Entre guillemets

Un rêve éveillé

<p>Il m'est souvent arrivé de croire que la féérie n'appartenait qu'à la littérature et au cinéma. D'abord parce qu'en écriture, la folie n'a de limites que celles de l'auteur. D'un seul jet d'inspiration, ce dernier peut créer des avenues en velours rose bordées d'orchidées multicolores enracinées dans la neige ou faire le don de la parole aux oiseaux. Au cinéma, c'est un peu la même chose. Avec la magie des effets spéciaux et des costumes hors de prix, un film peut réussir, quand son scénario tient la route, à nous plonger dans un monde parallèle, dans un songe. Je pense à <em>Harry Potter</em>, à <em>La Croisée des mondes</em>. </p>
<p>Avant la semaine dernière, les arts de la scène n'avaient jamais eu cette force d'évocation pour moi; ils m'avaient toujours semblé trop près de la réalité. Avec <em>Nebbia</em>, le Cirque Éloize m'a néanmoins démontré qu'il était possible de créer un rêve en trois dimensions, un monde imaginaire digne des plus belles aventures de Peter Pan. Grâce à ses tableaux impressionnistes (une forêt d'assiettes pivotantes, une pluie de bouchons de liège), à ses éclairages vaporeux et à ses acrobates incroyables, j'ai coupé, le temps de la représentation, le cordon qui me liait à la terre. J'ai volé sans me poser de questions à travers la poésie qu'on me proposait: tutus blancs, balles volantes, personnages improbables… C'était si beau que j'avais envie de croire que c'était vrai, qu'il n'y avait aucun technicien, aucun éclairagiste, que les acrobates effectuaient leurs numéros sans peine, bref, que la vie recelait autant de fantaisie. Le paradis…</p>
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<p><strong>Les éternels insatisfaits</strong></p>
<p>Mais comme on est toujours sur terre… Il paraît qu'un fort pourcentage de citoyens, en réaction à la rumeur d'élections provinciales le 8 décembre, se montrent peu intéressés à retourner aux urnes. J'en ai d'ailleurs entendu quelques-uns clamer lors de vox populi qu'ils étaient pas mal tannés d'aller voter et qu'ils n'avaient pas l'intention de répéter l'exercice après les récentes élections canadiennes. Ah bon? Je ne savais pas que c'était si exigeant de mettre une petite croix sur un bout de papier. C'est vrai que ça fait travailler les muscles de la main, mais de là à engendrer une tendinite… Honnêtement, je comprends mal cette attitude. Surtout qu'on peut difficilement se plaindre des longues files d'attente et de l'horaire restrictif des bureaux de scrutin. À moins que ça ne demande un trop grand effort de se faire une tête sur un candidat ou de réduire d'une quinzaine de minutes son temps de magasinage des Fêtes? Non, je ne crois pas que ce soit ça, le problème. Invité à Christiane Charette, André Pratte a mis, selon moi, le doigt sur le véritable bobo: cette lassitude de la population vis-à-vis de nouvelles élections souligne surtout son écœurement de la politique en général. Oups! Si Jean Charest cherche des prétextes pour déclencher une élection, on dirait bien que les électeurs font de même pour cacher leur désillusion. </p>
<p>Mais que ce soit en décembre ou au printemps, il va falloir se rendre aux urnes. N'oublions pas que c'est un gouvernement minoritaire qui est actuellement au pouvoir. </p>