Entre guillemets

Une scène, svp!

Il n'y a pas très longtemps, je marchais le long de la promenade du Saint-Maurice à Shawinigan. Le soleil offrait juste ce qu'il faut de chaleur pour une belle journée. C'était vachement agréable, du moins jusqu'à ce que je croise un duo improvisé de musiciens, guitare à la main, fausses notes à la bouche. Quelque chose d'insupportable – surtout la voix -, tellement que ça m'embrouillait les pensées. Je me serais crue au pied du Mur des lamentations. Je me mordais les lèvres pour ne pas sourire. Rapidement, je me suis ressaisie: pourquoi me moquer de jeunes gens qui jouent de la musique pour s'amuser? D'autant plus qu'ils avaient le guts de trimbaler leurs chansons dans la rue au lieu de les laisser pourrir dans un quelconque appartement. Comme on dit, il faut bien commencer quelque part. D'ailleurs, ça n'aurait pas de sens que le droit de chanter dans un lieu public soit réservé aux professionnels. Déjà que ceux-ci profitent des lieux de diffusion…

 

La Semaine des découvertes culturelles

Cette anecdote m'a fait penser qu'ils doivent se compter par centaines, voire par milliers, les artistes non professionnels de la région qui rêvent d'avoir un public ou, plutôt, un second regard sur leur travail. Car ce n'est pas tout le monde qui aspire à la gloire; souvent, les artisans cherchent simplement à échanger, à briser la solitude propre à l'acte de créer. En tout cas, quand j'ai jeté un oil au dépliant de la 33e Semaine des découvertes culturelles de Trois-Rivières (du 24 au 27 avril) –  sa mission est «de permettre aux citoyens-artistes de s'exprimer et d'exploiter tout le potentiel de leur imagination créative» -, ça a confirmé mon hypothèse. En effet, ils sont nombreux ceux qui pratiquent «secrètement» un art ou un loisir culturel et qui désirent le partager avec d'autres. Et étonnamment, ils affichent des profils bien différents. Rien à voir avec des «stars académiciens» en devenir. Certains ont des reflets gris dans les cheveux et la jeunesse dans le coin des yeux, d'autres affichent fièrement leurs couleurs militaires. Il y a aussi ceux qui n'ont vu que quelques printemps, les parents qui doivent faire des pieds et des mains afin de se réserver un peu de temps pour eux, les nouvellement retraités, les collégiens passionnés et dégourdis…  Oui, des tas de gens qui chaque semaine se réservent une plage dans leur horaire pour mettre la «switch à off», oublier leurs tracas et se faire plaisir.

Mais ce qui est formidable, c'est que pendant la tenue de la Semaine, la Ville de Trois-Rivières met à la disposition de ses citoyens-créateurs (musiciens, artistes en arts visuels, danseurs, comédiens…) ses lieux de diffusion. Exit les fonds de sous-sol et les salles de cours. On propose plutôt une expérience au Moulin seigneurial de Pointe-du-Lac, à la Salle J.-Antonio-Thompson, au Musée québécois de culture populaire, au Macadam Café ou dans une autre de ses 10 salles participant à l'événement. Pendant quatre jours, la Ville donne à ses artisans non professionnels la parole et les moyens de s'exprimer efficacement. Ouin, c'est le duo de la promenade qui triperait!