Je me perds souvent dans mes pensées ces temps-ci. Les choses les plus insignifiantes deviennent pour moi le point de départ de longues réflexions sur ma vie, l'environnement, la religion, la place de l'être humain sur cette planète… Il n'y a nul doute: je suis atteinte du syndrome de la pré-trentaine! Ouin… Je vais souffler sur mes trois dizaines de chandelles dans un mois. Dire que ça m'a déjà fait sourire de voir certains de mes amis se remettre en question quelques semaines avant le grand jour. Là, c'est à mon tour. Au moins, je ne passe pas (encore!) ma vie au peigne fin. Certains détails attirent cependant davantage mon attention, comme ce fameux soir où je suis allée voir l'excellent Ratatouille au cinéma. J'en avais glissé un mot sur mon blogue; deux fillettes, un pop corn entre les mains, arpentaient la salle en se demandant si elles ne s'étaient pas trompées d'endroit. Au début, je n'en avais pas fait de cas. J'allais d'ailleurs leur crier que non, elles ne s'étaient pas fourvoyées. Puis, en inspectant du regard la salle quasi vide, j'avais tout compris: seule une poignée d'adultes y étaient assis. Ça m'avait fait rigoler; ces enfants trouvaient étrange que des "vieux" attendent patiemment que le nouveau film d'animation de Pixar commence. Mais plus tard, sur le chemin du retour, mon sourire s'était transformé en rictus. C'était quand même curieux qu'elles se soient posé la question. Ça portait à croire que dans la pensée populaire, les adultes n'avaient pas vraiment le "droit" de craquer pour les films d'animation, de plonger dans des univers fantastiques, à moins bien sûr d'accompagner un bambin. Les enfants ne reflètent-ils pas clairement nos valeurs et préjugés? Un adulte, ça doit aimer les trucs d'adulte! Au fait, c'est quoi ça? Faire son budget annuel? Tondre la pelouse? Réparer le robinet quand il coule? Toujours manger santé? Laver la voiture? Arracher les mauvaises herbes du jardin? Entretenir la piscine? Travailler? Hum… Si l'existence d'un être majeur et vacciné se résumait à ça, prendre de l'âge n'aurait rien de bien excitant. Au contraire, chaque jour serait un pas de plus vers l'ennui… mortel!
Vieillir ne nous empêche pas de rêver. Il ne faudrait jamais l'oublier. Car ce sont nos ambitions, nos désirs et nos rêveries qui mettent du soleil, du piquant dans nos vies, du moins, c'est ce que je pense. La popularité des Harry Potter, Transformers et autres héros aux pouvoirs irréels ne tient sûrement pas du hasard. En tout cas, malgré les bougies qui s'additionnent, j'ai l'intention de continuer à me louer des films d'animation, à plonger mon index dans la crème fouettée de mon café glacé, à me coucher dans l'herbe pour deviner la forme des nuages, à marcher sous la pluie sans imper… Parce que le vrai bonheur, c'est ça: garder vivant l'enfant en soi! Et si les fillettes ne l'ont pas aperçu lors de la représentation de Ratatouille, je peux vous garantir qu'il était là… en compagnie d'une dizaine d'autres!
Le film Ma tante Aline est un bel exemple de la façon dont il faut envisager l’avenir, c’est-à-dire, le fait de vieillir. Dans le film, le personnage de Béatrice Picard ne cesse de rêver, d’avoir des projets et c’est ce qui garde sa vitalité malgré son âge (plus de 70 ans). Quand on a la chance d’être en santé, c’est la manière dont nous concevons la vie qui fait en sorte que nous paraissons plus jeune ou plus vieux que notre âge. Ceux qui ne cessent de se plaindre de leurs petits bobos viennent qu’à ne broyer du noir et lorsqu’ils regardent en avant ils ne voient que des jours sombres. Avoir des projets plein la tête nous gardent actifs, optimistes et débordant d’énergie. Rêver ça fait du bien et le cinéma est un moyen de nous échapper de notre quotidien qui est parfois un peu trop terne à notre goût.