous ses adversaires dans le même panier, celui des menteurs, tout en essayant pathétiquement de faire croire qu’il a le pouvoir de proposer des choses (ce qui n’a pas) et qui n’a même pas la franchise de mettre en avant-plan son principe souverainiste par pure lâcheté et opportunisme électorale.
Le bloc dans son ensemble n’est pas mieux qu’André Arthur.
M. Desjardins, là, je vous rejoins totalement ! Seulement une petite chose, par-contre. Jusqu’à, disons, l’arrivée de l’ADQ, supportée par les populaires radios qu’on connaît et reconnaît bien maintenant, je pensais que la Ville de Québec était le dernier bastion en Amérique d’une pensée libre qui s’exprime à travers une société distincte privilégiant l’éducation, les arts et la culture (bla bla bla). Foutaise ! Pardonnez ma naïveté qui ne cesse de s’incliner chaque jour que je mets le nez dans les médias régionaux. Cette paix apparente, ce bon vivre régional n’est pas le résultat d’une société évoluée dévouée au développement de ses citoyens, non, mais plutôt de ce que M. Arcand appellerait, le confort et l’indifférence. Une majorité bien assommée qui laisse bêtise et ignorance occuper toute la place. Je sais que c’est un cliché, mais on a les politiciens qu’on mérite.
Le problême avec la belle théorie du droit à ne pas voter c’est que ça ne touchera jamais les électeurs d’André Arthur et de Harper. Résultat: la gauche reste chez elle à se gargariser de leur droit de ne pas voter et on se ramasse avec un beau joli gouvernement de c… , pardon, de droite. Et laissez-mois vous dire qu’il ne sera pas de droite rien qu’à peu près…
C’est exactement ce qu’ils veulent. Eux, la gang à Arhtur et à Harper, ils vont aller voter, vous pouvez être certains!
Décidez.
Suzanne Labonté
Lévis
J’ai bien aimé le début du texte mais ensuite ça tombait dans la partisanerie. Je ne vois pas en quoi Arthur est pire que les autres et c’est quoi cette manie de faire la morale à ceux qui ne votent pas comme on voudrait, faut en revenir. Chaque parti à ses défauts, de là à dramatiser, on tombe dans la manipulation, on joue avec les sentiments.
Pour ceux qui paranoïent sur la droite, comment cela se fait-il que vous n’en faites pas autant avec les partis nationalistes québécois? En plus que ce ne sont pas des élections municipales, ni provinciales, mais fédérales. Pi faut en revenir des élections, durant tout le mandats on nous emmerde avec des discours partisans, alors que les élections ne sont que la porte et non la maison de la démocratie.
Et au dernière nouvelles, les totons qui ont braillé pour leur poches, ont été les artistes qui ne pognent pas et qui demandent aux autres de travailler pour eux (esclavagisme); malgré tout, ils ont eu 3 milliards du fédéral pour amuser les gens!!
Je ne suis jamais en désaccord avec toi, David, mais là, si… Ne pas voter n’est pas une forme de protestation, c’est un acte d’auto-censure, c’est s’imposer le silence, retirer sa propre voix du débat… En principe, c’est un acte de protestation, je le concède, mais en pratique ça ne l’est pas parce que (quoi qu’en pensent les «zanarchisses») c’est impossible de se retirer de la société, de vivre en dehors de celle-ci, même si on en rejète tous les principes, règles et limites. Ce que je comprends de ton argumentaire, je l’exprimerais autrement: chaque droit s’accompagne nécessairement d’une responsabilité et le problème c’est que la majorité des gens qui votent ne savent pas quelle est leur responsabilité en tant que membre d’une société démocratique. On pourrait même voir le problème d’un autre point de vue: inversons ici le concept de ce qui est un droit et ce qui est une responsabilité (c’est la beauté de la chose!)… Et si, en démocratie, la responsabilité était d’aller voter et le droit, lui, celui de jouir d’une société comme la nôtre, si imparfaite et en constante redéfinition soit-elle?
Je ne m’attendais pas à ça : les Québécois les plus pures laines vont voter Conservateur ???? Même avec tout ce qu’on sait de son chef ? Il y a encore quelques mois, j’enviais ceux qui demeuraient dans la ville de Québec en me disant que les citoyens avaient cette chance inouïe d’être solidaires dans leur vote pour la démocratie. Mais non ! Ils préfèrent les valeurs conservatrices. J’ai honte pour eux. Je ne vois que de l’opportunisme à cette adhésion à un parti dont le chef manque dramatiquement de transparence, d’honnêteté intellectuelle. Mais qu’ils ne viennent jamais brailler si ce parti devient majoritaire. Il sera alors trop tard pour réfléchir aux conséquences de leur choix.
Bonjour,
Lors des dernières élections fédérales, il était possible de se procurer des autocollants « Je suis fier de ne pas voter Conservateurs » auprès de certains organismes du milieu communautaire de Québec.
Peut-on s’en procurer de nouveau, et si oui, à quels endroits? Merci à l’avance pour votre réponse!
À chaque semaine l’aveu innocent du Journal Voir m’étonne: « nous sommes un organe du PQ », qu’ils disent… Josée Legault n’est pas une journaliste politique, elle est une « prosélytiste » péquiste. J’ai rien contre le PQ, mais il me semble que si les deux seuls chroniqueurs d’opinion d’un journal ont exactement la même tendance politique, l’impartialité prend un coup. Le Soleil ou la Presse on une tendance particulière mais à l’intérieur on est encore capable de trouver des opinions diverses. Le lecteur qui cherche des idées pour une sortie à Québec, ouvre le Journal Voir (le journal culturel le plus lu à Québec) et il trouve des bonnes idées mais aussi des opinions biaisées (un partisan, par définition ne peut pas être objectif). Le rédacteur en chef parle des bienfaits de la démocratie en même temps qu’il accuse ceux qui vont voter conservateur de « vendre pour quelques sous …. les plus élémentaires bases de la démocratie ». À croire que Harper se rase chaque matin une petite moustache qui pousse la nuit et qu’il salue sa femme avec un Heil! vigoureux. M. Desjardins pourra dire qu’il ne doit pas être objectif car par définition il écrit une chronique d’opinion. Mais je lui dirais qu’en regardant la vie avec des œillères, on perd la perspective et notre champ de vision se réduit.
1- Vote électoral et référendaire obligatoire avec amende à la clé pour les tire-au-flanc..
2- Vote blanc permis.
3- Abaisser l’âge de voter à 16 ans. (no taxation without representation)
4- Financement des partis par l’État seulement.
5 – Adoption du système électoral majoritaire à deux tours.