Vers libres
Il m'est arrivé plusieurs fois d'interviewer des poètes. Comme la poésie est l'enfant pauvre de la littérature, je leur ai souvent demandé pourquoi ils étaient attirés par le genre, pourquoi ils préféraient s'exprimer en vers plutôt qu'avec des phrases.
J'avoue qu'on ne choisit pas toujours notre véhicule artistique. Quelquefois, celui-ci nous tombe dessus sans qu'on le veuille vraiment. Mais il reste que, quand on fait volontairement le choix de devenir poète, on rejette en quelque sorte la lumière, la popularité, la possibilité de vendre des milliers, voire des millions d'exemplaires de nos écrits. Car, du coup, on emprunte un chemin beaucoup moins fréquenté par les lecteurs. Alors pourquoi fait-on le grand saut?
Les réponses sont aussi multiples que le nombre d'écrivains. Or, une explication revient souvent. Plusieurs auteurs m'ont dit pouvoir, grâce à la poésie, parler de ce qui ne se voit pas à l'oil nu: les sentiments, les impressions, l'univers, Dieu…
Oui, c'est vrai, tout ça. La poésie permet en effet de nommer l'innommable. Mais, la prose aussi. L'exercice exige peut-être l'utilisation d'un peu plus de mots. Ça demeure cependant faisable. Ainsi, la possibilité de donner une forme à l'intangible m'est souvent apparue comme une explication incomplète quant aux raisons qui nous poussent à écrire des strophes.
Un après-midi qu'on discutait au téléphone, Francis Catalano, le récipiendaire du Grand Prix Quebecor du Festival international de la poésie 2010, a apporté un nouvel éclairage sur le sujet. Il m'a fait remarquer que la poésie, qui est surtout faite de sensations, offrait une plus grande liberté que la prose: «Il y a un cadre qui entoure la prose et il y a comme un but. Dans une nouvelle ou un roman, il y a une fin. Alors que dans la poésie, à mes yeux, il n'y en a pas. On pourrait d'ailleurs comparer la poésie à la danse, où les mouvements n'ont pas tous un objectif précis. C'est juste de bouger. Tandis que la prose, elle, se comparerait plus à la marche. Quand on marche, on part d'un point x vers un point y.»
J'acquiesce: toute forme de prose oblige l'écrivain à suivre un fil conducteur, à respecter des règles. La poésie s'affranchit de tout ça. Je comprends maintenant que cette particularité peut lui donner un charme fou.
En tout cas, je ne me plains pas que des écrivains aient choisi de s'exprimer en vers. Sans quoi, le sympathique 26e Festival international de la poésie de Trois-Rivières n'aurait pas lieu du 1er au 10 octobre!
Le festival international de la poésie de Trois-Rivières se tient en même temps que le Festival de la galette de sarrasin de Louiseville, c’est-à-dire, du 1er au 10 octobre 2010 comme le Grand prix de Trois-Rivières qui s’est tenu en même temps que le Festival de l’Assomption en août. Pourquoi toujours se tirer dans le pied en région? Il me semble que nous avons assez de Québec et Montréal comme compétiteur. À moins que la température extérieure ne coopère vraiment pas, il est évident que la galette sera beaucoup plus populaire. De plus, on impose aux adeptes de Ciné-Campus par exemple de la poésie avant la projection du film pendant cette semaine. Je crois qu’il faut laisser les gens venir aux poètes et non l’inverse. Si on veut faire d’autres adeptes de la poésie, il faudra revoir cette façon de faire.