Chèque en blanc
«J'ai dans ma valise un contrat d'achat vraiment formidable avec une réduction de taxes et plusieurs autres surprises. Par contre, il faudrait mettre ce bandeau noir sur vos yeux avant de signer les papiers.»
Gageons que, si un quelconque vendeur de balayeuses vous proposait un tel marché, vous prendriez vos jambes à votre cou! Car il faut avoir aveuglément confiance en son interlocuteur pour oser un tel acte de foi.
Vous comprendrez donc mon malaise lorsque, la semaine dernière en lisant notre quotidien régional, je suis tombée sur un article traitant de l'ouverture du local électoral de Pierre Lacroix.
On y notait que le candidat conservateur dans la circonscription de Trois-Rivières, s'il se collait aux grandes lignes du programme de son parti (création d'emplois, construction de logements pour les personnes à faible revenu et allégement fiscal pour les familles, entre autres), refusait de nommer des dossiers spécifiques de la région.
Avec tout le contrôle de l'information dont font preuve les conservateurs afin d'éviter un maximum de faux pas, je comprends que Lacroix dédaigne de s'avancer sur certains sujets. C'est vrai qu'il pourrait se mettre les pieds dans les plats. Mais quand même… Un petit enjeu, aussi minuscule soit-il, aurait été apprécié.
«Il faut commencer par m'élire le 2 mai et le reste va suivre sur mon implication», aurait mentionné Lacroix. Pardon? Un chèque en blanc?
D'emblée, cette affirmation sonne plutôt étrange. Soit le candidat refuse volontairement de dévoiler ses priorités pour éviter de créer certaines vagues, soit il ne peut en parler parce que c'est son parti, au lendemain des élections, qui lui dictera la marche à suivre pour la suite des choses. À moins qu'il ne connaisse pas encore ses principaux dossiers. Dans tous les cas, ça n'annonce rien de très réjouissant.
Certains diront préférer un candidat qui ne promet pas la lune. Un individu qui ne s'engage à rien ne crée aucune déception. Même qu'il ne peut faire que des heureux, chaque nouvelle annonce étant accueillie comme un cadeau.
Personnellement, j'applaudis les candidats qui ont le courage de se mouiller, d'afficher leurs couleurs. Bien sûr, on sait que certaines de leurs promesses resteront vaines, mais d'autres aboutiront assurément. Et, au moins, on est sûr d'une chose: de ce qu'ils ont derrière la tête.