Boréalis: l’histoire commence
Le temps, quelle drôle de bête!
On dirait que c'est hier que j'apprenais que le Centre d'exposition sur l'industrie des pâtes et papiers de Trois-Rivières, alors basé au Parc portuaire, allait être déménagé dans un bâtiment industriel de l'ancienne usine de filtration de la Canadian International Paper (CIP). Pourtant, c'est à l'hiver 2003 que le maire de Trois-Rivières, Yves Lévesque, glissait ses premiers mots sur le sujet. À l'époque, j'avais écouté la nouvelle avec un petit grain de sel. Car je doutais que le projet se concrétise un jour. Il y avait tant à faire – le site nécessitait une importante décontamination – et tellement d'embûches possibles, dont financières.
Finalement, un peu moins de 10 ans plus tard, le musée Boréalis existe bel et bien. Et, en plus, il impressionne!
Dès qu'on pousse la porte d'entrée, on peut difficilement retenir un «wow!» admiratif. D'abord, on craque pour l'architecture moderne, qui met en valeur la vue exceptionnelle qu'on a sur le fleuve Saint-Laurent et la rivière Saint-Maurice – je ne savais pas qu'il existait à Trois-Rivières un site aussi grandiose. Puis, on remarque le soin avec lequel la salle d'exposition permanente a été aménagée. Là, dans un espace très vaste, sont entre autres réunis les témoignages d'anciens travailleurs de la CIP-TRIPAP et d'un historien, des archives vidéo trouvées à travers la province sur les métiers de draveur et de bûcheron, une reproduction à échelle réduite (15 fois, en fait) d'une véritable machine à papier, différents artéfacts liés de près à l'histoire de l'ancienne usine, une ouvre de l'artiste trifluvienne Annie Pelletier… Il y a aussi de petites portions de plancher vitrées qui offrent quelques sensations fortes avec leur coup d'oil assez spectaculaire sur le sous-sol du bâtiment. À partir du rez-de-chaussée, les voûtes s'avèrent quand même profondes!
D'ailleurs, parlons-en de ces voûtes. Coup de cour du maire de Trois-Rivières, cet attrait m'a aussi beaucoup plu. Car, circulant dans la pénombre de ce lieu mystérieux et humide, on croise des fantômes du passé qui se racontent: fille d'un cadre de l'usine, employé… Tous des individus personnifiés par des comédiens de la région.
On dira ce qu'on voudra, le maire de Trois-Rivières a certes ses défauts, mais il a la qualité de vendre ses projets novateurs. Et quand on oublie l'aspect financier, ces derniers ont tout pour charmer. Ainsi, à l'occasion de son discours inaugural à Boréalis, il en a profité pour nous rappeler la vision d'avenir qu'il a pour les terrains autour du musée, soit une promenade riveraine de 1,5 kilomètre, un marché public ouvert à l'année, des «condos» pour artistes, un pont reliant la ville à l'île Saint-Quentin (dont l'accès pourrait bien devenir gratuit) et une salle de congrès pouvant accueillir de 3000 à 4000 personnes.
Cette fois, je salive déjà en attendant la suite qui, maintenant, n'a plus rien d'impossible!
Boréalis nous rappelle que le papier faisait travailler beaucoup de gens à une certaine époque au Québec. En regardant ce qui reste de Kruger et d’Abitibibowater c’est difficile de l’imaginer aujourd’hui. La nostalgie devait être au rendez-vous pour les premiers visiteurs privilégiés qui étaient d’anciens employés d’entreprises de ce domaine. Je dirais que, comme General Motor, on se pensait les meilleurs et inatteignable avec le bois dont on disait que c’était une ressource inépuisable mais la chute a été brutale. J’espère que Boréalis nous aidera à retenir la leçon.