Il y a un peu moins de deux semaines, j'avais été invitée à assister à une répétition du nouveau spectacle nocturne de la Cité de l'énergie, Eclyps, dont la première était mardi – malheureusement, je ne peux vous en parler puisqu'au moment d'écrire ces lignes, l'événement n'avait pas encore eu lieu. En raison de vents violents et d'une pluie diluvienne, l'enchaînement avait finalement été annulé, sans doute au grand bonheur des acrobates qui semblaient exténués par leur semaine de travail intense. Car il faut le dire, tout se bouscule toujours un peu avant le jour J. Ainsi, au lieu d'assister aux prouesses des artistes, j'ai pu voir le spectacle de l'intérieur. Et sincèrement, j'ai trouvé cette expérience tout aussi intéressante.
Pour moi, le climat qui régnait dans les loges (un garage modifié!) en disait long sur la production. S'il tombait des cordes dehors, le soleil brillait dans le refuge. Les comédiens, acrobates, artisans et techniciens – des petites fourmis – affichaient en majorité un beau grand sourire. Il est vrai qu'on était vendredi. Mais j'avais l'impression que cette bonne humeur ne se résumait pas qu'à la joie de plonger dans la liberté promise par le week-end. Non, je sentais que les hommes et les femmes du plateau étaient contents d'être là et de faire partie de ce projet de fou qu'est Eclyps. D'ailleurs, certains paraissaient un peu tristes de ne pas répéter.
Ça m'a aussi touchée de constater l'importance que le metteur en scène Martin Larocque accordait à son équipe. Alors qu'on allait commencer une entrevue, il m'avait entre autres mise en garde: "Quand mon monde va partir, je veux aller les saluer." Wow! Selon moi, ce sont de petits détails comme cela qui permettent la cohésion d'un groupe et la réussite d'un projet.
Bien que l'équipe semblait oeuvrer dans l'humour, je ne doute pas de l'exigence de Larocque et de l'auteur du spectacle, Bryan Perro (il m'a enseigné le théâtre au collège). D'ailleurs, quand j'ai fait la remarque au premier que tout le monde semblait avoir du plaisir, il m'a répondu ceci: "J'en ai fait des shows où je me suis fait chier. Et je pense que le fait de vieillir, c'est ça aussi: ne pas se faire chier. Je leur ai dit, par exemple, la première fois que je les ai rencontrés: "Je ne veux pas de diva ni de crise de vedette. Je ne veux pas de me, myself and I! Ça peut tuer un show et on n'a pas les moyens de tuer un show. Si ça ne vous tente pas, je vous laisse 15 minutes et allez-vous-en!"" Finalement, il apparaît que tout le monde est resté. Et je peux vous affirmer que ça forme un tout pas mal lumineux pour une éclipse!