Peu de temps avant de s'asseoir devant le Bye-Bye ou de se souhaiter la bonne année d'usage, on a souvent le même réflexe: on esquisse mentalement une liste de nos résolutions – juste au cas où un invité un peu saoul nous poserait la fatidique question. Une vraie ritournelle. Mais avez-vous déjà remarqué que la plupart des gens choisissent habituellement un but commun: perdre quelques kilos au cours des prochains mois? Pourquoi? Je n'en sais rien. J'imagine que ça paraît bien dans une conversation alors qu'on avale notre deuxième morceau de bûche de Noël, que ça pardonne tous les excès qu'on a faits durant les dernières semaines. Mais une chose est certaine, le 15 janvier passé, notre mémoire commence à défaillir; nos objectifs pour l'année à venir sont déjà oubliés! À moins que l'on soit futé et qu'on les ait retranscrits sur un grand tableau noir dans la cuisine… Honnêtement, je n'ai jamais connu quelqu'un qui était zélé à ce point!
Néanmoins, en 2008, le domaine culturel régional devra apprendre à croquer dans des portions moins grandes, à manouvrer avec des budgets allégés sans succomber à la tentation. Un geste vital s'il ne veut pas que le cour lâche… Pour lui, la méthode du tableau pourrait être plus que nécessaire, surtout dans un contexte où les Villes se désengagent tranquillement. En 2007, à part l'Orchestre symphonique de Trois-Rivières (qui a enfin réussi à essuyer ses dettes après plusieurs années de labeur) et le critiqué Rendez-vous des arts de la rue, peu d'organisations et d'événements à saveur artistique ont bouclé leur saison avec un excédent financier, aussi minime soit-il. On a juste à penser à l'International de l'art vocal et ses pertes épongées (cette année encore) en partie par la Ville de Trois-Rivières, au Mondial des amuseurs publics et son déficit de 66 500 $, au Festival d'été de Shawinigan et son manque à gagner de 31 400 $…
Il est vrai qu'il n'existe aucune formule gagnante toute faite. Autrement, tout le monde roulerait sur l'or. Cependant, certaines manières de travailler sont meilleures que d'autres. D'entrée de jeu, je crois qu'il faut piloter un projet comme s'il était une entreprise; il faut arrêter de croire que la culture est née pour un petit pain, que sa survie ne dépend que des subventions. Il faut donc être inventif, novateur – les Québécois ne sont-ils pas réputés pour avoir cette qualité, pour faire des merveilles à partir de rien? La température peut avoir un impact sur notre activité? On imagine un plan B. Parfois, il peut même être bon de remettre en question des actions que l'on pose depuis des années; sont-elles vraiment rentables? Plus que tout, il faut être à l'écoute de la population et faire des choix raisonnables. Si l'on prend des risques, ils doivent être calculés. Il ne faut pas se laisser emporter par des rêves de grandeur. Petit train va loin, dit-on… Mais peut-être qu'une partie du problème réside dans la durée des événements. Pourquoi s'étirent-ils? Quand on est serré financièrement, pourquoi, par exemple, se payer un souper cinq services dans un resto chic quand un trois services nous rassasierait amplement?
Version allégée
Karine Gélinas