Prière de ne pas déranger
Je disais que j'étais fatigué d'entendre parler d'indépendance, de souveraineté? Peut-être pas tant que ça, au fond.
Deux semaines depuis que j'ai écrit cette chronique en forme d'aveu, une chronique qui disait que le projet ne me parle plus guère, que ceux qui le tiennent à bout de bras m'ennuient, même. Deux semaines pendant lesquelles j'ai reçu un abondant courrier, provenant en partie des auteurs du livre J'aurais voté oui mais j'étais trop petit, que j'avouais ne pas avoir lu, pour cause de rupture de stock de mon envie d'ergoter à ce sujet.
Savez-vous quoi? Je suis sorti des limbes: c'est encore un sujet passionnant.
Sauf qu'on n'est pas sortis du bois.
Par là, j'entends que les arguments qu'on oppose à ma grosse fatigue sont intelligents, détaillés, valables, et qu'en apparence, ils ne sont pas émotifs. Le problème, c'est qu'ils sont en décalage avec la réalité que je vois, que je sens, que j'entends.
Tenez: quand deux des auteurs du livre me disent que de refuser le Québec souverain, c'est d'accepter ce que nous impose le Canada, ça se tient. À la limite, c'est vrai, on le fait passivement, sans taper des mains ni hurler "car ton bras sait porter l'épée" avant le match de hockey.
Refuser une chose, c'est en accepter une autre. D'accord.
Quand ces auteurs et indépendantistes convaincus me font ensuite le portrait de ce Canada, ça semble aussi plein de bon sens. Je veux dire que si on réduit un pays à certaines positions politiques et à quelques sondages, ils ont bien raison.
En vrac, ils me citent l'achat d'avions de chasse F-35, les positions néoconservatrices du gouvernement et les amis de Jésus dont il est composé. Ils ajoutent à cela le rejet de la culture, le conflit afghan et encore d'autres politiques qui ne refléteraient pas, selon eux, les valeurs d'une majorité de Québécois.
Petite question, comme ça, qui montre que je décroche un brin ici: quand vous dites majorité, on parle de quoi au juste? De 10% de différence avec le Canada anglais? Parce que c'est généralement la mesure du désaccord qui nous désunit. Un gros 10%. Parfois 20% dans les cas extrêmes.
Tout ça pour dire qu'il y a tout plein de gens en Ontario, en Colombie-Britannique, au Nouveau-Brunswick, à Terre-Neuve et même au Manitoba ou en Alberta qui partagent ces valeurs, valeurs qui sont aussi celles, selon vous, d'une majorité de Québécois.
Mais qui ne sont pas celles de tous les Québécois non plus. On s'entend?
Je vous signale du même souffle que les Américains ont voté pour Obama après deux mandats de Bush, que les Français ont voté Sarko et qu'ils vont maintenant voter socialiste, pour DSK lorsqu'on l'aura blanchi. Et aussi que ces mêmes franchous votent à 20% pour les fachos du Front national. Tant qu'à faire, rappelons qu'au Québec, on n'aura jamais autant aimé nos premiers ministres canadiens que lorsqu'ils sont québécois et qu'ils méprisent le Québec.
Bref, nous ne sommes pas l'exception que vous croyez. Le Québécois est lui aussi schizo, il connaît les mêmes tentations de la droite, la même culpabilité de la gauche: tout cela dans la mesure où son quotidien demeure inchangé. Il est aussi obsédé par l'économie sans rien y comprendre, et il se contrecrisse souverainement de son prochain, même s'il aime bien se faire croire l'inverse. Et suffit d'une commission Bouchard-Taylor pour qu'il nous montre à répétition le visage de sa bigoterie tandis qu'il se prétend ouvert.
Le Québec dont vous parlez, le Québec comme exception canadienne dans autre chose que sa langue et sa culture, tout cela relève bien plus du fantasme que de la réalité.
Ce que je vous disais il y a deux semaines, c'est cela. Et que je ne crois plus au rêve parce qu'il me semble que le Québec ne veut plus rêver.
À la place, il fantasme lui aussi. Ce qui n'est pas du tout la même chose. Et parmi les envies qui meublent son quotidien, il en partage une vaste majorité avec le reste de l'Occident.
Nous voulons être aimés, ne pas trop souffrir. Tout le monde veut du bonheur sans trop savoir ce que c'est ni où le trouver. En fait, depuis que Dieu est mort et qu'il a été remplacé par la porno sur Internet et la laveuse à chargement frontal, le bonheur consiste surtout à ne pas mourir d'ennui.
Ceux qui m'ont écrit sont animés par un espoir qui ne subsiste chez moi qu'alternativement, comme le courant. Positif, négatif. Positif, négatif.
Mais je refuse de me mentir, de vivre en décalage avec le réel. Le Québec que je vois à la télé, que je lis dans les journaux, que j'entends à la radio et que je côtoie au quotidien ne semble porté par rien. Surtout pas par la question nationale. Je ne sens pas son envie d'autre chose que ce qu'il a. Et ce n'est même pas parce qu'il s'est soudainement mis à triper sur le Canada, mais parce qu'il s'est mis à s'en contrecrisser souverainement.
Je le sens fâché de ceux qui détiennent le pouvoir, des cahots du système, mais à la fois content. Satisfait de ce monde un peu terne, d'une société qui fabrique des payeurs de taxes plutôt que des citoyens. Pas révolté pour deux cennes par des écoles dont émane une majorité d'analphabètes fonctionnels incapables de résumer un article de journal.
Et surtout, il baigne volontairement dans une ignorance bienheureuse. Pas de guerre, pas de crise, pas de houle. Le ciel est bleu, la mer est calme… Vous connaissez le reste de la chanson.
Le Québec est si confortable qu'il dort debout.
Ou est-ce à genoux? Peu importe. Il ne veut surtout pas qu'on vienne le réveiller.
Monsieur Desjardins.
Il m’est arrivé à l’occasion de vous mépriser, voir de détester un certain snobisme dans votre prose. Je me rappelle encore, il y a de cela quelques années, un courriel, que je ne regrette pas d’ailleurs, que je vous ai jadis envoyé à propos d’un lichage en profondeur que vous aviez fait à feu Nelly Arcand pour son dernier livre. Je n’avais pas été très poli, vous reprochant de ne pas écrire avec vos tripes avec votre talent (parce que vous en avez solide).
Mais, je dois aussi être honnête, il m’est arrivé rarement, pour ne pas dire jamais, d’être renversé à ce point par la capacité d’un chroniqueur, écrivain, rédacteur ou journaliste à écrire un texte aussi à l’extrême opposé de ce que j’ai lu jadis…rarement, oui, ai-je lu quelque chose d’aussi lucide, juste, clair et présent sur le Québec actuel. Franchement, ce texte, comme celui d’il y a deux semaines, je l’ai lu, lu et relu, amusé et en même temps renversé par la justesse des mots et découragé et cynique de ses constats. Vous êtes dangereusement passionnant à lire ces temps-ci. Pire encore, je me sens obligé, sans de vous recommander…sincèrement.
Au déplaisir comme vous m’avez déjà dit et continuez de me faire réagir.
Sans rancunes citoyen d’une ville qui me manque.
Yannick Cormier
Montréal
Il y a eu au Québec pendant longtemps la foi catholique pour créer des illusions. Puis dans les années 70 les églises se vident à tout jamais, la foi catho est tombée. Combien de curés nous ont dit que de cesser de croire allait nous conduire à la déchéance morale et bla bla bla..???
Certains ont remplacé cette foi par une autre religion ou secte, ou les extra-terrestres…
Pour d’aucun la foi catho fut remplacée par la foi au marxisme, le grand soir ou parce que l’état deviendrait communiste il n’y aurait plus d’injustices et bla bla bla.. Mais l’économie communiste fut un DÉSASTRE partout et les dirigeants communistes aussi corrompus et aussi plus sanguinaires..
Beaucoup au Québec se sont aussi tourné vers l’illusion du « grand soir national » ou par un référendum magique tous deviendraient plus riches, plus verts, les étudiants étudieraient assidument le français et bla bla bla
Certains croient encore à la fois à l’illusion marxiste et en plus à celle du référendum magique..mais ils se font de plus en plus rares…
Les curés de ces « religions » marxistes ou indépendantistes , comme les ex curé catho, viendront déplorer cette perte de foi dans la « pensée magique » que soutend leur idéologie..
Mais ,comme disait ce grand sage que fut Krishnamurti, le monde a plus besoin de cesser de croire que de croire, car la croyance est toujours opposée à la RÉALITÉ.
Vivre et agir dans le présent sans attendre un « monde idéalisé » pour être heureux. Un soir d’été à bouffer sur le patio avec une bonne bouteille et en bonne compagnie, le bonheur c’est aussi cela.
Et n’oublions pas qu’au niveau de l’univers nous sommes des animaux très éphémères..et plus que microscopiques…et Dieu ne nous a pas créé à sa ressemblance, mais c’est nous qui créons les dieux et ces illusions très prétentieuses qui proviennent d’une surévaluation de la race humaine.
J’aime bien votre titre, en référence à Gilles Valliquette. Dans votre contexte, il équivaut au « Confort et l’indifférence » d’Arcand ou du « Et ventre plein n’a pas de rage» de Félix.
Je comprends si bien votre état d’âme en vous lisant car je suis un indépendantiste tiraillé entre le désir de voir un pays naître et la colère ravalée de partager la culture d’une collectivité indifférente à son avenir.
J’aurais pu, en d’autres époques, m’indigner devant votre constat peu flatteur de notre apathie collective. Mais je doute aussi beaucoup du comportement de mes concitoyens ces derniers temps.
Nous sommes de toute évidence Américains (ce qui n’est pas plus mal mais il faut digérer le constat). Il ne reste plus qu’à se fondre dans le grand tout anglophone pour concrétiser la transaction.
Aujourd’hui, j’ai écrit à un ami wallon, peuple qui vit un peu le même problème que les Québécois: « Quand il y a deux langues, il y a deux pays, point final. On devra me laver le cerveau pour me convaincre du contraire. »
Je ne me sens pas fier de voir la nation québécoise créolisée, raillée par un Libanais francophone comme Wajdi Mouawad (selon un article récent de Patrick Lagacé : http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/patrick-lagace/201107/05/01-4415033-le-quebec-selon-wajdi-mouawad.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_patrick-lagace_3269_section_POS1
), de la majorité anglophone majoritairement condescendante envers toutes les cultures qu’elle n’arrive pas à assimiler (en particulier les francophones d’ici et les Amérindiens) et ignoré de tous les étrangers qui viennent s’établir à Montréal en anglais en se contre-crissant de la langue de la majorité parce que, c’est vrai, elle les entrave plus qu’elle ne les aide.
En conclusion, espérer « son » pays ce n’est pas croire, c’est être lucide, pour employer un mot galvaudé. C’est avoir le goût d’exister. Le Québécois moyen sait-il qu’il pourrait exister autrement qu‘à la remorque d‘un autre peuple ?
J’aime bien votre titre, en référence à Gilles Valliquette. Dans votre contexte, il équivaut au « Confort et l’indifférence » d’Arcand ou du « Et ventre plein n’a pas de rage» de Félix.
Je comprends si bien votre état d’âme en vous lisant car je suis un indépendantiste tiraillé entre le désir de voir un pays naître et la colère ravalée de partager la culture d’une collectivité indifférente à son avenir.
J’aurais pu, en d’autres époques, m’indigner devant votre constat peu flatteur de notre apathie collective. Mais je doute aussi beaucoup du comportement de mes concitoyens ces derniers temps.
Nous sommes de toute évidence Américains (ce qui n’est pas plus mal mais il faut digérer le constat). Il ne reste plus qu’à se fondre dans le grand tout anglophone pour concrétiser la transaction.
Aujourd’hui, j’ai écrit à un ami wallon, peuple qui vit un peu le même problème que les Québécois: « Quand il y a deux langues, il y a deux pays, point final. On devra me laver le cerveau pour me convaincre du contraire. »
Je ne me sens pas fier de voir la nation québécoise créolisée, raillée par un Libanais francophone comme Wajdi Mouawad (selon un article récent de Patrick Lagacé : http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/patrick-lagace/201107/05/01-4415033-le-quebec-selon-wajdi-mouawad.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_patrick-lagace_3269_section_POS1
), de la majorité anglophone majoritairement condescendante envers toutes les cultures qu’elle n’arrive pas à assimiler (en particulier les francophones d’ici et les Amérindiens) et ignoré de tous les étrangers qui viennent s’établir à Montréal en anglais en se contre-crissant de la langue de la majorité parce que, c’est vrai, elle les entrave plus qu’elle ne les aide.
En conclusion, espérer « son » pays ce n’est pas croire, c’est être lucide, pour employer un mot galvaudé. C’est avoir le goût d’exister. Le Québécois moyen sait-il qu’il pourrait exister autrement qu‘à la remorque d‘un autre peuple ?
J’aime bien votre titre, en référence à Gilles Valliquette. Dans votre contexte, il équivaut au « Confort et l’indifférence » d’Arcand ou du « Et ventre plein n’a pas de rage» de Félix.
Je comprends si bien votre état d’âme en vous lisant car je suis un indépendantiste tiraillé entre le désir de voir un pays naître et la colère ravalée de partager la culture d’une collectivité indifférente à son avenir.
J’aurais pu, en d’autres époques, m’indigner devant votre constat peu flatteur de notre apathie collective. Mais je doute aussi beaucoup du comportement de mes concitoyens ces derniers temps.
Nous sommes de toute évidence Américains (ce qui n’est pas plus mal mais il faut digérer le constat). Il ne reste plus qu’à se fondre dans le grand tout anglophone pour concrétiser la transaction.
Aujourd’hui, j’ai écrit à un ami wallon, peuple qui vit un peu le même problème que les Québécois: « Quand il y a deux langues, il y a deux pays, point final. On devra me laver le cerveau pour me convaincre du contraire. »
Je ne me sens pas fier de voir la nation québécoise créolisée, raillée par un Libanais francophone comme Wajdi Mouawad (selon un article récent de Patrick Lagacé : http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/patrick-lagace/201107/05/01-4415033-le-quebec-selon-wajdi-mouawad.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_patrick-lagace_3269_section_POS1
), de la majorité anglophone majoritairement condescendante envers toutes les cultures qu’elle n’arrive pas à assimiler (en particulier les francophones d’ici et les Amérindiens) et ignoré de tous les étrangers qui viennent s’établir à Montréal en anglais en se contre-crissant de la langue de la majorité parce que, c’est vrai, elle les entrave plus qu’elle ne les aide.
En conclusion, espérer « son » pays ce n’est pas croire, c’est être lucide, pour employer un mot galvaudé. C’est avoir le goût d’exister. Le Québécois moyen sait-il qu’il pourrait exister autrement qu‘à la remorque d‘un autre peuple ?
Désolé pour les 3 commentaires identiques, j’ai « bégayé » à mon insu en tentant de soumettre mon texte!
« En fait, depuis que Dieu est mort et qu’il a été remplacé par la porno sur Internet et la laveuse à chargement frontal, le bonheur consiste surtout à ne pas mourir d’ennui. »
Ce que la vie déteste le plus au monde c’est la mort. Mais nous passons beaucoup de temps à la sustenter, la narguer, la contempler sous son visage de veuve inconsolable. Tout ça pour éveiller les pulsions de vie qui sommeillent en nous. Il n’y pas qu’en bungee, en delta plane ou en parachute qu’on peut approcher la mort. L’ennui, la faiblesse des passions, le confort et l’indifférence sont autant de moyens de glisser dans les abysses mortuaires de la vie. Les Anglais de Lord Durham nous voyaient déjà disparus sous la fatuité Britannique «… ils (les canadiens-français) demeurèrent sous les mêmes institutions le même peuple ignare, apathique et rétrograde. » Eh oui, nous avions le nez collé contre celui de la camarde. Qui l’aurait pensé à nous voir aujourd’hui !
Mais, oui, notre état apathique nous parle une fois de plus de notre mort imminente! Défilent alors les ducs et les duchesses et, volontaire, la plèbe s’incline. « Y a que le bois mort qui suit le courant .»
Re-bonjour monsieur Desjardins,
ça vient d’où, ça, ce 10%-là?
Ce n’est pas une question rhétorique.
Ça vient d’où?
À peu près 80% des Québécois ont voté contre Harper.
À peu près 50% des Canadiens du ROC ont voté contre lui.
Regardez donc vite vite cette jolie boussole électorale de Radio-Can ( http://www.boussoleelectorale.ca/ ) qui montre, pour au moins la moitié des sujets traités et parmi les plus importants, ce qui nous distingue du ROC.
Parfois plus à gauche, parfois plus à droite – ben oui, des penchants de droite, parfois! Ça va tu être une autre raison de dire : « Ah, le Québec est laitte autant que l’Occident peut l’être avec, en plus, quelques petites idiosyncrasies qui sont parfois de mauvais goût, alors je préfère que ce Québec continue de ne pas pouvoir s’exprimer politiquement dans sa totalité. J’aime qu’il soit muet de même, c’est mieux, il pourrait dire des conneries. » Pendant ce temps, le vote des autres s’exprime à notre place. Je ne vois pas quel confort vous trouvez là-dedans. (Ma petite idée, c’est que c’est votre cynisme qui vous conforte. Cette sorte de cynisme désinvolte est tellement à la mode! Moi, d’ici qu’on passe à autre chose, je fais mon chemin à part; je trouve cette mode trop triste, trop désolante, trop laitte.)
Cordialement,
Catherine
Autrement dit M Desjardins, vous aligner vos positions avec ce que vous croyez la norme? Dois-je vous aviser que cette tâche n’est pas nécessairement celle de tout chroniqueur, il y en a des originaux.
Et de toute façon, les québécois sont tannées d’entendre parler d’indépendance vous pensez? Je n’en suis pas si certain, ils sont peut-être plus écœurés de la politique que l’on nous sert en général, et n’expriment face à cela qu’un désintérêt dégoulinant.
On ne leur aurait pas un peu nourris la tête d’idées noires au nom de la sacro-sainte économie, du néolibéralisme et de leurs ennemis souverainistes, socio-démocrates et ceux de la gauche-à-abattre?
Ne pensez-vous pas qu’il y a eu des temps plus difficiles qui ont vu l’idée de l’indépendance reculer en masse chercher son souffle? Vous lâchez vite je trouve.
Qu’elle est la durée d’une idée comme celle de l’indépendance? Celle de la liberté? Celle d’une justice? Celle d’une survie? Celle de la vie vivante? Je crois bien que chez ceux qui se nourrissent d’espoir vif et clair, ce soit l’équivalent de la durée de vie d’une ancienne étoile qui brille encore au loin; c’est à dire, l’éternité. Et lorsque vous ne nous distinguerez plus cette belle idée d’indépendance et de liberté dans votre ciel sociétal où vous vouliez nous voir briller, venez me voir, on verra si tout ce qui n’est pas observé de loin existe encore. Pour l’instant, faudrait juste voir que c’est le ciel qui est rempli de nuages.
Merci d’écrire et de penser avec cette manière si juste. Je ne dis pas lucide, parce qu’il commence à être un peu galvaudé. Un de vos textes que j’ai le plus apprécié. Merci encore.
Je suis d’accord avec Sébastien B.Gagnon et Catherine. Si les gens qui ont une tribune, une portée, une page dans un journal, s’allie à la tendance ambiante, à l’atmosphère médiatique et ne vont pas à contre-courant, ne tente pas de nous inspirer, nous éveiller et se conforte dans notre insécurité et notre impuissance sans jamais donner un autre angle à notre vie en société, à quoi bon écrire et être lu ?!
Le seul fait que le livre » J’aurais voté oui mais j’étais trop petit » et que vous en parliez, et que cela vous à toucher, prouve hors de tout doute que l’idée de l’indépendance, et cette idée d’améliorer le sort du Québec, est loin d’être morte et enterrée.
Il n’est pas mon rôle en tant que lecteur de redonner espoir au rédacteur, mais je vous souhaite de sortir de votre cynisme. Un peuple qui pense à lui et son avenir le fait pour survivre. Non pas par égocentrisme.
» Le Québec que je vois à la tété, que je lis dans les journaux, que j’entends à la radio et que je côtoie au quotidien ne semble porté par rien »
Voila M. Desjardins un commentaire qui décrit bien la réalité morose et grise qui semble s’être installée pour un bon bout de temps dans vie quotidienne de notre population. Par contre faudrait voir à quel émissions de tété nous confions nos yeux et nos oreilles, à quel journaux nous nous abreuvons, à quel radio nous carburons et qui fréquentons nous dans notre environnement quotidien. Etant un citoyen de la ville de Québec vous percevez la température de la chose politique à partir de votre région dont la ferveur nationaliste et l’appui à la souveraineté s’est éteinte depuis fort longtemps. Vous faites partie de la région du Québec la plus hostile aux souverainistes et toujours ouverte à tous les partis politiques qui vous en donnera le plus pour pas cher.
Nos deux empires médiatiques (Power Corp. et Quebecor) contrôlent de plus en plus l’environnement au Québec. Les deux maisons de sondages les plus importantes soit CROP et Léger Marketing sont à la solde de ceux et celles qui les nourrissent soit PKP et Desmarais. PKP est maintenant très proche de Harper et de nos libertariens du Réseau Libââââârté Québec de votre concitoyen Eric Duhaime et Desmarais n’a plus besoin de présentation concernant sa personnalité et son allégeance fédéraliste.
En ce qui me concerne la survie de notre langue et de notre culture sont les objectifs primordiaux de l’allégeance souverainiste. Le domaine économique est par contre l’arme la plus redoutable des fédéraliste pour faire peur aux québécois francophones qui déjà sont pour une grande majorité d’entre-nous très insécure dans leur personnalité, héritage d’un peuple colonisés et conquis.
A Montréal, ou j’habite, nous sommes des témoins » privilégiés » de l’assimilation lente mais régulière promis par Lord Durham lors de son passage historique au Québec. L’anglicisation de la métropole n’annonce rien de bon pour le reste du Québec mais le » reste » du Québec semble a des années lumières de cette réalité , inconscient et préoccupé par la petite vie quotidienne et le pouvoir d’achat si important de nos jours . Ce n’est certainement pas avec un Premier Ministre comme Harper et son parti dont l’environnement est composé en grande partie d’évangélistes francophobes que le Québec assurera sa survie. Ce n’est certainement pas avec des John James Charest dont la loi 101 donne de l’urticaire et sa clientèle fidèle composé d’anglophones et d’allophones qui quotidiennement bafouent la loi 101 sans aucune peur de représailles .
Contrairement à l’image que nos bons fédéralistes francophones aiment bien se servir pour dénigrer le mouvement souverainiste soit la SECTE religieuse ou le nationalisme xénophobe, la question nationale n’aura jamais été aussi importante que maintenant. En ce qui concerne l’image religieuse le Canada avec un gouvernement majoritaire Conservateur et ses évangélistes et le pays d’en face avec ses mormons et ses Jésus-Freak républicains qui compose le Parti Républicain sont beaucoup plus dangereux pour notre environnement que les souverainistes que nous sommes.
Monsieur David Desjardins,
Pratiquement à chaque fois que je vous lis j’ai le désir de vous écrire pour vous signifier mon plaisir débordant à vous lire. À chaque fois je remets à plus tard mais cette fois Prière de le faire. Ayant lu les commentaires de Yannick Cormier de Montréal je ne peux faire autrement que de lui voler ou reprendre certains de ces mots en particulier dans son 2ie paragraphe tellement ils sont aussi les miens.
Vous êtes « dangereusement passionnant à lire », un de mes plaisirs à chaque semaine est de vous lire. » Il m’est arrivé rarement d’être renversé à ce point » par votre capacité » d’écrire des textes aussi captivant que les vôtres,lucide ,juste et clair » et peu importe le sujet, incluant ceux à teneur plus poétique ou buccolique.
Cette fois encore, à mon avis, vous visez tellement juste: » Le Québec est si confortable qu’il dort… » . À certains moments, découragé, j’ai besoin de dire comme le Christ, si ce sont ses paroles: » Je pleure sur toi Oh Jérusalem ( Québec) « , ce n’est sûrement pas » La grandeur de Rome ».
Merci de partager votre talent avec nous,
Au plaisir,
Guy Lussier, Québec
Monsieur Desjardins, je me permets de vous communiquer ce texte qui date un peu, mais qui va tout à fait dans le sens de votre propos :
http://www.voir.ca/blogs/alco639/archive/2009/10/15/l-apathie.aspx
La meilleure raison de faire l’indépendance, c’est que l’indépendance est un bien en soi. Mais plus important encore, l’indépendance va permettre de régler une fois pour toutes une question fondamentale: qui commande ici? Qui décide des politiques internes et externes? Qui décide de notre politique étrangère? Vous en avez assez de voir les soldats de Valcartier aller servir de chair à canon dans les aventures militaires de l’Empire? Vous n’aviez qu’à voter OUI en 1995 ou même en 1980. Ça vous aurait permis d’avoir votre mot à dire sur une politique de défense Québécoise.
Faire l’indépendance, c’est nous ramener au centre de notre propre monde et nous donnes les moyens de s’occuper de nos intérêts au lieu de subir la tutelle infantilisante de la majorité Canadienne-Anglaise, de se retrouver écartelé entre deux loyautés et de défendre plus souvent qu’autrement les intérêts de la majorité anglaise du Canada.
Faire l’indépendance, c’est nous donner les moyens de définir nous-mêmes notre relation au monde.
Faire l’indépendance, c’est aussi nous donner les moyens, ceux de l’État, pour être encore ici dans 400 ans.
Je pourrais continuer encore longtemps comme ça, mais il est plus simple de vous recommander la lecture de « Histoire de deux nationalismes au Canada » de Maurice Séguin.
N’allez pas conclure de ce court billet que je m’imagine que tout sera beau et facile dans un Québec indépendant. Il y aura des luttes à faire pour bâtir une société plus juste, plus équitable et plus responsable. La grosse différence entre notre situation actuelle d’État annexé et une éventuelle situation d’État indépendant, ce sont les moyens qui seront à notre disposition.
Florent Marquis
Québec