Des chevaux et un bébé
Ça devait bien faire une semaine que je répétais à mon fils que nous allions assister à la première du cabaret équestre Varia!, à la ferme Beauvallon de Pointe-du-Lac. J'étais bien consciente qu'il ne comprenait pas trop ce que je lui racontais – il est âgé de 16 mois -, mais j'espérais qu'à force d'entendre les mots spectacle et chevaux, il ferait peut-être une petite association.
Il reste que le jour J, il ne semblait aucunement au courant du programme de la soirée. Je pouvais d'ailleurs lire de l'interrogation dans son regard pendant que nous faisions la file pour entrer sous le «chapiteau». Même chose quand nous nous sommes assis dans les gradins, entourés d'une centaine de personnes. «Maman, qu'est-ce qu'on fait ici?» semblait-il me demander, blotti dans mes bras. Surtout que, quelques minutes plus tôt, il avait fait la rencontre, et ce, sans trop de joie, de sa première mascotte, le gentil – ou le terrible, c'est selon – Stanislas. Je me doutais qu'il regrettait son ballon et ses autres jouets. Moi, j'étais fébrile. J'avais tellement hâte de voir ses yeux quand il apercevrait la première bête dans l'arène. Si ses deux pupilles se mettaient à scintiller, pour moi, la famille Innocenti – les propriétaires de l'endroit et instigateurs du projet – viendrait de réussir son pari, soit de faire rêver les gens avec Varia!
La barre était-elle haute? Je ne sais pas. Je n'ai encore aucune idée des goûts artistiques de mon fiston. Mais je crois que ça lui a plu. Pendant toute la première partie du spectacle – environ une heure -, il est demeuré attentif. Il observait chacun des mouvements des bêtes. Jamais il ne s'est plaint. Jamais il ne s'est tortillé. Le seul mot qu'il ait prononcé est: «toutou». Il paraissait impressionné de voir deux dobermans tirer un char romain. Deux dobermans? Comme le signale son nom, Varia! s'aventure dans plusieurs zones, et l'humour en fait partie. En effet, le spectacle n'est pas seulement axé sur les prouesses techniques. Il émeut aussi, fait sourire. Bref, s'adresse à toute la famille.
Un second regard
De mon côté, j'avais déjà assisté à une représentation de Cavalia (jadis nommé Voltige) lors de son passage à Shawinigan. Au début, je cherchais donc à faire des liens entre les deux spectacles. Rapidement, j'ai compris que ce n'était pas possible: j'avais affaire à deux productions complètement différentes. Cavalia, ficelée au quart de tour, voulait en mettre plein la vue, tandis que Varia!, réalisée à une échelle plus humaine, partage simplement l'amour qu'éprouvent ses artisans pour les chevaux. Ainsi, on pardonne plus facilement aux artistes leurs maladresses et on se réjouit de pouvoir voir d'aussi près les montures. Ce qui ne nous empêche pas d'être maintes fois surpris par les prouesses des cavaliers et de Franck Innocenti, qui semble maîtriser parfaitement le langage de ses bêtes.
En tout cas, mon garçon n'a sûrement pas remarqué les imperfections du spectacle puisque le lundi suivant la représentation, j'ai dû tenir Le Nouvelliste dans les airs, à sa vue, pendant toute l'heure du déjeuner: des photos de Varia! y étaient publiées. Dès que je déposais le journal sur la table, loin de ses yeux, il prononçait un pimpant «Encore!». Ce qui me fait croire que si jamais on répète l'expérience et qu'on retourne voir le cabaret équestre, il comprendra, cette fois, quand je lui dirai «spectacle» et «chevaux».