Je ne suis pas une fana de la télévision. Mais chaque fois que j'y vois une personnalité du coin, je ne peux m'empêcher de m'asseoir devant. C'est d'ailleurs ce que je fis en reconnaissant la bouille sympathique de Fred Pellerin à l'émission radio-canadienne Bons Baisers de France. Il y était pour parler de la préproduction de son premier film Prendre le taureau par les contes et de ses spectacles à l'école primaire de Saint-Élie-de-Caxton. Il en a aussi profité pour glisser un mot sur les nouveaux audioguides qui permettent une visite pour le mois inusitée du village. Les deux autres invités – Daniel Pinard et Dany Turcotte – ont par ailleurs salué son dynamisme et du coup souhaité que d'autres villages puissent trouver "leur" Fred Pellerin. Il n'en fallait pas plus pour que la conversation bifurque du côté de l'exode des jeunes.
Parmi les commentaires émis, l'un déplorait que les jeunes devaient "arriver avec leur propre emploi" s'ils projetaient de s'établir dans un milieu rural. Tout compte fait, je ne considère pas cela mauvais. Comme la population vieillit, tout est à rebâtir dans les villages. On peut donc être créatif et développer de nouvelles entreprises, de nouveaux produits, un peu comme Fred l'a fait avec ses contes. Chaque ville ou village a quelque chose d'unique, il ne suffit que de l'exploiter, de le mettre en valeur. Par exemple, Shawinigan offre parmi les plus beaux points de vue sur la rivière Saint-Maurice – la brasserie artisanale le Trou du diable, la Piñata, la Cité d'Ankor et le futur Sushi Taxi l'ont compris -, Sainte-Flore rassemble plusieurs des excellentes tables de la région. Je trouve qu'on s'apitoie un peu trop vite sur notre sort: il n'y a pas d'emplois ici, il n'y a rien à faire… Pardon, le gazon n'est pas plus vert chez le voisin! Serions-nous rendus un peu trop gâtés, voire dépendants des grosses boîtes? Car quand on y pense froidement, chaque village a besoin au moins d'un garagiste, d'un épicier, d'un restaurateur, de quelques marchands, d'un dentiste, d'un médecin, d'un facteur… Et dès qu'on a un peu d'engagement et d'encouragements de la localité, ça ne peut qu'aller comme sur des roulettes, il me semble.
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VISITE SURPRISE
Connaissez-vous Ève Cournoyer? C'est une rockeuse de la lignée des Mara Tremblay et Fred Fortin. Je l'avais découverte par hasard, par le biais du film Le bonheur est une chanson triste. Sa pièce Tout arrive, qui clamait que "tout arrive à qui sait attendre", figurait sur la trame sonore. Cette chanson m'avait ensuite accompagnée pendant une période de ma vie où j'étais des plus impatientes. Quelle ne fut pas ma surprise d'entendre la voix de la chanteuse au bout du fil cette semaine! Elle appelait pour signaler le spectacle qu'elle fera au Gambrinus le mardi 28 août à 21h. Je vous fais le message!
Fred Pellerin est un exemple que plusieurs d’entre nous pourrions suivre. Il a réussi à porter un regard nouveau sur son environnement, son entourage. Il a mis un brin d’humour, de folie et beaucoup d’imagination pour nous faire découvrir un village qui, jusqu’à maintenant, était pratiquement inconnu. Laissons-nous interpeller par l’audace de Fred Pellerin et servons-nous, à notre tour, de notre imaginaire pour embellir davantage notre vie quotidienne. Plusieurs d’entre nous avons développé au cours des années, une aisance sans contredit dans la plainte et ce, à tous les niveaux. Nous pouvons nous apitoyer sur notre sort et dire « pauvre de petit moi, il ne m’arrive rien de bon ». À bien regarder, nous pourrions voir les opportunités qui s’offrent à nous, les projets à développer, les idées nouvelles et provocatrices qui ne cessent de se présenter à nous. À l’image de Fred, nous pourrions prendre une avenue différente, exploiter les ressources qui nous entourent. En fait, nous pourrions prendre notre vie en main, que nous demeurions dans une ville ou un village. Où que nous soyons, nous avons toujours ce pouvoir de faire de notre vie une explosion de joie, de bonheur et de folie créatrice.
Dès qu’un artiste de la région se fait voir par le truchement de la télé, de la radio ou d’internet, notre fibre régionale est au garde-à-vous. Dès qu’une critique, positive ou négative, est formulée sur un de nos artistes, cette même fibre vibre ou se hérisse. Quand l’un d’eux s’exile, on verse une larme. « Demain matin, Montréal m’attend », clament haut et fort ces déserteurs. On est un brin déçus de leur départ, mais combien fiers de leur BIG succès (surtout à l’étranger) ; c’est comme la preuve que nos produits régionnaux sont les meilleurs.
Les artistes made in Mauricie n’ont rien à envier à ceux made in Montréal. On n’a qu’à nommer Bryan Perro, Sylvain Cossette, Rita Lafontaine, Isabelle Blais, Steve Hill et, bien sûr, Fred Pellerin. Tous ces ingrédients culturels contribuent à mijoter une bonne soupe du terroir que nous envie sûrement le chef de la soupe Habitant.
Si Céline Dion a mis Charlemagne sur la mappe, Fred Pellerin, pour sa part, a effacé le minuscule point en bas de la carte de la Mauricie, tout près de la légende, pour y inscrire en grosses lettres le nom de son village : St-Élie-de-Caxton. Grâce à lui, les gens de sa région ont maintenant une identité aux yeux des ceux de la grand métropole. Et ils sont respectés et enviés.