St-Laurent
Décidément, c'est le monde à l'envers. Alors que des tonnes de groupes font des pieds et des mains pour passer à la radio, St-Laurent, qui vient de sortir un album éponyme regroupant des pièces enregistrées entre 1998 et 2005, boude les ondes commerciales. En fait, l'artiste de la région, qui se définit comme un baromètre de l'humanité, explique avoir donné vie à son projet musical par simple besoin d'expression artistique. Il utilise ainsi le chemin le plus ardu, mais aussi le plus noble, pour faire connaître son travail. Actuellement, l'Oreille Cassée du centre-ville de Trois-Rivières distribue sa réalisation. Cette création était en chantier depuis la fin des années 90. Afin de la mener à terme, St-Laurent, qui est aussi l'actuel batteur d'Offenbach, s'est entouré de collaborateurs tels que Breen Leboeuf, Daniel Mongrain, François Biron et Claude Rivard. Si aucun spectacle n'est prévu dans un avenir rapproché, St-Laurent ira chanter ses chansons en France cet été. Il sera de l'importante délégation trifluvienne qui participera au Festival de Beaumont du Lac à Vassivière en Limousin, du 6 au 15 août.
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Diplôme en poésie
C'est confirmé! Dès l'automne prochain, l'École nationale de poésie verra le jour dans l'atmosphère du Collège Laflèche à Trois-Rivières. Née d'une volonté du Festival international de la poésie et du Centre de formation continue du Collège Laflèche, elle proposera une série d'activités plus approfondies sur la poésie. Le premier événement aura une durée de trois jours et aura lieu le 30 septembre et les 1er et 2 octobre. Intitulé Vacances Poésie, il invitera les amateurs à développer des habiletés de base, à partager leurs textes et leurs émotions ainsi que celles des poètes lus ou écoutés. Le second rendez-vous, Master Poésie, consiste en un stage d'une journée le 8 octobre. Lors de celui-ci, les participants approfondiront la vision d'un poète, sa vie et l'influence de son œuvre. Puis, un an plus tard, soit à l'automne 2006, l'école recevra ses premiers élèves inscrits à l'attestation d'études collégiales en écriture et interprétation poétique, un programme d'une durée de 375 heures.
Je trouve St-Laurent bien courageux de prendre le risque de bouder les radios commerciales. Il ferme ainsi la porte à de belles possibilités qui, outre l’intérêt pécuniaire non négligeable que les radios apportent, pourraient faire en sorte que son travail soit connu par un public beaucoup plus large. La réussite peut tout de même être accessible mais le travail nécessaire pour y arriver risque d’être beaucoup plus ardu, pensons à Yan Perreault qui a fait un ‘travail de terrain’ immense avant de pouvoir récolter les fruits de son travail. Il ne faut pas oublier que les radios commerciales n’ont pas que des défauts et que sans ces dernières bien des artistes ne seraient même plus dans le domaine et auraient dû s’orienter vers d’autres carrières.
De toute façon, est-ce que la musique de St-Laurent aurait vraiment tourné dans les radios commerciales ? C’est vrai que c’est courageux de sa part de bouder la radio. Si c’est vraiment du courage parce que c’est probablement un peu fou aussi. En agissant de la sorte, il se condamne à rester dans la marginalité, dans l’anonymat. J’ai hâte de voir ce que ça va donner comme résultats mais, je ne m’attends pas à des miracles.
La ville de Trois-Rivières continue de garder sa vocation de ville d’histoire et de culture en se dotant d’une école nationale de poésie. Ce qui est bien c’est que cela permettra à des amateurs de se familiariser avec ce genre littéraire. La question que je me pose cependant est par rapport à la pertinence d’un tel programme par rapport au marché du travail. La poésie, ça n’attire pas les foules. Disons que c’est aussi populaire qu’un reportage de télé-québec sur la reproduction de l’abeille en afrique. J’ai hâte de voir s’ils vont avoir suffisament d’étudiants et si cela va réellement donner de bons résultats en bout de ligne. Chose certaine, Trois-Rivières et la poésie vont maintenant de pairs.
«Mon Saint-Laurent si grand, si grand
Invite au voyage
Fanions au vent les bateaux lents
Vont inlassablement
Soleil levant, soleil couchant
C’est le pèlerinage
De ceux qui rêvent d’enchantement
Vers d’autres rivages»
– Chanson de René Tournier
Le musicien Saint-Laurent, tout comme le fleuve qui lui prête son nom, avait envie de naviguer «vers d’autres rivages», à l’image de cette chanson popularisée par Lucille Dumont. Alors que les radios commerciales représentent la plupart du temps la porte d’entrée inespérée au monde quasi inaccessible de la scène québécoise, un artiste plus marginal ou underground tel que le présent batteur d’Offenbach préfère mener sa carrière comme il l’entend, se plaçant délibérément à l’ombre des gros canons musicaux qu’on nous sert à la chaîne. L’attitude, rafraîchissante, démontre une détermination exemplaire à ne pas se soumettre aux diktats d’une industrie tout de même féconde. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas passionné ou qu’il ne désire pas partager l’expression même de son talent. Bien au contraire. Peut-être a-t-il seulement moins besoin d’une reconnaissance à tout prix et de la chaleur des projecteurs. Un disquaire tel que l’Oreille Cassée commet un bon coup en permettant chez lui la vente de l’album éponyme de l’artiste qui s’envolera pour l’Europe cet été. Gageons qu’une fois sur le vieux continent, il se prendra à s’ennuyer de notre «Saint-Laurent, si grand, si grand». La route sera parfois longue, mais elle sera aussi fort agréable à la randonnée.
Sans doute eux aussi inspirés par l’air salin du fleuve à proximité, l’équipe du Festival international de la poésie et le Collège Laflèche s’embarquent dans une aventure des plus audacieuses, qui risque de faire jaser les amateurs de quatrains des quatre coins de la province : une École nationale de poésie! Amusant de penser que de jeunes diplômés pourront accrocher sur leur mur d’ici quelques années un diplôme en vers libres.
Il n’y a point de sot métier.
Très belle initiative. Après les clercs d’un autre âge voici les faiseurs d’image en mots de bois. Pas mal non ! Eh ben je voulais dire que ces paroles là qu’on peut entendre depuis des années dans la région sont à ceux qui les picossent. Et trifluviens, « par ou on passe mais qu’on arrête pas », vous allez finir par nous titiller l’oreille. Vous êtes peut-être du réfectoire, mais vous êtes pas plate et vous avez de l’initiative. Et celle-là j’espère que personne vous la volera.
Trois-Rivières, capitale mondiale de la poésie, a son festival international à chaque année mais il manquait peut être un petit quelque chose pour mieux confirmer son titre. Et, je pense que le Collège Laflèche l’a trouvée en donnant à partir de l’automne 2006 une formation en écriture et interprétation poétique. Je crois bien qu’avec cet ajout personne ne sera en mesure de contester l’appellation que notre ville s’est donnée.
St-Laurent ne fait pas que bouder les radios commerciales…
Il s’approprie le vrai monde parce qu’il ose défier les grandes compagnies qui diffusent des artistes « minutes » qu’ils jettent ensuite tout aussi rapidement qu’ils sont arrivés…
Il s,approprie lui-même en se faisant le porte-parole de ses propres sentiments demeurés pures, simples et vrais…
Il nous faut d’autres artistes comme ça…
À part quelques privilégiés et chanceux qui possèdent certains talents de façon innée et qui sont capables de les exploiter sans aucune formation, la plupart d’entre nous doivent apprendre et suivre des cours pour maîtriser certaines disciplines. Naturellement, il faut quand même une certaine dose de talent, car certaines choses ne peuvent que s’apprendre, particulièrement lorsqu’on parle du domaine culturel et de la créativité. Et la poésie est un domaine où le talent compte naturellement pour beaucoup, car on parle justement ici de créativité, mais de pouvoir développer son talent de façon supervisée, c’est certain que ça donne un bon point de départ pour avancer dans cette discipline. Les amateurs de poésie ne peuvent donc que se réjouir de la création de l’École nationale de poésie qui verra le jour au Collège Laflèche à Trois-Rivières. C’est certain que la poésie n’est pas nécessairement le domaine le plus populaire, mais c’est justement pour ça que l’arrivée d’une telle école est importante car elle pourra peut-être intéresser plus de jeunes dans ce domaine littéraire, et peut-être remettre la poésie au goût du jour…
Qui est cet artiste qui boude les ondes ? Ça me rend curieuse et j’ai envie de le découvrir. Peut-être cette façon de faire est risquée mais il y a plusieurs personnes qui n’écoute pas la radio et n’aime pas la musique qui y est jouée. Le fait de savoir qu’elle ne passera pas peut attirer tout un autre genre de clientèle.