C'est toujours le même refrain. Une fois qu'on ferme les yeux sur le 2 janvier, la vie culturelle mauricienne se met soudain à tourner au ralenti pour quelques semaines. Jusqu'aux réconfortantes Nuits polaires, les conflits d'horaire – deux bons concerts le même soir – deviennent improbables, les sorties originales se comptent sur les doigts d'une seule main. Il est vrai qu'on pourrait profiter de cette période un peu creuse pour faire le plein de films ou pour se reposer. Mais pourquoi ne pas se dépayser et fréquenter les sites des environs qu'on ne croit réservés qu'aux touristes? C'est ce que j'ai fait le week-end dernier, et je peux vous dire que je me suis particulièrement amusée.
Chaque automne, je fais un arrêt obligé au Centre de la biodiversité de Bécancour. J'aime cueillir des pommes dans ses vergers remplis d'odeurs sucrées et de familles souriantes. Mais depuis que l'établissement a procédé à un agrandissement de ses locaux et qu'il est ouvert toute l'année (2009), je n'avais jamais poussé ma curiosité plus loin. Désirant marcher en forêt – le Centre entretient quelques kilomètres de sentiers pour la raquette et la randonnée – et en connaître davantage sur l'écosystème de lac Saint-Pierre, je me suis dit que le moment était sans doute opportun pour une visite officielle des lieux.
Le grand saut
Dimanche matin, un peu avant midi. Dans le stationnement, trois ou quatre automobiles. À l'intérieur, pas un seul visiteur. Les premiers du jour viennent tout juste de partir. Alors que je paie mon entrée, la commis me demande d'où je viens. Je lui donne le nom de mon village. Sans doute habituée à accueillir des gens de l'extérieur, elle me questionne à nouveau: «C'est près de Québec?» Je ne peux retenir un petit sourire en lui rappelant que c'est tout près.
Le tour du proprio commence par un superbe court métrage sur les saisons du lac Saint-Pierre. Puis, une guide fort dynamique m'entraîne dans les différents espaces du Centre: espace H2O (des aquariums remplis d'espèces issues du lac Saint-Pierre), espace exploration (manipulation d'écrevisses et d'insectes), espace découverte (reptiles de toutes sortes), corridor sensoriel. Et en guise de dessert, une visite de l'habitat des loutres et une rencontre avec un raton laveur et une mouffette apprivoisés (!).
Difficile de demander mieux comme sortie. Surtout que j'avais les lieux pour moi toute seule. Combien de fois ai-je maugréé en allant voir une exposition bondée! Là, pas de file d'attente – quoique c'était un peu dommage pour le Centre. Je pouvais observer les bêtes et les reptiles sans avoir à me faufiler entre deux curieux; répondre aux questionnaires des modules interactifs sans jouer du coude. Tout ça, sans devoir (en plus) me taper des kilomètres de route.
Honnêtement, quel bonheur de voyager chez soi! Ça devrait d'ailleurs être une habitude à conserver, rentrée culturelle ou pas.