Une vieille agonie
Cette semaine, Le Nouvelliste relevait une situation regrettable. Le 31 décembre dernier, avec la fermeture de Musigo à la Plaza de la Mauricie, la ville de Shawinigan perdait son unique disquaire.
Si la nouvelle circulait déjà, elle n'était pas connue de tous. J'avais fait le constat quelques semaines auparavant en allant chez mon libraire préféré. En voyant le local vide, j'avais ressenti une légère tristesse, surtout pour les employés qui venaient de perdre leur gagne-pain au lendemain des Fêtes, mais peu de surprise. Les rares fois – j'ai horreur du magasinage! – où j'avais passé devant ce commerce, il n'y avait qu'un ou deux clients qui fouinaient dans ses maigres rayons. Honnêtement, cette mort était prévisible. On peut d'ailleurs se réjouir qu'elle n'ait pas eu lieu plus tôt.
À Shawinigan, le milieu de la vente de disques agonise depuis longtemps. Même pendant l'âge d'or du vinyle ou de la bonne vieille cassette, les disquaires du coin n'ont jamais semblé réaliser des profits astronomiques. Quelque part à la fin des années 80 ou au début des années 90 – désolée, ma mémoire fait défaut -, Filion fermait ses portes. À la Plaza, les entreprises du genre changeaient sans cesse de bannière. C'est sans parler de L'Auditif sur l'avenue Saint-Marc, une vraie caverne d'Ali Baba, qui rendait l'âme après quelques années de vie. Le manque de sensibilisation à l'achat local, voire à l'achat tout court – le piratage d'albums reste encore un problème -, ne date donc pas d'hier.
Des habitudes
Il faut se rendre à l'évidence, les Shawiniganais ont développé leurs habitudes de consommation. Et l'achat de disques ne semble pas en faire partie. Est-ce en raison d'une offre visiblement pauvre, des prix peu alléchants ou d'un manque d'intérêt? Je ne sais pas. Mais si, tel que mentionné par la directrice générale de la Chambre de commerce et d'industrie, Isabelle Rouette, des pressions étaient faites auprès du Centre local de développement du Centre-de-la-Mauricie pour trouver une forme de remplacement au défunt Musigo, il serait peut-être intéressant de répondre à la question. Autrement, on risque de se retrouver devant un cul-de-sac identique dans un avenir rapproché.
En attendant, le Walmart du boulevard Trudel devient «la» référence en matière de CD. C'est regrettable. D'abord parce que ce type de magasin ne tient que les meilleurs vendeurs, mais aussi parce que les artistes locaux auront un obstacle de plus pour se rendre au cour des consommateurs; ils devront travailler encore plus fort pour dénicher des lieux où mettre leurs albums en consigne. Mais si c'est le choix qu'ont fait les Shawiniganais… Il faut parfois cesser de se battre contre le courant et suivre la vague. Curieusement, il arrive que ça nous mène vers des endroits insoupçonnés.