Un parfum d'adieu
Entre guillemets

Un parfum d’adieu

Ils étaient un peu plus de 200 personnes à retenir leur souffle à la salle Yvon-Guimond de Gentilly où l'on présentait en direct la 83e cérémonie des Oscars le 27 février dernier. Deux centaines d'individus qui souhaitaient de tout leur cour que Denis Villeneuve, un petit gars du coin, revienne à la maison avec la statuette du meilleur film en langue étrangère. Leurs espoirs auront finalement été vains puisque ce n'est pas Incendies qui a retenu l'attention du jury, mais In a Better World de la Danoise Susanne Bier.

La veille de l'événement, j'étais passée en voiture à Gentilly. La municipalité entière semblait déborder de fierté. Bien qu'absorbée par la route, j'avais entre autres remarqué la banderole d'un commerce qui clamait haut et fort le talent du jeune cinéaste. Ça m'avait fait sourire.

Ironiquement, je roulais en direction du Moulin Michel pour assister au dernier concert de L'arbre aux parfums de Carole Facal (alias Cacarol). Là, un autre moment unique chargé d'émotions allait se produire… mais dans la plus grande intimité.

C'est étrange d'assister à la soirée d'une tournée qui se termine après deux ans de vie. On s'attend à plein de choses: à des surprises, à des rires, à des larmes… On s'imagine que le public sera discipliné, qu'il écoutera religieusement chacune des pièces, qu'il applaudira chaleureusement au bon moment, qu'il chantera quand l'artiste le lui demandera.

Bref, on espère que tout soit parfait, autant pour ceux qui sont sur scène que pour soi. Car personne ne désire prendre part à un spectacle qui finirait en queue de poisson. Que voulez-vous? Il y a toujours un petit chauvin qui sommeille en nous!

J'étais donc un peu stressée avant que Caracol ne grimpe sur scène. Mais, avec son sourire à faire fondre les glaciers, elle a vite dissipé mon malaise. Elle semblait en maîtrise de la soirée; je n'avais nullement besoin de m'inquiéter. Après tout, c'était son métier de créer de la magie. Pas le mien. Ma tâche à moi était de me fermer le clapet et d'ouvrir grand mes oreilles. Ce que j'ai fait avec plaisir.

L'auteure-compositrice-interprète était entourée de Maxime Lepage (basse), de David Laflèche (guitare) et d'Audrey-Michel Simard (clavier). Une équipe solide dont la complicité aurait rendu jaloux bien des musiciens. Ensemble, ils nous ont fait surfer sur des versions épurées des pièces de L'arbre aux parfums, sur des covers magnifiques (Time After Time de Cyndi Lauper, Leaving on a Jet Plane de John Denver, entre autres) et quelques nouveautés.

Je ne sais pas ce que Caracol – qui n'a pu cacher son émotion lors du rappel – a pensé de son dernier concert. En tant que spectatrice, j'ai passé un moment parfait. Je dois d'ailleurs avouer avoir eu quelques frissons en entendant la beauté des harmonies vocales.  

Au fond, pourquoi avais-je tant de craintes? Comme Carole Facal le faisait remarquer, ce spectacle n'est pas la fin, mais le début d'une nouvelle aventure.