Entre guillemets

Jamais sans mon Tricot

Quand on nous invite à un événement médiatique, on sort souvent l'artillerie lourde question de nous épater. On opte pour des bouchées fines, un lieu branché, une conviviale coupe de vin…
Or, le rendez-vous auquel les organisateurs des Nuits polaires de Trois-Rivières nous ont conviés pour l'annonce des porte-parole de la deuxième édition qui se déroulera du 8 au 10 février était tout sauf tape-à-l'oil. Campé dans l'ambiance inusitée du Curling Laviolette, il proposait une expérience d'un tout autre ordre. Une fois le vestiaire improvisé passé, on plongeait au moins 25 ans en arrière. Comment faire autrement avec l'odeur persistante de boules à mites, la déco défraîchie, les petites chaises droites en bois? En fait, pour un parfait tableau kitsch, il manquait juste que l'on porte des pantalons à bretelles et de gros lainages aux motifs douteux (chevreuils, flocons de neige, skieurs…). Pourtant, dans cet établissement en marge des standards, on se sentait bien. Tout était là pour favoriser le contact humain, pour aller à l'essentiel. Il n'y avait aucune étiquette à respecter, aucun objet à casser, rien pour véritablement attirer l'oil, à part bien sûr le match de curling – quoique, ce matin-là, ça ressemblait plutôt à un champ de pratique! – et les individus autour. Du coup ça m'a rappelé comment le hyper léché, ça crée une froideur, une distance psychologique entre les visiteurs et le lieu; comment les choses «pas compliquées» font toujours plaisir. Rappelez-vous l'effet d'un bon chocolat chaud après une froide soirée de ski!

VRAI À 100 %!

Cette belle simplicité allait bien sûr de pair avec la convivialité des Nuits polaires, mais surtout avec ses nouveaux porte-parole: la formation trifluvienne Tricot Machine. Vous auriez dû voir avec quelle candeur Matthieu Beaumont, la part masculine du duo, a soumis sa candidature pour le tournoi de soccer lors de la conférence de presse, et comment Catherine Leduc, en tissant quelques fils autour du commentaire, a rendu la situation encore plus rigolote. Ça sentait la bonne humeur, le bonheur sans flafla. Des fois, ça manque, cette belle spontanéité. On adore les gens «vrais», mais on s'enfarge constamment dans les fleurs du tapis. Belle contradiction. D'ailleurs, j'ai bien aimé la réaction de Catherine Leduc à la question d'un journaliste qui lui demandait si avoir remporté le titre de révélation de l'année à l'ADISQ avait changé quelque chose pour eux. Les yeux lumineux, elle n'a pas nié qu'elle s'était levée avec une certaine pression le lendemain du gala, mais qu'elle essayait de s'en défaire: «Si Tricot Machine ça fonctionne, c'est parce que c'est simple.» Elle avait plus tard ajouté: «On souhaite que ça donne aux gens le goût de faire les choses à leur manière.» Tiens, c'est en plein ce que fait l'équipe des Nuits polaires!