Français: langue seconde
Entre guillemets

Français: langue seconde

 

La polémique autour de la place quasi inexistante du français pendant la cérémonie d'ouverture des Jeux n'est sûrement pas près de s'éteindre. Comme la flamme olympique, elle devrait sans doute brûler encore quelques jours, et peut-être plus si le tir n'est pas rectifié pour la cérémonie de clôture.

Moi, j'ai failli m'étouffer avec mon café quand j'ai lu dans un quotidien que David Atkins, l'homme derrière cette soirée grandiose, se disait très étonné de la réaction des francophones. Jamais il n'avait pensé que ça les choquerait. Ben voyons donc! Il évacue presque complètement la langue française de cette vitrine mondiale qu'est la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques et il démontre de la surprise. Même la nation autochtone était mieux représentée que les francophones du Canada! Et pour mieux faire passer la pilule, il ajoute que la plus importante portion du spectacle était d'inspiration québécoise. Ah, vraiment? Est-ce qu'on parle des violoneux habillés comme la chienne à Jacques avec des mohawks sur la tête? J'ose espérer que non. Dans mon cas, ça n'a pas vraiment ravivé ma flamme patriotique. J'ai même eu la réflexion suivante en voyant la représentation de La Chasse-Galerie: «Ah… les Canadiens anglais ont aussi cette légende dans leur folklore.» C'est dire comment je sentais les allusions à la culture québécoise! Une fleur de lys dans les prairies canadiennes.

Par ailleurs, mettons une chose au clair: le français, ce n'est pas juste une spécificité québécoise. Il existe des communautés francophones PARTOUT au Canada: dans le sud de l'Ontario, les Maritimes, en banlieue de Winnipeg, dans l'Ouest canadien… Le Nouveau-Brunswick ne s'affiche-t-il pas comme une province bilingue? On ne peut donc pas se sauver des blâmes en rappelant qu'on s'est largement appuyé sur la culture québécoise pour bâtir le spectacle. Et si on le fait, du coup, on ferme les yeux sur tout un pan de l'histoire canadienne, on refuse de voir une réalité.

Avec tout ce bruit, j'espère que la direction artistique des J.O. comprend le message: la langue française doit avoir la place qui lui revient, une place équivalente à celle de l'anglais, à la cérémonie de clôture. Surtout que le français est l'une des deux langues officielles des J.O. On ne veut donc pas voir de danseurs supposément nés à Québec ou à Matane ni des comédiens dont les chandails ont été confectionnés à Montréal, non! Tout ce qu'on désire, c'est entendre la douce musique de la langue de Molière dans nos oreilles. Cette demande est légitime, il me semble.

 

Une disparition

Dans la veine des «coupures», l'émission de radio à saveur locale L'Express du matin disparaîtra des ondes de CHLN 106,9 FM dès lundi prochain. Elle sera remplacée par le show de Paul Arcand. Une triste nouvelle qui m'a rappelé l'époque où Radio-Canada diffusait l'émission de René Homier-Roy en Mauricie. J'adorais mes matins en sa compagnie. Puis, un automne, la société d'État a ouvert un bureau à Trois-Rivières. Du coup, nos réveils ont pris une nouvelle saveur… locale. J'étais un peu fâchée de ce changement, boudant presque le 96,5. Mais aujourd'hui, je monterais aux barricades si on m'annonçait l'abandon de cette émission du matin. Honnêtement, une personnalité connue n'arrivera jamais à battre le sentiment d'appartenance qu'on a pour un produit local. Jamais.