Il y a des décisions administratives que je ne comprends pas. Celle du gouvernement fédéral de réviser à la baisse la subvention des Ateliers Art-Go en est une.
Ce choix financier, qui peut sembler anodin pour certains, n'est pas sans conséquence pour l'organisme de réinsertion sociale destiné aux jeunes de la rue qui, en raison d'un manque à gagner, doit fermer son point de service à Shawinigan (Dieu sait qu'il y a un immense besoin de filets sociaux dans cette ville) et mettre en suspens ses activités à Trois-Rivières.
Je comprends son fondateur, le coloré Jean Beaulieu, d'être furieux contre les conservateurs. Lui qui, depuis huit longues années, met toute son énergie, voire son cour dans ce projet au taux de réussite impressionnant; près de 90 % des jeunes qui passent par les Ateliers Art-Go raccrochent. Cela veut donc dire qu'au lieu de traîner dans les rues, de se détruire ou de faire des mauvais coups, ils retournent sur les bancs d'école, réintègrent le marché du travail.
C'est que, par ses ateliers de vitrail et de fabrication d'objets de percussion, l'organisme permet à ces marginaux de s'exprimer d'une manière positive, de développer une hygiène de travail et de, parfois, se rebâtir une estime personnelle. Une tâche qui n'est pas sans peine, mais dont toutes les réussites valent leur pesant d'or. Car sans totalement les guérir de leurs blessures, les Ateliers Art-Go permettent à des individus «poqués» par la vie de prendre un nouveau départ, d'espérer un futur un peu plus ensoleillé. En bon chrétien, on dirait qu'ils les remettent sur le droit chemin. En fait, ils allument surtout un feu qui était éteint. Ils créent une passion.
En ce sens, les Ateliers Art-Go font beaucoup pour la société. Ils «attrapent» des jeunes de la rue avant qu'ils ne tombent et en font de bons citoyens. Car la prison n'est pas le remède idéal. Ce n'est pas en les jetant derrière les barreaux que les «délinquants» vont changer, qu'ils vont mettre un terme à leurs activités illicites, à leurs actions socialement inacceptables. Pour changer, il leur faut une motivation, des modèles inspirants et, surtout, une épaule sur laquelle se poser quand le processus devient trop difficile. Par ailleurs, comme le disait Jean Beaulieu dans une entrevue accordée cette semaine à notre quotidien régional, «[…] un jeune qui va rester dans le système carcéral va coûter un million de dollars!»
Personnellement, comme contribuable, je préfère investir mes sous dans un organisme qui vient en aide à un individu et, par ricochet, à la société que dans les prisons canadiennes! Disons que les résultats risquent d'être plus concrets et bénéfiques Mais, il faut croire qu'on ne pense pas tous de la même manière.