Je ne me rappelle plus très bien où j'avais entendu ça, probablement dans un reportage à Télé-Québec ou au Canal Vie, mais il semble que les hommes soient moins enclins à lire les livrets d'instructions. Ainsi, s'ils doivent par exemple se frotter à un casse-tête Ikea et assembler un meuble, ils préfèrent y aller d'instinct, plutôt que de suivre une à une les étapes du plan de montage. Je dois avoir un petit côté masculin, car je préfère cette méthode de l'essai-erreur. Je me demande pourquoi d'ailleurs, puisqu'elle comporte son lot de surprises, tout en ralentissant parfois le travail. Mais, que voulez-vous? Quand on a adopté une façon de fonctionner, il est ardu de changer ses habitudes. Même qu'on la transpose parfois dans d'autres sphères de notre vie. Pour le meilleur et pour le pire.
Honnêtement, se rendre à un festival sans consulter l'horaire de la journée n'est pas une excellente idée. Surtout lorsqu'on y va dans un but précis.
Samedi dernier, vu le beau temps, il était difficile de résister à l'envie d'aller faire un tour à la Ferragosto, une fête italienne organisée à la place d'accueil du Parc portuaire de Trois-Rivières. Pour que mon chum accepte sans hésiter ce plan de match, j'avais donc sorti l'artillerie lourde: «Tu sais qu'il y a une exposition de voitures italiennes?» Touché! Il n'en fallait pas plus pour qu'on statue sur le programme de notre après-midi et qu'on mette le cap sur la capitale mauricienne.
Or, à l'entrée du site, il n'y avait que deux voitures italiennes: un vieux modèle de Ferrari et une Lamborghini estimée à quelque 400 000 $. «Wow! Ce n'était pas n'importe quoi!» me direz-vous. En effet, ça faisait rêver. Mais quand tu t'attends à voir une foule de modèles typiques du pays en forme de botte, disons que ces deux automobiles faisaient plutôt figure d'apéro. Alors, après avoir longuement zyeuté les deux chars de luxe, nous avons franchi la «porte d'entrée» à la recherche de leurs consours. En vain. Il n'y avait qu'une scène vide dans l'attente du show d'Eddy Montana et des kiosques agroalimentaires et d'artisanat. Mon conjoint et moi avons donc éclaté de rire: «Eh bien, les organisateurs nous ont bien eus! En tous cas, ils ont réussi leur tour: nous attirer.»
Question de ne pas nous laisser habiter par la déception, nous avons donc décidé de nous promener le long du fleuve, avant d'aller boire un café sur la jolie terrasse arrière du Torréfacteur.
Une heure plus tard, tandis que nous marchions en direction de notre Toyota, un concert de klaxons se fit entendre. Intrigués, nous avons rebroussé chemin. À notre grande surprise, une délégation d'anciennes voitures italiennes arrivait dans la rue des Forges: des Fiat, des Alfa Romeo… Il devait bien y avoir au total une trentaine de superbes petits bolides colorés. Le visage illuminé, je m'exclamai: «Ah! Il me semblait bien que l'exposition des "belles italiennes" ne pouvait se résumer à deux voitures.» Intérieurement, je me suis dit cependant qu'à l'avenir, je consulterais toujours les programmations pour éviter les déceptions et les imbroglios.