Entre guillemets

Le bout de la m…

Bien que ça me désole, non, je ne fais pas référence ici au fait que Trois-Rivières se lance dans le traitement des eaux de l'exploration des gaz de schiste sans avoir consulté la population, ni au déroulement de la dernière séance de son conseil municipal, une soirée où les citoyens n'ont pas eu toutes les réponses à leurs questions. Non, je parle plutôt d'une nouvelle insolite qui m'a littéralement renversée. Ce n'est pas tous les jours que la réalité rejoint la fiction!

Cette semaine, je rencontrais la metteure en scène Eveline Charland et le comédien François Laneuville à propos d'Appelez-moi Stéphane, la nouvelle production du Théâtre des gens de la place. La conversation – peut-être parce que nous étions confortablement installés dans leur cuisine – était partie dans plusieurs directions. Mais chaque fois, elle revenait à un thème principal, au point d'ancrage de toute la réflexion artistique du couple: la quête. «On aime penser que tout aspect dans la vie est une question de manipulation», m'avait expliqué celui qui incarnera une espèce de gourou dans la pièce écrite par Meunier et Saïa.  «On cherche tous quelque chose. Mais jusqu'où est-on prêts à aller? Quelles sont nos valeurs? Il y en a qui n'en ont pas beaucoup. Certains n'ont pas d'orgueil et sont prêts à aller loin. Ça, ça me fait beaucoup rire.» Laneuville avait alors cité comme exemple le richissime personnage de Durocher le milliardaire de Robert Gravel. Un homme qui trouvait le bonheur en montrant ses possessions aux autres. «De voir un homme qui t'explique ses sculptures qui n'ont ni queue ni tête, dont une faite avec des excréments d'oiseaux, une ouvre périssable de 255 000 $» était en quelque sorte l'un des (bêtes) extrêmes où l'homme pouvait s'aventurer. Me souvenant de l'absurdité de l'extrait théâtral – qui serait assez fou pour collectionner de telles ouvres? -, je n'avais pu retenir un léger ricanement.

Eh bien, imaginez-vous que trois jours plus tard, je lisais noir sur blanc dans notre quotidien régional: «Une statue de crottes de panda vendue 45 000 $»! J'ai failli m'étouffer avec mon café en voyant ça. Pour peu, j'aurais cru qu'on me faisait une blague. Mais non, la nouvelle était bien réelle. Absurde, mais réelle. Un collectionneur d'art contemporain, un ancien ambassadeur de Suisse en Chine, venait d'acquérir une réplique de la Vénus de Milo en excréments de nounours. Pour ajouter au charme, cette «merveille» avait par ailleurs été réalisée par des enfants «sous les directives d'un sculpteur célèbre, Zhu Cheng». Oh! que c'est mignon!

Non, mais, dites-moi quelle peut bien être notre quête personnelle lorsqu'on est rendu à embellir notre quotidien d'une ouvre en m…? Honnêtement, peu importe la motivation, je trouve cela risible. Et je ne sais pas pourquoi, mon petit doigt me dit que je ne suis pas la seule!