Même si la neige semble (de plus en plus) éternelle, un premier signe du printemps vient de se faire sentir. Culture Mauricie lance sa deuxième campagne de valorisation du milieu culturel, La culture: ça m'enrichit. Cette fois-ci, ce n'est pas à ses artisans qu'elle donne la parole, mais à des personnalités publiques marquantes de la région: l'homme d'affaires Roger D. Landry, l'ancien député de Laviolette Jean-Pierre Jolivet et le boxeur David Cadieux (qui annonçait sa retraite de la compétition au début de la semaine).
Dans de petites capsules diffusées à la radio, à la télé et dans les journaux, ces trois hommes d'action disent en quoi la culture d'ici les a fait grandir. M. Landry se réjouit que Trois-Rivières ait été choisie comme Capitale culturelle du Canada en 2009; M. Jolivet souligne le travail de l'auteure Louise Lacoursière qui, avec ses ouvrages sur la vie d'Anne Stillman McCormick, l'a conforté dans son plaisir de lire des biographies; et David Cadieux révèle qu'il a pris conscience qu'il était possible de faire de grandes choses en assistant à la pièce Des souris et des hommes, montée il y a quelques années par le Théâtre des Gens de la place.
Des porte-parole qui frappent!
Lorsqu'on nous a présenté ce nouveau trio de porte-parole – dans l'ambiance inusitée de la salle d'entraînement Steevie Boxe à Trois-Rivières! -, ça m'a agacée de ne pas reconnaître des artistes parmi eux, comme l'année dernière. Je me disais qu'il n'y avait personne de mieux placé que les créateurs pour parler des bienfaits de la culture. Et sur le coup, je ne comprenais pas trop le lien entre cette dernière et la boxe, sinon que ses artisans doivent parfois suer beaucoup et «manger quelques coups en pleine gueule» avant d'arriver à leurs fins. Heureusement, il n'a suffi que d'une parole de l'ancien député pour que s'envole ma déception, et que je saisisse toutes les motivations derrière cette démarche. L'homme politique à la retraite parlait avec tant d'enthousiasme de son lien avec la culture régionale et de l'importance qu'elle avait dans sa vie qu'on ne pouvait en douter. Et c'est cela que le public doit entendre: même M. Jolivet (ainsi que tous les autres porte-parole) carbure à elle!
Pour Culture Mauricie, s'associer à David Cadieux devient donc plus qu'un bon coup. Ça montre que la culture, ça ne s'adresse pas seulement aux intellos et aux marginaux, mais à tout le monde; même les plus «durs» y trouvent leur compte.
Un espoir?
Ironiquement, alors que je quittais la conférence de presse, un homme qui devait sans doute s'entraîner régulièrement chez Steevie m'a fait signe.
– Madame, c'est quoi qui se passe là-bas?
– Une conférence de presse de Culture Mauricie pour le lancement d'une campagne de valorisation du milieu culturel mauricien.
– …
– …
– La culture?
Rapidement, je me suis mise à lui expliquer le champ d'action de l'organisation. Dans ses yeux, les points d'interrogation changèrent à peine de forme: «Ah! La culture. Je pensais que vous me parliez de culture de patates ou quelque chose du genre.»
Là, je comprends parfaitement la raison d'être de cette deuxième campagne de La culture: ça m'enrichit!
«La culture : ça m’enrichit » ? Oui mais pas au sens propre. La culture m’enrichit au sens figuré. La culture m’enrichit intellectuellement, pas financièrement. Pour voir un bon spectacle, il faut débourser pas loin de 100 $ pour deux personnes. Ça c’est à Trois-Rivières. Imagine à Montréal…
Un truc pour s’enrichir l’intellect pour pas cher : acheter le DVD ou le CD des artistes qu’on aime, regarder «Belle et Bum» et «Ça manque à ma culture» à Télé-Québec, courir les musées et les expositions d’art, lire les magazines culturels, s’abonner à la bibliothèque municipale, entre autres. Et participer aux concours dans le Voir.
On disait jadis : « Qui s’instruit s’enrichit » ; un autre slogan qu’il faut prendre au second degré. Combien de jeunes sont endettés après des études universitaires ? À quel point sont-ils riches en instruction ? Mais ça c’est un autre débat. Un slogan est un slogan. Qu’on soit riches en culture ou en éducation, on est mieux armés pour affronter le meilleur et le pire.