Entre guillemets

Les nouvelles églises

La Bible, les crucifix, les statuettes religieuses, bref tous les signes qui renvoient à l'Église catholique, n'ont plus tellement la cote aujourd'hui. D'ailleurs, il n'y a pas si longtemps, on débattait encore à propos de la conservation ou non de la prière avant chaque début de réunion du conseil municipal à Trois-Rivières.

Pourtant, malgré un désir évident de vivre socialement dans un univers laïque, je remarque que subsiste un besoin énorme de recueillement, de se retrouver en intimité avec soi. Ainsi, je me demande si les galeries d'art, les musées, les ateliers et les centres d'exposition ne seraient pas, en quelque sorte, nos nouvelles églises. Surtout que ceux-ci restent de ces rares endroits que l'on peut fréquenter au beau milieu de la journée, les lieux de culte fermant leurs portes les uns après les autres. Plongés dans un doux silence, les centres d'art se révèlent des endroits où se côtoient l'infiniment grand et l'infiniment petit; où l'homme se questionne, cherche des réponses à son existence, tend à se rapprocher de la beauté, voire de la perfection.

Vivre une expérience

En fait, je me pose la question parce qu'en moins de deux semaines, j'ai visité deux expositions différentes qui invitent à la méditation, à une rencontre avec soi.

La première, Mémorial – suites lumineuses des artistes montréalais Sylvie Gosselin et Luc Prairie, présentée jusqu'au 23 mars à la Galerie d'art du Parc, explore la mémoire. Dans une salle d'expo bien noire, ses auteurs dévoilent discrètement de petits objets – des indices du passé -, qu'ils sortent de l'ombre à l'aide d'ingénieux procédés d'éclairage. Là, dans l'obscurité, on se sent à des lieues de la réalité: on est seul avec nos souvenirs, nos rêves, nos ambitions. On se croirait presque dans une église à la tombée du jour, alors que les vitraux avalent les derniers rayons de lumière et que les lampions semblent scintiller de toutes leurs forces. Et puis, on ne sait ni trop comment ni trop pourquoi, une paix intérieure s'installe. Peut-être est-ce le propos de l'installation, le fait d'être enfin coupé du tumulte quotidien? Chose certaine, ça fait vraiment du bien.

Curieusement, j'ai éprouvé la même sensation en allant voir Il était une foi…, la nouvelle expo du Musée des religions du monde à Nicolet qui s'intéresse à certains rites religieux et à la place qu'ils occupent aujourd'hui dans nos vies.  Une expo qui met en opposition le passé et le présent, et qui illustre par l'intermédiaire des toiles de Daniel Sarazin que, bien qu'ils ne pratiquent plus comme autrefois, les Québécois continuent d'avoir des rituels, qu'ils n'ont pas relégué leur foi aux oubliettes. Oui, encore aujourd'hui, on a besoin de croire en quelque chose, de «prier» ou de méditer.

Au fond, ce sont seulement les manières de faire qui évoluent, les lieux de recueillement qui changent… Non?