<p>Je suis trop jeune pour avoir vécu le tourbillon des <b>Colocs </b>de l’intérieur; être né 10 ans plus tôt, j’aurais probablement été de ceux qui s’entassaient au Quai des Brumes pour voir leurs premiers spectacles. Néanmoins, je me rappelle clairement quand leur premier single, <i>Julie</i>, s’est mis à tourner à la radio, en 1993. J’ai immédiatement eu un coup de cœur pour cette chanson et pour son vidéoclip complètement débridé, et la même chose s’est reproduite par après pour <i>Passe-moé la puck </i>et<i> La Rue Principale</i>. </p><p>La vraie révélation a toutefois été la sortie de l’album <i>Dehors novembre</i>, en 1998. D’abord parce que Les Colocs y exploraient avec brio de nouveaux styles musicaux, mais surtout parce que les textes s’avéraient plus sombres et touchants que jamais. De <i>Belzébuth </i>à la pièce éponyme, en passant par <i>Tassez-vous de d’là, Tout seul</i> et <i>Le Répondeur</i>, <b>Dédé Fortin</b> dévoilait sans aucune pudeur ses doutes et ses angoisses. <br /></p><p>Dans mon cas, ça a aussi été l’époque où j’ai enfin pu voir Les Colocs en spectacle, notamment aux FrancoFolies et lors d’une mémorable Saint-Jean-Baptiste au parc Maisonneuve, qui les a vus partager la scène avec Michel Rivard, Diane Dufresne et Dubmatique.</p><p>Puis vint le choc du 8 mai 2000. La nouvelle de son horrible suicide. Le recueillement devant son appart de la rue Rachel. L’incompréhension… Comment quelqu’un d’aussi talentueux et inspirant, apparemment aimé de tous, avait-il pu vouloir en finir ainsi? </p><p> </p><p><b>Dédé à travers les brumes</b><i><a href="http://www.voir.ca/blogs/kevin_laforest/D%C3%A9d%C3%A9%20%C3%A0%20travers%20les%20brumes.jpg"><img src="http://www.voir.ca/blogs/kevin_laforest/D%C3%A9d%C3%A9%20%C3%A0%20travers%20les%20brumes.jpg" align="right" border="0" hspace="10" alt="" /></a></i></p><p>Ce qui nous ramène à aujourd’hui, à la veille de la sortie en salle d’un long métrage sur la vie – et la mort – de Fortin. Imparfait, le film de <b>Jean-Philippe Duval</b> n’arrive pas à éviter les clichés des biopics et souffre d’une distribution inégale. Visuellement, par contre, il séduit, particulièrement lors des quelques séquences d’animation, qui rappellent tour à tour <i>The Wall</i> d’Alan Parker, <i>Across the Universe</i> de Julie Taymor et les clips du groupe.</p><p>Et puis il y a <b>Sébastien Ricard</b>, impeccable dans le rôle de Dédé. Autant sur le plan du physique que de la voix, la ressemblance est effarante, et l’acteur parvient à rendre de façon convaincante les tendances maniaco-dépressives du personnage. Finalement, il y a la musique qui, au-delà de la tragédie, survit et demeure toujours aussi extraordinaire. Si ce n’est que pour nous avoir rappelé cela, le film est un succès.<br /><br /></p>