Ne trouvez-vous pas que le Salon du livre de Trois-Rivières, ça sent le printemps? Il y a tellement longtemps que l'événement littéraire existe, 20 ans pour être précise, que j'ai associé l'odeur de l'encre fraîche à celle de la neige qui fond. Humer l'un me fait automatiquement penser à l'autre. Et je trouve que les deux sentent la vie.
Vingt ans… Admettez que ça donne le vertige! Du coup, ça nous fait réaliser toutes les années qu'on a oublié de compter. On tourne la page du calendrier et hop! ça fait 20 ans. Un jour, on marchait avec notre gigantesque baladeur à cassette, puis, un peu plus tard, on se réveille avec quelques milliers de tounes sur notre iPod! Heureusement, pour le monde littéraire, rien n'a vraiment changé, même si pendant un temps on nous prédisait la mort du livre au profit du support informatique. Non, il semble qu'on craque toujours pour l'objet qu'est le livre. Moi, la première. J'aime son design, la texture du papier qui change selon les maisons d'édition, l'odeur de l'encre, son format compact – ainsi je peux le trimbaler partout au gré de mes humeurs. En fait, je l'adore surtout à côté d'un café bien corsé, mais cela, ça demeure très personnel.
Depuis que le Salon a reçu ses premiers visiteurs au Séminaire Saint-Joseph en 1988, les mots imprimés ont donc continué d'avoir la cote. La preuve, l'événement occupe maintenant le Centre des congrès de l'Hôtel Delta. À défaut d'avoir remplacé le bon vieux livre, la technologie est plutôt devenue un outil de choix pour sa commercialisation, voire son complément. Entre autres, les sites Internet et les blogues d'écrivains permettent de nourrir un lien privilégié avec les lecteurs. Je pense par exemple à l'auteure Diane Lacombe, qui voulait écrire deux nouvelles après la parution du dernier tome de la trilogie de Mallaig et qui a invité les internautes à voter parmi six sujets, ou à Bryan Perro, qui a récemment mis en ligne Victor Sixième, pigeon voyageur, roman écrit avant Amos Daragon mais qui n'a jamais trouvé d'éditeur, ainsi que quelques autres contes et chroniques. On s'ennuie d'un univers en particulier? Deux petits clics et on le retrouve… Mieux, on peut faire rapidement une recherche pour trouver des liens d'affiliation avec d'autres auteurs! Finalement, la technologie contribue beaucoup à stimuler notre appétit littéraire!
Le SLTR joue un peu ce même rôle avec les quelque 200 maisons d'édition et les nombreux auteurs qu'il recevra du 3 au 6 avril. D'ailleurs si j'étais vous, je ne manquerais pas le passage de Marie Laberge, Christian Tétreault, Michel Roy (il était à Tout le monde en parle dimanche dernier), Jacques Lacoursière… Oups! Je vais m'arrêter ici, la liste est trop longue!
Photo (Marie Laberge): Johanne Mercier.
Le 20e Salon du livre de Trois-Rivières a été une totale réussite. Si on se fie aux journaux, 11 500 visiteurs seraient passés au Salon. L’achalandage n’est pas l’unique barême pour mesurer ce succès ; le plaisir et la satisfaction des visiteurs ont pesé lourd dans la balance. La journée de samedi a été, à mon avis, le grand événement de cette activité tant attendue. «Histoires de mes 20 ans» a rempli son mandat en attirant d’autres visiteurs que les intellectuels. On y croisait aussi des amateurs de sport grâce à la présence appréciée de Michel Roy, le père de Patrick. Christian Tétreault a pour sa part attiré un large lectorat avec la parution de «Je m’appelle Marie» qui a été un énorme succès de librairie
L’autre «visite» des plus populaires : Fred Pellerin, Bryan Perro, Marie Laberge, Patrick Senécal et Yve Lavigueur qui ont échangé avec leurs lecteurs et admirateurs. Le Salon innovait cette année avec la catégorie «Éditeur à l’honneur». Le Salon du livre de TR se distingue des autres par son ambiance amicale ; un des rares qui n’ait pas l’allure d’une immense foire ni d’une méga librairie.
Vivement l’an prochain que j’investisse un autre p’tit 3 piastres.