Entre guillemets

Pendant ce temps, sur l’île.

 

Le week-end dernier, tous les yeux étaient rivés sur le Grand Prix de Trois-Rivières. Les médias prenaient les bouchées doubles pour parler des courses, des pilotes, des activités parallèles, de la grande roue installée au beau milieu de la rue des Forges… La planète Mauricie tout entière semblait battre au rythme de cet événement peu écologique. Et pourtant, au même moment, à une quarantaine de kilomètres de là, un lieu magnifique fourmillait de curieux et de visiteurs gourmands: l'île Melville, à Shawinigan, accueillait la troisième édition de l'Île aux saveurs.

Là, on ne se tapait pas les effluves de mazout ou de pneus brûlés, mais les odeurs sucrées de tartes aux fruits et les arômes réconfortants de la viande qui cuit sur le gril. Et au lieu du vrombissement des automobiles roulant à haute vitesse, on pouvait entendre le chant des oiseaux, le vent dans les arbres et des gens heureux discuter et rire de bon cour. Tiens, c'est sans doute pour ça que l'événement a fait moins de bruit dans les médias locaux! Comment le gazouillis de la nature peut-il rivaliser avec le grondement des moteurs? Mais peu importe, les gens étaient au rendez-vous. La preuve: le samedi matin, seulement 30 minutes après l'ouverture du site, le stationnement débordait de véhicules et, d'après une entrevue que le coordonnateur de l'Île aux saveurs, Robert Pilotte, a accordée au Nouvelliste, il semble que les 30 000 coupons-dégustation qui avaient été imprimés pour le week-end n'ont pas été suffisants; il en aurait fallu davantage. Un peu comme le nombre d'exposants…

 

Les yeux plus grands que la panse

Comme l'an dernier, j'ai adoré mon expérience sur l'île. Surtout qu'on avait bonifié l'événement en ajoutant de la musique et des fleurs le long du parcours, ainsi qu'une navette qui faisait l'aller-retour entre le site des kiosques et le stationnement, séparés par une bonne dizaine de minutes de marche. Mais le problème lorsqu'on fréquente ce type d'événement agroalimentaire, c'est qu'on devient vite boulimique. On en veut toujours plus! Il y aurait 50 exposants qu'on en souhaiterait 100, il y en aurait 100 qu'on en exigerait 1000! On en oublie presque que le ventre a des limites.

Si je me sentais repue à ma sortie de l'Île aux saveurs, j'aurais quand même aimé voir davantage d'exposants. Une trentaine, c'était encore trop peu pour moi qui visite les épiceries fines et les différents marchés publics de la région; j'ai fait seulement de maigres découvertes. Mais bon, l'Île aux saveurs n'a pas été organisée pour moi. D'ailleurs, il y a sans doute plus de gens qui ne connaissent pas les délicieux pains de la sympathique boulangerie Tous les jours dimanche ou les produits cuisinés à partir du lapin de Laprodéo à Saint-Tite que l'inverse. Et c'est entre autres pour rejoindre cette clientèle moins à l'affût des produits locaux que l'Île aux saveurs existe. De ce point de vue, l'événement agroalimentaire proposait un bel éventail de tout ce qui se fait dans la région et les environs. Un touriste ne pouvait donc pas rester sur son appétit et regretter de ne pas avoir opté pour les courses à Trois-Rivières!