Entre guillemets

Dialogue de sourds

Les Nouveaux Compagnons avaient misé sur un gros coup cette saison en mettant en scène la pièce Oleanna de l’auteur américain David Mamet. Mais en raison d’une mésentente à propos des droits d’auteur, trois des sept représentations n’ont jamais été présentées devant public. Si les droits avaient été accordés à la troupe au coût de 2700 $ pour sept soirs dans une salle de 247 places, ils lui ont été retirés quand son metteur en scène Éric Ahern a rectifié sa demande.

Cet imbroglio était prévisible. Quand j’ai appris la nouvelle, je me souviens avoir dit à mon chum en rentrant du travail: «Finalement, on ne sortira pas ce soir. Les Nouveaux Compagnons ont annulé toutes les représentations restantes d’Oleanna. Ils n’ont pas divulgué la raison, mais d’après moi, ça doit concerner les droits d’auteur. Quand j’ai rencontré le metteur en scène la semaine dernière, il attendait toujours une confirmation du coût de ces derniers si la troupe jouait dans une salle de 80 au lieu de 250 personnes. D’après moi, il a frappé un nœud!» Malheureusement, je ne me trompais pas.

Le reste de l’histoire, on la connaît… Choqués de la décision du conseil d’administration des Nouveaux Compagnons d’annuler les dernières représentations, soit celles des 13, 14 et 15 novembre, Éric Ahern et le comédien Patrick Lacombe ont fait une sortie publique, traînant du coup dans la boue le nom de la plus vieille compagnie de théâtre de Trois-Rivières.

Les pendules à l’heure

En réponse aux propos tranchants des deux hommes de théâtre qui auraient voulu poursuivre les représentations de la pièce sans les droits – ils étaient confiants que tout se règle à l’amiable -, les membres du C.A. ont organisé une rencontre avec les médias en début de semaine. Ainsi, ils ont livré leur version des faits. «Nous, on voulait respecter l’auteur. Mais parce qu’on est corrects, ça nous retombe dessus et ça fait boule de neige», a commenté la directrice artistique des NC, Maïthé Larouche, visiblement déçue de la tournure des événements.

Étrangement, plus la conversation s’animait, plus on comprenait que les deux parties ne s’étaient pas parlé depuis le litige. Du coup, cette histoire devenait absurde. Je constatais que les mauvaises personnes avaient été invitées à cette mise au point. Ce sont Éric Ahern et Patrick Lacombe qui auraient dû se retrouver autour de la table. Pas les journalistes. En fait, je comprenais que d’un côté comme de l’autre, on utilisait les médias pour régler ses comptes, pour faire passer ses opinions sur le sujet. Honnêtement, j’avais l’impression de me retrouver au primaire, dans la cour de récré, à jouer au messager pour deux clans en guerre. Oh, la la…

Dans le fond, une petite jasette à froid n’aurait sans doute pas fait de tort aux deux parties. Cette histoire, aussi triste soit-elle, aurait dû être réglée à l’interne et non sur la place publique. Bon, le temps des Fêtes arrive. Ne serait-ce pas le moment de passer l’éponge sur les «erreurs» du passé et ouvrir le dialogue?