Entre guillemets

Fermé!

J'ai pris une petite journée de congé la semaine dernière. Curieusement, à mon retour, le paysage culturel trifluvien avait complètement changé: le Maquisart avait fermé ses portes. Cette mauvaise nouvelle, bien que je ne l'espérais pas, je l'attendais depuis un petit bout de temps. D'abord parce que la salle semblait de moins en moins fréquentée et sécuritaire, mais aussi parce que j'avais appris par hasard que des bands n'avaient pu s'y produire cet automne en raison de rénovations. Or, je n'avais jamais entendu parler de tels travaux. Pendant un instant, je m'étais croisé les doigts pour que ce soit vrai. Cette salle au potentiel énorme et au cachet unique méritait effectivement un lifting, car elle tombait en ruine. D'ailleurs, il ne fallait surtout pas qu'elle rende l'âme; elle était le seul cabaret à Trois-Rivières, voire en Mauricie.

Finalement, mes prières n'ont pas été entendues. Comme la réponse de Patrimoine canadien à une demande de subvention pour la mise aux normes et la rénovation d'une partie de la salle tardait – l'attente pouvait durer deux
ans! -, ses exploitants, Stéphane Boileau (le directeur général de l'International de l'art vocal) et Yvon Laplante ont préféré tout arrêter. Ainsi, au lieu des 10 ans d'existence du Marquisart, on célèbre son décès. Dommage… Ce petit bijou avait tout pour devenir un La Tulipe – une salle de spectacles à Montréal qui se convertit en bar certains soirs – trifluvien.

En tout cas, toute cette histoire ravive mon allergie aux subventions. Je me demande pourquoi, en arts et spectacles, on attend toujours après elles, d'autant plus que j'ai l'impression qu'elles n'arrivent jamais. Le message est clair, il me semble: ça veut dire prenez-vous en main – et là, je ne veux pas faire le procès de l'équipe du Maquisart. À ce que je sache, le milieu culturel n'est pas voué à la charité chrétienne. Bien que ce ne soit pas le cas de tout le monde, il y a des artistes, des producteurs et des diffuseurs qui vivent bien. Je trouve donc dommage que la possibilité de partenariats avec des entreprises privées ou des investisseurs visionnaires soit si rarement évoquée. Pourtant, de telles associations seraient sans aucun doute beaucoup plus bénéfiques que n'importe quelle subvention. Le vieux concept du mécénat. Il me semble qu'on aurait une vision plus "marketing" du projet. Du coup, ses chances de réussite seraient augmentées, non?

Malgré tout, je suis bien triste d'apprendre la fermeture du Maquisart. Car j'y ai vu des shows magnifiques. Je pense à Patrick Watson, à Yann Perreau, aux Zapartistes, à Kino… Au fait, y aurait-il quelqu'un pour prendre le relais? Une telle institution ne peut vraiment pas disparaître. Comme j'aimerais être dans un film d'action où le héros qu'on croyait mort se relève soudain…