L'Orchestre symphonique de Trois-Rivières célèbre cette saison ses 30 ans. Comme il ranime de manière ponctuelle les fantômes de compositeurs morts depuis déjà plusieurs décennies, voire des siècles, il pourrait facilement se fondre dans un moule démodé et évoluer en marge de son temps. Or, ce n'est pas du tout ça qui se produit.
Depuis l'arrivée de son nouveau directeur artistique, le maestro Jacques Lacombe, l'Orchestre pose des actions concrètes pour dépoussiérer son image, pour rappeler que son art ne s'adresse pas seulement aux têtes blanches. Entre autres, il a eu la brillante idée de demander au jeune illustrateur trifluvien de 27 ans Pascal Blanchet (La Fugue, Rapide-Blanc, Bologne) – son travail trouve écho jusqu'aux États-Unis – de revoir le visuel promotionnel de sa 30e saison et de créer une sérigraphie souvenir offerte en deux versions (rouge et grise), une oeuvre dévoilée en début de semaine dont les traits évoquent le design sensuel des années 1940 et 1950. Au total, 100 sérigraphies numérotées et signées par leur auteur sont en vente au prix de 250 $ au bureau de l'OSTR ou à la boutique des Amis de l'OSTR lors des concerts. Pas mal comme truc marketing.
UNE IMAGE
Cette collaboration est selon moi une belle marque de confiance envers la relève locale. Car il me semble qu'on voit rarement celle-ci comme une option. La plupart du temps, on préfère miser sur les personnalités du moment ou les "vieux de la vieille" pour redorer le blason d'une organisation. On croirait que l'expérience et la notoriété ont réponse à tout. La jeunesse est pourtant remplie de promesses; elle porte en elle les talents de demain. Et ça, je crois que l'Orchestre l'a compris. En fait, il a surtout saisi que, s'il voulait attirer une nouvelle clientèle, il devait s'adresser à elle dans un langage qu'elle comprend, qui la fait réagir, l'interpelle. Autrement, ses efforts auraient l'effet d'un coup d'épée dans l'eau.
Il n'y a pas de doute, Pascal Blanchet était l'homme qu'il lui fallait. Il est jeune, sensible, branché et, en prime, il entretient de grandes affinités avec la musique classique. Bologne, conte en trois actes symphoniques, sa plus récente bédé, en demeure le parfait exemple. Pour sa création, l'illustrateur s'est inspiré de certaines oeuvres de Chopin, de Prokofiev, de Chostakovitch et de Weil; chaque chapitre a été dessiné en écoutant un mouvement en particulier – la discographie est dévoilée à la dernière page du bouquin. Dites-moi, comment pouvait-on avoir mieux comme ambassadeur? Déjà, par son travail, le mec démocratisait le classique, lui donnait une valeur ajoutée. Oui, un bon coup de la part de l'OSTR. Oui, vraiment.