J'espère que vous ne m'en voudrez pas trop, mais je n'ai nullement l'intention de parler de la Mauricie dans ma chronique cette semaine. La raison? J'arrive tout juste de vacances et mes pensées voguent toujours du côté de la péninsule d'Avalon, à Terre-Neuve.
Je vois déjà vos yeux interrogateurs: Terre-Neuve? Avant mon départ, plusieurs personnes se sont questionnées sur mon choix de destination. Comme si la dernière province à être entrée dans la Confédération canadienne, un territoire aux fjords spectaculaires, était d'un ennui total! À moins que ce soit son emplacement géographique qui en refroidit quelques-uns…
Allons-y: déboulonnons les mythes! D'abord, ce n'est pas parce que l'île de Terre-Neuve se trouve un peu plus au nord que j'ai dû porter un manteau d'hiver et une tuque. Le temps est certes plus frais qu'au Québec mais, en raison de la mer, il reste fort agréable. La preuve: à St. John's, quelques citadins se baladaient en culottes courtes l'après-midi!
Il y a, oui, un petit irritant: le brouillard. Causé par la rencontre des courants du Gulf Stream et du Labrador, il est surtout présent aux mois de juin et juillet. Et une fois installé, on ne sait jamais quand il va disparaître.
Un peu découragée par cette grisaille, j'ai un jour demandé à un chauffeur de taxi quand le beau temps allait se manifester. Il m'a répondu, un sourire en coin, que cette épaisse brume pouvait rester pendant des semaines. Pardon? Malgré ces prévisions décourageantes, deux belles journées ensoleillées ont ponctué mon séjour. Comme quoi il ne faut pas toujours se fier à la sagesse populaire.
Aussi, je crois que peu de gens connaissent toute la beauté sauvage de cette province de l'Atlantique. Par exemple, dans la péninsule d'Avalon, région du sud-est qui englobe la ville de St. John's, on peut observer des oiseaux marins, des caribous et des baleines; contempler des falaises escarpées, des icebergs (quand on est chanceux), une mer turquoise et des maisons multicolores; marcher sur des plages de galets et sur des sols rocheux.
Le slogan du guide touristique officiel de Terre-Neuve résume exactement le sentiment qu'on a lorsqu'on explore ces terres: «Lost and found». Oui, devant les paysages à couper le souffle de cette province, en présence de ses habitants accueillants, on se sent à la fois dépaysé et chez soi.
Un peu de courtoisie
D'ailleurs, j'aurais aimé rapporter au Québec quelques trucs de Terre-Neuve, dont cette incroyable courtoisie. Jamais je n'ai vu autant d'automobilistes respecter les piétons, ni l'inverse. À St. John's, nulle anarchie. Les piétons traversent aux endroits indiqués, et les conducteurs s'immobilisent dès qu'un marcheur attend au bout d'une «traverse de piétons».
J'étais étonnée chaque fois qu'une auto s'arrêtait subitement pour me céder le passage. Même que j'hésitais toujours un peu avant de mettre un pied dans la rue. Car au Québec, on m'aurait coupé le chemin sans hésiter pour ne pas perdre une minute!
Mais bon, chaque milieu de vie a ses points positifs et négatifs. Et pour rien au monde, je ne troquerais la magnificence de la rivière Saint-Maurice!