Entre guillemets

Un phénomène

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<p>J'ai toujours été étonnée par l'influence, voire le pouvoir, que peut exercer un (seul!) artiste sur une masse de gens. Certains fans adopteront la même coupe de cheveux, courront toutes les boutiques possibles à la recherche d'un article rare ou militeront pour la cause endossée par leur idole. En apprenant que Paul McCartney, lors de son passage à Québec, avait attiré des gens d'aussi loin que les États-Unis ou l'Ouest canadien, j'ai eu un petit vertige. Pour voir gros comme une souris sur une scène «un gars qui chante», des individus, le cœur battant, avaient parcouru des milliers de kilomètres, parfois dormi sous les étoiles et joué du coude pour avoir une place de choix. C'est fou quand on y pense. Il reste que l'ex-Beatle se veut une légende vivante du rock. Alors quand, à plus petite échelle, Fred Pellerin, un «conteux», pas un chanteur qui a vendu un million d'albums ni un humoriste aux propos bien gras, réussit à attirer des gens de l'extérieur de la Mauricie dans son village à Saint-Élie-de-Caxton – on s'entend que ce n'est pas Disneyland! -, ça me renverse!</p>
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<p><strong>Destination: Saint-Élie</strong></p>
<p>J'étais de la soirée de la première de son spectacle <em>L'Arracheuse de temps</em>, le 6 août dernier. Autour de moi étaient surtout assis des citoyens de Saint-Élie. Mais il y avait également un couple venu de Montréal sans billet, qui miraculeusement avait trouvé une place dans la rangée F. Visiblement heureux, il racontait à la femme du maire qu'il était au courant que le spectacle annonçait «complet», tout comme le reste des représentations de la salle des Bizouneries Caxton. Il avait quand même eu envie de tenter sa chance. Qui sait, on l'autoriserait peut-être à regarder le show debout à l'arrière? Non, mais, il faut être fan pas à peu près! Car le gentil duo aurait pu se taper un aller-retour stérile Montréal-Saint-Élie.</p>
<p>Ce mercredi-là, il y avait du monde! Jamais, même dans les belles années de la Pierre angulaire, je n'avais vu autant de voitures dans le rang 7.  Après le show, une longue filée de lumières rouges se suivaient à la queue leu leu. Dire que ce tableau quasi improbable va se reproduire plusieurs fois ce mois-ci. C'est extraordinaire!</p>
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<p><strong>Le secret d'un succès</strong></p>
<p>Existe-t-il un secret derrière ce succès? Pellerin bouillonne de talent. Son imagination n'a de limite que sa folie. Sa personnalité attachante y est sans doute aussi pour quelque chose. Et avec L'Arracheuse de temps, ce gardien de la mémoire continue de nous charmer, d'autant plus qu'il jongle maintenant avec les rires et… les larmes. La mort est le sujet central de sa quatrième production. Comme la plupart d'entre nous, on le sent parfois fragile, pas totalement à l'aise avec l'idée de la vraie mort, celle qui existe en dehors des contes. Mais qui peut se dire totalement immunisé contre la peine que crée la faucheuse lorsqu'elle enlève un être proche? Qui? Au fond, je suis certaine que c'est cette part d'humanité, cette sensibilité qui nous plaît tant chez le conteur.</p>