Autopsie d'un phénomène
Entre guillemets

Autopsie d’un phénomène

 

Les bonnes étoiles, est-ce que ça existe? J'aurais tendance à croire que oui. Sinon, comment expliquer qu'à efforts égaux, les artistes de génie ne connaissent pas tous le même sort? Pour un individu qui brillera sous les projecteurs, des milliers d'autres arpenteront les couloirs de l'anonymat.

Une chose est sûre, un astre scintille très fort dans le firmament pour le jeune quatuor vocal trifluvien Qwartz. Car partout où il s'est produit dans la région au cours des derniers mois, il a fait salle comble… ou presque. Je pense qu'il y a seulement à son dernier spectacle en terre mauricienne que des sièges n'ont pas trouvé preneur. Que voulez-vous, l'événement avait été annoncé à la dernière minute!

Le succès de Qwartz m'a toujours impressionnée. Pas parce que Louis-Alexandre Beauchemin, François Pothier-Bouchard, David Gélinas et Xavier Roy sont sans talent, au contraire – ils possèdent tous les quatre une solide formation musicale -, mais parce qu'ils offrent un spectacle a cappella.

Avant de les voir en spectacle, je m'interrogeais: comment quatre gars n'ayant que leur voix comme instrument pouvaient-ils réussir à attirer les foules? Pour moi, c'était un mystère.

Bon, j'avais une idée de leur énergie sur scène; j'avais visionné quelques-unes de leurs capsules sur YouTube. Mais quel était l'ingrédient secret qui faisait prendre la mayonnaise? Les artistes locaux qui ont affiché complet trois soirs de suite à la salle Louis-Philippe-Poisson se comptent sur les doigts d'une main.

Je me souviens de leur avoir lancé à la blague, en entrevue: Est-ce votre parenté qui a acheté les billets? Ils avaient secoué la tête en riant. La réponse à ma question ne se trouvait pas dans cette direction. Il fallait chercher ailleurs…

Récemment, j'ai eu la chance d'assister (enfin!) à un concert de Qwartz. Et j'ai compris pourquoi tant de gens tombaient sous le charme du groupe.

Tout d'abord, il y a le talent. Ce mot, il faudrait d'ailleurs l'écrire en majuscules tant les chanteurs impressionnent par l'étendue de leur répertoire.

Puis, leur sens de l'humour. Leurs sourires taquins, leur choix parfois surprenant de chansons – qui peut se vanter d'avoir interprété l'indicatif musical du jeu Super Mario Bros sur une scène? -, leurs arrangements originaux qui offrent des relectures sympathiques d'ouvres connues.

Mais j'ai surtout craqué pour leur complicité, le plaisir qu'ils ont à travailler ensemble.

Devant un café, ils m'avaient déjà raconté qu'il leur arrivait de chanter en faisant la vaisselle après avoir partagé un souper. L'anecdote m'avait fait sourire.

Mais là, je comprends que c'est peut-être dans le savon à vaisselle que se trouve le secret de leur succès!