Des monstres et des lettres
Le «boustrophédon», vous connaissez? Non, ce n'est ni un dinosaure ni un virus à éviter à tout prix.
Selon Le Petit Robert, ce nom commun réfère à «une écriture primitive dont les lignes allaient sans interruption de gauche à droite et de droite à gauche à la manière des sillons d'un champ».
Même adulte, certains mots nous donnent du fil à retordre. Imaginez lorsqu'on est haut comme trois pommes!
C'est justement pour les jeunes de sept ans et plus que François Désaulniers, responsable des communications des Éditions d'art Le Sabord à Trois-Rivières, vient de lancer Sur le bout de la langue, une série jeunesse axée sur la langue française.
Si mon souvenir s'avère exact, nous mangions dans un sympathique resto asiatique de Trois-Rivières quand François, que je connais depuis quelques années déjà, m'a annoncé qu'il travaillait sur un projet de livre pour enfants. En marge de son emploi au Sabord et de sa carrière d'auteur-compositeur-interprète, il griffonnait maintenant des dessins et des petites histoires visant à faire découvrir «les monstres qui se promènent dans notre langage de tous les jours». Ah oui?
Devant ma curiosité, il m'avait entre autres mentionné un possible numéro sur l'«hyperbole» – le troisième tome qui paraîtra cet automne.
Qui connaît un tantinet l'artiste sait qu'il laisse planer beaucoup de mystère autour de ses projets. Difficile d'avoir tous les détails de ces derniers tant et aussi longtemps qu'ils ne sont pas coulés dans le béton.
N'empêche que ce jour-là, François m'avait quand même confié que les héros de ses livres allaient s'inspirer de certains enfants de ses amis. Il avait d'ailleurs ajouté que c'était un exercice plutôt singulier puisque plusieurs d'entre eux n'étaient encore que des poupons. Il devait donc imaginer de quoi ils auraient l'air lorsqu'ils seraient en âge de se rendre à l'école. À cette époque, j'étais grosse comme une baleine; fiston, dont la naissance était prévue dans les mois à venir, allait-il avoir un double en deux dimensions?
Deux ans et demi plus tard, Boustrophédon vire tout à l'envers et Onomatopée fait du vacarme, les deux premiers tomes de la série, sont en vente en librairie. Leurs illustrations colorées invitent à la lecture et leurs récits amusants vulgarisent avec habileté des gymnastiques de la langue française qui, de prime abord, effrayent.
D'ailleurs, s'ils s'adressent aux enfants, les plus grands prendront aussi plaisir – mais peut-être en cachette – à lire les aventures des personnages du village de Sainte-Rhétorique. Après tout, qui n'aime pas enrichir son langage?