<p> Quoi de plus protocolaire qu'un concert de musique classique. Les musiciens doivent respecter un code vestimentaire, une façon de se présenter sur scène; le public, lui, n'applaudit pas quand bon lui semble, il doit attendre la fin d'une pièce pour démontrer son enthousiasme, retenir ses commentaires et ses envies de bonbon jusqu'à la dernière note d'un mouvement. </p>
<p>Vous ne me croirez peut-être pas, mais tout ce cérémonial ne m'agace pas. Même que j'apprécie parfois cet accès de discipline et de conformisme qui, je trouve, manque dans notre société d'aujourd'hui. Il reste que j'ai applaudi l'entorse que l'Orchestre symphonique de Trois-Rivières a faite au protocole à l'occasion de <em>Mascarade</em>, son concert du 31 octobre dernier. Ce soir-là, le chef d'orchestre et tous les musiciens avaient troqué leur uniforme habituel pour un déguisement d'Halloween. Princesse, sapin de Noël, cycliste, gars à la coupe Longueuil, citrouille et plusieurs autres personnages amusants interprétaient les œuvres de François Dompierre, Liszt, Debussy, Khatchaturian, Wagner, Strauss et Sarasate. </p>
<p> </p>
<p><strong>Tous les moyens sont bons</strong></p>
<p>Au premier coup d'œil, il était plutôt difficile de retenir un petit rictus. Ce n'est pas tous les jours qu'un casse-noisette dirige un orchestre et qu'une fermière bien portante agit comme premier violon! D'ailleurs, je me suis souvent demandé pendant le concert si la plupart des musiciens se sentaient à l'aise dans leur costume, si ce dernier ne nuisait pas à l'exécution de leurs mouvements. Imaginez, une membre de l'OSTR a passé toute la soirée avec des verres fumés! J'espère qu'elle y voyait quelque chose. Mais qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour donner une image plus décontractée, voire plus accessible, de la musique classique! D'autant plus que des efforts de démocratisation de la musique classique s'avèrent particulièrement nécessaires si le constat que j'ai fait ce soir-là est bon: l'Orchestre semble souffrir d'un manque cruel de relève, du moins en ce qui concerne son public. Lors de <em>Mascarade</em>, je pouvais compter sur mes doigts… et mes orteils (pour être généreuse) les individus de 40 ans et moins. Si ça continue, dans 20 ou 30 ans, les concerts de l'OSTR ne se donneront plus à la salle J.-Antonio-Thompson, mais à la Maison de la culture! D'où l'importance, pour l'OSTR, de se rapprocher de monsieur et madame Tout-le-monde. Et Dieu sait qu'il y travaille fort!</p>
On se décoince!
Karine Gélinas