Entre guillemets

Cinéma parallèle

Il y a quelques jours, je regardais le dépliant de la 11e édition des Nouveautés de l'ONF à Trois-Rivières épinglé sur mon babillard. Mes yeux glissaient distraitement sur un renard polaire, une immense étendue de glace fissurée, des visages marqués par le passage du temps, un moustachu épanoui, des femmes au bras de militaires, des parapluies multicolores… De belles images vibrantes de sensibilité. À elles seules, elles me donnaient envie de camper jour et nuit devant la Maison de la culture pour être certaine d'avoir un siège au moment de la présentation gratuite des documentaires, du 22 janvier au 13 février. Bon, une telle folie ne serait point nécessaire, mais c'est pour illustrer comment j'ai hâte à l'événement dont on a annoncé la programmation en début de semaine.

Curieusement, cet enthousiasme m'a entraînée plusieurs années en arrière. Tel un fantôme impatient de faire sursauter sa victime, le souvenir d'une de mes premières expériences avec le documentaire allait et venait dans ma tête. Ne me demandez pas le titre exact du film ni le nom de son réalisateur, tout ce que je me rappelle, c'est que le long (et pénible) métrage traitait de… la tonte des moutons! J'écoutais sans grand intérêt, sinon celui de contempler les bêtes qui se lamentaient un peu trop à mon goût. Je suis certaine que la production devait être en couleurs. Pourtant, lorsque je me ferme les yeux, je revois une ambiance sombre, très près du noir et blanc. C'est dire comment je m'ennuyais. Je devais cependant tenir jusqu'à la dernière image puisque cette torture consistait en une activité scolaire obligatoire. De quoi dégoûter une adolescente à tout jamais du documentaire! On aurait voulu faire du lobbying contre ce genre cinématographique qu'on n'aurait pas fait mieux! Heureusement, quelques mois plus tard, un petit miracle se produisait et me réconciliait avec lui. Ce miracle s'appelait Baraka. Un film d'une heure et demie sans aucune parole qui contenait toute la beauté du monde. C'est d'ailleurs dans la salle du feu cinéma Impérial de Trois-Rivières-Ouest, en savourant ses différents points de vue, que je m'étais promis de voyager – ce que j'ai fait. Depuis, je ne me lasse plus de ces films qui tissent des liens beaucoup plus serrés avec l'ordinaire et le monde qui nous entoure; qui nous permettent d'élargir notre champ de vision.

 

Ça continue…

Sans doute l'un des films de la 11e édition des Nouveautés aura-t-il, chez certaines personnes, le même effet que la production du réalisateur Ron Fricke a eu sur moi. Du moins, je l'espère. En tout cas, j'ai du mal à croire qu'on puisse rester insensible aux propos de La Planète blanche (22 janvier), qui traite des espèces animales qu'abrite l'Arctique et de son équilibre qui a été rompu; de Mémoire à la dérive (24 janvier), qui suit pendant une année un groupe de résidents atteints de la maladie d'Alzheimer; d'À force de rêves (29 janvier), qui confirme qu'on peut vieillir heureux; d'Épouses de l'armée (31 janvier), qui donne la parole aux femmes de militaires; de L'Incroyable Histoire des machines à pluie (13 février), qui s'intéresse au grand mystère qui plane autour de celles-ci.