<p>Le Théâtre des Gens de la Place a démarré la saison avec <em>Les Beaux Dimanches</em>, un texte de Marcel Dubé publié chez Leméac en 1968. On m'avait avertie que la pièce, même avec les coupures (!), durait un peu plus de deux heures et demie. Sentant la fatigue envahir chaque centimètre de mon corps, j'y avais donc pensé deux fois avant de mettre le cap vers la Maison de la culture de Trois-Rivières. Mais comme les projets du metteur en scène Marc-André Dowd déçoivent rarement et que la distribution regroupait plusieurs des meilleurs talents de la région, je me suis dit que mon lit pouvait bien attendre. </p>
<p>Si j'avais prévu que les comédiens allaient briller sur scène, je n'avais pas imaginé deux secondes qu'une œuvre de presque trois heures pouvait devenir facilement ennuyante, surtout lorsqu'elle flirte avec le côté obscur de l'homme. Après une heure et quart, j'en avais soupé de ses conversations superficielles entre alcooliques, de ses faux discours philosophiques. D'ailleurs, quand les lumières se sont fermées, je me suis demandé pourquoi Dubé s'était tant étiré en longueur. Il me semblait que l'histoire aurait pu être ressassée de manière à ne durer que 120 minutes. Je n'en revenais pas qu'on puisse vouloir garder captifs les spectateurs aussi longtemps sur leur siège. Au théâtre, en plus. Honnêtement, je me sentais prise en otage par cette histoire qui ne me concernait pas, mais qui dessinait le beau portrait d'une époque aujourd'hui révolue. </p>
<p>Sur le chemin du retour, je n'arrêtais pas de penser à ce nouveau public que l'on aimerait bien attirer au théâtre, et que l'événement Théâtre Expresso essaye tant bien que mal d'aller toucher dans les cafés et les bars. Je me disais que ce n'était sûrement pas avec des pièces comme <em>Les Beaux Dimanches</em> que l'on réussirait cet exploit. Même que ça pourrait avoir l'effet contraire. Ainsi je me suis demandé si les productions locales d'envergure ne devaient pas garder cette ligne directrice en tête: rester accessibles. Du moins jusqu'au jour où un nombre plus important de spectateurs feront du théâtre une religion. D'ici là, ne serait-ce pas mieux de les ménager?</p>
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<p><strong>Un soupir d'exaspération</strong> </p>
<p>Je ne peux m'empêcher cette petite montée de lait… Arriver 10 minutes en retard au théâtre, il me semble que ça ne se fait pas. D'ailleurs, je ne comprends pas ces éternels retardataires qui ont la mauvaise habitude de toujours aller s'asseoir dans la première rangée au lieu de se faufiler discrètement à l'arrière. Mais non, ils doivent signaler leur présence en faisant beaucoup de bruit et en dérangeant du mieux qu'ils le peuvent les comédiens qui cassent la glace. Bravo! En plus, ces «petites bêtes-là», ça oublie toujours de fermer son cellulaire. Deux fois bravo! Il y a des jours où je regrette que, comme dans certains théâtres montréalais, on n'interdise pas l'accès à la salle une fois la représentation commencée. </p>
Quelques minutes de trop
Karine Gélinas
Hier soir j’ai eu le plaisir d’assister à la représentation de la pièce Les beaux dimanches écrite en 1965 par Marcel Dubé et présentée par le TGP. J’avais acheté mes billets à l’avance et après avoir lu votre blogue, j’étais craintif et je me demandais si j’avais fait un bon choix. Eh! bien, je me dois de vous contredire sur presque tout ce que vous avez écrit, sauf le jeu brillant des acteurs. La prochaine fois que vous ne vous sentez pas assez en forme pour apprécier du théâtre de qualité, qui demande un effort intellectuel certes, mais du théâtre de qualité tout de même, je vous conseille d’écouter votre corps et de rester à la maison! Cette pièce a peut être un peu vieilli quant à certains aspects, mais elle demeure une oeuvre maîtresse de notre dramaturgie et témoigne d’une époque charnière qui a mené à notre société québécoise moderne. Non seulement le texte est mordant et souvent incisif, il nous oblige à plonger en nous et nous questionne sur cette vie trop souvent futile où le bonheur semble être attaché à la consommation et la réussite sociale. Dépassé Dubé? Quand je regarde autour de moi tous ces gens de ma génération ( la fin trentaine) qui ayant complété leurs études et occupant des postes importants se demandent ce qu’ils feront de leur trente prochaine années, qui s’étourdissent dans l’alcool (comme en 65) mais aussi dans les drogues dites de loisir, je trouve plutôt que Dubé a pondu une oeuvre visionnaire. Vous avez raison, ce n’est pas à prime abord une oeuvre facile, mais votre commentaire quant à la capacité du public trifluvien d’apprécier l’oeuvre frise le mépris! Pensez-vous sincèrement que pour attirer un nouveau public il s’agit d’offrir des oeuvres simples à comprendre et qui font rire?? Vous méprisez la population trifluvienne si c’est ce que vous croyez! On accroche au théâtre pour toute sorte de raisons, et certainement pas parce que c’est simple à comprendre! Je souhaite qu’un jour vous atteigniez une certaine maturité et que vous vous rappeliez de cette pièce que vous avez vu au TGP en 2008….vous ferez peut-être alors des liens que vous ne semblez pas en mesure de faire en ce moment. En terminant, vous souhaitez que l’on refuse l’accès aux retardataires comme on le fait à Montréal dans les théâtres professionnels… par le fait même, vous refuserez peut-être l’accès à un nouveau public qui ne sait pas encore qu’il faut arriver plus de cinq minutes à l’avance à une représentation pour éviter les bouchons à la billetterie…je peux vous assurer que si le TGP ( le Théâtre des gens de la place faut-il le rappeler) agit ainsi vous perdrez ce nouveau public alors pour de bon!
Michel Bouthilier