Entre guillemets

Radio nostalgie

Le bal est commencé depuis quelques semaines déjà. À tour de rôle, les principaux festivals de la région dévoilent leur programmation estivale. Le sourire aux lèvres, les yeux pétillants de fierté, les organisateurs promettent chaque fois une édition à couper le souffle. Peu importe si le programme proposé nous plaît ou non, on sait que les équipes en place ont travaillé fort. Les cernes et les traits tirés par la fatigue de leurs membres en font souvent foi.

Jusqu'à maintenant, on sait que la Mauricie sera visitée par un band pop-punk américain très aimé des jeunes (Good Charlotte), des monuments (Kenny Rogers, Robert Charlebois), des ex-académiciennes (les soeurs Annie et Suzie Villeneuve), des vedettes pop (Bruno Pelletier, Kaïn, Marie-Chantal Toupin), des artistes plus urbains (Ariane Moffatt, les Porn Flakes, Alexisonfire), mais aussi par plusieurs has been (Dennis DeYoung, Loverboy et Scorpions) et revues musicales. Je remarque qu'on cède beaucoup de place à la nostalgie cet été. Sans doute que cet espace alloué n'est pas plus important que celui des autres années, n'empêche que cette fois-ci, ça me saute aux yeux. Pourquoi s'accroche-t-on désespérément à de vieux souvenirs? Pour être fidèle à la devise du Québec? Par habitude? Ou tout simplement pour avoir l'impression, l'instant d'une soirée, de ne jamais avoir vieilli, pour garder intacte une jeunesse éphémère? C'est certain qu'il n'existe aucune réponse universelle. Mais il me semble qu'il faut un jour accepter de détacher la ficelle qui nous lie au passé et poursuivre l'aventure. La curiosité musicale, ça se cultive aussi avec l'âge. Il y a d'ailleurs une belle relève musicale qui compose des trucs fort intéressants qui peuvent plaire à tous les publics. Je pense entre autres à Tricot Machine et sa pop bonbon, à Antoine Gratton et ses inspirations Motown, à Charles Dubé et ses refrains lumineux, à Damien Robitaille et sa folie rassembleuse, à Karkwa et ses musiques accrocheuses ainsi qu'aux Vulgaires Machins et leurs textes engagés. Alors quand on ramène sur scène d'anciennes vedettes ou qu'on présente en grande pompe des revues musicales, ça m'attriste un peu. Je trouve dommage qu'on ne propose pas cette vitrine à cette jeunesse créative qui a tant à offrir. Je sais que tout est une question de public cible, qu'on n'attire pas les baby-boomers avec, par exemple, Malajube. Si les diffuseurs et les différents événements n'osent pas se tourner vers une nouvelle génération d'artistes, qui le fera? Car plus le public sera en contact avec elle, plus il sera nombreux à ses spectacles. C'est une roue, mais ça demande un peu de patience. Il reste que cette dernière n'est pas une vertu très à la mode en cette période où tout est axé sur les résultats et la performance.