Entre guillemets

Les beaux lundis

Le débat avait été allumé quelque part au mois de novembre dernier: quelques cinéphiles désespérés avaient clamé haut et fort l'offre défaillante de films «dits de répertoire», c'est-à-dire autres que les blockbusters, à Trois-Rivières. En réponse à cette tempête, Martin Bilodeau, chroniqueur à Radio-Canada, avait signé un papier dans Le Devoir qui expliquait la raison pour laquelle la région – qu'un certain distributeur de films surnomme le «trou noir du Québec» – vivait une telle situation. Une raison qui se résumait seulement à une question de marché, d'offre et de demande; à quelque chose de très logique, finalement. Je me doutais pas mal de l'explication. Dans l'univers du commerce, il n'existe pas vraiment de place pour le «bénévolat». Tout doit rapporter. Et c'est normal.

 

Le bal des horreurs

Depuis, ça ne me surprend plus de voir qu'à l'horaire des cinémas du coin se succèdent des titres comme Le Bal des horreurs, Film de super-héros ou Chacun son combat. Des divertissements tout digérés d'avance, sans rien de nouveau à offrir. Il reste que ça me chagrine de constater qu'on préfère de tels navets à des productions qui ont souvent fait parler d'elles dans le monde entier pour leur originalité, leur esthétisme ou pour une autre quelconque qualité. Alors quand je remarque un de ces beaux films à l'affiche dans la région, je me réjouis. D'ailleurs, je me fous qu'il soit présenté en même temps qu'ailleurs en province ou plus tard. Pour moi, l'important, c'est de savoir que le film n'est pas encore disponible en DVD. Autrement, j'ai l'impression qu'on me prend pour quelqu'un qui n'est pas de son époque.

 

Une dose de passion

Heureusement, quelques passionnés travaillent fort pour que la Mauricie puisse croquer dans du cinéma de qualité. Il y a certes le Ciné-Campus de Trois-Rivières, mais il y a surtout l'équipe du Ciné-club Les beaux lundis de Shawinigan, qui propose des films davantage collés à l'actualité. Bon, elle n'offre que trois projections par semaine. Mais cela vaut mieux que rien du tout. Imaginez, seulement au cours des dernières semaines, elle a projeté Le Scaphandre et le Papillon, Les Cerfs-volants de Kaboul, L'Homme sans âge… Et prochainement, ce seront le film d'animation Persepolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud (le jeudi 17 avril), le drame Anna M de Michel Spinosa (les 21, 22, 23 avril) et I'm Not There, chronique musicale autour «des vies» de Bob Dylan (les 28 et 30 avril et 1er mai).

En tout cas, en jetant un oil à la programmation des Beaux lundis sur leur site Web (www.lesbeauxlundis.com), ça me rendait bien fière de voir que des gens de Shawinigan se démènent pour la culture. Je leur lève mon chapeau.