<p>Le «concerto en coupures majeures pour budget au régime», voilà un classique que je connais bien. Et il joue, à mon grand regret, un peu trop souvent sur le territoire shawiniganais par les temps qui courent. </p>
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<p><strong>Un château de cartes</strong></p>
<p>Il y a des instants où l'on préférerait avoir des cotons bien épais dans les oreilles pour ne pas entendre de telles nouvelles: fini, les expositions exclusives du Musée des beaux-arts du Canada à l'Espace Shawinigan! En raison de compressions budgétaires, l'institution muséale nationale a dû redéfinir sa relation avec le lieu d'exposition géré par la Cité de l'énergie, apprenait-on récemment. Elle coupe donc de moitié le budget alloué à ce dernier pour l'été 2008 avant de le réduire à zéro pour les années suivantes. </p>
<p>Après l'expo La Vraie Vie créée sur mesure pour lui, l'Espace Shawinigan devra se rabattre sur la banque d'expositions itinérantes du MBAC. C'est mieux que rien, comme on dit. Mais n'empêche qu'à partir de 2009, les expositions de l'Espace Shawinigan perdront leur caractère unique et cela aura automatiquement une incidence sur son nombre de visiteurs, voire sur tout le tourisme de la ville. Dès lors, plus aucun critique d'art ou journaliste de l'extérieur de la Mauricie ne fera le voyage expressément à Shawinigan; les médias nationaux garderont le silence sur les activités de l'ancienne aluminerie – pourquoi gaspiller de l'encre ou de la salive pour parler de quelque chose qui est recouvert d'une bonne couche de poussière? -; les vacanciers arriveront au compte-gouttes. Je suis sans doute pessimiste, mais il me semble que ça annonce à moyen terme la mort de l'Espace Shawinigan, du moins tel qu'on le connaît. Il m'apparaît impensable d'entretenir (avec tous les coûts que ça implique) un si vaste endroit pour accueillir une poignée de touristes l'été venu. Soit l'administration va devoir trouver l'argent ou les ressources nécessaires pour recevoir de nouveau des expos internationales ou nationales exclusives, soit elle va devoir user d'originalité pour développer un nouveau concept. Honnêtement, avec quelqu'un comme Robert Trudel dans les parages, l'avenir de l'Espace ne m'inquiète pas trop. À moins qu'il n'ait décidé de ranger les armes, cette fois…</p>
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<p><strong>Retour vers le futur</strong></p>
<p>Aujourd'hui, il me paraît plutôt loin, ce jour de 2007 où le directeur de la Cité de l'énergie Robert Trudel, dans un élan de joie – il venait d'apprendre que le Musée des beaux-arts du Canada avait l'intention de renouveler pour cinq autres belles années son entente avec l'Espace Shawinigan -, avait planté un baiser sur la joue du directeur du Musée des beaux-arts du Canada Pierre Théberge en pleine conférence de presse. Oui, bien loin. Tellement que j'ai l'impression de l'avoir rêvé. J'éprouve d'ailleurs cette même sensation quand quelqu'un me rappelle qu'au début du siècle dernier, Shawinigan était l'une des villes les plus florissantes du pays. Ah oui, vraiment? C'est fou comme tout peut basculer en un instant à cause de l'argent. <a href="http://www.voir.ca/blogs/popculture_mauricie/ac_pop_espace.jpg"><img src="http://www.voir.ca/blogs/popculture_mauricie/ac_pop_espace.jpg" align="right" border="0" alt="" /></a></p>
C’est fini!
Karine Gélinas