Des monstres d'acier tordu, des feux d'artifice non désirés, des arbres et des fils électriques penauds recouverts de givre… Devant ces visions à la fois magnifiques et apocalyptiques, je n'arrivais pas à détacher mes yeux du petit écran qui, en début de semaine, diffusait sur presque toutes les chaînes des images de la tempête de verglas qui s'était abattue il y a 10 ans sur une partie de la province. Du coup j'étais catapultée dans le passé, sans doute comme la plupart d'entre vous.
Une décennie déjà. Pourtant, tout cela me semble si près; le souvenir de la catastrophe a été tellement marquant qu'il s'est cristallisé dans ma mémoire. J'entends encore le grésillement des fils électriques et le fracas des plaques de glace qui tombent contre le sol. Car si la Mauricie avait été épargnée, la ville d'Ottawa où je résidais à ce moment n'avait pas eu la même chance. Et, drôle de coïncidence, la tempête avait décidé de frapper le jour même où je commençais un contrat de travail à Hull. En plus du stress causé par un nouveau job, je devais composer avec la chaussée glissante – juste me rendre à l'arrêt d'autobus était une aventure. Mais après une journée et demie de boulot, le réseau électrique avait décidé de lâcher; on avait alors renvoyé les employés à la maison le temps de la crise. Je garde donc un beau souvenir de l'événement qui a été en quelque sorte des vacances forcées. Je lisais, écoutais la radio. Je me rappelle même m'être payé une virée en autobus de ville simplement pour contempler le paysage de glace. C'était sans doute imprudent, mais je ne voulais pas oublier ces images.
Après quelques jours dans la capitale, je commençais cependant à m'ennuyer: j'avais besoin de faire le plein de neige! J'étais revenue en Mauricie. Des citoyens de la région se mobilisaient pour livrer des cordes de bois aux sinistrés. Je n'en croyais pas mes oreilles. Depuis le déluge au Saguenay, on n'avait pas vu autant de solidarité humaine. Quand j'y repense, ma gorge se noue.
Il va sans dire, les Mauriciens ont du cour au ventre. Cet épisode historique laisse d'ailleurs présager que la région saura surmonter la nouvelle crise qui s'annonce avec la fermeture de l'usine Belgo. Cette fois, ce sera sans doute plus long, mais elle saura.
DE LA GLACE VERS LE FEU…
Sinon, par les temps qui courent, mon esprit vogue surtout vers la rentrée culturelle d'hiver qui nous réserve plein de belles surprises, dont la deuxième édition des Nuits polaires de Trois-Rivières du 8 au 10 février, les Nouveautés de l'ONF et les semaines (du 28 février au 30 mars) où les Balkans et leur culture seront à l'honneur au Centre des arts de Shawinigan.